ROSE DUVANEL ► lydia graham

Et toi, petite rêveuse que tu étais, tu avais toujours souhaité intégrer le grand Harvard. Toi, ce que tu voulais par-dessus tout, c'était réussir parmi les plus grands. Ce n'était pas on objectif mais un but final. Ce n'était pas viser la lune mais conquérir l'espace. C'était ta détermination la plus solide et profonde. Alors tu avais tout donné. Absolument tout. T'avais été jusqu'à vendre ton âme au diable. Tu étais prête à tout. C'était la seule chose qui t'offrait continuellement l'espoir d'une vie meilleure. D'une vie tout court. Là où tu serais loin de ta famille désastreuse, là où tu pourrais recommencer à zéro, là où tu n'avais aucune attache. Tu souhaitais simplement cette liberté qui faisait tant rêver et tu étais persuadée de l'y découvrir dans ce lieu à tes yeux magique.
Ce rêve, tu avais fini par le toucher du bout des doigts. T’avais fait de ton mieux à l’école, tu récoltais parmi les meilleures notes. Ta force avait fait de toi une vraie petite tête. Puis en même temps, t’avais enchaîné boulots sur boulot afin d’économiser le plus possible pour prendre enfin ton envol. Celui qui se rapprochait jusqu’à ce qu’il ne se réalise. Le jour où tu avais reçu les documents d’admission, tu pensais rêver. C’était le bonheur à l’état brut. Tu étais déjà prête à t’enfuir vers cette nouvelle réalité que serait la tienne. Il ne te restait plus que l’étape cruciale de l’entretien. Là où tu avais laissé parler ta passion pour Harvard, pour la vie, tes études. Les étoiles dans les yeux, tu te laissais aller à ta joie douce et fébrile du moment. Ce qui au final, avait porté les plus beaux fruits. Tout cela en plus de la bourse et ton rêve prenait enfin vie.


Ces mots doux qui flottaient dans la pièce. Ces promesses que tu lui faisais silencieusement. Encore une de plus. Une de plus mais à une personne différente. Pourtant, tu n’en restais pas moins sincère. Ces souffles amoureux que tu lui partageais. En toute légèreté, avec un fin sourire accroché aux lèvres. « Je suis bien avec toi, j’aimerais que ça dure toute la vie. » et tu scellais vos lèvres comme si ta vie en dépendait. Comme si tu savais qu’il allait bientôt s’envoler, parce que c'était toujours comme ça. Dans un silence des plus lourds. Alors tu pleurais. Longuement devant le feu de cheminée, un pot de glace entre les mains. C'était un cercle vicieux dans lequel tu te complais car tu savais que le lendemain, c'était un autre jour ; que le lendemain, ton cœur cognerait à nouveau dans ta poitrine pour un autre garçon. Ce coeur qui débordait d'amour pour chaque être rencontré. Celui comblé par un simple sourire, d'un simple câlin. Alors, tu aimais. Profondément. Toujours à corps perdu. Hélas, tu n'avais jamais été apte à n'aimer qu'une personne. Ca non. Ces sentiments qui se mélangeaient, qui t'embrouillaient les pensées et qui par dessus tout, te forçaient à aller vers d'autres hommes. Encore et toujours. Découvrir une nouvelle histoire, s'attacher de manière frivole, aimer, s'envoler. Et chaque histoire se terminait par un « Je suis désolée...», rempli de culpabilité et de tristesse.