JASPEE (1) -- yours sincerely

yours sincerely
— with jaspée

Il fait tard et je me retrouve là. Devant cette confrérie qui nous représente tant. Les grandes lettres capitales imprimées sur une banderole, elles se font vieilles. Je ne t'ai pas donné signe de vie. 24h. 24h. 24h. Que j'essaye de t'échapper, de trouver un moyen de retourner dans mon ancienne vie, mon ancienne maison, mon ancien lit. Mais, tout ici me ramène à une première réalité, celle que j'aime le moins. Je n'en ai pas envie...de me rappeller d'elle. Salomée, ce qu'elle était. Je voudrais qu'elle n'existe plus, je voudrais avoir un autre nom et une autre histoire. Alors, peut-être que j'aurai recommencé d'une autre manière. Je me suis éclipsée pour  ne pas affronter la réalité mais je suis là...je t'attends devant le passé. Des larmes de joie coulent le long de mes joues roses et je ris. Les mots sont cruels alors je n'ai plus envie de parler. Mon smartphone vibre intensément, mais je l'éteins expréssement...surtout en voyant ton nom. Je fais un voeu devant la DH, un voeu que tu ne connais pas...mais que je connais. Un papier dans la main, une autre adresse pour une princesse perdue "S'il y'a quelqu'un la haut qui existe alors...". Je tiens la poignée de ma valise; peut-être se rendra-t-il compte de cette chambre en désordre, de ce lit défait et froid, de cette vaisselle délaissée et négligée, de ses chaussures éparpillées et féminines ?. Mes cheveux longs se dandinent sur le vent et mon sourire apparait. Se souviendra-t-il de cette plante qui mourrait et que je soignais ? De cette vie qui manquait dans cet appartement si sérieux...Je suis si si égoïste.

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— with jaspée

D'abord, il n'a pas remarqué. Parce que vous savez, un homme, un homme qui tente de fuir le passé, qui est contraint à le croiser derrière chaque porte de l'appartement qui porte son nom ; un homme ce n'est pas toujours très courageux. Alors, parfois, il ne rentre pas. Ou il rentre tard. Il partage des draps aux autres parfums, il travaille tard, il a tout un tas d'excuses. Donc, oui, il n'a pas remarqué au début. Il a dû louper les premières heures du départ. A envoyé un message, puis deux, s'est étonné mais pas inquiété. Puis ça s'est inversé, en voyant le manque de présence évidente entre ses quatres murs. Y avait une fille qui habitait chez moi, et elle y est plus. Et, j'me retrouve à quelques pas de toi et de ta valise. Ne parlez pas de romantisme, du fait qu'on se connaisse. Oui, surement que je t'aurai trouvé. Mais, j'ai surtout trouvé ton téléphone, moi le talentueux de la technologie, moi qui ne se fait pas freiner par les règles. « Lomée, qu'est-ce que tu fais là ? » Que la voix masculine raisonne. Et si tu tournes tes traits vers moi, tu verras Jasper planté là, les sourcils qui se froncent, l'incompréhension sur le visage. Pourquoi t'es ici et pas chez moi ? « Ne me dis pas que le confort de la Dunster House te manque. » Ne me dit pas que tu vois leurs petits lits de façon nostalgique. Ne me dit pas que toi aussi, des fois, t'y arrives plus. C'est trop facile de regarder par dessus son épaule, de regarder derrière.

