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Les soirées sont de plus en plus rapprochées. Je n'arrive plus à décrocher, ni de l'alcool, ni du cannabis. Ils m'aident à oublier son prénom parfois, quelques heures, et il revient à la charge comme si c'était une évidence. C'est difficile de s'accrocher à une ombre, c'est douloureux surtout. Et jamais je n'aurais pensé me retrouver dans de telles situations d'ébriété. Je suis mal, et j'ai affreusement besoin de le montrer au reste du monde. Enfin, le montrer est un grand mot. La plupart de mes amis pensent que je me lâche, que je suis restée dans ma bulle trop longtemps. Et il y en a que quelques uns qui commencent à s'inquiéter sérieusement. Mais ceux là, je les fuis comme la peste. Ce soir, je ne connais que ce garçon là, un type qui me fournit ce dont j'ai besoin, et que j'embrasse en fin de soirée. Le mec pansement, celui où il n'y a aucun sentiment, celui qui m'aide quand même à tenir le coup. Moi, je le vois comme ça. Alors ce soir, on a fait la fête, comme tout le monde la faite. Et franchement, là je suis à un stade de non retour. J'ai chaud, je trouve l'ambiance lourde autour de moi, j'ai l'impression de flotter de table en table pour rejoindre la piste de danse. Quelques minutes. Elle m'étouffe elle aussi, elle me serre contre les corps, elle me berce doucement avec un oreiller sur le visage et elle appuie fortement dessus. J'ai besoin d'air, il faut que je sorte. Je bouscule plusieurs personnes avant de rejoindre la porte. La première inspiration d'air froid me paraît salvatrice mais ce changement trop brusque de température me fait tousser à m'en arracher un poumon. Il fait froid mais tant pis, l'alcool me tient encore chaud. En traversant la route, je fais freiner subitement une voiture qui s'arrête à quelques mètres de moi. J'entends le chauffeur me hurler dessus mais je continue ma course folle avant d'arriver au garde-corps du port. Mon corps se penche en avant, les mains sur la rambarde m'aide à soulever mon corps contre la gravité. Mouvements contrôlés ou chanceux, je chancelle un moment sans basculer en avant. Et je repose mes pieds au sol. Je longe le garde-corps en courant et m'arrête nette devant un portillon fermé à clé. Un regard à droite et à gauche avant de l'escalader non sans difficultés et me retrouver du côté du port, sur une passerelle flottante. Ma main gauche caresse la coque d'un bateau, mes pensées virevoltent en suivant le mouvement du vent dans l'eau.
@Timothy A. Graham
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