Parfois, l'hôpital était le dernier endroit où il avait envie d'être. Faut dire que pour être malmené par des chefs de service qui en demandait trois fois trop et toujours plus, il enverrait bien tout valser et partir en claquant la porte. Alors y revenir un jour de congé, on se demanderait bien quelle mouche l'a piqué. Mais s'il venait ce jour de bon cœur, c'est parce qu'il en avait envie. Il avait choisi le devoir de rendre les enfants malades heureux ne serait-ce qu'un instant. Les faire oublier qu'ils sont malades, et leur permettre d'être seulement des enfants qui s'amusent. La dernière fois, il avait jouer le Père Noël avec Carter, bien que difficile avec sa béquille. Il n'avait pu réellement que s'asseoir et prendre les enfants un à un sur ses genoux tant qu'il pouvait supporter le poids. Aujourd'hui, un autre programme les attendait, et c'est avec sa guitare sur le dos et une caisse dans les mains que le jeune brun s'avançait doucement dans l'enceinte de l’hôpital, se rendant dans une salle de conférence, exceptionnellement libre pour l'occasion, où tous les enfants et parents qui avaient voulus participer étaient présents. Peut être même un peu plus de monde que prévu, ce qui le stressait quelque peu. Suivant toujours le trajet de la salle de conférence, une tête blonde lui filait sous le nez et dans un réflexe il l'interpella : « Hey Alex ! » Il attendit que celle-ci se retourne, il ne manquerait plus que ses yeux lui aient fait faux bonds, mais c'était bien elle. Un sourire s'empara de ses lèvres. Cela faisait un bout de temps qu'il ne l'avait pas croisé ni à l’hôpital, ni sur le campus. Peut être au bal Eliotincy, mais il n'avait pas eu l'occasion de passer la voir. Puis il se doutait bien qu'elle aussi devait avoir pas mal de boulot, surtout avec les exams il y a quelques temps. « Tu vas bien ? T'étais occupée peut être ? Je t'ai interrompue dans ton élan mais je voulais... faire un petit coucou » Ca sonnait idiot comme ça, mais ouais, c'était ça.
Sans même s’en apercevoir, elle avait repris un rythme de vie normal. Plus de pleurs le soir, plus de coups de mou en plein milieu de la journée. Elle pleurait toujours quelques fois lorsqu’elle pensait à lui, mais se remettait bien vite, convaincue que sa vie ne serait pas une succession de coeur brisé et d’amour perdu. A l’hôpital, elle retrouvait un semblant de normalité. Entre les cours, les examens, et ses gardes, elle n’avait plus vraiment le temps de faire un deuil en bonne et due forme, et c’était tant mieux ainsi. L’hôpital était plein rush avec le début de la nouvelle année. Les enfants qui étaient là depuis l’an dernier voyait la nouvelle année avec un œil torve car cela signifiait que cela faisait officiellement un an qu’ils séjournaient ici. Et personne ne veut vivre un an à l’hosto. Personne. Elle les réconfortait comme elle le pouvait mais rien ne semblait leur redonner le sourire. Un peu triste par ce spectacle, elle courait donc à droite et à gauche pour aider les infirmières, pour prêter main forte aux médecins, accueillir les personnes perdues dans l’enceinte de l’établissement. Aider, aider encore et toujours. Elle aime ça. Alors oui, c’est un peu improbable qu’elle soit présente ici alors que c’est le weekend mais ça lui fait plaisir. Elle aime ça. Elle aime cette ambiance de soin, de convalescence. Parce que même si la mort est omniprésente, la vie aussi l’est. Une jeune maman, une femme enceinte qui va le devenir, des enfants qui guérissent. C’est important de se souvenir de ça. Courant à travers les couloirs à la recherche d’une tâche à effectuer, elle sentit un peu la douleur à sa jambe se réveiller mais la mis en arrière, bien décidé à ne pas la laisser régner sur sa vie. Elle entendit alors une voix masculine l’interpeller. « Melchior ! » Elle retourna sur ses pas et vint le saluer avec un grand sourire. Il lui avait manqué. Elle ne l’avait vu qu’au bal Eliotincy et ça remontait à plusieurs semaines à présent. Et encore, juste au coin de l’oeil. « Oui, ça va bien merci. Et toi ? Non, je ne le suis pas vraiment. Je suis ici bénévolement. Pourquoi ? Tu as besoin de mon aide pour quelque chose. » Elle cherchait la parfaite distraction et Melchior tombait à pic.
