"Quand on se partageait la flamme toi et moi de bouche en bouche." (Slo')

Un livre se referme dans un bruit étouffé sur le plaid autour de mes genoux. Un coup d’œil à la pendule de ma chambre et je me rends compte qu'il est déjà tard. Je me suis enfermée dans mon monde aujourd'hui, encore plus qu'un autre. J'ai bouquiné, j'ai révisé pour essayer de penser à autre chose qu'à lui. Milan. J'essaye malgré moi d'oublier son prénom, d'oublier la couleur de ses yeux, la forme de sa bouche, l'odeur de sa peau, la sensation de ses cheveux sous mes doigts. Et ça m'arrache le cœur encore une fois, encore un petit bout qui ne reviendra jamais. Pourquoi je me suis autant accrochée à lui ? Pourquoi je suis comme ça pour un garçon ? Je ne pensais pas être aussi faible, je ne le voulais pas. Mais il m'a emmené avec lui dans ses voyages oniriques, on a voyagé dans l'espace, sur d'autres planètes. Chut chut ! Mes mains se posent sur mes oreilles comme pour faire taire mes pensées alors que je ferme les paupières fermement. J'ai besoin de silence dans ma boite crânienne et surtout, qu'il arrête d'y faire irruption. De toute façon, il faut que je me prépare pour ma sortie de ce soir. Je ne sais pas ce qui est passé dans la tête de ma mère pour accepter l'invitation de Georges. Papa est en voyage d'affaire en Afrique du Sud et elle, elle a décidé de passer la semaine à Boston. Elle a du se dire que pour bien jouer, il était temps de présenter les familles. Elle est étrange ma mère parfois dans ses réactions, les chiens ne font pas des chats. Et là, une fois de plus, j'ai du mal à comprendre ses idées. Donc me voilà embarquée dans une nouvelle aventure avec Sloan, une nouvelle soirée de jeu, à se regarder comme si nous étions ensemble, à nous tenir la main et nous embrasser. Et apparemment, nous ne sommes pas mauvais comédien puisque Georges croit à notre représentation. J'espère juste que ma mère ne fera pas de choses idiotes qui pourraient briser la magie. D'un côté, ça me plaît de retrouver mon amoureux imaginaires. Il ne le sait sûrement pas, il ne doit même peut-être pas s'en douter, mais il m'aide à avancer. Et la moindre considération qu'il m'apporte me fait le plus grand bien. Je secoue la tête et me décide enfin à me préparer. Douche rapide, j'enfile une combishort noire, des escarpins et un long blouson de couleur beige. Un taxi me conduit devant l'immeuble de Sloan. Je prends les marches, j'ai besoin de me défouler un peu avant de jouer la jeune femme parfaite pour Georges. Mais je crois qu'il apprécie quand même ma force de caractère, quand je ne réponds pas tout à fait ce qu'il voudrait entendre. Je monte le dernier étage en courant et reprends mon souffle sur le palier. Je frappe à sa porte, attends, patiente. Et quand il ouvre la porte, je ne lui laisse pas le temps de réagir, enroule mes bras autour de son cou, me hisse sur la pointe des pieds et l'embrasse tendrement. Arrêtez de penser que j'ai vu le visage de Milan en l'embrassant, c'est la vérité, mais elle est trop dure à entendre ! Alors autant profiter de mon faux petit ami. « Bonsoir chéri. » Je le regarde dans les yeux, un léger sourire sur les lèvres. Mon corps le contourne et je me dirige directement vers son bar. « Slo', je vais avoir besoin d'un remontant... Qu'est ce qui leur a pris de faire ce genre de soirée ? » Sans plus réellement faire attention à lui, je fouille entre les bouteilles pour essayer de trouver quelque chose qui me convient. Pas quelque chose de trop fort, je n'ai pas l'intention de vomir sur les chaussures de mon « beau-père » qui doivent coûter un bras, ou même peut-être les deux.

