where did she fucking go ? (roman)

Carter était partie ? Carter était partie. Nora, tombée des nues, devait se faire à l'idée. Apprendre à ne pas être en colère contre Carter. Celle qui venait tout juste de compléter le trou qu'elle baladait depuis sa tendre enfance, dans sa vie. Celle qui venait de se barrer sans un mot, celle qui était rentrée aussi vite qu'elle en était sortie dans la vie de Nora. Sa foutue sœur jumelle avait foutu le camp et Nora l'avait découvert qu'en débarquant dans une chambre et un appartement tout aussi vides respectivement chez les Cabots et dans son habitat au centre-ville de Boston. Elle avait foutu le camp et avait vidé toute sa vie, sans prévenir la moindre personne, sans prévenir Nora; et Nora se contrôlait honnêtement pour ne pas être en colère contre elle. Elle devait avoir ses raisons, non ? Elle ne pouvait pas partir, laisser, la laisser sans raison, si ? Pitié faite qu'elle ait au moins une raison suffisante. C'est ce que Nora scandait dans sa tête, sans arrêt, depuis son départ. Un jour, deux jours, trois. Puis elle s'était enfin décidée à faire autre chose que chercher des explications, du moins avec elle-même. Parce qu'elle en avait quand même besoin, de ces explications, savoir qu'elle n'était pas folle et qu'elle n'était pas la raison. Elle en devenait parano. C'est pour cette raison principale qu'elle se trouvait dorénavant à tambouriner comme une folle à la porte de chambre d'un des seuls qui pouvait sans doute lui éclaircir les idées : Roman. Le petit-ami, ou l'ex petit-ami ?, de Carter. « Roman, ouvre cette putain de porte avant que j'la défonce, je sais que t'es là ! » Tambouriner comme une folle, parce que Monsieur ne daignait pas ouvrir la porte, malgré l'instance que faisait preuve Nora. Elle savait qu'il l'avait reconnu, et elle savait qu'il semblait l'éviter. Mais pas elle. « Roman, j'ai besoin de parler de Carter, ouvre-moi putain ! » Cria-t-elle davantage, passablement énervé que son beau-frère la snobe, sachant qu'utiliser le mot magique devrait le faire réagir. Carter. Elle avait besoin de savoir Nora, et elle ne partirait pas tant qu'elle ne saura pas.

Une énième bouteille de vodka à la main, tu as fini par t'écrouler dans le divan. Tu comprends pas pourquoi elle est partie sans un mot, sans une explication et tu penses même que c'est de ta fautes, que tes efforts lui ont pas suffit. Cela fait tris jours que tu rumines, que tu aimerais savoir le pourquoi du comment. Tu peux pas t'empêcher d'être en colère contre elle, elle que tu pensais être sincère envers toi comme tu l'as toujours été envers elle malgré les quelques vérités blessantes mais tu pensais que c'était la base de votre couple, que c'était grâce à cela qu’il tenait car quand on est sincère et qu'on en parle, on peut trouver des solutions pour avancer. Enfin, c'est ce que tu pensais et franchement, là, t'es totalement paumé mais surtout trop bourré. Tes anciens démons refont tout doucement surface, ceux pour qui tu as quitté la Mather House il y a quelques mois d'ici et c'est certainement pas l'alcool qui va la faire revenir ou qui va tout résoudre mais en attendant, tu n'as besoin que de ça. Tu te plonges aussi dans tes études, comme une une zone de confort, de soulagement, de camouflage. Sauf qu'à cet instant, tu as décidé de boire encore et encore quand tu entends quelqu'un tambouriner comme un malade à la porte. Tu reconnais la voix presque similaire à la sienne et tu n'as vraiment pas envie de lui ouvrir, de la voir... elle aussi. Nora insiste, elle insiste tellement que tu finis par lever ton cul du canapé, tant bien que mal, marchant en titubant jusque la porte. Tu ouvres et l'espace d'un instant, tu penses être face à Carter mais ce ne sont que tes envies enfuies au plus profond de toi-même. Nora... tu souffles mais tu la laisses entrer, tu n'a pas le choix de toute évidence. Tu reprends une gorgée de vodka avant de t'affaler de nouveau dans le canapé. Et moi, j'ai pas envie d'en parler. Tu mens, parce que tu as autant envie de savoir pourquoi que sa jumelle. Tu finis par regarder Nora de tes yeux bouffis par les larmes versés quelques temps avant. C'est de ma faute, hein ? C'est à cause de moi si elle est partie... C'est la seule solution qui te vient à l'esprit.

Il était mal en point, Roman. Lorsqu'il daigna enfin ouvrir cette foutue porte, son visage rougi et ses yeux gonflé par, elle devinait, des pleurs lui fit face. Et la colère de Nora disparut instantanément, et malgré elle, elle prit pitié pour Roman. Elle avait été mal, très mal ces derniers jours, comme si on venait tout juste de lui arracher une deuxième partie de son âme, elle se revoyait au moment de l'adoption de Carter, ce moment où on lui avait enlevé malgré elle sa sœur à elle. Elle avait été vraiment mal, parce qu'elle aimait Carter, mais elle n'aurait jamais imaginé que Roman soit dans cet état. Parce qu'elle n'avait jamais réalisé sûrement à quel point il tenait à elle. Elle venait tout juste de débarquer dans leur vie après tout, elle ne savait pas. « Roman... » Murmura Nora, une fois rentrée et qu'il lui ait demandé, sans détour, si c'était sa faute. Debout vers la porte d'entrée, elle feignit d'ignorer l'odeur d'alcool qui se dégageait de l'appartement, ainsi que la bouteille de vodka qu'il tenait précieusement en main. Elle n'était pas en mesure de juger, surtout pas elle. « J'en conclue que tu n'as pas non plus de la moindre idée d'où et pourquoi elle est partie non plus. » Rétorqua-t-elle, sans répondre à sa question, tout en lâchant un bref rire des plus jaunes. Alors elle avait réellement pris les jambes à son cou, sans prévenir personne ? Vraiment, vraiment personne ? Et elle avait laissé derrière elle, ça ? Roman ? Elle ? « J'aimerais bien te dire que ce n'est pas ta faute, comme j'aimerais dire que ce n'est pas la mienne, mais j'en ai fichtrement aucune idée et ça me.. argh ! » Frustrée, oui, elle l'était, en plus d'être en colère. Frustrée de ne pas savoir, ne pas comprendre, ne pas avoir décelé ne serait-ce qu'un simple indice qui aurait fait tilt avant qu'elle ne parte. « J'pense juste qu'elle a juste été égoïste sur ce coup. » Conclut Nora, amer. Puis sans se gêner, elle balança son sac dans le coin de l'entrée, fit quelques pas pour atteindre un fauteuil dans le salon, attrapa une bouteille à moitié vide en route et la porta à sa bouche. « Tu permets ? » Elle se permettait en tout cas. Pas comme si elle en avait pas assez bu. « Pourquoi tu penses que c'est de ta faute ? » Parce que malgré qu'il ait clamé ne pas vouloir en parler, elle en était persuadée qu'il avait besoin que de ça : de parler. Parce qu'elle, elle avait besoin que de ça également.