They said it wasn't a gateway drug (julathe)

La période de Noël, Jules n'aimait pas ça. C'était le genre de fête supposée être passée en famille et pour lui, il s'agissait de son père avec qui il n'avait absolument pas envie de passer une journée entière à se regarder dans le blanc des yeux. Et puis, si ce n'était que ça... Mais non, fallait qu'il y est de la déco partout, dans les rues, dans les magasins et même à la fac. Ouais, c'était une période trop cucul pour lui et voir tout le monde heureux tout autour pour une connerie de journée le blasait plus qu'autre chose. Comme quoi, sa vie était de la vraie merde et son existence, une grosse blague. Alors depuis un moment et parce que nager ne suffisait plus à lui changer les idées, Jules s'était mis à la drogue. C'était pas comme s'il était mather de toute façon alors l'étiquette, elle était déjà collée sur son front, cliché oblige. Donc qu'il s'y mette ou non, ça n'allait absolument rien changer pour personne. Le bon côté des choses en plus, dans tout ça, c'était qu'il pouvait se défoncer autant seul qu'avec ses amis et que ça lui faisait du bien. D'ailleurs y avait Agathe qui devait pas tarder à arriver, si elle voulait bien se grouiller un peu pour une fois. Lui, il ne l'avait pas attendue et était déjà à moitié allongé sur son lit, dos contre le mur en train de fumer, harcelant sa meilleure amie de sms pour qu'elle accélère le mouvement. C'était pas son genre d'harceler les gens mais là, il était déjà de meilleure humeur que d'ordinaire. En fait, il était déjà en train d'oublier.

D'ordinaire, Jules était pas du genre à attendre. Il était pas du genre à attendre parce qu'il arrivait soit pile poil à l'heure convenue soit en retard, mais jamais en avance. Il n'aimait pas ça et n'y voyait pas l'intérêt de toute façon. Mais là, comme c'était à Agathe de se pointer dans sa chambre, bah il avait pas tellement d'autre choix que d'attendre en fait. Sauf que ça le faisait chier, parce qu'il ne savait même pas où elle était et qu'il n'avait rien d'autre à faire. Du coup ouais, il avait décidé d'allumer ce joint sans elle et puis tant pis, si madame n'était pas contente ce n'était pas son problème. C'était déjà sympa de sa part de l'inviter hein, tout le monde avait pas ce privilège, mather ou pas. Bref, il ne broncha même pas lorsque la porte s'ouvrit, souriant seulement comme un con en voyant enfin sa meilleure amie faire irruption dans la pièce. C'était pas trop tôt. Il avait juste attendu... sept minutes. Putain, c'est qu'elles étaient longues les minutes parce que Jules avait l'impression qu'au moins une demi-heure était passée. "Fallait être plus rapide, tu sais que j'aime pas attendre..." répondit-il en se décalant un peu pour lui faire une place avant de lui tendre son joint. "J'espère que c'est à la hauteur de tes attentes." Vu que madame n'aimait pas les surprises. Remarque, lui non plus ne les aimait pas en fait mais bon, là c'était différent.

Non, Jules n'aimait pas attendre, du moins ça dépendait pour quoi... Mais là, tout de suite, alors qu'il était seul, affalé sur son lit à contempler le plafond, ce n'était juste pas possible. Il s'ennuyait, plus que jamais alors il avait demandé à Agathe de le rejoindre, elle n'était pas très loin après tout mais comme il devait s'en douter, mademoiselle prenait tout son temps. Elle le faisait exprès, ça le mather en était certain. Et si l'envie de commettre un meurtre lui traversa l'esprit, Jules oublia aussitôt cette pensée lorsque la jeune femme pointa enfin le bout de son nez. Et maintenant, il souriait comme un con, génial. De Lacroix de bonne humeur, fallait vraiment en profiter parce que ça n'était pas tous les jours que cela arrivait. "Chuuuut, celle-ci tu vas l'aimer, j'en suis sûr." Bon, techniquement ça n'était plus une surprise mais peu importe. Agathe aimait trop toutes ces conneries pour ne pas apprécier de partager un joint avec lui, ça il était assez bien placé pour le savoir. Y avait juste à voir sa tête pour deviner qu'il avait raison de toute façon. Elle était aussi contente que lui et bientôt défoncée à son tour. "Je te connais." répondit-il, sans bouger ne serait-ce que d'un millimètre, le regard perdu dans le vide. Le mather avait raison, une fois encore et il appréciait grandement d'entendre sa meilleure amie l'avouer. Tournant la tête sur le côté, il la regarda un instant avant de soupirer et de placer ses mains derrière son crâne. "Tu f'sais quoi ? Je m'ennuyais tout seul..."

