SABIAN LINDLEY ► TOBIAS SORENSEN

J'suis obligé de raconter ma vie ? Sur ? Je déteste parler de moi et de ma vie, ça ne regarde personne. J'ai toujours été très secret quant à ma vie privée, je reste d'ailleurs assez évasif quand on me pose des questions. Peu de gens me connaissent vraiment, je m'arrange toujours pour passer outre, c'est un sujet assez délicat. Je raconte simplement ce que j'ai envie de raconter, j'adapte mon discours en fonction de la personne que j'ai en face. Mais en gros, voilà ce qui s'est passé pour moi. Je suis né sous X à Los Angeles. Je n'ai jamais connu mes parents et apparemment c'est mieux ainsi. Ils m'ont abandonnés à l'hôpital et n'ont laissés aucune information sur leur identité. La seule chose que je sais, c'est qu'ils sont étrangers, qu'ils viennent d'Europe, de Suisse, de France ou même d'Angleterre. Je n'ai jamais cherché à les retrouver, je n'ai pas besoin d'eux pour vivre. Plus petit, je me posais des questions mais ne trouvant aucune réponse, j'ai vite abandonné. Le destin a décidé de nous séparer, je ne peux pas aller contre ça. Bref, je suis donc né orphelin et j'ai rapidement atterri dans un centre aux alentours de Los Angeles. Un vieil orphelinat aux allures de film d'horreur. Là encore je n'ai que très peu de souvenirs. J'ai du y rester trois ans à tout casser. J'ai été rapidement placé dans une famille d'accueil. C'est d'ailleurs là que j'ai compris que j'avais une petite soeur. La famille nous a accueillis tous les deux, ne voulant pas séparer ces deux petits au destin tragique. Cette idée vient de la sage femme qui a accouché ma mère à l'époque, elle avait reconnue cette dame qui venait accoucher sous X. Sans doute avait-elle un signe distinctif sur le visage ou autre. Toujours est-il que la sage femme a déposée ma petite soeur dans le même orphelinat afin que nous puissions être réunis. Quelle brave femme, enfin un peu d'humanité dans ce monde si cruel. Bref, on a débarqué dans une famille à L.A mais ça ne l'a pas fait. J'étais peut-être trop turbulent à leur goût, ils ont décidés de mettre fin à cette union, appelant les services sociaux. J'ai donc été séparé de ma petite soeur à l'age de sept ans, je ne l'ai jamais revu depuis. Aussi triste que ça puisse paraître, je le vis plutôt mal. J'ai de très bons souvenirs d'elle, elle me manque beaucoup. Juliette qu'elle s'appelait, une beauté. J'étais petit et pourtant, je ne passe pas un jour sans penser à elle, à ce qu'elle devient. En espérant qu'elle n'ait pas mal tournée comme moi. Je la reverrais un jour, j'en suis convaincu. Sinon, j'ai été expatrié à Cambridge, dans une famille plutôt pauvre mais tellement riche du coeur, les Lindley. J'ai été chouchouté comme pas permis, j'ai reçu une bonne éducation avec de bons principes. Heureusement d'ailleurs car avec un caractère comme le mien, j'aurais vite terminé en prison. J'ai eu de mauvaises fréquentations certes, j'ai fait quelques bêtises mais j'ai toujours été respectueux envers ma famille adoptive. Hélèna, ma mère adoptive était une femme en or. Elle a toujours su me parler et me remettre dans le droit chemin lorsque je commençais à dérailler. Elle a fait beaucoup pour moi et je lui en suis tellement reconnaissant. Mais avec le temps, je me suis renfermé sur moi-même, j'ai mal tourné et personne n'a su me rattraper. Je me suis éloigné de mes parents adoptifs et de mon petit frère adoptif, Amare. Un bon gamin que j'ai prit son mon aile et manipulé pour qu'il devienne plus, comme moi. J'ai rapidement pris mon indépendance, je me suis barré de chez moi et j'ai enchaîné les petits boulots pour me faire un peu d'argent. J'ai rapidement pu prendre un petit appartement en plein centre ville et il m'a fallu un an pour récolter assez d'argent pour entrer à Harvard. Je me suis inscrit en informatique car j'ai toujours aimé ça. Loin de moi l'idée de passer tout mon temps sur les jeux vidéos, ce qui m'attire c'est plus le côté hacker. Je suis un crack dans ce domaine, j'excelle dans l'art de faire chier le monde. Ça reste entre nous mais on me paye pour foutre la merde informatiquement parlant chez les autres. Il m'arrive de détourner de l'argent d'une société lambda. C'est rare hein mais ça arrive, surtout en début d'année quand il faut payer le renouvellement de l'inscription d'Harvard. Et puis tous les mois pour mon loyer. Ne me blâmez pas, vous ne savez pas par quoi j'ai dû passer pour réussir à survivre. Quoiqu'il en soit, la personne qui arrivera à me retrouver n'est pas encore né. On dit de moi que je suis un psychopathe mais je trouve le terme un peu ... abusé. Il m'arrive d'avoir des réaction étranges, de pénétrer la vie des gens à leur insu, de les manipuler et les détruire à petit feu mais tranquille. J'essaie de ne plus trop frapper de gens en dehors de mes combats de rues illégaux. Disons que j'me soigne. Sinon je n'ai pas adhéré à une confrérie car je n'aime pas l'autorité, je déteste les règles. Je ne vois pas faire parti d'une communauté, cela ne me ressemble tellement pas. J'ai pas vraiment d'activité en dehors de mes cours. Ah si, je fais beaucoup de sport, je cours pas mal et je me bas. Des combats dans des ruelles ou des parkings, vous savez ce genre de combats où tous les coups sont permis. J'en ai pris des coups dans ma vie et les cicatrices sur mon visage prouvent ma détermination. J'suis pas un mec fréquentable, j'suis pas un mec bien. Je suis parti en Europe en plein milieu du Summer Camp. Je ne sais pas vraiment ce qui m'a prit. J'ai voulu essayer de retrouver mes parents biologiques, je me suis vraiment décidé sur un coup de tête. Pendant quatre longs mois j'ai arpenté toute l'Europe dans l'espoir de retrouver celle qui m'a mit au monde. J'ai sué sang et eau pour essayer de mettre la main dessus mais mes recherches n'ont rien donné. Ce petit voyage m'a littéralement détraqué, je n'ai plus la même vision des choses. Je me suis renfermé sur moi même et j'ai encore plus de mal à exprimer cette haine qui me consume de jours en jours. Je suis de retour à Harvard pour continuer mes études et obtenir ce putain de diplôme. Je n'abandonne pas mes recherches pour autant, j'ai besoin de savoir d'où je viens, c'est devenu une question de survis. Je n'ai pas repris mon ancien appartement, il a un goût trop amère. A défaut, je suis loué un nouvel appartement en plein centre ville, plus petit, plus confiné. J'ai besoin de me trouver de nouveaux repères pour éviter de péter les plombs. En ce moment j'suis ce qu'on appelle dans mon langage, un écorché vif.