LIVIA S.-VISCENTI ► emily didonato

01. Mes relations familiales sont complexes et c'est peut-être pour cela qu'il m'est difficile de les évoquer. Mon père a quitté le domicile familial à mes 18 ans. Il fut présent lors de mon diplôme de fin de lycée mais une fois la fête terminée, plus aucune trace de lui, rien, nada. Il s'était barré emportant avec lui la totalité des bijoux de ma mère qu'il lui avait acheté lors de leur dix ans de mariage. Rien d'étonnant dans ses gestes puisqu'il a toujours manifesté ce besoin de « partir », de « mettre les voiles » comme il disait si bien. Ma mère en fut effondrée et ce fut à mon frère et à moi-même de tenir les rênes de cette maison qui s'affaissait lentement. J'ai toujours manifesté une certaine admiration vis-à-vis de ma mère, qui arrivait à surmonter les épreuves que cette salope de vie pouvaient nous infliger. Il y a toujours eu une bonne entente entre elle et moi, même s'il arrivait que des crises se produisent pour x raison mais cela faisait partie de notre petit train de vie. Quant à mon père, je lui en ai toujours voulu d'avoir été aussi égoïste et ingrat à notre égard mais surtout, de nous avoir fait souffrir par son absence. 02. Mon petit frère, Miles, c'est une exception. nous sommes très proches et je tiens à lui comme à la prunelle de mes yeux. Malgré nos divergences d'opinions sur quelques sujets sensibles, nous n'en sommes pas moins deux piliers bien distincts de la famille Viscenti. En tant qu'aînée, j'ai toujours été protectrice envers lui, surtout à l'égard de ses camarades d'école qui cherchaient à le blesser psychologiquement lorsqu'ils ont appris que notre père avait quitté notre cocon familial. Il n'avait été qu'un souffre-douleur à leurs yeux et encore aujourd'hui, Miles s'en est voulu de ne pas leur avoir infligé la leçon qu'ils auraient dû recevoir à l'époque. 03. Ma passion pour l'acrobatie a débuté lorsque j'étais toute petite : A l'aube de mes 3 ans, ma mère m'a fait découvrir le monde du cirque lors d'une représentation qui se déroulait en Suisse romande. Malgré mon jeune âge, j'ai été émerveillée par cet univers qui m'était totalement inconnu. J'y suis retournée de nombreuses fois au cours de ma vie jusqu'à finalement franchir un nouveau cap et en faire mon métier. Pour moi, il n'y a pas de sous-métier et être acrobate m'a permis d'être épanouie, de joindre les deux bouts et de pouvoir gagner ma vie plus ou moins convenablement. Certes, j'ai dû faire des concessions notamment abandonner mes études de médecine et dire adieux à mon rêve de devenir chirurgienne. Pourquoi ? Le manque d'argent criant, principalement. J'suis de ceux qui pensent que l'argent fait tout de même partie du bonheur. 04. Mon gros coup dur dans ma vie fut de quitter ma famille et mon pays pour voyager à travers le monde. Evidemment, cela fait rêver mais la vie au sein d'un cirque n'est pas aussi rose qu'elle n'y paraît. Ma mère m'avait d'ailleurs alerté sur ce sujet : elle qui, en tant qu'ancienne vétérinaire, avait vu l'envers du décor lorsqu'elle avait soigné quelques tigres et autres lionceaux dans un bien piteuse état. « J'espère sincèrement que ce monde te plaira et que tu sais dans quoi tu t'embarques » me souffla-t-elle, juste avant mon départ tant attendu. Sur le coup, j'avais fait la sourde oreille et m'étais contentée de fixer son visage, une dernière fois. Je savais que je n'allais pas la revoir avant longtemps, tout comme mon frère. A 24 ans, je les quittais tous les deux, me tournant vers un avenir on ne peut plus prometteur que celui dans lequel j'avais été durant des années. 05. Après avoir parcouru les États-unis pendant quelques mois au cours de l'année 2016, c'est à Boston que le cirque a installé son chapiteau tout en s'accordant un break bien mérité, comme à chaque fin de saison. Malgré cette pause, le manque d'argent s'est fait ressentir et j'ai dû opter pour un autre emploi afin de compenser les quelques mois où je ne pourrai pas me produire en spectacle. Serveuse à mi-temps dans un bar, c'est ce que je fais pour gagner une fois de plus ma vie. 06. Je n'ai jamais été une très grande sportive mais la danse a été la seule activité qui a su me garder en forme. Aujourd'hui, outre les séances de musculation et de yoga, je pratique le taekwendo ; c'est toujours utile lorsqu'on veut savoir riposter et donc, se défendre 07. Piètre cuisinière, je ne saurai faire cuire un œuf sans pour autant tout faire cramer autour de moi mais il est clair qu'en y mettant de la bonne volonté, je saurai m'améliorer. 08. Je me considère comme étant extrêmement volatile dû à mes difficultés à m'attacher. Mes relations amoureuses sont d'ailleurs tumultueuses et pour la grande majorité, sans lendemain. C'est ce qui me convient pour l'instant. 09. J'ai toujours été la bonne copine, celle qui ne refuse jamais quand on lui demande un service. Parfois, bonne poire sachant que j'étais timide durant mes années de scolarité mais je ne m'imposais jamais et je n'obtenais donc jamais ce que je désirais. Cependant, je m'entendais beaucoup mieux avec les hommes surtout un en particulier. Malheureusement, celui-ci fit la pire connerie de sa vie en mettant le feu à une partie du laboratoire de chimie, ce qui fut sa dernière apparition. Oui, j'ai toujours eu un léger penchant pour les mauvais garçons. 10. Ma franchise en surprend plus d'un et amuse les quelques personnes qui me voient comme une innocente petite créature. Comme quoi, tout le monde cache bien son jeu. 11. Les théories vaseuses/en tout genre, ça me connaît et je n'en reste pas moins la meilleure dans ce domaine. Sans oublier la déduction et les questions auxquelles personne (et encore) n'a jamais de réponses « si il n'est pas chez lui c'est qu'il est forcément ailleurs. ». Dans le genre perspicace, il n'y a pas mieux (y)