JULIET S. RODGER-MILLS ► johanna braddy

Il y a 30 ans, deux adolescents se sont aimés. Ils avaient 15 ans, ils étaient jeunes et avaient beaucoup de projets dans la tête. Edward, alias Ed, Rodger et Judith Mills pensaient à autre chose qu’à devenir parents. A l’aube de leurs 16 ans, leur première fille est née. Shelby. Ils ont décidés de l’assumer, de l’élever et de l’aimer. L’abandonner était inconcevable. Les six années suivantes ont été éprouvantes, fatigantes mais ils éprouvaient l’envie d’enfanter une seconde fois. Ils s’aimaient, ils aimaient la famille qu’ils construisaient et ça ne niait aucunement à leur avenir tout tracé. Bref. Du haut de leurs 21 ans, après 9 mois d’attente, ce fut au tour de Juliet de rejoindre la famille Rodger-Mills. Ils l’ont aimé, ils l’ont chouchouté, ils l’ont traité comme une véritable princesse et c’est certainement dans un foyer aimant qu’elle a passé toute son enfance. Si Juliet devait choisir un mot caractérisant les moments passés avec sa famille durant son plus jeune âge ? Le bonheur. Le reste…c’était une autre ambiance. Pourquoi ? Parce qu’entre les allergies qui la forçaient à avoir une alimentation différente des autres enfants, le fait que son prénom soit très largement inspiré de la tragédie Roméo et Juliette plus le fait qu’elle soit surdouée, on ne peut pas dire qu’elle était appréciée à l’école. Elle passait la majeure partie de son temps…seule. Pourtant, elle aurait dû être heureuse. Elle faisait partie des écoles les plus prestigieuses de New York, elle étudiait avec les meilleurs professeurs et était sûrement l’enfant la plus douée de la classe…mais ça ne faisait pas tout et elle était une enfant très solitaire, qui se sentait terriblement seule et triste. Il n’y a qu’un moment dans la journée, où elle se sentait particulièrement bien et heureuse. Peut-être deux, en fait…mais le premier, c’est lorsqu’elle se rendait à la danse. Qu’est-ce qu’elle pouvait aimer ça ! Elle pratiquait la danse de salon, dans la meilleure école, avec un partenaire génial qui est devenu son meilleur ami avec le temps. Ils faisaient un duo extraordinaire, l’un avait autant de talent que l’autre et ils se complétaient à la perfection. Rapidement, le terrain des concours accueillit le jeune couple et les premières places furent les leurs.

A l’aube de ses 16 ans, alors qu’elle avait une vie calme et heureuse, une annonce la bouleversa. Ses parents, qui se disputaient beaucoup depuis plusieurs mois, allaient divorcer. Elle aurait dû le voir venir, elle aurait dû s’en douter après tout. C’était sous son nez… et pourtant, elle n’avait rien vu et l’annonce avait eu l’effet d’une bombe sur elle. Dans un premier temps, elle avait vécu le déni parce qu’elle était persuadée que ses parents n’allaient pas divorcer, qu’ils étaient un couple unis depuis trop longtemps pour le faire et qu’elle allait trouver une solution pour les aider. Sauf qu’elle n’y pouvait rien et la phase suivant fut la solitude. Pourquoi ? Sûrement parce que durant cette longue période, celle où elle se rendit finalement compte qu’il n’y avait plus rien à faire, ses parents la laissèrent totalement de côté. C’est à partir de ce moment, qu’elle a commencé à faire de multitudes conneries pour montrer à ses parents qu’elle était là et qu’ils ne devaient pas l’abandonner malgré leur divorce. Drogue, alcool, vols, fugues, chutes des notes, une grossesse qu’elle interrompit par un avortement, tout était bon pour faire réagir ses parents… mais malheureusement pour elle, ils étaient trop occupés à s’engueuler à longueur de journée et à parler du divorce pour s’occuper d’elle. Alors elle arrêta la danse mais rien n’y faisaient, ils ne voyaient toujours pas qu’elle allait mal et un soir…tout tourna au cauchemar. Durant une fugue, pour aller à l’une des nombreuses soirées organisées par sa bande, Juliet passa devant une maison en feu. Durant un instant, elle s’est demandé ce qu’elle devait faire : appeler les secours et s’enfuir ? Rentrer pour aider ? Ou… ? Quelques secondes suffirent à l’adolescente pour prendre son courage à deux mains et foncer dans la maison ravagée par les flammes. Ce jour-là, elle sauva une famille et prit un enfant dans ses bras, au péril de sa propre vie. Elle termina à l’hôpital, où elle y resta pendant plusieurs semaines. Elle essayait de fuir, mais tombait toujours nez à nez avec un service de l’hôpital différent. Parfois elle allait en gériatrie tenir compagnie aux personnes âgées en fin de vie, d’autres fois elle allait en pédiatrie lire des histoires à des enfants. Elle se sentait à sa place dans le milieu hospitalier, à aider. Finalement, ce feu de maison venait de la sauver sans qu’elle s’en rende compte. Par la suite, elle suivit une cure de désintoxication, rendit plusieurs fois visite à la famille qu’elle avait sauvé et les a beaucoup aidé dans la reconstruction de leur maison, elle allait souvent à l’hôpital pour faire du bénévolat et intérieurement, elle savait qu’elle avait trouvé sa voix. Elle serait médecin. Elle voulait aider et sauver des personnes, c’était peut-être sa vocation qu’elle venait de trouver.

Fièrement, elle annonça à sa mère puis à son père qu’elle voudrait devenait médecin. Son père fut plus sceptique, puisqu’il aurait aimé qu’elle reprenne l’entreprise familiale qu’était la chaîne d’hôtel Rodger… Il voulait qu’elle suive une carrière prodigieuse et rien de mieux que de reprendre son entreprise, à ses yeux. Puis…Le miracle se produit. Médecin n’était pas un si mauvais métier, mais elle devrait devenir le plus grand médecin de tous les temps et c’est pour cette raison qu’il l’envoya à Harvard, étudier la médecine. En effet, c'était une excellente université qu'il lui avait conseillé, Juliet savait qu'elle pourrait réussir de grandes choses là-bas. Elle voulait réussir : pour son père, pour elle, pour les autres. Plus son avenir serait grand, plus ses projets futurs seraient intéressants et plus elle pourrait aider des gens. C'était décidé. Harvard serait sûrement la meilleure université pour elle, celle qui lui convenait le mieux. Aujourd’hui, ses parents sont divorcés et sa mère a refait sa vie avec un homme qu’elle a du mal à apprécier. Son père s’est remarié et a plusieurs enfants avec sa nouvelle femme, qu’elle aime beaucoup. Elle revoit souvent la famille qu’elle a aidée, lorsqu’elle rentre sur New-York, et est même devenue la marraine du dernier-né de cette belle famille, qu’elle considère un peu comme la sienne. Elle avance dans ses études de médecine, qu’elle réussit avec succès et elle continue les compétitions de danse de salon, qu’elle a repris après sa cure de désintox, il y a plusieurs années.