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— with jaspée

« Lomée, qu'est-ce que tu fais là ? » Je sursaute sans pour autant avoir envie de me retourner. Il a fait vite...comment ? Mon téléphone est éteint. Mais, j'oublie en face de qui j'ai affaire. Tzz...il m'a localisé ! J'aurai dû enlever la batterie ou soit laisser le téléphone sur place. Mais, je reste trop convenable comme-ci mon esprit avait besoin d'être arrêter. Mauvaise joueuse. Cette voix qui m'est si familière me brusque dans mes réflexions. Je n'arrive plus à penser correctement. Je me mords les lèvres. Je reste là sans bouger, fermant les yeux puis les essuyant avec mes poings. Je me sens comme une crybaby. Les larmes chaudes s'arrêtent. Je prends mon temps. « Ne me dis pas que... Je respire et la nostalgie de cet immeuble me ramène bien loin...le confort de la Dunster House te manque. » Je suis prise par un fou rire puis je me retourne. Nos soirées, nos amitiés surtout... Je t'observe avec un sourire, ça fait longtemps n'est-ce pas ? " Ah, le grand luxe ! La DH était si raffinée, les lits en fer et les draps qui datent du règne de Louis XI....ça me manque tellement" m'exclamai-je avec un accent bien distingué, sachant pertinemment que ce n'est qu'un mensonge. Elle fut tout aussi salubre qu'accueillante, mais son coeur nous ramène à ses anciennes soirées agitées. A cette période gold où tu en étais le président. On vieillit et nos ambitions laissent place à des souvenirs crus. C'était tellement plus facile de regarder derrière. Je cherche dans mes poches et je te tends une liasse de billets..."Merci"

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— with jaspée

Tu sais, même sans mes talents, j'aurai fini par te retrouver. Je fais parti de ta base, mais ce lieu aussi. Il est surement plus simple de se recroqueviller dans cette belle bâtisse. Moins compliqué que de partager mon quotidien, que de ne pas se sentir chez soi. " Tu peux te réinscrire à Harvard, si la vie te manque. " La vraie vie. Celle sans responsabilité, sans supérieur, entouré toujours, aidé souvent. C'est un socle la Dunster, et je sais qu'elle te manque. Ce qu'elle représente tout du moins. J'y ai dormi quelques nuits, il y a des mois. Quand je n'avais ni elle ni toi, que je n'avais plus que cette demeure pour consoler ma carcasse. Alors oui, tu peux y retourner, le semestre ne fait que commencer. Peut-être que ca séchera tes larmes. Je les ai vu, j'ai vu tes traits fatigués et tes yeux qui pleurent trop souvent. Moi, j'ai plus de solutions à te proposer, j'me raccroche à celles qui se présentent. Je sais pas vraiment comment te rendre heureuse. C'est pas nouveau. Et pendant que je rame, toi, tu me tends des billets. Plisse les yeux, le regard qui s'attarde sur ce qui pend au bout de ta main. "C'est quoi ca ?" Je sais ce que c'est. Une jolie liasse de billets, tendue vers moi. " Tu fais quoi là ? Tu te fous de moi ?! " La voix gronde, il a reprit mais il a reprit en intégrant l'idée. La colère n'a pas mit longtemps pour monter jusqu'à ses nerfs. Ses doigts écrasent ceux féminins, écrasent les billets avec. La mâchoire serrée, il siffle entre ses dents : "Range ca avant que je te les balance dans les égouts." C'est une insulte que tu me fais, comme si tout était payant. Je n'en ai pas besoin, et si tu as trouvé accueil sous mon toit, ce n'était contre rien en échange. Comme si je n'étais pas digne de fournir un service sans contre-partie. Doutes-tu à ce point de moi ?

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— with jaspée

" Tu peux te réinscrire à Harvard, si la vie te manque. "Non, je ne peux pas...la vraie vie m'attends à l'extérieur des murs. A l'autre bout du continent...le temps que ça se calme. Que les morceaux se reconstituent. J'ai envie de te frapper sur la tête, te réveiller pour les mots que tu viens de dire. Tes mots..."C'est quoi ca ?" Mes mirettes te toisent. Je me mords la lèvre inférieure...de l'argent devrais-je dire ?. Mais, tu sais ce que c'est. " Tu fais quoi là ? Tu te fous de moi ?! " Tu grondes, tu prends ma main liée à cette liasse. Je n'arrive plus à m'en sortir les doigts, un peu comme nous et ce passé. Tu écrases mes doigts. "Range ca avant que je te les balance dans les égouts."Je m'exécutes en tirant le paquet dans ma poche. Je soupire..."Je n'ai pas envie de te devoir quelque chose, comprend moi". Ca nous rattache toujours et c'est malsain, tu le sais. Tout ça est mauvais. Je te regarde quelques instants en posant ma main délicatement sous ton menton que je soutiens. "Tu sais très bien que je suis compliqué". Mon éducation, ma manière de voir les choses...tout ça à vrai dire.