Oui, on pouvait dire qu'il était tout de même rassuré de voir qu'il s'agissait bien d'Alexandra. Il ne perdait pas encore l'esprit ! Elle s'approcha de lui, sourire aux lèvres, comme à son habitude. « Ca va plutôt bien aussi. » sourit-il en hochant doucement de la tête. L'Eliot lui expliquait alors qu'elle était là bénévolement.C'est pour cela qu'il pensa qu’entraîner la jeune femme dans la foulée tant qu'elle n'était pas trop occupée serait une bonne idée. Elle était quelqu'un de bien, de généreuse, d'attentionnée, il savait qu'elle serait touchée par la cause des enfants malades. En fait, si son nom et son statut ne l'avait pas guidé automatiquement chez les bleus, il était sûr qu'Alexandra aurait fait sans aucun doute une parfaite Quincy. « Et bien je t'embarque avec moi dans ce cas ! J'aurais bien besoin d'une chanteuse en plus pour mon groupe ! » fit-il plein d'entrain avant de se remettre en route, l'incitant à en faire de même. Il fit exprès de n'en dire pas plus, histoire qu'elle s'imagine tout un tas de scénario. Les enfants étaient toujours contents de voir débarquer une nouvelle personne. Ils avaient cette facilité à s'enjouer de tout, d'être curieux. Puis il se souvint de l'accident d'Alex. C'est d'ailleurs un point commun qu'ils avaient partagés qui les avait en quelques sortes rapprochés. Il tourna la tête vers elle, concerné. « Comment va ta jambe ? » Les dernières fois qu'ils en avaient parlés, il se souvenait que la douleur lui prenait assez souvent. Arrivés devant la salle, Melchior se mit dos à la porte vitrée et la poussa de son poids afin de dégager le passage et laisser Alex passer avant de la laisser se refermer toute seule. « On en a pour une heure environ, promis ceux-là ne mordent pas. » lui chuchotait-il en souriant. Elle devait probablement en connaître certains pour les avoir croisé, ou même avoir eu en patients d'ailleurs, ce n'était pas impossible. « Bonjour tout le monde ! Je vous présente Alexandra, une nouvelle chanteuse pour notre - déjà très grand - groupe. D'ailleurs j'espère que vous avez tous réfléchis à un nom pour notre bande comme on en avait parlé le mois dernier, mais on verra ça tout à l'heure. » fit-il avant de déposer la caisse au milieu de la pièce..
Melchior est un bon ami, une personne généreuse et altruiste à l’image de sa confrérie. Aussi heureuse de le voir qu’elle est, Alexandra trouve quand même qu’il fait une parfaite distraction pour ses pensées parfois sombres du moment. Et puis, son visage angélique y joue énormément aussi. Elle lui explique alors la raison de sa présence à l’hôpital. Après tout, c’est un jour de congé pour elle, elle n’est pas censée fréquentée les lieux. Mais le bénévolat qu’elle fait depuis qu’elle a commencé ses études de médecine font qu’elle est une habituée des lieux, un peu trop d’ailleurs. Il peut parfaitement comprendre. C’est un Quincy et à de nombreuses reprises, il lui a dit qu’elle aurait fait une parfaite orange avec son côté généreux et dévouée aux autres. Ce n’est pas faux, mais même si elle est très généreuse, elle pense aussi énormément à son futur et à sa carrière. C’est une battante, une personne extrêmement compétitive qui aime sa vie pleine de luxe et de conforts, même si la pauvreté des autres ne lui ait pas indifférente. Ce n’est pas pour rien qu’elle aide énormément Oswald et aide à l’hôpital mais aussi à la soupe populaire ou encore qu’elle fait des voyages pour aider à travers le monde. « Tu m’embarques où ? Chanter ? Je suis une horrible chanteuse. Crois moi, tu ne veux pas subir ça. » Les yeux exorbités par la demande de Melchior, elle le lui suit tout de même, intriguée par son air si jovial et sa proposition des plus étranges. Ce n’est pas tous les jours qu’un ami vous demande de chanter dans un groupe inconnu, dans un lieu incongru. Melchior lui demande alors pour sa jambe. « Beaucoup mieux. J’ai toujours mal quelque fois mais pas autant qu’avant. Je vois que toi, ça va beaucoup mieux. Je suis contente. » Très contente. Le voir souffrir autant lors des séances de rééducation l’attristait énormément, et elle s’en voulait à présent de ne pas avoir été aussi présente alors qu’elle avait promis. « On pourra bientôt aller faire des joggings tiens, pour te maintenir en forme. » Parce que l’hôpital, c’est physique et le sport c’est bon pour la santé. Malgré ses douleurs chroniques, Alex se faisait un devoir de faire une demi heure de jogging tous les deux jours. Une épreuve mais qui en valait la peine. Melchior et elle arrivèrent alors devant une salle avec une porte vitrée, il la poussa avec son poids