(sloacine) • The main reason Santa is so jolly is because he knows where all the bad girls live.

CAPUCINE VICKERS & SLOAN BUSHNELL
Adossé contre le rebord de sa fenêtre, Sloan posa délicatement son joint sur le bord de ses lèvres et attrapa le briquet qui traînait là. Le silence régnait en maître dans la cuisine, seul raisonnait le bruit de sa conversation téléphonique avec son beau-père. Ce dernier ne pouvait être présent en ce soir de fête, il tenait quand même à souhaiter à son beau-fils, à celui qui assurera la succession de son entreprise si précieuse à ses yeux, un joyeux noël. L'Eliot avait hésité à répondre à son appel, il avait laissé son portable sonner jusqu'au bout avant de finalement décrocher. Se rendant compte que sa mère n'aurait pas voulu qu'il ignore son appel, il avait cédé. Après tout, c'était noël, il pouvait faire un effort quand même. Alors qu'il lui répondait brièvement, le jeune homme apporta le briquet à hauteur de son visage, pencha sa tête sur le côté et déclara son joint. Il prit une grande inspiration dedans, laissant la drogue pénétrer doucement ses poumons en remplir son être. Il garda la weed quelques secondes en lui avant de recracher délicatement l’épaisse fumée blanchâtre. Georges ignorait tout de sa consommation irresponsable et abusive, il restait persuadé qu'il avait arrêté, juste après son retour de France. Qu'il pouvait être con celui-là aussi, intelligent mais naïf. Fumer alors qu'il l'avait au téléphone relevait de la provocation pure et dure. Etant tout seul dans son énorme duplex, Sloan en profitait. Ses deux colocataires étaient partis fêter noël ailleurs, sans doute avec leur famille respective. Au moins ainsi, il ne risquait pas d'être emmerdé. C'était quand même assez triste de passer son réveillon seul mais bon, ainsi va la vie. Sans chercher à comprendre plus loin, il se retourna et ouvrit délicatement la fenêtre, histoire d'aérer la cuisine. Il passa sa tête à travers et regarda les rues plus que désertes de Boston. Le silence s'était abattu sur la ville, au même titre que la neige qui commençait à tomber sous forme de légers flocons. Le beau brun n'écoutait plus ce que Georges disait, il se laissait bercer par le calme autour de lui et d'ailleurs, il ne tarda pas à raccrocher pour se concentrer sur la vue apaisante qu'il avait devant lui. Le froid venait se plaquer sur ses avant-bras tandis qu'il savourait son joint à chaque taf. Autant la solitude le pesait depuis que sa mère avait quitté cette terre, autant là, il appréciait le silence. L'Eliot leva les yeux pour regarder chez les voisins d'en face, ils fêtaient noël en famille. Un léger sourire vint se poser sur ses lèvres avant qu'il ne détourne le regard, envieux. Ne pas fêter noël était une grande première pour lui, cela l'attristait particulièrement. Il mit une bonne demi-heure à fumer son joint, en prenant son temps de le savourer mais également son temps pour se poser et adresser une dernière pensée à sa défunte mère. Sloan vivait vraiment mal son absence, il ne donnerait n'importe quoi pour la voir rire aux éclats, ne serait-ce qu'une seule fois. Ses conseils si chers à son coeur lui manquaient. Il ne passait pas une seule journée