yours sincerely
— with jaspée

Sauf que moi j'en sais rien, je connais rien des tourments qui t'habitent. Qui justifient ton retour. Je les ignore, car tu me les tais. Je fais avec le peu que tu me donnes, j'essaye de relier des idées, sans réussite. Alors oui, c'est une certaine naïveté qui transparait à travers mes mots. Cette même naïveté qui ressort quand tu me tends cette liasse. Comme s'il était normal de me rémunérer mon aide. Tu sais que j'ai ce sens aigüe du devoir, des valeurs. Que je me moque de mon confort, de le partager. Surtout avec toi. Que d'accord, une partie de moi y a vu un moyen de panser les plaies que je t'ai infligé, de me racheter de mes erreurs. J'ai pas su te demander pardon, alors je t'ouvre mes murs. "Je n'ai pas envie de te devoir quelque chose, comprend moi. Tu sais très bien que je suis compliqué" Je me défait de ton emprise, comme un réflexe qui vient d'ailleurs, de trop loin dans le passé. J'me fais pas à ton contact. « Tu ne me dois rien. » C'est moi, c'est toujours moi. « Si les choses s'étaient passées autrement, tu ne serai peut-être pas partie. » Ou peut-être que si, j'en sais rien. « Tu dois me laisser t'aider. » Parce que j'en ai besoin. Egoiste. On est deux égoistes, pas un mieux que l'autre.

yours sincerely
— with jaspée

« Tu ne me dois rien. Si les choses s'étaient passées autrement, tu ne serai peut-être pas partie » Je lève les yeux au ciel et cette distance se marque entre nous lorsque ton menton se dégage de mon emprise. Je te regarde, peu certaine de la fin de ta phrase... on ne sait jamais avec une Monaco. Notre coeur devient volage quand il est brisé ou qu'il perd la confiance. Et cette confiance en nous a été brisée, la fidélité piétinée. Alors, je ne sais, c'est sans doute la nostalgie qui me ramène à ses moments-là ou mon pur égoïsme. « Tu dois me laisser t'aider. » Je ne sais pas. C'est peut-être une manière de te punir ? Je me retourne et mes pieds semblent se coincer dans mes bottines. Je me couvre la tête avec cette grande écharpe qui me tient au chaud. Tandis que quelques flocons de neige font déjà leur cheminement jusqu'au sol. "C'est délicat, si je te raconte quoi que ce soit...tu seras directement impliqué ! ". Je soupire..."Je n'ai pas envie qu'il t'arrive quoi que ce soit...à cause de mon statut". Comme-ci ce n'était pas déjà difficile d'être une princesse héritière, comme-ci...Nous ne savions pas du moins comment ceci à pu contribuer à notre échec. "Tu assumerais ça ?!" Non, je ne pense pas...

yours sincerely
— with jaspée

"C'est délicat, si je te raconte quoi que ce soit...tu seras directement impliqué ! " Ca m'fait sourire, en coin. J'ai toujours été plus ou moins impliqué, tu m'impliques, en me demandant de venir te chercher à l'aéroport, tu m'impliques, en venant dans mon deuxième chez-moi. Comprend que nos chemins sont liés, Salomée. "Je n'ai pas envie qu'il t'arrive quoi que ce soit...à cause de mon statut" Ton statut m'ennui, je le rayerai bien d'avant ton nom. Je le gommerai bien, juste pour qu'il nous foute la paix. Il a déjà fait pas mal de dégats. Lui, et toi et moi. "Tu assumerais ça ?!" J'hoche de la tête, de droite à gauche. « Tu me connais si peu que ça ? » Tu les connais, mes épaules. Tu sais combien elles sont larges, stables. Combien elles peuvent encaisser. « J'ai pas grand chose à perdre, tu sais. » Les ennuis, c'est pas vraiment ce qui me freine. Ca a même une petite tendance à me provoquer. « Pourquoi t'es revenue ? Et pourquoi t'es partie de chez moi ? » Je les détourne même pas mes questions, j'te les impose.