et la laissa passer devant lui. Elle vit alors une foule d’enfants tous plus adorables les uns que les autres, mais aussi très certainement très malade. Elle écouta alors le petit monologue de Melchior et sourit en voyant le visage des enfants s’illuminer en la voyant. « Un groupe de musique avec les enfants. Les gars, soyez indulgents avec moi. J’ai beau être jolie, je chante comme une casserole. Une vraie calamité. » Les enfants explosèrent de rires en l’entendant, mais elle se faufila à travers eux, Melchior à ses côtés. « Tu aurais du me dire qu’on allait voir les enfants. J’adore les enfants. Et puis, ils sont trop mignons, on a envie de les croquer. » Loin de la princesse d’Angleterre, Alexandra est une amoureuse des enfants, et en voir autant aussi heureux de les voir pour passer du temps avec eux, fait qu’elle aime encore plus Melchior pour être aussi proche d’eux. « Tu dois vraiment avoir un coeur tendre pour passer du temps avec eux. C’est adorable. »
« Mais non, je suis sûr que tu exagères ! » Il riait doucement. Lui non plus n'était pas spécialement bon chanteur, mais cela importait peu. Sinon il aurait pris soin de faire passer des auditions. « En tout cas, ça fait plaisir d'entendre que tu vas mieux. Et oui, depuis le temps que je voulais m'en débarrasser de ces béquilles, j'en suis ravi ! » Il se mit à rire lorsqu'elle lui parlait de jogging. Le sport... Même s'il s’entraînait en rééducation, il fallait dire que ca lui manquait un peu de ne plus bouger sur un terrain ou autre. « Ouais, je compte sur toi hein ! » Alex avait toujours été attentionnée. C'était d'ailleurs l'une des seule personne avec qui il avait partagé ses séances de rééducation, ce qui était pour lui quelque chose de délicat faut dire. Ils arrivèrent tous deux dans la salle de conférence et il pu voir le visage d'Alexandra illuminé à la vue des enfants. Il aurait pu la guider pendant la séance mais clairement, elle savait ce qu'elle faisait. Les enfants explosèrent de rire, tous en chœur. Jamais un boucan ne pouvait lui faire plus plaisir que celui-là. Ses lèvres s'étiraient inconsciemment, tandis que son regard parcouraient les visages illuminés des enfants. Ils s'avancèrent tous les deux dans la foule haute comme trois pommes et Melchior y déposa sa caisse remplie de petits instruments de musique : maracas, petits tambours et tambourins, triangles, xylophones, … La dernière animation lui avait appris de laisser les flûtes et autres sifflets chez lui, c'était mieux comme ça et ses oreilles lui disaient merci d'avance. Alex avait l'air ravie d'être là et cela lui fit d'autant plus plaisir. C'était toujours mieux de partager de bons moments à plusieurs. « J'ai bien fait de t'embaucher on dirait, tu me fais presque de l'ombre même ! » fit-il d'un ton faussement blâmeur. « Un cœur tendre... » répéta-t-il en riant doucement. Il médita de courtes secondes avant de hausser les épaules. « Peut être, je ne sais pas. Quelque part je me sens comme un grand enfant. Je passerais volontiers plus de temps avec eux, mais pour moi ça ne se résume qu'à une ou deux fois par mois. Mais bien heureusement, je ne suis pas le seul à passer les voir. On est plusieurs sur le coup, on réussit à organiser... deux à trois animations par semaine ce qui est plutôt sympa. » C'est vrai que ce n'était pas partout le cas, et il était ravi de pouvoir donner un peu de son temps pour rendre le séjour un peu plus confortable pour eux. « Et quand on y pense, ils ont autant à offrir que nous pendant ces animations. » Il suffisait de les entendre rire aux éclats ne serait-ce qu'un instant pour comprendre que ces enfants l'aidait lui aussi. « Ces petites bouilles sont plus fortes qu'on ne le pense. » sourit-il, avant de tendre un petit tambourin à Alexandra. Une fois la guitare réajuster, il se tourna vers les enfants qui s'étaient déjà tous munis de leur petit instruments, tous bien installés formant un cercle dans la pièce. Il donna quelques simples consignes de rappel, que tous connaissaient déjà puisqu'ils s'amusaient à finir ses phrases avant même qu'il ne les prononce. « Eh bien puisque vous savez mieux que moi, on passe directement aux choses sérieuses ! Puisqu'Alexandra est nouvelle ici, je propose qu'elle choisisse la première chanson, qu'est-ce que vous en pensez les enfants ? » Melchior tourna la tête vers l'Eliot, sourire mutin aux lèvres. Excités, des mains se secouaient dans tous les sens.. Certains poussaient Alex à choisir une chanson, d'autres lui conseillaient leur chanson préférée,... Quoiqu'il en soit, elle ne laissait personne indifférent.