sans penser à elle et à leurs bons moments. C'est donc le coeur lourd d'incompréhension qu'il jeta son joint par dessus bord et referma la fenêtre derrière lui. Il secoua énergiquement ses mains pour se réchauffer un peu. Il regagna le salon où il s'affala dans le canapé. L'étudiant se pencha vers l'avant, attrapa sa bière déjà bien entamée et vida son contenu directement dans le gosier avant de reposer lourdement la canette sur la table basse. Et là, plusieurs choix s'offraient à lui. Soit, il allait se coucher à dix heures le soir de noël, mais c'était un peu déprimant comme solution. Soit, il se matait un film de boule, encore plus déprimant. Ou soit, il oubliait tout en se jetant corps et âme dans une partie de Call Of, laissant la weed faire lentement son effet. Particulièrement tenté par la dernière option, il se leva jusqu'à sa télé, qu'il brancha et attrapa sa manette ainsi que son casque. Avec la chance qu'il a, personne ne sera connecté et il pourra continuer son mode story en toute liberté. Il galéra avec toutes les télécommandes posées sur la table avant de miraculeusement l'allumer. Un large sourire s'afficha sur son visage lorsqu'il mit en route son jeu. Pris d'un moment de lucidité, il mit le jeu en pause et se précipita vers la cuisine où il prit une bonne bière bien fraîche. Certes il était seul mais au moins, il était pas emmerdé et ne devait pas se forcer à sourire et à être poli s'il n'en avait pas envie. L'Eliot se jeta dans son canapé et commença son jeu. Curieux de voir combien de personne pouvait être connecté en ce 24 décembre, il entra dans le mode on line. Son coeur se serra lorsqu'il vit le pseudo affiché Caputewithashotgun à l'écran. Il dû relire plusieurs fois avant de se faire une raison, cette fille dont il ignorait tout était connectée sur Callof. Sans chercher à comprendre plus loin, il attrapa son casque et le fourra sur ses oreilles. Il lança une nouvelle partie en invitant Cé à participer. La connexion ne tarda pas à se faire entre sa console et la sienne et rapidement, la douce voix de Cé se fit entendre. « T'es sérieuse Cé ? Qu'est-ce-que tu fou un 24 décembre sur Callof ? » lança-t-il avant de rigoler. « J'pari que tu attendais que j'me connecte. » Le feeling était plutôt bien passé entre eux, même si au début ils se bouffaient la gueule plus qu'autre chose. Cé, c'était ainsi qu'il l'appelait parce qu'il ignorait tout simplement son prénom. La jeune fille refusait de lui donner et il avait pour mission de le trouver. Alors là, tous les prénoms commençant par la lettre C y étaient passés. Tous sauf le bon. Il était désespérant quand il s'y mettait. « En vrai t'es pas rentrée en Angleterre ? J'pensais que tu devais retrouver ta famille, ça a été annulé ? » lui demanda-t-il comme s'il la connaissait depuis toujours. Cé lui expliqua le pourquoi du comment et honnêtement, Sloan trouvait ça triste. Lui ne faisait pas noël avec sa famille parce qu'il en avait plus, il n'avait pas le choix mais la pauvre petite était simplement séparée des siens. Personne ne devrait rester seul le soir de noël. Et alors qu'ils parlaient, il lança la partie style de rien. Finalement, il n'était pas si seul que ça. @Capucine Vickers