Bien sûr que non ils n'étaient pas amis pour rien et encore moins "meilleurs". D'ailleurs, il ne put s'empêcher de sourire à cette appellation, flatté de savoir que la jeune femme le considérait comme tel après si peu de temps. C'est vrai quoi, c'était le genre de chose typique que l'on savait mais que l'on ne disait jamais en face. Un peu comme les "je t'aime" en fait, mais peu importe. "Je sais." répondit-il simplement en fixant toujours le mur face à lui. Toujours aussi calme qu'à son habitude, peut-être même encore plus en fait, mais plus expressif, carrément plus expressif. Pour ce qui était de parler et de tout déballer, il n'y était pas encore mais ça n'allait sûrement pas tarder, fin ça dépendait d'Agathe aussi. Est-ce qu'elle lui avait manqué ? Bah, peut-être un peu, il ne savait pas trop en fait puisqu'ils se voyaient tous les jours. C'est juste qu'il se faisait chier tout seul, c'était la seule chose qu'il pouvait dire. "Je te rappelle qu'on se voit tous les jours ?" lança-t-il finalement d'un air amusé en lui lançant un regard. Non, le sentiment de manque, c'était pas vis à vis de la jeune femme qu'il le ressentait, de quelqu'un d'autre, peut-être. Il y avait du manque, certes, mais pas que. C'était tout un ensemble de sentiments contradictoires que Jules ressentait, c'est d'ailleurs pour ça que c'était autant le bordel dans sa tête, il ne comprenait rien. Et la drogue n'allait pas l'aider en quoi que ce soit, si ce n'est de se changer les idées pendant quelques heures... "J'sais pas..." répondit-il avant de s'approcher de son amie, en s'allongeant à côté d'elle sur le ventre cette fois pour lui prendre le joint des mains. Elle croyait quand même pas qu'elle allait le garder pour elle toute seule non ? "J'en sais rien."

Jules n'aimait pas les questions, en fait, il les détestait et ça, ce n'était un secret pour personne. Suffisait de lui parler trois, quatre fois pour remarquer qu'il les fuyait autant qu'il le pouvait. Pourtant, là tout de suite, c'était pas ce que le mather cherchait à faire. Il était bien là, posé dans son lit, avec Agathe à ses côtés, à ne rien faire. Physiquement présent, il laissait son esprit divaguer au gré de ses envies et surtout, sous l'effet de cette drogue. La jeune femme lui parlait, il l'entendait et pour une fois, il ne ressentait pas l'envie de fuir. Agathe était curieuse, ça n'était pas nouveau et si d'habitude il ne se cachait pas de le lui faire remarquer, là, il s'en fichait. "Alors quoi ?" En fait, Jules cherchait même à comprendre où elle voulait en venir, ce qui était un véritable exploit venant de sa part. Mais c'est vrai, pour le coup, il avait un peu du mal à saisir ce qu'elle voulait dire. Ils se voyaient tous les jours alors y avait pas de raison qu'elle lui manque, point barre. C'était logique pour lui. Par contre ce qu'il était moins, c'était de répondre à sa deuxième question. Il en était incapable ou c'est ce qu'il croyait, en tout cas. "Plus maintenant." lâcha-t-il calmement en portant le joint à ses lèvres tout en la regardant se plaindre. Il partageait, c'était déjà pas mal de sa part alors fallait pas trop lui en demander non plus hein. "Les deux je suppose..." En fait, ça dépendait surtout si par nouveauté, elle sous-entendait bonne nouvelle. Parce que si c'était le cas, il n'avait rien à lui dire. "J'ai revu Ana." Voilà, c'était dit. Et maintenant elle allait sûrement lui livrer un interrogatoire mais peut-être que ce n'était pas plus mal, en fin de compte.