Quand c'est le moment de travailler + Jerekiel

QUAND C'EST LE MOMENT DE TRAVAILLER

Comme si les cours en lien avec mon cursus, ou plutôt mon double cursus, n'étaient pas assez, on avait droit à des cours complémentaires. Selon la direction, c'était pour élargir nos connaissances, avoir des crédits. Autrement dit, on y était obligé si on voulait avoir notre diplôme au bout de la ligne. Pour couronner le tout, encore des travaux dans ce cours-là aussi. Au moins, il s'agissait d'un travail d'équipe. C'était souvent plus agréable que de travailler seul. Quoi que ça pouvait aussi être le contraire si le partenaire en question avait rien à faire de ces notes. Moi, je voulais de bonnes notes, je voulais réussir. Mon partenaire était un certain Jerekiel. Honnêtement, on était tellement dans le cours que j'arrivais pas à connaître les noms de tout le monde. Peut-être qu'en le voyant, je me rappellerais de qui il s'agit. On avait fixé un lieu de rendez-vous dans une petite pièce à l'intérieur de la bibliothèque. J'arriva la première. Alors que la bibliothécaire me donnait la clé, je me dirigea vers la salle en question pour y attendre mon collègue de travail.

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QUAND C'EST LE MOMENT DE TRAVAILLER

Des travaux. Encore et encore et encore. Tu commences à en avoir l’habitude, jonglant entre tes cours, tes fêtes, tes relations, tes emmerdes. Aujourd’hui, tu as rendez-vous avec Sofia, une petite rouquine que tu as déjà remarqué lors d’un cours imposé par la direction. Travail de groupe, voilà ce qui t’attends et sincèrement, ça ne te dérange pas plus que ça étonnant donné que tu as un très bon niveau et, malgré tes gueules de bois récurrentes, une excellente moyenne dans ton double Cursus. Ton téléphone vibre pour t’annoncer le lieu de rendez-vous, une petite salle que vous aviez obtenue pour travailler au calme dans la bibliothèque. Calmement, tu prends ton sac, tes affaires et tu te diriges vers ce lieu que tu connais merveilleusement bien. Il faut dire que, vu ta fraternité, ce n’était pas un exploit que de connaître la bibliothèque par cœur. Tes pas résonnent dans les couloirs, tu salues quelques personnes vite fait au passage, certains plus chaleureusement que d’autres. Une fois arrivé dans le lieu sacré du livre, tu fais un signe de la main à la bibliothécaire tout en prenant la direction de cette fameuse salle. Tu ne toque pas non, tu entres directement en prenant soin de fermer derrière toi, histoire que vous ne soyez pas emmerdés par les allées et venues de divers étudiants en recherche de savoir. Ton regard se tourne alors vers la jeune femme, un sourire s’affiche sur ton visage. « Salut Sofia. » Tu es très physiologique, du coup, les visages tu les reconnais rapidement et elle, elle n’avait pas un physique qui passait inaperçu. Des cheveux de feu, un regard assez attirant et profond, une silhouette parfaite. Ton sac tombe aux pieds de ta chaise et tu te débarrasse de ta veste, dévoilant un t-shirt noir sans manches, ainsi qu’une silhouette musclée.

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La petite salle dans laquelle je me trouvais était plutôt monotone. Des murs d'un beige délavé, vide de toute affiche. Il y avait de la place uniquement pour la table et les quatre chaise qui l'entouraient. On pouvait se déplacer autour mais sans plus. On ne venait pas ici pour s'amuser non plus. On y avait droit uniquement pour faire des travaux. J'étais arrivée la première. J'en profita donc pour m'installer. Je sortis mon ordinateur portable et l'ouvris sur la table. Pendant ce temps, je sortis livres et crayons pour pouvoir prendre des notes. J'avais d'ailleurs envoyé un message à Jerekiel pour lui dire dans quelle salle je me trouvais. Du coup, je n'eut pas à attendre longtemps avant qu'il débarque à son tour. "Salut Jerekiel." Dès qu'il entra dans le local, je reconnu le jeune homme que j'avais croisé à plusieurs reprises dans le cours. On ne s'était jamais parlé par contre. Pourtant, j'étais de nature assez sociale normalement. Mais j'avoue être assez sérieuse dans mes études aussi. Je ne prenais pas nécessairement le temps de me faire de nouveaux amis dans les cours quand je me devais d'être attentive. "J'arrivais justement sur le plan de travail." lui dis-je alors qu'une page s'ouvrait sur mon ordinateur. Le travail consistait à faire la mise en place de notre avenir de façon fictive évidemment. On devait donc construire un plan expliquant chaque étape. On y retrouvait la recherche d'emploi, de logement. Le budget. Pour être honnête, je trouvais ce travail complètement inutile. La plupart d'entre nous étions déjà en logement, gérait déjà un budget. On ne faisait que répéter ce qu'on faisait pour de vrai.