Le bruit de la fin de l'appel se fit entendre alors que la conversation venait de se terminer. Capucine fixait son écran comme si quelque chose d'important allait la sauver. Mais au bout de cinq longues minutes, rien ne vint. Capucine éteignit l'écran avant de fondre en larmes. Ce n'était pas possible qu'elle soit ici, loin de sa famille, le soir de Noël. Rien ne justifiait ça. Sauf ces foutus examens qu'elle avait passé la veille et qui avait mis son départ en retard. Pleurant à chaudes larmes en pestant contre le monde entier, Capucine avait envie de se jeter sous sa couette et d'y mourir doucement. Sa mère s'était fait aussi rassurante que possible mais elle avait du ressentir la détresse de sa fille. Pourtant, Capucine avait fait de son mieux pour ne rien montrer. Elle était sûrement une bien piètre comédienne.

Après avoir terminé de se déshydrater en pleurant, Capucine finit par se lever de sa chaise. Elle n'avait rien prévu de spécial à manger ce soir. Elle n'avait même pas faim en vérité. L'étudiante se retrouva dans la cuisine et ouvrit le frigo en fixant le contenu comme s'il allait décider de lui même ce qu'elle mangerait. Elle opta pour une canette de jus de coco et retourna dans sa chambre, se jetant sur son lit. Voilà, elle n'avait plus qu'à passer sa nuit à jouer à la console. C'était vraiment le pire réveillon qu'elle pouvait passer. Capucine glissa son casque sur sa tête histoire de s'isoler dans l'ambiance du jeu et ne plus penser à rien. Pas plus emballée que ça, elle lança une partie. Puis une autre. Puis une autre. Puis une autre.

Au bout d'une heure trente à se plonger dans la mort et les cris, Capucine en avait oublié toute réalité. Si bien que l'appel de Sloan la fit sursauter. Elle fixa l'écran durant un long moment, hésitant à lui répondre. Ce n'était pas qu'elle n'avait pas envie de lui parler, au contraire. Parfois, il lui arrivait de se dépêcher de rentrer chez elle pour le retrouver, à travers le casque, à travers l'écran. Il était son échappatoire, il était celui qui arrivait à lui donner le sourire après une sale journée. Elle ne savait pas grand chose de lui mais elle en savait assez pour savoir qu'il avait une place dans son cœur. Pas la place d'un simple ami. Enfin, ça, elle n'en savait absolument rien. Elle se sentait toujours comme une jeune adolescente quand ils se parlaient mais après, il n'y avait pas de suite dans cette histoire. Pas de rencontre en vrai. Pourtant, ils étaient si proches l'un de l'autre. C'en était ridicule. Finalement, Capucine accepta l'appel et tenta de ne rien montrer sur le fait qu'elle passait une sale soirée.

« Hey toi... »

Sa voix n'était pas aussi enjouée que d'habitude malgré tous les efforts que Capucine faisait. Mais la première phrase de Sloan lui brisa le cœur et elle dû se mordre violemment la joue pour ne pas pleurer à nouveau. Dire qu'elle devait déjà être à Londres, en train de boire un thé chaud, au coin du feu, papotant avec sa mère et son père. Un rire nerveux franchit ses lèvres. Elle aurait volontiers démenti mais ça ne servait à rien.

« T'as tout gagné... »

Si seulement ça pouvait être un soir comme un autre. Elle ne voulait pas lui gâcher son réveillon. Elle était si concentrée sur son propre malheur qu'elle en oublia d'être étonnée de le voir connecté. En vérité, ça lui faisait du bien qu'il soit là. Sa voix berça légèrement Capucine mais la question fut de trop. La jeune femme se mit à pleurer bien qu'elle avait fait des efforts pour ne pas le faire, c'était beaucoup trop d'émotions à retenir. Elle essayait même de cacher qu'elle pleurait mais ce fut sans grand succès. Au bout d'un moment calme dans ses chutes du Niagara, Capucine finit par parvenir à s'exprimer.

« Je... j'avais des examens hier... Et comme j'ai fini tard, j'ai pas pu avoir de vol... Alors je reste ici pour les fêtes. Ma mère pense que ce n'est pas nécessaire que je voyage pour si peu de temps... »

La demoiselle laissa sa manette tomber sur le lit et se leva. Elle attrapa sa canette vide et retourna dans la cuisine, toujours son casque sur la tête. Elle était bien contente d'avoir investi dans un bon casque sans fil. Jetant sa canette à la poubelle, Capucine soupira doucement.