Elle riait bien avec lui. Il était une personne souriante et toujours pleine de vie, toujours prêts pour aider et servir. Une personne qu’on a envie d’être, avec qui on veut être amis. « Je te jure. Le chant et moi, on est pas amis. » dit-elle en riant. Il fallait être masochiste pour vouloir l’entendre chanter un jour dans sa vie. Mais bon, si c’est pour une bonne cause, elle est prête à pousser la chansonnette. « J’en suis bien contente. » Elle lui proposa alors de faire du jogging dans les jours à venir pour le remettre en forme. C’est essentiel pour elle de se défouler lors d’une course, d’une séance de natation ou de danse lorsqu’elle le peut. Alors lui proposer de se défouler avec elle en disait long. « J’espère bien. J’ai bien besoin d’un partenaire de courses. Et puis comme ça, on pourra se voir un peu plus régulièrement. » Parce que ça lui manquait un peu leur discussion sur tout et rien, de leurs blagues nulles et leurs rires qui remplissaient la pièce lorsqu’ils se lâchaient complètement. Ayant toujours connu le jeune homme avec des béquilles, elle était bien contente de pouvoir le voir dans un autre état et de l’entraîner avec elle à travers la ville, qu’ils arrêtent de se fréquenter exclusivement dans l’enceinte de l’hôpital. Il la guida à travers les couloirs jusqu’à la salle de conférence. En entrant dans la pièce, elle voit alors une assemblée d’enfant. Ses yeux s’illuminent et elle ne tarde pas avant de se rapprocher d’eux. Elle brise la glace en une seconde avant de revenir à Melchior. « Princesse ne veut pas dire bonne à rien. Et puis, si on montre qu’on les aime, les enfants ils le voient. » Elle le complimente, réellement touchée par le côté tendre de Melchior avec les enfants. Ça la touche énormément qu’il prenne de son temps pour s’occuper d’eux et les distraire de leur vie quotidienne un peu déprimante. En l’écoutant, elle se rend compte qu’elle ne connaît que très peu le jeune Quincy. Et aussi sur le système pédiatrique de l’hôpital. Une honte pour elle qui veut être chirurgienne pédiatrique. « Je pense que je vais m’inscrire aussi à ce programme d’aide pour les enfants. C’est vraiment une honte pour moi de ne pas en faire partie. » Elle a beau être une Eliot, il n’y a aucunes raisons pour qu’elle n’aide pas les personnes qui en ont besoin. Donc en plus du bénévolat qu’elle fait un week end sur deux et durant certaines vacances, elle animera des ateliers avec les enfants. Sa vie ne pouvait pas être des moins remplies à présent. « C’est vrai. Juste les voir sourire, ça a fait ma journée. » Elle acquiesce à la remarque de Melchior. Il a bien raison. Les enfants de l’hôpital sont traités pour des maladies graves, mais leur force font que beaucoup s’en sortent et vivent une belle vie par la suite. Elle aurait aimé avoir leur force une fois dans sa vie pour passer outre toutes les conneries qui ont pu bousculé son existence. Tenant le tambourin qu’il lui tendit, elle sourit à son tour aux enfants qui la regardaient et lui posaient des milliers de questions. Les enfants semblaient bien familiers avec l’atelier et se positionnèrent en cercle. Alexandra s’assoit à terre, avec eux. Il était hors de question qu’elle ne prenne la chaise alors qu’ils étaient sur ce beau tapis avec plein de voiture imprimées dessus. Melchior rappela quelques règles à l’assemblée de petites personnes, mais les enfants les connaissaient déjà par coeur alors pas la peine. Alexandra gardait un sourire béat sur ses lèvres, réellement ravie d’être là. Enfin, jusqu’à ce que Mel la mette en avant et lui demande de choisir une chanson. Les enfants, très malins, ne perdirent pas une seule seconde pour lui donner pleins de propositions de chansons différentes. « Ok, ok, attendez laissez moi réfléchir. » Elle posa son index sur son menton et fit mine de réfléchir. « Vous connaissez une chanson qui s’appelle Scars To Your Beautiful ? C’est une jeune fille qui la chante. Je l’ai sur mon téléphone si vous ne connaissez pas. » « C’est la chanson avec toutes les personnes qui sont différentes ? » lui répondit un petit garçon tout près d’elle. « Oui, c’est exactement celle la. Vous la voulez ? » Le oui général sembla approuver la décision. Elle mit alors la musique en fond sonore et regarda Melchior. « Ne te moque surtout pas de mes talents de chanteuses. » La chanson commença doucement, et Alexandra donna quelques notes, connaissant