SYBIL M. SHIELDS - Cara Theobold

   Sybil était née à la fin de l'été, alors que tous les écoliers étaient déjà de retour en classe. Le 12 septembre. Pas une enfant de l'automne mais une enfant du soleil couchant. Elle n'était pas la première de sa fratrie, puisque ses parents avaient eu un fils trois années auparavant. La petite dernière de la famille Shields avait donc grandit à Canterbury, dans le Kent au Royaume-Uni. Son père, baron du comté de Norfolk, cousin éloigné du Comte de Norfolk, travaillait alors comme avocat d'affaires et sa mère était infirmière à l'hôpital. Ils ne manquaient pas d'argent, mais la fortune de leur famille avait connu des jours meilleurs.

   Dès son plus jeune âge, Sybil s'est montré très passionnée par l'école. A 4 ans et demi elle savait lire, et à 7 ans elle connaissait ses tables de multiplication. Bien avant tous les autres enfants. Les instituteurs de son école ont alors décidé de lui faire passer une classe. Au collège et au lycée, le fait de vivre dans une belle demeure, et d'avoir du sang noble, même éloigné, dans les veines, n'aida pas Sybil a se faire des amis. Seule et solitaire, la jeune enfant se réfugia dans les matières scientifiques, en particulier la biologie et la chimie qui attirèrent son attention. Très vite, elle excella dans ses matières, si bien qu'après le lycée, elle décida de se spécialiser en biochimie. Ce qui n'était guère du goût de ses parents, qui auraient préféré qu'elle s'oriente vers le droit, ou la médecine. Mais Sybil n'en faisait qu'à sa tête. Elle avait l'impression de voyager dans un tout autre monde lorsqu'elle se plongeait dans un microscope.

   Elle a ainsi été admise à la prestigieuse université de Cambridge. Si les frais universitaires sont élevés, les étudiants britanniques ne sont tenus de rembourser l'université qu'une fois la fin de leurs études et un salaire annuel de 26 400 livres minimum obtenu. Pendant sa dernière année de bachelor à Cambridge, la mère de Sybil tomba gravement malade. Un cancer des poumons. Elle qui n'avait jamais fumé de sa vie trouva son sort bien injuste. Sybil plus encore. Mais la maladie ne s'explique pas toujours. Et en cinq mois, elle l'emporta. Le père de Sybil était anéanti. Il essayait de sauver les apparences, mais refusait d'avoir de contact avec sa fille. Il s'excusait en prétendant que c'était trop tôt pour lui. Qu'elle lui rappelait sa mère et que c'était trop difficile à supporter.

   Ses années à l'université n'avaient pas été aussi passionnantes quelle l'avait espéré. Elle se sentait plus exclue encore qu'à son arrivée. Les étudiants issus de milieu aisé la pointait du doigt car elle était une aristocrate sans fortune, et les élèves issus de milieux modestes ne voulaient pas se lier d'amitié avec une fille de baron. Son bachelor en poche, Sybil décida de quitter l'Angleterre et de passer sous silence son statut familial. Elle passa plusieurs entretiens et examens pour pouvoir continuer son cursus universitaire aux Etats-Unis. Grâce à ses recherches et sa passion pour les sciences, elle obtint une bourse pour intégrer Harvard en maitrise. Alors qu'en Angleterre, le bachelor se fait en trois années, elle intégra Harvard directement en cinquième année, en août 2012. Rapidement, elle trouva un petit poste de bibliothécaire à l'université, qui lui permettait de vivre plus ou moins correctement sur le campus. Et puis il y a eu janvier 2013. Puis, la prise d'otage de 2014. C'est étrange comme à chaque fois la bibliothèque est touchée. Et comme à chaque fois, Sybil y travaillait. Ces évènement l'ont énormément touchée, si bien qu'elle eut souvent envie de rentrer en Angleterre. Mais Harvard était sa famille à présent. Et pour rien au monde elle n'aurait quitté le navire.