C. ESRA VALENTYNE ► jessica parker kennedy

18/02/2014, Dunkerque, France
« Un bébé? » Tu te relèves en t’appuyant sur ton coude, remontant les draps pour couvrir ta poitrine. « T’es tombé sur la tête ou quoi? » Tu prends une courte pause et au moment où il veut répliquer, tu lui boucle le bec. « Ah… c’est la trentaine qui approche qui commence à te faire peur. » Il esquisse un sourire comme ils te font toujours fondre et il s’attarde à replacer une mèche de cheveux derrière ton oreille. « Je suis sérieux. On est ensemble depuis quatre ans. On a la santé, l’argent et puis le sexe est incroyable -il esquisse un sourire pervers avant de déposer un baiser rapide sur tes lèvres- et … » Il se recule un peu, se couchant sur le dos, regard fixé au plafond. « J’ai hâte d’avoir ma petite famille, tu vois? » Tu te retrouves à califourchon sur lui « T’es vraiment fou! » Tu le penses, mais t’es charmée par cette folie passagère. « De toi, m’ouais. » Tu soupires, rire enfantin qui franchit le mur de ta voix.  « Ta gueule, tu veux bien? Tu ruines toujours tout avec ton charme prévisible à la con. » Tu souris -faussement fâchée- et tu vois sa bouche hésiter à laisser sortir ce qu’il a en tête. « Oui, future maman. » Qu’il réplique, sourire provocateur. Hmmm, maman, ça sonne bien, non?


01/12/2014, Saskatchewan, Canada
« Mademoiselle Valentyne… Nous avons découvert un problème au niveau de votre… » Ton ouïe ne perçois plus que le bruit sourd de ton cerveau qui essaie d’analyser les propos qui te sont conférés. « En d’autres termes… vous êtes infertile. » Tu prends quelques secondes avant de relever ton regard vers Christopher qui ne semble même pas capable de te regarder à son tour. « Vous savez, il y a toujours l’adoption.. » Le docteur n’a même pas le temps de terminer son dialogue de consolation que ton partenaire prend la parole. « Merci Dr. Rickards pour votre précieux temps. » Tu te lèves robotiquement, sous le choc et tu serres à ton tour la main du professionnel de la santé, te dirigeant vers la voiture dans un silence perturbant. « Chris.. » Que tu lâches, assise sur le siège passager. « Esra… j’ai rien à dire présentement. Ne me demande pas ce que j’en pense, j’en ai pas la moindre idée. » Tu soupires et tu regardes par la fenêtre, le temps qu’il démarre le moteur. « Je t’aime, c’est le plus important, d’accord? » Il serre ta main dans la sienne, seule chose qu’il peut t’offrir comme support.


23/07/2015, Saskatchewan, Canada
Bientôt huit mois supplémentaire dans cette relation, qui n’est plus qu’un désastre. « J’en ai marre Esra. » Tu voudrais lui foutre la tête dans un mur. Tu le détestes, y’a plus d’amour. « J’en ai marre. Je t’aime. Tu m’aimes aussi. » Il n’a pas tord. Tu l’aime tellement que tu le détestes de te faire souffrir ainsi. « Mais depuis ça… » Le mot “ça” te tranche l’âme en millier de petits morceaux. « Ton infertilité. » Il prend une pause de courage, tu t’attends au pire. « Cette histoire a tué la vision que j’avais d’un futur avec toi. » Tu recules de quelques pas et t’essaies d’analyser ce qu’il vient de te dire. « C’est ta façon de me dire que tu demandes le divorce parce que j’peux pas te donner d’enfants. » Tu voudrais être glaciale mais ton âme se déchire et se brûle à chaque révélation. « On a essayé… huit mois Esra. » Tu lâches un long soupire suivi d’un rire étouffé ; « J’ai laissé tomber dix-sept millions de dollars pour être avec toi. Plus  Harvard. » Tu t’approches de lui, menaçante. « Et toi, tu te plains d’avoir essayé huit mois de ta pitoyable vie? » Blessée, meurtrie, tes paroles dépassent ta pensée. « Pour Harvard, je compte inscrire dans le divorce que je paierai toutes dépenses reliées à tes études. » Ta main quitte la raison alors qu’elle atterrit en plein contre sa joue, laissant une marque chauffante rouge sur cette dernière. « Va te faire foutre! Dégage! » Que tu obliges, pointant la porte, bien que tu te trouves dans sa maison.

22/08/15, Boston, USA
Te voilà à Harvard. Alors que tu devrais être auprès de ton mari. Ex-mari. Tu sais pas comment l’appeler, le divorce est toujours en cours. La rentrée. Première année en danse, alors que tu es âgée de vingt et un ans. Tu commences plus tard que la moyenne, après avoir failli abandonner ce cheminement pour vivre une vie de famille. Cabot House. Ton univers. Ta place. Christopher a tenu promesse, payant ta première année à Harvard sans broncher, malgré un divorce barbare.

