rencard professionnel (liv)

Desserrant ta cravate tu attendais le rédacteur en chef. Une très bonne connaissance avec qui tu avais des rapports très cordiaux, presque amicaux. Disons que tu étais le genre d'homme à avoir un contact pour tout. Ce rédacteur en chef en était un parmi d'autres. Tu lui rendais service et il te faisait confiance, un moyen pour toi d'accumuler quelques points joker. C'était tout bête mais toi qui aspirait à te lancer à ton compte, tu commençais secrètement à déjà tisser quelques liens pour t'assurer des clients rapidement une fois lancé. Quoiqu'il en soit, une charmante secrétaire en tailleur vint te proposer un café que tu acceptas et en attendant l'arrivée du big boss tu laissais tes doigts flirtaient avec l'écran de ton smartphone. A l'ouverture des portes vitrées de cette salle de réunion tu as relevé le regard avant d'apercevoir Liv. Un sourire épousa tes lèvres d'emblée. Tiens donc ! En plus de se faire attendre, il m'envoie son bras droit ! Pas très professionnel tout ça ! Non tu te plaignais pas. Tu étais content de voir Liv, après il fallait reconnaître que depuis la dernière tu finissais par douter de vos capacités à travailler ensemble efficacement. Non sérieusement tu appréciais pas mal sa compagnie même si tu n'en avais pas encore conscience. En attendant tu râlais avant de la taquiner tout en te redressant pour lui adresser une accolade amicale. A moins que tout ça ne soit que simple stratagème de ta part pour un moment privilégié avec le comptable ? Prétentieux !

« Scarinzi ! » brailla une voix masculine et familière. La voix de mon supérieur avait retentit jusqu’à mon bureau. Soupirant, je me levai d’un geste rapide. Déplissant ma jupe avec mes mains et tirant légèrement sur celle-ci afin de rajuster la longueur sur mes cuisses. Finalement, c’est lui qui vint à moi avant même que je ne franchisse la porte. Il portait son manteau, sa mallette d’une main et semblait encore plus pressé qu’à son habitude. Il m’expliqua que monsieur Wheeler se trouvait en salle de réunion et qu’il ne pouvait honorer leur rendez-vous. Un imprévu de dernière minute l’obligeait à quitter la rédaction. La secrétaire déposa dans mes bras les dossiers qui devaient être abordés cet après-midi. « Je compte sur vous, comme d’habitude ! » J’avais répondu par un sourire un coin. J’avais hérité d’un beau cadeau. J’avais mordu ma langue lorsque j’avais failli rappeler à mon chef que j’avais prévu de travailler sur mes dossiers cet après-midi. Je ne réalisais qu’à l’instant que le rendez-vous auquel je devais me rendre était avec Jamie Wheeler...

Evidemment, lorsque j’entrai dans la grande salle de réunion, un sourire se dessina sur les lèvres de Jamie. Je m’attendais à toute forme de sarcasme et de taquinerie de sa part. Je ne fus pas déçue. Un sourire mal dissimulé apparu sur mes lèvres alors que j’entendis sa tirade. « Il a pensé - à juste titre selon moi - que tu apprécierais plus ma compagnie que la sienne. J'ai certains atouts qu'il n'a pas. » Je m’installai non loin de lui, déposant les dossiers sur l’immense table de réunion. Il me taquina en présupposant que tout cela était une mise en scène organisée dans l’unique but de le revoir « Je suis démasquée... » avouais-je alors, faisant mine d’entrer dans son jeu. « Pour autant, tu ne sembles pas contrarié de la supercherie... » ajoutais-je avec une certaine malice dans les yeux tout en m’obligeant de garder mon sérieux.

Ose seulement te plaindre de ce détail ! Détail, qui faisait toute la différence au demeurant. Forcément tu préférais une réunion avec elle, mais tu ne t'en rendais pas vraiment compte. Non tu en jouais peut-être avec elle mais c'est vrai que tu ne te posais pas trop de questions autour de vous. Pourtant à vous voir, on détecterait assez rapidement quelque chose. Laquelle ? Difficile à dire pour l'instant. Amusé par sa réplique, tu as fini par lui répondre. Je ne te demanderai pas de préciser ta pensée. Si tu peux me permettre une liberté d’interprétation, j'apprécierai. Soyons honnêtes, les atouts ce n'était certainement pas sa manière de gérer une réunion ou de négocier ton salaire, ou les termes d'un futur contrat. Non son charme, son genre féminin, ce joli tailleur... oula à devoir les citer, tu finirais par te rendre compte qu'il y en avait pas mal. En attendant tu te marrais avec elle, ce petit jeu te plaisait pas mal et tu ne savais même pas comment ça avait pu commencer entre vous. Contrarié ? Pas du tout. C'est même totalement l'inverse mais quelle est ton excuse pour ce retard ? Oui il fallait pas non plus lui dérouler le tapis rouge. Tu étais ravi que ce soit elle, et tu venais de le reconnaître. Tu savais que ce n'était pas volontaire de sa part mais tu en jouais. Pour autant ton petit doigt te disait qu'elle était ravie aussi et là sur ce coup tu ne pensais être prétentieux. Non, ce genre de choses on les sent et tu sentais bien que le plaisir que vous aviez à passer un moment ensemble était réciproque. La secrétaire déboula, te donna ton café et après l'avoir remercié tu as regardé Liv en attente d'une réponse.

