FRANCOIS EDWARD CARROLL ❥ Ezra Miller

J'ouvrais la porte et entrais dans la pièce. Je m'assis sur le canapé épuré et lâchais un léger soupir. J'étais à mon rendez-vous hebdomadaire chez mon psychologue. J'allais chez elle car elle m'aidait à m'ouvrir aux autres. A parler à des gens. J'ai toujours été quelqu'un d'extrêmement introverti, à un point que je n'ai pas eu de vrai ami avant le collège. Et encore, j'en avais deux et seulement deux. Je ne parlais à personne, et même à mes deux amis je ne leur parlais pas de ma vie, des quelques rares problèmes que j'avais. Ma psy dit qu'elle ne sait pas trop d'où vient ce caractère introverti poussé.
La femme avait environs quarante ans, elle était assise sur le canapé et les jambes croisés. Elle me souriait. Bonjour, Edward. Comment allez-vous? Je lui adressais un léger sourire et me raclais la gorge. Bonjour Docteur.  Ca va, ça va. Elle me sourit un peu et se mit bien dans son fauteuil individuel. Je propose que l'on reparle de votre enfance. La dernière fois, nous avions été coupés car la séance était terminée. Vous viviez une enfance heureuse, c'est bien ça? J'aimais bien cette psy. Elle me suivait depuis un mois, et elle savait déjà qu'il fallait me pousser pour me faire parler, qu'il fallait me poser des questions. Oui, c'est vrai. Mes parents étaient très heureux de m'avoir parce qu'ils avaient eu beaucoup de mal à me concevoir. Ma mère avait fait plusieurs fausses couches avant de tomber enceinte de moi. Du coup, j'étais un enfant pourri gâté et j'avais tout ce que je voulais. J'aurais juste voulu avoir un frère. Mais j'ai toujours été conscient que c'était impossible. Elle se racla la gorge. Vous ne vous sentiez pas trop seul? J'haussais les épaules et jouais avec mes doigts. Les yeux baissées. Si, peut-être. J'ai toujours joué seul, parce que maman et papa travaillaient beaucoup alors c'était une nourrice qui me gardait. Une nourrice personnelle, elle était à la maison pour me garder. Un peu comme une gouvernante. Elle m'observa en penchant la tête après avoir griffonné sur son calepin quelque chose de sûrement  illisible pour quelqu'un d'extérieur, vu à la vitesse à laquelle elle écrivait. Vous l'aimiez bien, cette nourrice? Je souris très légèrement. Non, je ne l'aimais pas mais je vois très bien où vous voulez en venir et je vous stoppe tout de suite. Elle était juste un peu sévère, mais elle ne me battait pas ou quoi. C'était juste mes parents qui voulaient qu'elle me remonte les bretelles pour un oui ou pour un non, sans toujours trop de raison. Elle sourit un peu et hocha la tête en continuant d'écrire un peu. Très bien. Et à l'école, au collège ou au lycée, vous aviez des copains? Des copines? Des amoureuses? Je me raclai la gorge à mon tour en me redressant sur le fauteuil. Tout tendu A chaque fois que je venais j'étais tendu, de toute manière. Très peu. A l'école je n'en avais pas trop mais au collège j'en avais deux. Mais je n'ai jamais eu d'amoureuse. Elle m'observa longtemps avant de me demander. Vous n'avez jamais été amoureux? Non, jamais. La seule idée que je me fais de l'amour vient de la télé, du cinéma ou des livres. Même maintenant? Non, je ne suis pas amoureux... Elle voyait bien que j'étais plus nerveux encore, et qu'il y avait une part de mensonge dans ce que je disais. Elle sourit un peu, un sourire rassurant. Vous savez bien que vous pouvez me parler, Edward. Je suis là pour vous aider à vous ouvrir aux autres, mais pour cela, il va falloir que vous vous ouvriez à moi d'abord. J'hochai la tête et soupirai un peu en répondant alors à sa question précédente. Je ne suis pas amoureux, mais il y a cette fille que j'aime bien, c'est tout. Je vis un sourire se dessiner sur son visage. Elle semblait réellement heureuse pour moi, chose que je trouvais plutôt étrange. Comment s'appelle t-elle? Je souris légèrement, embarrassé. J'en