les paroles par coeur. La chanson avait beaucoup de sens et même les enfants savaient que parfois la différence que la vie nous donne n’est pas forcément une mauvaise chose. La différence, c’est ce qui fait qu’on est fort. Parfois, même la maladie nous donne de la force, car elle nous force à nous battre encore et encore pour s’en sortir. Les voix enfantines et celle plus grave de Melchior s’harmonisaient parfaitement, et celle beaucoup plus rauque de l’anglaise détonnait. Mais ils s’amusaient, malgré que la chanson soit un peu triste, ils trouvaient une harmonie entre eux. Au bout des quatre minutes de la chanson, ils finirent par une note joyeuse, un sourire sur chaque Alexandra regardant son ami avec des yeux pétillants.
Ses sourcils se froncèrent doucement à sa remarque. « C'est vrai qu'on ne s'est jamais vraiment vu en dehors de l’hôpital.. c'est assez triste quand on y pense.. » fit-il perdu dans ses pensées, comme s'il cherchait le pourquoi du comment. Malgré le fait qu'il avait eu l'occasion de travailler avec elle à l’hôpital, leurs confidences notamment sur leurs accident, il se rendit compte qu'il ne la connaissait pas plus que ça au final. Les deux jeunes gens ne s'étaient jamais vraiment vus en dehors du contexte hospitalier. Et pourtant, le courant était bien passé avec la princesse et elle était définitivement le genre de personne qu'il voulait avoir dans ses amis. « En tout cas, je serais ravi de t'y accompagner, mais je ne garantie pas de pouvoir suivre ton rythme. » surtout au début ! Il hocha de la tête, concentré sur les paroles bien sages de la princesse. Mis à part le côté Quincy actif, il était content de pouvoir compter sur Alexandra parmi les bénévoles à assurer les activités auprès des enfants malades. « Je sais que je te l'ai déjà dit mais.. t'aurais du venir chez les Quincy. » sourit-il. Une fois auprès des enfants, il se trouva une petite place au sein du cercle et s'y faufila pour s'asseoir sur le tapis avec tout le monde. Les enfants étaient tous ravis du choix de chanson, et leur enthousiasme était si beau à voir. La jeune femme se tourna alors vers lui pour lui dire de ne pas se moquer, ce à quoi le jeune homme leva les deux mains, paumes visibles, afin de prôner son innocence avec un sourire mutin. Alors toutes les voix se mêlèrent pour chanter en chœur sur le fond de musique du téléphone d'Alex. Tapant sur les petits instruments, plus ou moins en rythme, chantant des fausses notes à tout bout de champs, et Melchior qui ne connaissait que le refrain pour avoir entendu Kobby la chanter une fois ou deux, … Non ce n'était pas parfait, mais ils en riaient et c'était le plus important. A la fin des quatre minutes, les applaudissements et les cris de joie se faisaient entendre. Melchior jeta un regard à Alexandra qui voulait dire tout à la fois : bien joué, merci, tu m'épates, t'es incroyable... C'est comme s'il l'a découvrait encore sous un nouveau jour, quand bien même il l'a savait déjà généreuse et attentionnée. Il s'éclaircit la gorge, remettant un peu en même temps ses idées en ordre afin de poursuivre l'animation de cette activité. Les enfants souriaient, riaient, certains sautaient sur place, … En tout cas, ils étaient contents de leur prestation et ils pouvaient l'être. « Eh c'était pas mal du tout ! » fit-il à leur attention. « On s'est tous très bien débrouillé. » fit-il en portant son regard sur la jeune femme. Tout le monde était plutôt d'accord. Melchior écoutait attentivement les commentaires des enfants qui allaient du c'était trop coooool au Tyler chantait faux ! Et l'heure se poursuivait ainsi, dans une ambiance simple et sereine, poussant la chansonnette entre les rires et applaudissements des enfants. Et il détestait à chaque fois mettre fin à l'activité, culpabilisant à chaque fois que ces petites bouilles suppliaient de continuer. Oui clairement, ça lui déchirait le cœur, ils savaient bien s'y prendre ! Mais il ne laissait rien paraître, surtout ne pas montrer d'hésitation, sinon ils en joueraient encore plus les prochaines fois ! « Désolé... Vos parents vous attendent, mais on remet ça à très vite les poulains ! Et si ce n'est pas moi, c'est Alexandra qui sera là pour chanter avec vous. Sara, l'infirmière t'attend dans le couloir ma puce. » La salle se désemplissait rapidement, les enfants ayant accepté la fin de l'activité, plutôt ravi d'avoir la possibilité