Je me demandais si tout cela était un réel jeu de séduction ou juste des phrases lancées un peu par hasard, sans réel but. Il disait, je répondais. A ma manière. A la sienne. En vérité, Wheeler était un bel homme. Il n'y avait rien à redire à ce sujet-là. Grand, le regard perçant, des yeux de glace... Pour l'instant, c’est tout ce dont je savais sur lui. Nous n'avions pas encore abordé de sujets personnels. Alors, je me constituais un avis sur le peu que je connaissais de lui. Le peu que j'avais vu me plaisait. En revanche, je n'en savais pas plus. Etait-il une personne réellement intéressante ? J'étais exigeante. Et cette exigence me forçait à juger systématiquement les personnes que je rencontrais. Sa question me sorti de mes pensées. Pourquoi étais-je en retard ? « Tu attends vraiment une réponse ? Parce qu'en toute honnêteté, je n'en ai pas.» je marquai une pause. après tout, je perdais mon après-midi pour traiter ces dossiers et il me demandais en plus des comptes. « Non... Je n'ai aucune excuse pour mon retard, monsieur Wheeler » répondis-je en reprenant mon sérieux.

Comment tu étais censé bosser, toi, dans ces conditions ? La rédactrice en chef adjointe te distrayait trop. Alors attendais-tu vraiment une répondre à ta question ? Oui et non. A croire que tu ne saurais plus te séparer de cette petite entente qui s'était installé entre vous. C'était la troisième fois que tu la voyais et pourtant tu avais l'impression de la connaître depuis déjà un petit moment, le tout sans ne rien savoir d'elle. Très étrange comme situation, mais surtout très plaisant. Il te fallait le reconnaître Jamie, en cette fin d'année, c'était peut-être ce qui te fallait pour te sortir de cette routine qui te devenait bouffante. C'est très professionnel, tu fais ça pour chaque rendez-vous ?! Buvant une gorgée de ton café apporté par la secrétaire, tu regardais la jeune femme en jouant les feux susceptibles. Non il fallait le reconnaître tu détestais les retards de tes clients, des gens avec qui tu travaillais. Mais là, tu n'avais même plus l'impression d'être en rendez-vous professionnel. Rassure moi, tu vis pas ce rendez-vous comme une corvée ?! T'es venue à reculons après t'être éméché avec ton patron ? Tu savais que non. On le sent ce genre de choses quand on passe de bons moments avec quelqu'un mais soit tu la taquinais.

Forcément, j'étais en train de me demander par quel moyen nous allions arriver à travailler et à traiter l'ensemble des dossiers que j'avais apporté. Oui, comment... C'était véritablement mal parti. Il y avait quelque chose avec ce garçon qui accrochait. Une sorte de bonne entente naturelle. Je ne voulais pas parler de "feeling" car je détestais cette expression. Une bonne entente, donc... Mais une bonne entente qui allait me porter préjudice si nous n'étions pas capable de sortir de cette salle avec les dossiers traités dans leur totalité. Il ironisa sur mon pseudo-professionnalisme, me demandant si j'agissais comme  cela avec tout le monde. « Non, c'est un traitement que je t'ai réservé tout spécialement. J'espère que tu as apprécié...» répondis-je avec un sourire satisfait. Puis, il ironisa à nouveau sur ma motivation à assister à cet entretien. « En me posant cette question, tu attends quelle réponse, Wheeler ? » demandais-je en souriant, curieuse. J’espérais le prendre à son propre jeu en répondant à une question par une question.

Tu étais le genre sacrément professionnel. Surtout quand il y avait un enjeu. L'enjeu était là. Tu œuvrais pour gagner la confiance des différentes personnes avec qui tu avais pu bosser, pour espérer qu'un jour ils viennent toquer à ta porte pour te confier leurs finances. Mais là avec Liv, tu avais du mal. Tu savais que vous alliez arrivé à atteindre les objectifs de ce rendez-vous, mais tu avais du mal à t'y mettre, simplement parce que tu te plaisais à échanger avec elle. Bon sang, tu développais un petit déni mais tu flirtais avec elle, c'était évident. C'est dommage, je commençais vraiment à bien t'apprécier, toi. Lui as-tu dit, comme si elle venait de tout gâcher. Vous aviez l'air de gamins à flirter maladroitement, à vous cacher derrière cette petite connexion. Du moins jusqu'à ce que la belle italienne finisse par te poser une des plus sérieuses. Le genre de questions qui pourrait avoir pour vocation de te déstabiliser mais ce n'était pas le cas puisque tu as répondu naturellement. A ton avis ? Que tu me flattes un peu, peut-être ?! As-tu suggéré.