« Je ne pensais pas qu'un jour je passerais Noël toute seule... Nouvel an je m'en fiche un peu mais Noël... Enfin, c'est comme ça, je peux rien faire de plus... Je regrette d'être venue ici, il m'arrive que des malheurs, je ferais mieux de rentrer à Londres et aller faire mes études à Oxford... »

Capucine ne se rendait pas trop compte que ses mots pouvaient blesser. Mais après tout, elle ne le connaissait que virtuellement ce garçon et elle doutait qu'il soit triste si elle partait. En fait, ce soir, elle doutait que qui que ce soit soit triste qu'elle s'en aille. @Sloan Bushnell

CAPUCINE VICKERS & SLOAN BUSHNELL
Pour dire vrai, Sloan ne s'attendait pas vraiment à la voir sur la console ce soir. La jeune fille lui avait dit qu'elle passerait les fêtes de fin d'années avec sa famille, comme le faisaient les gens normaux ou comme le voulait la coutume. Sa famille à lui était cassée et meurtrie par la perte de celle qui en était le fondement même. Sa mère n'était plus là, elle avait rendu son dernier souffle dans les bras de son fil, anéantit par sa disparition. Elle resta deux mois plongée dans un coma artificiel, deux mois pendant lesquels l'Eliot mit sa vie de côté pour l'accompagner dans sa souffrance. Il se rendit à l'hôpital tous les soirs jusqu'à la fin, pour lui parler et lui raconter à quel point il aimerait que cette situation ne s'arrange. Mais le destin en décida autrement pour la famille Bushnell, emportant sa maman et au delà de ça, sa confidente. Plus seul que jamais, il semblait trouver un certain échappatoire dans les parties de jeu vidéo en ligne. Et ce soir, il n'allait pas échapper à la règle, sous prétexte qu'on était le réveillon de noël, de toute façon il n'avait pas mieux à faire. Ses pensées se faisaient vagues et oppressantes, un peu de légèreté allait lui faire du bien. Le casque sur la tête, Sloan venait de lancer une nouvelle conversation audio avec celle qu'il surnommait Cé, à défaut de connaitre son prénom. La connexion fut assez lente à se faire mais après quelques secondes d'attente, la jeune fille décrocha. Entendre sa voix était délectable surtout dans le contexte actuel. Un léger sourire vint s'afficher sur le visage du beau brun qui ne lâchait pas l'écran des yeux. Assez maladroit sur les bords, il lui demanda ce qu'elle foutait sur la console en ce jour festif. Elle restait discrète, plus effacée que d'habitude, il ne comprenait pas trop. Avait-il dit ou fait quelque chose de mal ? Et alors qu'il cherchait ce qu'il avait bien pu dire de travers, sa douce voix devint plus fébrile, cassante voire même hésitante. L'Eliot fronça les sourcils. « Cé ... Mais, tu pleures ? » lui demanda-t-il en se redressant canapé, comme si cela allait lui remonter le moral qu'il soit assis correctement. Le regard emplit d'incompréhension, Cé ne tarda pas à lui avouer la raison de son chagrin. Il ferma sa gueule et mit son jeu en pause lorsqu'elle lui expliqua qu'en réalité, elle aurait dû être avec sa famille en Angleterre. La jeune fille se livra et lui balança ses émotions en pleine face, ne laissant aucune place au doute. Elle vivait mal la séparation et songeait à rentrer à Londres pour terminer ses études. Sloan déglutit et attendit qu'elle ait finit de parler pour, à son tour, prendre la parole. « J'suis désolé ma biche. » commença-t-il doucement. Ouais, il aimait bien lui donner des petits surnoms. « Mais non, il ne t'arrive pas que des malheurs, c'est juste qu'aujourd'hui tu vois tout en noir et c'est tout à fait normal. T'as la chance d'étudier dans l'une des meilleures universités du monde et de parler au meilleur gameur de Callof que la terre n'ait jamais porté. » lança-t-il en rigolant légèrement. L'Eliot se voulait rassurant mais le pauvre, il n'était vraiment pas doué pour remonter le moral, ce n'était définitivement pas son truc. « Ecoute, tu n'es pas toute seul ok ? Tu n'as pas pu rentrer pour les fêtes mais ce n'est que partie remise, tu les verras plus tard et vous fêterez noël en janvier parce que vous les anglais, vous ne faites rien comme les autres. J'te pari c'que tu veux mais ce moment sera encore mieux que si tu étais rentrée aujourd'hui. J'veux pas que tu pleures aujourd'hui, t'as pas le droit de pleurer ... tu pleureras demain ! » dit-il bêtement. Il essayait de la rassurer tant bien que mal, vraiment il y mettait tout son petit coeur en espérant que ça fonctionne. Sloan se leva du canapé et fit quelques pas jusqu'à l'entrée de son immense duplex. Il fouilla dans les poches de sa veste et y sortit son paquet de clope. Machinalement il en apporta une à sa bouche avant de jeter le paquet sur buffet. « Tu sais quoi ? Viens chez moi. » lui proposa-t-il, sortit de nulle part. Comme une illumination dans son cerveau embrumé par la weed, il lui vint cette idée là. Cé était seule pour noël, lui aussi, c'était la solution à tous leurs soucis. « Je ne déconne pas Cé, viens on va s'faire un petit repas tranquille et une partie de Callof. J'vais pas te manger t'inquiète, ça me fera un peu de compagnie aussi. T'as rien à perdre, au pire tu boufferas un truc dégueulasse et j'te mettrais la raclée de ta vie sur Callof. » dit-il en explosant de rire. Sloan ignorait tout de cette fille et d'ailleurs, il en avait fait un portrait assez dégradant dans sa tête. Il la voyait d'ici, avec ses boutons sur la tête, un corps difforme et des poches sous les yeux. Bref, l'archétype même de la geek en puissance. Mais bon, il n'en restait pas moins un bon gars et Cé lui faisait de la peine. « Personne ne devrait rester seul le soir de noël, je t'envoie ma localisation par SMS ma biche ? » lui demanda-t-il. Cé ne pouvait pas le voir mais il avait le sourire aux lèvres, l'idée de passer un moment avec elle n'était pas pour lui déplaire, même si physiquement elle ne lui plairait surement pas. L'Eliot n'avait aucune arrière pensée derrière sa proposition, c'était noël, la fête de l'indulgence et du partage.

