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Athénaïs Davis et Laël M. Thompson
Si ma mémoire est bonne, cela fait une semaine que j’étais tombée par hasard sur Laël. Enfin, disons que je m’étais légèrement trompée d’amphithéâtre et c’est là que je me suis rendue compte de sa présence. J’aurai pu, je ne sais pas vraiment, mais peut-être aller le voir, ou tout du moins l’envisager. Au lieu de ça, après m’être remise de ma surprise je m’étais discrètement échappée, lâchement, aurait tout autant pu convenir, de ce cours qui ne faisait clairement pas partie des miens. De toute façon, même s’il avait fallu ramper pour sortir je l’aurai fait, rien que d’y penser, je trouve ça totalement pitoyable de ma part. Étrange quand on pense qu’aujourd’hui j’attends la raison qui une semaine plutôt m’avait fait fuir de façon prodigieusement ridicule. Quoiqu’en vérité, en y réfléchissant bien, je n’étais tout simplement pas préparée à ce qui devait inévitablement suivre.
Ah, bien sûr, je ne le suis pas plus à présent. Cependant, j’ai eu une semaine pour me faire à cette idée, ce qui dénote un certain avantage. En effet, je me suis penchée sur le sujet, pour ne pas dire que cela a accaparé mon esprit au point que j’en ressente la nécessité d’en finir aujourd’hui même. J’ai étudié les milles et une possibilités de m’y prendre, n’en ai retenu aucune, soit je les trouvais trop grotesques ou soit peu crédibles. Toute fois, j’ai bien peser le pour et le contre sur les sujets, à éviter d’aborder dans un premier temps. Remarque, je me vois mal aller l’accoster, en lui disant un truc du style : « Salut Laël, tu te souviens de moi ?mais si tu sais la fille qui était sortie avec toi juste pour un jeu... », cette approche n’a clairement pas fait l’unanimité dans mon esprit. Pour autant, je n’ai pas trouvé, la manière adaptée de m’y prendre.
J’ai même été jusqu’à envisager qu’il ait pu devenir amnésique entre temps, bien que cela soit fortement improbable. Qui plus est, je ne devrai même pas penser à ça, même si d’un côté cela serait arrangeant, cela n’enlèverait en rien mon sentiment de culpabilité. Enfin bref, ne sachant trop comment m’y prendre, je m’étais dit que je n’avais qu’à demander conseil à Peter, difficile de le reconnaître, mais il est tout de même plus doué que moi pour trouver une solution à ce genre de problème. Enfin, quand je pense à ce qu’il m’a répondu : « fais le comme tu le sens. », plus utile tu meurs. Honnêtement, c’est bien là, toute la problématique, je ne sens rien du tout, c’est le vide intersidéral. Existe t-il un fait de prescription pour ce genre de chose ? De toute façon, pas sûr que ça passe comme excuse.
Je soupire, pourquoi a t-il fallu qu’il soit ici, au même endroit que moi ? Non, mais c’est vrai, il aurait pu être partout ailleurs et évidemment c’est la seule possibilité peu arrangeante qui tombe. Je passe une main sur mon visage, je n’aime pas ça, vraiment pas, revoir ce passé, mort et enterré refaire surface c’est la dernière chose que j’espérais. D’autant plus que celui-ci n’a rien de glorieux pour moi. Pourtant, l’ai je vraiment mérité ? Oh, je sais j’ai été une personne égoïste et blessante, mais j’ai changé, enfin tout du moins j’essaye. Rome ne s’est pas construite en un jour après tout. Peter un jour m’a dit, il faut affronter ses erreurs, une chose est sûre c’est facile pour lui de dire ça. Non, mais c’est vrai, quand on en a fait autant qu’on souhaiterai en oublier, on a parfois juste envie de les effacer, seulement c’est impossible, il n’y a pas de rembobinage possible ou de bouton reset.
Je soupire une nouvelle fois, de toute façon c’est trop tard, maintenant que je l’ai vu, je ne parviendrais pas à le mettre de côté dans mon esprit, il pullule et vient tout perturber. Le plus risible dans tout ça, c’est qu’il n’en a même pas conscience, il ne manquerait plus que ça d’ailleurs. Vouloir se faire pardonner est une chose, inspirer un sentiment de supériorité en est une autre. Je n’ai pas le temps de poursuivre sur le sujet que les portes s’ouvrent et que les étudiants commencent à sortir. Je reste vigilante, histoire de le repérer parmi la masse, il ne manquerait plus que je le rate. J’aurai pu noter son prénom sur une feuille, comme pour les gens qui attendent des inconnus à l’arrivée. Au moins avec le temps j’aurai pu en rire, d’ailleurs cette idée me fait sourire. Tant mieux, je n’ai pas très envie d’avoir l’air pincé devant lui.
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