@Sloan Bushnell

Nienke van Dijk & SLOAN BUSHNELL
Pour la première fois depuis bien longtemps, Sloan avait décidé de squatter sa chambre d'hôtel. Délaissant son luxueux duplex pour une suite tout aussi spacieuse, il avait besoin de retrouver un peu de calme et de sérénité. Bien que Noah soit une compagnie vraiment plaisante et surprenante, il ressentait l'envie d'être seul, loin de toute conversation ou d'effort. Perdu entre sa bipolarité et la tristesse qu'il pouvait ressentir, il n'arrivait plus à faire face à un quotidien bien trop chargé. Affalé dans le canapé, il restait là, plongé dans le néant d'un silence pesant et oppressant. Nienke n'allait pas tarder à débarquer et pour être honnête, il appréhendait sa venue. Encore une soirée hypocrite en perspective. L'Eliot n'avait pas envie de faire semblant et pourtant, il allait devoir se forcer. Son beau-père l'avait convié à la soirée que donnait la mère de la petite Van Dijk. En temps normal, cela ne l'aurait pas dérangé, cela l'aurait même surement amusé de se jouer de Georges mais pas ce soir. Non, il ne voulait pas. Son désir le plus cher aurait été de rester dans sa chambre d'hôtel à méditer avec un petit joint sur le bord de ses lèvres. A défaut, il allait devoir s'habiller d'un costume hors de prix et d'un sourire faux mais tellement convainquant. Le beau brun soupira bruyamment en posant ses yeux sur son portable. Il était largement l'heure d'aller se préparer. Machinalement, il posa ses pieds nus sur le sol et se leva difficilement. Ses longs doigts vinrent frotter ses yeux, on aurait dit un gamin de quatre ans réveillé en plein milieu d'une sieste, il était mignon à voir. Se traînant jusqu'à la salle de bain, il enleva maladroitement son t-shirt avant de le balancer n'importe où dans la pièce. De toute façon, ce n'était pas lui qui rangeait. La tête dans le cul, il enfila sa chemise qu'il boutonna un peu à l'aveugle, en priant presque le bon Dieu pour que ça soit symétrique. Comme lui aurait dit sa mère, pour éviter de boutonner lundi avec mardi. Sloan rigola silencieusement en pensant à sa défunte mère. Cette dernière lui manquait terriblement mais il essayait d'y penser le moins possible. La moindre référence à sa génitrice le plongeait dans une profonde tristesse. Bref. En levant les yeux, il croisa son propre reflet dans le miroir. Un soupire et un haussement de sourcil plus tard, le voilà parti dans sa chambre, à la recherche d'une veste qui pourrait aller avec cette chemise d'un blanc éclatant. Il trouva finalement son bonheur avec une veste de couleur bleu marine. Pour être tout à fait honnête, il se contenta de prendre la première venue. Une fois habillé, il ne mit pas longtemps avant de regagner le salon où il reprit sa place initiale, sur le canapé. L'Eliot n'eut pas le temps de souffler que déjà, il entendit taper à la porte. Lentement il se leva pour aller ouvrir et, sans même qu'il ne puisse réagir, il sentit une présence lui sauter au coup. Un léger rictus fit son apparition sur le bord de ses lèvres. Nienke. Il l'avait presque oublié cette petite. La blondinette avança délicatement vers lui et déposa un chaste baiser sur ses lèvres. Prit de court, il n'eut même pas le temps pour y répondre qu'elle se recula malicieusement avant de le saluer, comme s'ils étaient un vieux couple. « Salut ma biche. » lui répondit-il en la regardant s'avancer dans la pièce. Cette fille était juste extraordinaire d'accepter de jouer les fausses fiancées. Conscient que cela ne devait pas être facile, Sloan lui en était reconnaissant. Alors qu'elle se dirigeait vers le bar de la suite, il haussa un sourcil en l'entendant parler. Elle était sérieuse ? C'était bien la première fois qu'il la voyait ainsi, on était loin, très loin, de l'image assez douce qu'elle pouvait dégager en temps normal. Et comme sorti de nul part, il vint rigoler en la voyant agir ainsi. « J'en sais rien, c'est une idée de ta mère sur ce coup là. » argumenta-t-il sur un air taquin. L'Eliot s'approcha légèrement d'elle et croisa les bras en la regardant fouiller dans le bar comme si sa propre vie en dépendait. « On dirait une alcoolique à la recherche de la bouteille la plus forte. » lança-t-il en rigolant. Sloan la regardait d'un air conquis, elle n'était pas croyable cette fille. « Lâche ça, j'ai quelque chose de plus intéressant pour toi. » dit-il avant de contourner le canapé et se rendre dans la chambre pour revenir vers elle, quelques secondes après. Le jeune homme s'avança vers elle et lui tendit délicatement un joint parfaitement roulé. La fixant du regard, il afficha un léger sourire provocateur.