Non, elle ne pleurait pas. Elle ne pleurait pas. Elle ne voulait pas pleurer surtout. Alors, entendre Sloan lui demander quelque chose qu'elle tentait totalement de nier manqua de la faire pleurer encore plus. Elle se sentait nulle, pathétique, ridicule. Elle n'était pas la seule sur terre à passer Noël loin de sa famille, il ne fallait pas qu'elle se mette dans des états pareils pour si peu. Elle en avait tellement honte qu'elle avait envie de raccrocher et de se terrer sous sa couette pour ne plus jamais en sortir. Finalement, Capucine se confia sur ses sentiments présents. Parler la soulageait un peu quand même. Mais c'était bien maigre comparé à ce qu'elle désirait vraiment. Ses pleurs s'étaient légèrement calmés mais ils restaient présents tout de même. Pourtant, Sloan parvint à la faire rire.

« Je suis meilleure que toi... »

Capucine balbutia légèrement d'une voix étranglée. Il arrivait quand même à mettre un peu de joie dans son triste monde. Il avait raison, Capucine apprécierait bien plus de retrouver sa famille plus tard, quand elle pourrait rentrer. Et puis, son père lui avait promis de lui envoyer son billet d'avion le plus tôt possible pour les prochaines vacances. Et Capucine avait déjà hâte d'y être. Enfin, elle se calma totalement et Sloan pouvait se vanter de l'avoir aidé. La jeune femme sourit doucement en l'entendant. Oui, elle pleurera demain. Soupirant doucement, Capucine allait lui dire qu'elle allait mieux quand il lança une invitation. La jeune étudiante s'étrangla de surprise et resta silencieuse, voire pétrifiée. Est ce qu'il était sérieux dans sa proposition là. Une sueur froide glissa dans le dos de Capucine alors qu'elle se mit à trembler légèrement comme s'il venait de lui annoncer quelque chose de grave. Déglutissant nerveusement, Capucine releva son micro pour soupirer doucement et se calmer. Aller passer le réveillon avec Sloan. Pourquoi pas. Son rire soudain la fit sursauter et elle manqua de foutre son casque en l'air en voulant remettre le micro devant sa bouche. Enfin, Sloan lui disait qu'il lui enverrait sa localisation par SMS. Hésitante, la voix tremblante, Capucine finit par accepter d'une manière bien particulière.

