(pippi & phiphi) lalala lala lalala lala

Vendredi, les cours sont enfin finis thanks God. Tu quittes le campus en mode libéré délivré, et passes vite fait chez toi récupérer le sac d’affaires que tu avais préparé au préalable. Le taxi appelé, tu files et il est finalement 16h pile quand tu te retrouves devant l’appartement de ta rousse préférée, comme il était convenu. Tu sonnes, et moins d’une seconde après entends un hurlement strident de l’autre côté de la porte. Celle-ci s’ouvre à la volée pour faire place à une tornade surexcitée qui te bondit dessus, manquant de te faire tomber au passage. Tu ne sais pas trop  si elle essaye de t’étouffer sous une espèce de hug ou si elle sautille sur place comme une enfant de cinq ans - probablement un peu des deux - mais il faut qu’elle se calme. Tu ne vas pas survivre au voyage si elle reste dans cet état pendant les 3h30 de vol. « Hé tout doux, on n’est même pas encore parti. Il y a le taxi dehors qui nous attend, t’as toutes tes affaires ? » Tu pries en ton for intérieur pour qu’elle ne se soit pas emballée à prendre trois valises pour le weekend comme les filles savent si bien faire. Pour toi, une trousse de toilette, deux T-shirts, deux paires de chaussettes, deux boxers et basta, t'as pas besoin de te trimballer toute ta maison avec toi.

L'excitation était un état tout ce qu'il y avait de plus naturel chez Nora, elle était constamment montée sur piles et paraissait surexcitée en permanence pour le moindre petit détail de la vie de tous les jours. Sa vie était loin d'être morose, vous imaginez bien. Mais aujourd'hui, elle battait des records sur le baromètre de l'excitation, elle était intenable et gigotait dans tous les sens en attendant l'heure fatidique, telle une enfant qui attend sans jamais quitter l'horloge du regard le Père Noël descende de la cheminée en pleine nuit de Noël. Son Père Noël à elle aujourd'hui, c'était Philip, son meilleur ami, qui, évidemment, la connaissait mieux que personne et avait décidé de sortir sa carte de l'année du meilleur des meilleurs amis en l'emmenant à Disneyland. Le rêve ultime de la jeune femme, qui n'avait jamais eu l'occasion d'y mettre un seul pied. A croire qu'elle avait attendu Philip toute sa vie pour être son guide personnel. Et en parlant d'attendre Monsieur, celui-ci débarqua -enfin- chez Nora, qui tentait tant bien que mal de contenir son excitation. Mais c'était peine perdu; lorsque le brun frappa à la porte de chez elle, c'est à peine qu'il eut le temps de respirer et la saluer qu'elle lui sauta littéralement au cou, manquant de le renverser sur place. Philip semblait être au bord de l'étouffement. « Est-ce que j't'ai déjà dit que je t'aimais fort fort fort ? » Répliqua-t-elle simplement, les yeux brillant d'émerveillement, alors qu'il lui priait de se calmer, et lui avait demandé ses affaires. « Evidemment que j'ai toutes mes affaires, quelle question ! » Et elle fit un pas sur le côté pour laisser apparaître derrière elle toute la ribambelle de petits sacs qu'elle comptait emmener avec elle. Non, elle n'avait pas de valises, pas de grosses valises, mais des sacs, cinq ou six sacs, pleins de sacs -à la mode- à foison parce qu'elle ne faisait jamais rien comme les autres Nora. « Me regarde pas comme ça, chaque sac a son utilité, et c'est moins chiant et lourd que des valises. Bon allez, on y va ! » Ce n'était pas une question, mais un ordre. Elle se dépêcha de prendre avec elle deux sacs et balança le reste dans les mains de Philip, sans demander son avis, parce que, est-ce qu'il avait vraiment le choix ? « On va à Disneylaaaaaaaand ! » Se calmer, ce n'était clairement pas pour tout de suite.

Jusqu’au bout tu l’as gardé.
L’espoir.
L’espoir que Nora ne soit pas trop surexcitée à la perspective de ce weekend au pays imaginaire. T’as beau être son meilleur ami, t’as beau la connaître par cœur, il n’empêche que tu fais partie de ces personnes parfois un peu trop optimistes. De toute manière, même quand tu envisages le pire des scénarios, elle finit quand même par te surprendre. Une des choses que tu préfères chez elle, sans nul doute. « Est-ce que j't'ai déjà dit que je t'aimais fort fort fort ? » Tu essayes d’afficher un air blasé sur ton visage, le genre de mec trop viril pour apprécier une telle démonstration d’amour,  mais peine perdue. Sa joie est si communicative que tu ne parviens pas à dissimuler ton plaisir de la voir si heureuse. Tu lui adresses un sourire complice alors qu’elle relâche son étreinte pour te montrer ses bagages. « Evidemment que j'ai toutes mes affaires, quelle question ! » Devant toi, une demi-douzaine de petits sacs bien dodus alignés contre le mur. Tu n’as même pas les mots tellement tu es consterné. « Me regarde pas comme ça, chaque sac a son utilité, et c'est moins chiant et lourd que des valises. Bon allez, on y va ! » Son ton impérieux ne laisse aucune place à la discussion et elle te refile la plupart de ses sacs avant que tu n’aies vraiment eu le temps de réagir. Parfois tu te demandes comment tu en es arrivé à une telle soumission avec elle. « On va à Disneylaaaaaaaand ! » Un tympan de perdu. Le weekend s’annonce long.

Le taxi vous emmène à l’aéroport où vous prenez le temps de manger un bon burger avant de vous rendre à la porte d’embarquement. Une fois à bord de l’appareil, tu essayes de te caler contre la fenêtre pour entamer une petite sieste. Autant te reposer le temps du vol. Hélas, encore une fois, tu t’étais montré trop optimiste. Sitôt les yeux fermés, tu reçois un coup de coude. Madame a décidé de regarder des films Disney sur sa tablette pendant tout le voyage et il lui paraît indispensable que tu les regardes avec elle. Tu songes un court instant à boycotter la séance mais tu comprends très vite qu’il n’y a aucune chance pour qu’elle te laisse dormir en paix. Tu lèves les yeux au ciel et branche tes écouteurs.

Orlando, enfin. Un nouveau taxi vous emmène jusqu'à l’hôtel Disneyland où vous vous enregistrez avant de rejoindre votre chambre. Il est tard, t’es épuisé et déjà fatigué rien que de penser à la longue journée qui vous attend demain. Nora elle, semble au contraire au comble de l’excitation et plus en forme que jamais. « T’es vraiment intenable. Je te préviens, hors de question que tu te mettes à sauter sur le lit. » Pendant qu’elle s’émerveille de tout et de rien, tu poses vos affaires dans un coin de la pièce, sors ton pantalon de pyjama de ton seul et unique sac et te diriges vers la salle de bains. « Je vais prendre une douche le temps que tu redescendes sur Terre. » Vu son état, tu pourrais largement prendre un bon bain.