de revoir la nouvelle venue. Il prit une grande inspiration puis souffla longuement, comme pour se donner du courage, de passer à autre chose avant de changer d'avis et de rappeler les enfants qui sait. Il se tourna vers Alexandra, sourire aux lèvres. « Et bien t'as géré comme une grande ! » la félicita-t-il, retirant la sangle de la guitare de son cou. Il se baissa pour atteindre son sac, dans lequel il avait pris soin d'y ranger deux petites bouteilles d'eau, sans savoir qu'il croiserait Alex aujourd'hui. Il en tendit une à la jeune femme. Après une bonne heure à chanter, il fallait bien se déshydrater. Melchior prit une grande gorgée d'eau, puis souffla longuement avant de regarder son amie. « C'était vraiment sympa que tu sois là avec nous. Ça a fait la différence, vraiment. »
« C’est plus que triste. Je ne sais même pas à quoi tu ressembles à la lumière du jour, tu te rends comptes. » qu’elle répond en riant légèrement. Les deux amis ont beau se fréquenter depuis des mois, ils n’ont jamais mis un pied en dehors de l’hôpital ensemble. C’est comme si leur vie s’était résumé à ces murs blancs, à cette odeur aseptisée et ces couloirs sans fin. Non pas qu’Alexandra n’aimait pas son environnement de travail. Au contraire. Elle trouvait une satisfaction à traiter des patients, à aider les infirmières et à divertir parfois les enfants dans les chambres lorsque les temps étaient durs, mais c’est bien aussi de sortir. Même si, ces derniers temps, elle n’a nul part où aller. Sa vie s’était résumée à un homme durant des mois. Maintenant qu’il est partis, elle se retrouve avec un temps libre infini sur les bras à n’en savoir que faire. Et à part promener Iorek le matin et faire son jogging, aller en cours, elle n’avait plus grand-chose de palpitant à faire. « Je ne suis plus aussi rapide qu’avant, ne t’inquiète pas. Et puis, au pire, on avancera pas étape. Je veux pas te tuer tout de suite. » La course leur permettrait ainsi de se diversifier, de combattre ce qui les a handicapé pendant un long moment. « Je ne suis pas toujours aussi gentille. Juste quand je suis avec toi. » Elle sourit au jeune homme, bien contente de voir qu’il y a encore des personnes comme lui sur Terre, altruiste et bienveillante. […] Durant une bonne demi heure, Melchior, Alexandra et une assemblée d’enfants chantèrent des chansons populaires, dans une bonne humeur avec le sourire aux lèvres et la joie au coeur. Si Alexandra ne connaissait pas Milo, si elle n’avait pas encore de l’amour dans son coeur, si elle venait de voir Melchior à travers le vitrage de la porte, elle serait tombée sous son charme en quelques secondes. Comment ne pas tomber. Beau à tomber par terre, un coeur en or, un sourire à faire fondre une grand-mère, il était parfait sous beaucoup d’angles. Parfait dans sa différence avec les hommes que la blonde fréquente normalement. Elle voyait une part de lui qu’elle admirait énormément. Qu’elle aurait aimé avoir elle même. La raison principale de son refus d’intégrer les Quincy, c’était son manque de recul. Elle aime aider, c’est sur et certains. Mais elle aime aussi avoir ce côté philanthrope qui fait jolie sur son résumé, qui fait que ça lui ouvre des portes. Elle a toujours des objectifs derrière ses actions, elle ne fait rien sans une pensée derrière. Alors oui, Alexandra est une personne d’adorable qui aime aider et a pour but d’ouvrir un hôpital pour enfant spécialisé dans les maladies rares, mais elle a aussi énormément d’ambitions qui la rendent parfois cruelle et sans coeur lorsqu’il le faut. Elle ne va pas hésiter à marcher sur les autres pour avoir ce qu’elle fait et ça, Melchior ne le voit pas. Il voit le côté angélique de la jeune femme, son sourire éclatant, son rire de clochette et ses yeux pleins d’étoiles. Pas la part d’ombre qu’elle se garde bien d’exposer au monde entier. Le temps vint à s’écouler et les enfants doivent retrouver leur géniteur ou leur lit pour les plus malades. « Je ne sais pas si on va chanter mais en tout cas, on va s’amuser, ça c’est sur. » Passant la main dans les cheveux d’un petit garçon avec qui elle s’était nouée d’affection, elle déposa un baiser sur son front, heureuse de trouver des âmes aussi pures dans son entourage. Les enfants sortirent, escortés par des infirmières ou des parents, content de leur petite activité de l’après-midi et ayant hâte de remettre ça dans quelques