06/06/16, Portage la prairie, Manitoba, Canada
« Nous nous  sommes tous rassemblés aujourd’hui pour honorer l’existence de Florence Malcolm. » Trois ans depuis son décès. Quelques jours après ton mariage. Un décès que tu as su quelques mois plus tard. Ta mère, ton ancre. « Qu’est-ce que tu fous ici? » T’es sortie de ta nostalgie, de ton coeur qui se pétrit par la voix rancunière de ton père. « Retourne auprès de ton mari. » Ton mari qui avait comme métier de travailler dans une clinique d’avortements. Vous commencez à comprendre la situation de merde? Ex-mari, Esra… Bref, lui héritier d’une famille de médecins divers, toi héritière d’une famille conservatrice. « Père, je suis divorcée. » Père. Tu l’a toujours appelé ainsi, même si le mot sonne pas très compatible avec votre relation. Jamais présent. Ouais, ce genre-là. « Pendant qu’elle se mourait de son cancer, tu faisais le tour du monde avec ton caniche. » Le caniche, c’est Christopher. Depuis que ton amour a plutôt disparu pour lui, tu vois vraiment qu’il a une gueule de caniche.. La cérémonie se termine enfin et tu pars, comprenant que ta famille ne serait jamais l’endroit où tu serais accueillie les bras ouverts.


10/08/16, Saskatchewan, Canada
« Merci d’être venue. » Tu ne sais même plus comment te sentir en sa présence. « De rien. Je dois faire vite par contre, mon transport pour Boston m’attends. » Ta deuxième année à Harvard approche à grands pas. « Je vais aller droit au but… ça te va? » Tu approuves d’un signe de tête. « J’ai besoin que ce divorce se règle. Esra, s’il te plaît. » Tu baisses la tête, tu veux pas qu’il voit la déception dans tes yeux. « Je sais. » Mature, pour une fois. C’est une situation qui te détruit à petit feu depuis trop longtemps, c’est le temps d’avoir une entente. Avec les avocats, ça ne fonctionne pas. Alors aussi bien le faire entre deux adultes matures. « Gaïa est enceinte. » Il te le dit comme si tu étais censée être heureuse pour lui. Mais t’es sur le cul et tout ce qui te vient en tête c’est un simple ; « Donc tu veux la marier. C’est pour ça que le divorce presse. » Tu soupires, t’es vraiment en train de crever intérieurement. « C’est toi qui faisait traîner les arrangements… » Ta voix se brise. « C’est toi qui pouvait pas me laisser partir… » Oui, tu n’étais plus suffisante pour lui, mais tu savais que son amour qu’il avait pour toi n’avait jamais pris la porte.

Deux heures plus tard.
Un bruit de vitre qui se brise sur le sol se fait entendre dans la petite ruelle où tu es. Ta troisième roche lancée heurte la vitrine de gauche. « Bah ouais, vous allez avoir de l’intimité maintenant sans vitre BANDE DE CONNARDS! » Que tu dis, tirant ta bière sur le slogan du centre médical de Christopher. Ta bonne amie te regarde à distance, déstabilisée (pas autant que toi) par cette nouvelle facette de toi. Tu cours jusqu'à la voiture parce que tu entends après une quinzaine de minutes des sirènes de police. « Alllllllez, roule!!! » T'es pas tant saoule, t'as juste faim de vengeance. T'es réchauffée quoi. Bref, la soirée s'est terminée avec toi en prison, attendant des nouvelles de Christopher pour qu'il puisse te sortir de là.

11/08/16, Saskatchewan, Canada (chez ton amie qui doit t'amener à Harvard)
Il t'a ramené chez "toi". Il t'a même souris. Surprenant après ce que tu as fait. 20h19. On frappe à la porte. Un homme qui soutient t'avoir "servit" te donne une lettre. En grandes lignes, la lettre explique qu'en échange des plaintes retirées de Monsieur Wigburg, les closes d'Harvard ont été supprimées du divorce pour payer les frais liés au délit. En d'autres mots ; t'as défoncé sa clinique, il te retire l'argent pour Harvard. Il a l'enfant, la femme, VOTRE vie de rêve. Et toi, t'as plus rien.

12/08/16, Boston, USA
C’est fou ce que l’on peut perdre en vingt-quatre heures.Tu te tiens devant la porte d’Annalynne, prête à la supplier avec ta vie de te venir en aide. Enceinte/Clay/Famille ont été les sujets centraux de votre discussion, avant de parler du Nirvana et de finalement demander fermement un emploi. C’est là qu’est réellement née Esra, la danseuse. Seulement, pas celle qui aurait dû être diplômée et être professeur, pas danseuse littéralement.