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Tu souris en observant la jeune femme calmement. Cette fille, elle était non pas seulement jolie, mais elle était également intelligente. Enfin, selon ton point de vue. Elle semblait souvent prise dans son boulot, dans ses études en cours. Un peu comme toi. Généralement élève très studieux, tu avais clairement une double vie. Tu tires une chaise pour te mettre à ses côtés, sortant également ton ordinateur portable pour le mettre en face de toi. « Attends, je te rejoins, laisses-moi juste le temps de m’installer. J’ai un peu la gueule de bois, enfin, plus aussi intensivement que ce matin mais quand même. » Tu souris légèrement en tournant ton regard sombre vers le sien, alors que ton ordinateur démarrait. Tu te penches en avant pour prendre une canette de boisson énergisante, histoire de rester plus ou moins en alerte. Tu l’ouvres et la place juste derrière ton écran, histoire que si ça se renverse, ton ordinateur ne soit pas directement touché. « Alors ma belle, on commence par quoi ? Tu sais déjà ton plan d’avenir ? Bien que je trouve ça stupide…nous n’avons pas le choix. » Oui, franchement, tu avais autre chose à foutre que de planifier ton avenir sur une feuille de papier. Puis, ton avenir semblait déjà tout tracé à tes yeux. Tu vas devenir médecin pédiatrique, l’un des meilleures parce que tu ne vois pas ça autrement. Tu auras une belle maison, un emploi stable, peut-être une famille et des enfants…Oui, parce que à ce moment-là, tu seras capable de tenir une relation, tu seras capable d’aimer…quoi que, pas sûr, là tu t’avançais peut-être trop. Aimer est une chose que tu n’arrives pas à faire, du moins, pas de cette façon. Tu envies les autres quand ils tombent amoureux, toi, tu ne mérites pas ce sentiment.

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Jerekiel s'installa sur la chaise à mes côtés tout en commençant à s'installer. Il allait penser que j'étais une mordue du travail. Il était même pas encore assis que je voulais déjà commencer. En fait, pour être honnête, j'avais plutôt hâte de finir. Je n'avais rien de prévu après mais le travail ne m'enchantait guère. Selon moi, ça ne servait à rien. Tout en s'installant, Jerekiel mentionna qu'il avait encore la gueule de bois. "Une occasion spéciale?" demandai-je. On était quand même dans la semaine. Il devait avoir eu une occasion spéciale qui l'avait amené à boire jusqu'à en avoir la gueule de bois le lendemain. Pour ma part, c'était plutôt rare. Pour ne pas dire inexistant. Je prenais un verre de temps en temps mais je me rendais rarement au point d'aller jaser avec la cuvette.
Lorsque Jerekiel fut prêt, il me demanda ce que j'avais prévu pour mon avenir. Tout en ajoutant que, selon lui, ce travail était inutile. "Oui, j'ai quelques idées. Je vais sûrement devenir professeur, avoir une maison dans le coin, des enfants. Assez classique, je pense." Je n'avais pas besoin d'avoir des rêves de grandeur pour être heureuse. Avoir ma famille près de moi, exercer un métier que j'aime. Ça me rendrait amplement heureuse.

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Tu souris avec amusement face à sa question. Une occasion spéciale ? Non, pas vraiment. Tu fais ça tout le temps, sans occasions, sans origines non plus. Tu as juste besoin de ça pour exister, pour t’évader. Tu as besoin de boire pour enlever tes chaînes, mais également mieux dormir, ne pas plonger dans tes cauchemars constants. « Non, pas spécialement. Puis tu sais, il n’y a pas besoin d’occasions spéciales pour faire la fête…tu devrais essayer. » Tu lui offre un petit clin d’œil au passage, souriant toujours légèrement. Tu avais beau être un excellent élève, travailleur et studieux, tu n’en restais pas au fond une loque humaine et ça, tu avais particulièrement conscient. Tu jouais avec les apparences, tu arborais sans cesse un masque que personne ne pouvait percer, pas aux premiers abords en tout cas. Tu ris légèrement quand elle t’expose son avenir. « Le truc basique quoi…sans vouloir te vexer bien sûr. C’est cool d’avoir des rêves assez banals. » Tu n’as pas ta langue dans ta poche, d’ailleurs, en général tu avais tendance à parler un peu trop vite sans te soucier de ce que les autres pourraient penser. C’est alors qu’il te vient une idée. Tournant le buste vers la rouquine, tu dis d’un ton enjoué. « Et si on mélangeait nos avenirs ? Qu’on l’image ensemble ? Du style, toi et moi, plus tard, marié avec un avenir respectif mais unis. Ça pourrait être cool non ? ça changerait de ce qu’on nous a demandé, mais ça resterait dans le thème ! » Ben oui, il n’y a vraiment que toi pour aller chercher des trucs pareils. Mais au moins, autant que ça soit un truc drôle à faire non ?