jours. « Je vais devoir trouver une activité qui soit à peu près aussi bien, si ce n’est meilleure que la tienne maintenant. » répliqua-t-elle avec un sourire. Elle n’avait pas arrêté de sourire depuis qu’elle avait revu Melchior. « Mais c’est facile avec eux. Ils sont géniaux. » Elle prend la bouteille qu’il lui tend et le remercie. Buvant à grande lampée l’eau, complètement déshydratée par tout ce chant, elle voit Melchior en faire de même. « Merci. Je suis contente d’être tombée sur toi aujourd’hui. Tu as fait ma journée. » Pour une fois, elle n’a pas passé la journée à essayer désespérément de s’occuper pour ne pas penser à autre chose. « On remet ça quand tu veux. Mais en dehors de l’hôpital. » Elle insiste sur ce point. Elle veut vraiment apprendre à connaître le jeune homme dans un autre cadre, autours d’un autre sujet que leur amour pour la médecine et sa rééducation à lui ou sa douleur à elle. « Je meurs de faim. J’ai pas mangé depuis ce matin. Je sais, c’est pas bien. »
Melchior laissa tomber sa tête et se mit à rire. Mais quelque part, ce qu'elle venait de dire l’entraîna dans une réflexion. Il en venait à se demander de quoi il avait l'air en dehors des murs de l’hôpital, si elle l'aurait apprécié tout autant. Faut dire qu'une fois qu'il enfilait la blouse blanche, c'était un peu une autre ambiance. Et puis c'était un domaine qu'il connaissait bien, où il se sentait à l'aise, alors ça boostait un peu plus sa confiance en lui. Mais s'il s'agissait de jogging, il n'y avait pas à réfléchir, et puis faut dire que ça lui ferait le plus grand bien un peu de sport. « Je suis ravi de te l'entendre dire Alexandra. » fit-il, se pinçant les lèvres. De toute façon, il était à peu près sûr de se mettre KO tout seul au bout de 20 minutes de course. Il fronça doucement les sourcils, surpris par sa remarque. Pas toujours gentille... Il avait eu envie de lui demander ce qu'elle voulait dire par là, après tout, tout le monde n'était pas de bonne humeur H-24 ou alors c'est que l'on devait avoir une force intérieure inimaginable, mais ils arrivèrent déjà auprès des enfants. C'était une discussion qu'il remettrait à plus tard, il n'avait aucun doute.
[...]
La session de chant terminé, le temps de dire au-revoir aux enfants, de les voir s'en aller, il se retrouvait seul avec Alexandra un moment. Ils s'étaient croisés à la hâte dans le couloir et puis il l'avait kidnappé quelque peu au passage, ils n'avaient pas eu le temps de discuter tranquillement. « Ah ouais, l'élève veut dépasser le maître hein.. Je te souhaite beaucoup de courage dans ce cas, tu en auras besoin. Mes poulains me seront fidèles. » lance-t-il pour lui tenir tête, avec son semblant de regard dédaigneux. C'est vrai qu'ils sont géniaux ces enfants. Ils apportaient autant de bonheur aux animateurs qui passaient chaque semaine, c'est dingue. Une bouteille d'eau plus tard, Melchior sourit à Alex qui était ravie elle aussi de cette activité, ce qui lui fit plaisir. Et il était plutôt d'accord qu'ils devaient remettre ça et rattraper tout ce temps où ils ne s'étaient pas vus. Et surtout hors contexte hospitalier oui, il était curieux d'en apprendre plus sur elle, si elle était aussi pétillante au quotidien qu'il ne la connaissait d'ici. Lorsqu'elle lui dit qu'elle mourrait de faim, cela le renvoyait à son propre cas et c'est vrai qu'il commençait à avoir un creux lui aussi. Sauf qu'elle, n'avait rien avalé depuis le matin. Il fronça les sourcils pour faire son regard qui voulait tout dire, mais elle-même savait déjà ce qu'en pense Melchior en tant que « soignant », ce qui le fit doucement sourire. « Non effectivement, ce n'est pas très malin Docteur Windsor ! J'ai de la chance de t'avoir encore sur tes deux jambes alors. Mais je vais pas attendre que tu sois par terre pour faire quelque chose, je ferais un bien piètre médecin. » fit-il tout en rangeant sa bouteille dans son sac avant de se relever et faire face à la jeune femme, une idée en tête. « Tu.. T'as bientôt fini ton service ? Je t'invite à dîner. Après ta belle performance, c'est la moindre des choses. » Il haussa légèrement les épaules avant d'ajouter : « Et puis en plus, ce restaurant se trouve en dehors de cet hôpital, si ça ce n'est pas incroyable ! » lui fit-il sur le ton de la confidence, sourire mutin aux lèvres se retenant de rire, pour la convaincre de dire oui. Il espérait qu'elle dirait oui.