yours sincerely
— with jaspée

« Tu me connais si peu que ça ? » Je ris. Je ne connais plus tes épaules, elles semblent frêles dorénavant. Il n y a plus rien qu'elles peuvent retenir. Elles sont instables à mes yeux et...pendantes aussi. Prête à se casser en deux. « J'ai pas grand chose à perdre, tu sais. » Un rictus se forme sur les coins de mes lèvres.  « Pourquoi t'es revenue ? » Pour échapper..."Parce que le monde réel est différent de ce qu'on imagine... C'est bien plus que des sentiments amoureux ou même que l'une de tes exs".Je passe devant lui en le bousculant un peu...« Et pourquoi t'es partie de chez moi ? » "Pour voir l'horizon...pour voir les choses clairement". La DH reste le seul élément qui n'a pas changé. Je lève les yeux et je dis..."Et toi ? pourquoi tu persistes à t'attacher à elle,..(soupire) quand tu sais pertinemment que ça ne mène à rien ?"...Tout le monde est têtu à sa manière et j'en suis l'une d'elle. Je reviens ici pour échapper à une autre réalité...et je me retrouve encore dans les ossements d'un passé dont les frasques continuent de coexister près de nous. Tu le sais quand tu vois son gosse..."Comment tu as pu en arriver la ?" C'est minable tout ça..."Je ne te reconnais pas à vrai dire...Je ne te connais plus".

yours sincerely
— with jaspée

Tu me paraissais tellement fragile, j'ai voulu te protéger. J'ai cru que t'avais besoin de moi, peut-être que finalement, c'est moi qui avait besoin de toi. D'un parfum féminin dans cet appartement vide, de tes yeux toujours bons. Tu m'as détesté, je suppose que c'est encore un peu le cas, mais je ne l'ai jamais ressenti. T'es l'une de mes plus belles trouvailles, un de mes plus beaux désastres. Parfois, on aime juste pas comme il faut. Pas le bon timing. "Parce que le monde réel est différent de ce qu'on imagine... C'est bien plus que des sentiments amoureux ou même que l'une de tes exs" Tu me paraissais fragile, et pourtant c'est toi qui attaque. J'esquisse un sourire, acide. De celui qui est touché. Le regard se baisse, légèrement. Pour voir l'horizon...pour voir les choses clairement" Tu les voyais pas clairement, près de moi ? "Et toi ? pourquoi tu persistes à t'attacher à elle,..(soupire) quand tu sais pertinemment que ça ne mène à rien ?" Se pince les lèvres, avale sa salive. Fallait bien que tu l'entendes un jour, Ellington. Que t'es ridicule. Puis dans sa bouche, à elle, ça prend toute sa saveur. "Comment tu as pu en arriver la ? Je ne te reconnais pas à vrai dire...Je ne te connais plus" Je ne me reconnais pas plus. J'ai juré sa perte, et je berce sa fille. Je ne suis qu'une version délavée. Mais ne te leurre pas, la page est tournée, j'ai trop perdu à croire en un futur avec elle. Je t'ai perdu toi. « T'es partie. » J'ai que ça comme réponse, sur le coup. T'es partie, et j'ai dû gérer ça. Tu m'as planté, avec mes regrets et tout ce que je t'avais pas dis. « Je sais pas ce que je fais, j'essaye juste de.. respirer. » T'es plus là, et elle, elle s'est amusée à taquiner mon dos de son couteau. J'bois la tasse, je fais n'importe quoi, tout au lieu de nager. « T'es partie, je t'ai pas retenu, j'ai fais des choix que j'aurai pas dû faire, et j'en paye le prix aujourd'hui.  » Ne pense pas que je n'ai pas regretté, que je ne regrette pas encore. « J'essaye juste de faire avec ça. » Même si d'ici, ça ressemble à un désastre.