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Mon collègue de travail avait l'air bien particulier. Pas besoin d'une occasion spéciale pour faire la fêter et avoir la gueule de bois le lendemain. Selon moi, occasion ou pas, je préférais garder mes esprits. La seule et unique fois où j'avais essayer de m'amuser autrement que d'habitude, j'avais fini dans le lit d'Abel. Je venais de me faire plaquer par Xavi parce que je ne voulais pas coucher avec et je me retrouve à coucher avec un parfait inconnu. La honte! "Pas besoin de prendre une cuite pour s'amuser, tu sais." Oui, je prenais quelques verres mais jamais à l'excès non plus.
J'exposa ensuite mon plan d'avenir à Jerekiel. Simple, oui, mais aussi réaliste. Je n'avais pas de rêves de grandeur, je ne voulais pas devenir millionnaire. Je voulais simplement être heureuse. Mon partenaire proposa de faire le travail comme si nous étions ensemble dans l'avenir, en tant que couple. L'idée n'était pas bête. Assez farfelu, je dois l'avouer mais on pouvait gagner des points au niveau de l'originalité et sur le fait qu'on avait réussi à mettre tous nos rêves en commun. "Ça pourrait fonctionner, oui. Je t'avertis tout de suite qu'on va avoir des jumelles." rajoutai-je pour plaisanter. Je connaissais plus que bien la relation de soeur jumelle. J'en avais une. Je voulais le même genre de lien pour mes enfants. Donc, Jerekiel avait beau être sur un lendemain de brosse, il avait de bonne idée.

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Tu ricanes légèrement face à ses paroles. Oui, pour certaines personnes il n’y avait pas besoin de picoler pour s’amuser, ce n’était pas ton cas. Enfin, tu as cette addiction à l’alcool évidente, sauf que beaucoup penses juste que tu es un gros fêtard. Non, il y a bien plus que ça derrière les apparences. Tu portes un masque, non, des masques qui trompes les autres sur ta réelle personnalité. « Non, mais c’est toujours plus amusant, tu sais. » Oui, tu aimes avoir le dernier mot, ça fait partie de ta personnalité, de tes traits de caractère assez évident, voir plus que ça. Dès que tu le peux, tu essayes de prendre le dessus. Pour toi, la vie est une compétition que tu dois gagner coute que coute. D’où te vient cet esprit ? Pas de ton père, vu que lui avait fini par baisser les bras, abandonnant son âme sur le pas de la porte de cette salle de bain il y a de cela bien des années…Tu avais fait pareil dans un sens, mais chez toi, c’était moins flagrant, moins visible. Tu lui proposes alors de rassembler vos avenirs, vos idées et elle accepte, t’annonçant que vous alliez avoir des jumelles. Ah ben voyons, elle voit les choses en grand elle hein, ce n’est pas pour te déplaire cela dit. « Va pour les jumelles alors…Bon du coup. » Tu te positionne de nouveau face à ton écran, ouvrant une nouvelle page tout en réfléchissant. « Je vais déjà t’exposer ma vision de l’avenir, puis on mélangera les deux. » Tu passes une main dans tes cheveux, fronçant légèrement les sourcils devenant d’un coup très sérieux. « Je me vois marier cinq ans après la fin de mes études, j’aurais un bon emploie dans un hôpital en tant que médecin pédiatre avec un avenir prometteur pour monter en grade bien sûr…Du coup, je t’aurais demandé en mariage à la traditionnel, comme j’ai déjà pas mal d’argent sur mon compte en banque, on aurait acheté une maison dans un quartier sûr et élégant…un chien, un gros bien sûr, mais bien dressé. Tu attendrais des jumelles donc, rapidement, parce qu’on rêverais d’avoir notre famille à nous, des bambins pour animer les mûrs…On se disputerais assez souvent, parce que tu veux toujours avoir raison et moi aussi, mais au final, ça finirait toujours bien parce que tu sais comment réagir avec moi…comment calmer mes ardeurs… » Tu souris avec amusement, te projeter ainsi dans l’avenir c’était assez drôle finalement.

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QUAND C'EST LE MOMENT DE TRAVAILLER

Jerekiel semblait avoir son idée faite sur sa façon de s'amuser. Il pouvait bien faire ce qu'il voulait, ça ne me regardait pas. Il n'était certainement pas le seul à aimer prendre un verre en soirée (probablement plus qu'un d'ailleurs). Et puis, comme la plupart des gars, ils faisaient à leur tête. J'aurais beau essayer de le convaincre, son idée était fait. De toute façon, nous n'étions pas là pour discuter de ces tendances de fêtes. On avait un travail à faire et pour ma part, je préférais le terminer au plus vite. Ça en ferait un de moins sur mon énorme pile de travaux à faire. Mon partenaire devait penser la même chose puisqu'il commença à exposer l'avenir qu'il voyait pour nous. Il avait pratiquement tout planifier. "On peut pas dire que tu manque d'ambition!" Il visait haut, c'est le moins qu'on puisse dire. Bon, alors, pendant que tu seras à l'hôpital, je vais enseigner aux enfants à l'école qui se trouve tout près de notre maison. Maison qui aura une grande cours et une piscine, bien entendu. Un gros chien colleux, évidemment. Quand je vais être enceinte des jumelles, je vais en profiter pour travailler sur ma ligne de vêtements pour enfants que je vais lancer par la suite, grâce à l'argent de mon mari adoré, et qui fera fureur!" Ça donnait presque envie honnêtement. L'avenir qu'on projetait promettait d'être plus qu'agréable.

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