Mackenzie B. Obama ► Priyanka Chopra

Quinze minutes trente Marcus ! Un record… Et c’était reparti. Mackenzie ne se moquait pas réellement de ce pauvre garde du corps, mais elle partait au quart de tour dès qu’il avait le malheur d’évoquer le mot « cécité ». Cette dernière ne l’empêchait pas de vivre, pas alors qu’elle était armée d’une montagne de livres en braille, que ses oreilles étaient en parfait état de fonctionnement pendant les cours, que l’utilisation d’une tablette portable était totalement dans ses cordes et que son chien d’aveugle pouvait la guider. Lorsque ce n’était pas le cas, eh bien… l’américaine s’armait de sa sempiternelle canne blanche et évitait autant que possible d’être bousculée par la horde d’étudiants passant et repassant continuellement dans les couloirs d’Harvard. Vous aimez me faire tourner en bourrique Miss Obama mais il n’empêche que s’il vous arrive quoi que ce soit, je ne me le pardonnerai jamais… souffla-t-il en s’asseyant sur le banc à côté d’elle, alors qu’elle sirotait un frappucino au café avec supplément caramel et chantilly. Un délice. Manquant un peu de vanille cependant… rien ne semblait la toucher dans l’inquiétude de Marcus. Depuis dix ans, la demoiselle faisait avec son handicap, trouvant des parades à chaque nouveau problème, comme si son existence n’était plus qu’une longue et pénible succession de parades. A cette pensée, elle poussa un petit soupir. Le fait d’être la fille de Barack Obama ne la protégeait pas de tous les dangers et ça, elle l’avait compris lors de son agression. Peut-être que se considérer comme une survivante la rendait nettement moins soucieuse de son existence que son garde du corps… Il faut bien mourir de quelque chose, vous savez… aujourd’hui ou dans cinquante ans, quelle importance vraiment ? Le débat était lancé. Lorsqu’elle lançait ce genre de phrase philosophique, il valait mieux ne pas renchérir sous peine que Mackenzie ne trouve une nouvelle parade, encore. Après tout, elle parvenait bien à semer son garde du corps en le bernant comme au premier jour, sans l’aide de ses yeux… si ce n’était pas un exploit ! Vous avez été brillamment acceptée à Harvard il y a quatre ans, c’est une motivation ! Vous aimez aider autrui, vous détestez juste le montrer. Aaaah il apprenait vite le saligaud ! Obtenir son diplôme d’avocate, faire partie de ceux qui défendent… oui, tel était son rêve. Elle avait mis en avant cela en s’inscrivant, pour appuyer son dossier scolaire exemplaire, en plus du fait que ses deux parents aient fait leur Droit à Harvard. Gros avantage. Mais un rêve serait-il suffisant pour lui maintenir la tête hors de l’eau ? Difficile à dire. On l’avait envoyée ici quatorze ans plus tôt et même si elle adorait ses études, Boston, ce n’était pas vraiment chez elle…