Elle avait passé une très bonne après-midi. Son coeur était remplie d’une joie enfantine et du rire des gamins qui chantaient aussi faux qu’elle. Mais surtout, elle était pour une fois depuis des semaines, heureuse. Réellement heureuse. Avec le sourire béat et les papillons dans le ventre, heureuse. Un bonheur éphémère, certes, mais très agréable. Le partager avec Melchior était la cerise sur le gâteau, la crème chantilly sur la coupe glacée. Bref, le summum du parfait. « Oh, avec mes cheveux blonds et mes grands yeux de biches, ils vont penser que je suis une Cendrillon réincarnée. Tu peux pas rivaliser avec ça. Fidélité ou pas. » réplique-t-elle avec un mince sourire avant d’éclater de rire. Melchior est tellement facile à vivre, il n’est pas compliqué, pleins de complexes débiles et d’orgueil mal placé. Elle peut rire facilement avec lui, se détendre et être simplement elle. Pas la fille qui est guindée et pleine de règles. Juste elle. Alexandra. Pas la princesse d’Angleterre ni l’avocate ou encore l’étudiante en médecine. Juste Alexandra. Ils boivent leur bouteille d’eau, bien déshydratés après toutes ces vocalises et ces rires incessants. Elle lui avoue alors qu’elle meurt de faim et pour une raison très simple. La belle blonde n’a pas avalé une seule chose de solide depuis ce matin et il est déjà tard dans l’après midi alors pas étonnant qu’elle ait très très faim. « Je sais, c’est pas bien. Mais il y avait tellement de choses à faire et puis tu m’as kidnappé pour jouer avec les enfants alors j’ai oublié ma faim, et puis au final, ben j’ai faim. » qu’elle débite en quelques secondes sans même prendre la peine de respirer, affichant un air honteux mais adorable. Mais la réponse de Melchior l’étonne encore plus que son débit de paroles incontrôlable. « Heum, en fait, quand tu m’as vu dans le couloir, j’avais déjà fini. Je ne voulais juste pas rentrer chez moi de suite. Donc oui, avec plaisir. » Elle rit à sa phrase finale. Melchior est vraiment différent de tous les mecs qu’elle connaît. « Si ce n’est pas incroyable tout ça dis donc. » Elle se passe la main dans les cheveux, un peu nerveuse de la tournure des événements mais en même temps impatiente. « Tu veux qu’on y aille maintenant ou bien tu veux qu’on se retrouve plus tard dans la soirée ? » Parce que franchement, elle est toute poisseuse, ses cheveux ne sont pas lavé depuis des jours, ses vêtements sont plus que banals. Elle n’a rien pour elle pour le coup. « Je suis là depuis je ne sais qu’elle heure, je dois avoir l’air d’une petite souillon là. » Comme Cendrillon. Comme cette petite princesse qui le devient grâce à une chaussure. Mais les grognements du ventre de la jeune femme la trahissent. Elle meurt de faim, littéralement. Mais sa vanité la perdra un jour parce qu’une bonne douche serait tellement appréciée pour le moment. Son estomac la remet à l’ordre. « Oh, mais tu vas te taire toi. Désolé, mon estomac ne sait pas rester poli. » La nervosité de la situation la rend incohérente et ses joues prennent une légère teinte rose quand elle croise le regard de Melchior.