« Envoie moi ta localisation oui... »

Puis, elle coupa la conversation juste après, ne voulant pas discuter plus pour ne pas revenir sur sa parole. Il avait raison, personne devait être seul pour Noël. La jeune femme finit par retirer son casque de sur sa tête et retourna dans sa chambre. Elle s'empressa de se changer pour éviter d'y aller en pyjama et choisit de mettre un jogging gris, un pull Star Wars et ses Converse. Pas besoin d'être sexy. Comme la plupart des gameurs, Sloan ne serait certainement pas à son goût physiquement bien que mentalement, elle l'adorait, voire un peu plus. Puis, elle n'allait pas là bas pour faire quoi que ce soit avec lui. Juste, ne pas être seule le soir de Noël. La jeune femme se redressa pour souffler doucement, comme son père le lui avait appris pour gérer son stress.

« OK, calme toi Capucine. Calme toi !! De toute façon, c'est pas ton genre de mec, alors tu vas être déçue si tu t'emballes. T'y vas juste pour pas être seule et parce que c'est un pote assez cool. C'est tout. Tu te calmes maintenant. »

Elle n'était pas certaine qu'elle se donnait les meilleurs conseils mais elle s'en fichait. Ça lui faisait du bien. Son téléphone sonna et elle le balança dans la chambre en voulant lire le SMS, manquant de l'exploser contre le mur. Un juron franchit ses lèvres alors qu'elle se précipita pour récupérer son téléphone, priant pour qu'il fonctionne toujours. Bon, l'écran était fendu mais au moins, elle pouvait lire le SMS de Sloan. Bon, il fallait qu'elle se mette en route maintenant. Après avoir récupéré une bouteille de cognac que son père lui avait gentiment donné, Capucine quitta son appartement pour affronter le froid et la neige qui tombait en abondance maintenant. La jeune femme ronchonna mais refusa d'aller jusque là bas en voiture. Elle avait bien plus de chance de se tuer en voiture avec ce temps. Coinçant une cigarette entre ses lèvres, Capucine se tassa dans sa veste, frigorifiée. Elle était impatiente d'arriver chez Sloan. Arrivant devant l’hôtel particulier, elle se demanda si elle ne s'était pas trompé d'endroit mais visiblement non. Jetant sa clope dans le caniveau, Capucine voulu entrer dans l'immeuble mais elle glissa sur une plaque de verglas et s'étala de tout son long en poussant en grognement de douleur. Doucement, elle se redresse en gémissant, se frottant les côtes. Bon, ça commençait bien. La jeune étudiante entra enfin dans l'immeuble en espérant que plus rien de dangereux ne se produira.

Enfin, Capucine arriva à l'étage et se posta devant la porte. Elle la fixa avec beaucoup d'intérêt comme si elle allait sonner à sa place ou qu'elle allait s'ouvrir d'elle même. Il faisait bon dans ce couloir. Capucine baissa sa capuche pour retirer son bonnet, les cheveux en pagaille. Elle la plaqua un peu sur son crâne histoire de ne pas avoir le look d'un épouvantail puis elle frappa avant de sonner. Enfin, elle se mélangea à ne pas savoir quoi faire qu'elle fit les deux. Elle serra les poings et les lèvres avant de ronchonner contre elle même parce qu'elle faisait n'importe quoi. Maintenant, il n'y avait plus qu'à attendre que Sloan lui ouvre alors qu'elle revérifiait une énième fois si c'était le bon endroit. Peut être qu'il s'était juste foutue de sa gueule et qu'il l'avait envoyé à une adresse totalement au hasard. Ou chez un dangereux criminel. Oh ta gueule Capucine. @Sloan Bushnell