sais rien. Elle me regarda en fronçant les sourcils. Vous n'en savez rien? Non... Je ris tout doucement, un rire nerveux. J'étais plutôt gêné car j'étais conscient que la situation était plutôt étrange. Je ne la connais pas vraiment, en fait. Elle a cours dans une salle à côté de la mienne toutes les semaines, du coup je la vois souvent. Elle est juste très jolie. Je l'ai déjà entendu parler à ses amis et j'adore le son de sa voix, ce qu'elle dégage. Elle illumine la pièce quand elle entre, vous voyez? Elle rit doucement en écrivant encore sur sa feuille quelque chose sur moi ou sur ce que je venais de dire. Je vois très bien, Edward. Vous comptez aller lui parler un jour?  Je ne sais pas. Je ne pense pas. Elle est jolie mais je ne me vois pas aller vers elle et lui dire:Salut, moi c'est Edward et je t'observe tout le temps. Comment tu t'appelles?... ça paraîtrait bizarre. La psy soupira longuement et haussa les épaules. Dit comme ça, oui. Mais vous pouvez toujours essayer d'apprendre à la connaître. Elle est peut-être quelqu'un de très intéressant. Sûrement. Mais une fille comme elle ne parlera pas à un gars comme moi. Je suis bizarre, je mets les gens mal à l'aise dans certaines de mes réactions, je parle pas.. Vous êtes quelqu'un de très bien Edward, vous êtes juste sur votre planète à vous. Mais ce n'est pas une mauvaise chose.
J'haussais les épaules et attendais qu'elle me pause une nouvelle question à laquelle j'allais répondre assez rapidement. Et sinon, dans votre université à Harvard, comment cela se passe t-il? Vous vous êtes fais quelque amis depuis le temps que vous y êtes? Un léger sourire se forma sur mon visage alors que j'hochais tout doucement la tête. Je continuais de jouer avec mes doigts, et ce, tout le long de la séance d'ailleurs. J'ai quelques amis, oui. J'essaye de m'améliorer au niveau social. C'est d'ailleurs pour m'aider à mieux m'intégrer que je suis ici avec vous. J'ai même demandé cette année à intégrer une confrérie, et c'est grâce à vous. La jeune femme sourit et griffonna une nouvelle fois sur sa feuille. Ah oui! Celle dont vous m'avez parlé.. la.. Quincy House, c'est ça? Oui, c'est exact. J'ai décidé de l'intégrer suite à vos conseils, et j'espère y être pris. Je vais me sentir bien là bas, je pense. Je vais devoir m'intégrer dans un groupe et participer à des activités. J'ai même fais un deuxième voeux de maison pour être sûr d'en intégrer une. La femme sourit de nouveau. Ca prouve que vous voulez vraiment vous ouvrir aux autres. Quelle autre confrérie avez vous demandé? La Lowell House. C'est la maison pour les étudiants qui ont une passion artistique. Vous vous sentirez bien dans les deux, je pense, Edward. Vous êtes généreux et aimez donner aux autres sans vouloir recevoir quoi que ce soit en échange. Et puis votre passion pour la photographie pourrait vous rendrez heureux dans la seconde confrérie si vous n'êtes pas pris dans la première. J'hochais la tête avec un petit sourire sur les lèvres. En effet, c'était un énorme pas pour moi de demander à intégrer une confrérie à Harvard. J'avais hâte d'avoir le résultat de ma demande comme j'en étais très anxieux. Si j'étais pris dans une de ces confréries j'allais devoir m'intégrer, parler à des inconnus... c'était assez effrayant pour moi. Mais je voulais avancer. Surtout que je savais que si j'avançais dans ce domaine là, je rendrais fiers mes parents qui étaient restés à Dublin, ma ville natale en Irlande. J'étais venu à Cambridge pour mes études et ils m'avaient encouragés à intégrer Harvard bien qu'ils étaient très inquiets pour moi aux vues de mon manque de confiance en moi et de mon introversion. C'était vrai que j'étais dans ma bulle, dans mon monde. Un jour, j'ai fais le test MBTI et j'ai trouvé que le résultat était très représentatif de qui je suis donc je vais le partager avec vous pour conclure.