TIMOTHY A. GRAHAM ► Boyd Holbrook

Les vagues c'était mon truc, mon grand truc. Toute ma jeunesse, si tu savais pas où me trouver, il fallait que tu commences par chercher à West Palm Beach ou New Smyrna Inlet. Ça faisait le malheur de mes parents d'ailleurs. Un gamin qui préfère aller barboter dans l'eau salée plutôt que d'aller en cours, ça fait pas rêver. Ils voulaient que je fasse de grandes études, que je sortes du lot. Il était pêcheur et elle nourrice alors crois-moi, on a jamais vraiment roulé sur l'or mais je m'en fichais pas mal. Et puis, ses mioches, ça me donnait une bonne raison d'aller surfer. J'suivais quelques cours pour leur faire plaisir, j'faisais mine d'écouter mais j'ai redoublé une fois. Puis deux. Ils ont finit par comprendre que je ne ferais pas ma vie sur les bancs d'école et que le jeune insolent que j'étais ne laisserai personne lui dire ce qu'il doit faire. Il ont abandonné le combat et j'ai pu aller glisser en toute tranquillité.

Les années ont passé et à l'aube de mes 17 ans je me suis enfin réveillé : il fallait que je trouve un travail parce qu'il était hors de question que je remette un pied dans une école. J'y avais jamais vraiment réfléchi mais l'armée fut ma première et seule idée. Ce qui m'a plu, c'était l'aventure, le voyage. Mais ça, c'est juste pour la publicité. En réalité, c'est un peu moins paradisiaque ce ça en a l'air mais ça me convenait parfaitement. C'était idéal pour me faire redescendre sur terre. Je me suis donc engagé avec la plus grande motivation. Les premiers mois ont été difficiles et finalement, j'me suis bien acclimaté. J'ai été un peu partout dans le monde et ça en plus du l'uniforme, c'est carrément cool pour draguer. J'ai d'ailleurs jamais vraiment eu de relation amoureuse. La tête dans mon casque camo et le cœur dans l'océan, les surfers sont pas connus pour leur romantisme. Et j'ai surtout jamais eut le temps. Alors je préférais piétiner joyeusement de mes boots la boue des sentiers aux côtés de mes frères d'armes.

Ça aurait put en rester là, sauf qu'il y a eut cette mission : l'Afghanistan. J'y ai passé de longs mois. Je ne crois pas que ça puisse se compter en années, mais c'était terriblement long. J'ai vécu dans des conditions physiques et psychologiques épouvantables, j'ai vu des choses horribles, j'ai fais des choses atroces. Bref, le rêve quoi. J'pensais être fort et indestructible quand je me suis engagé mais ça, ça renvoi n'importe quel homme à se propre condition. Quand je suis rentré à Miami, je pensais être sorti de tout ça, je pensais que ces images feraient peu à peu parties du passé. Mais encore aujourd'hui, à chaque fois que je ferme les yeux, mes paupières deviennent l'écran de cet horrible film. Les doc' ont dit que ça avait un nom, les troubles post-traumatiques. J'ai gentiment prit leur médoc' mais ça ne fait qu'atténuer et non détruire comme je le voulais. Alors j'ai cherché des alternatives et les seules que j'ai trouvé ce sont les clopes et quelques petits produits un peu plus forts. J'suis pas un toxico non, enfin j'crois pas, mais disons que j'ai quelques petits problèmes d'addiction. Mais au moins, je dors tranquille.

Ah oui, j'oubliais. Tu te demandes peut-être ce que je fous à Boston ? Hum ? C'est tout simple : après ma mission concernant les agressions qui ont eut lieu à Harvard, j'ai décidé de prendre un peu de repos dans cette sympathique bourgade. Cette petite escale s'est finalement transformée en semaines, en mois puis en années. J'y suis resté et je m'en porte très bien. Pour le surf, c'est carrément moins cool ceci dit.