CAPUCINE VICKERS & SLOAN BUSHNELL
Sloan avait balancé sa proposition sans même prendre le temps de réfléchir auparavant. Les mots étaient sortis de son esprit sans même qu'il ne mette de filtre entre son cerveau et sa bouche. Comme une évidence, il lui avait demandé de venir passer le réveillon de noël en sa compagnie, évitant ainsi toute déprime inutile. Il était vraiment nul pour réconforter les gens mais le moins que l'on puisse dire c'est que son petit côté maladroit avait le don de faire rire et détendre l’atmosphère. Un large sourire vint orner son visage lorsqu'il l'entendit rigoler légèrement à ses remarques, au moins Cé avait arrêté de pleurer et c'était déjà une bonne chose. Assez empathique comme gars, il n'aimait pas voir les gens triste et partageait leur douleur. Très instable mentalement, l'Eliot était assez sensible aux humeurs des autres et prenait leurs émotions de plein fouet comme si ils lui appartenaient. Il n'arrivait pas à se gérer et sa bipolarité n'arrangeait pas du tout sa situation. Incapable de demander de l'aide extérieure, il essayait tant bien que mal de trouver une solution à son problème, en vain. Trop de fierté pour quémander de l'aide et avouer sa faiblesse, il s'en remettait aux mains de Dieu et advienne que pourra. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le jeune homme avait trouvé son réconfort dans la drogue, ne faisant qu’aggraver son cas de jours en jours. Il s'autodétruisait à petit feu, sans même s'en rendre compte, se persuadant qu'il fumait là, le dernier joint de sa vie. Et pourtant, il renouvelait l'expérience à chaque sensation de manque ou de vide, laissant sa motivation au bord de ses lèvres, s'envoler en fumée. Quoiqu'il en soit, il était minable avec sa propre vie mais restait à l'écoute des autres. Bien loin d'être un égoïste de première, il faisait passer les autres avant sa petite personne. C'était d'autant plus vrai pour ce soir. Sloan n'hésita pas une seule seconde avant d'inviter Cé, la meuf qui partageait ses longues soirées d'hiver, à jouer avec lui à des jeux vidéos tous plus abrutissants les uns que les autres. Contre toutes attentes, Cé ne mit pas longtemps avant d'accepter sa proposition, elle n'avait surement rien de mieux à faire. La jeune fille se contenta de lui demander d'envoyer sa localisation avant de mettre à la conversation. Ouais, elle ne semblait pas vraiment enthousiaste à l'idée de venir mais bon, c'était déjà mieux qu'un non catégorique. Le moins que l'on puisse dire c'est que Cé était du genre, expéditive ! Sloan allait donc se contenter de ça et tout mettre en oeuvre pour lui faire passer une bonne soirée, un bon réveillon de noël. La connexion avec sa console se coupa et rapidement, le beau brun enleva son casque de sa tête. Il s'approcha de la télévision pour ranger dans l'un des tiroirs du meuble. « Allez vieux, un petit effort. » se lança-t-il, histoire de se donner du courage de bouger le cul. Mine de rien, l'idée de passer son réveillon sur la console n'était pas vraiment pour lui déplaire. Mais bon, avec un peu de chance Cé sera en manque et voudra se faire une petite partie en live. Une fois que le casque fut rangé et le SMS envoyé avec sa localisation, il contourna sa table basse et se dirigea vers la cuisine. L'Eliot ignorait si cette fille habitait loin de chez lui ou pas, il ne savait pas du tout combien de temps il avait pour préparer quelque chose de descend. Machinalement, il prit son portable et appela l'un des employés de l'hôtel. « Alfred tu es là ? J'ai besoin de tes services. » commença-t-il avant de lui passer une commande assez conséquente. Le staff de l'hôtel était devenu, avec le temps, des amis sur qui il pouvait compter. Sloan conclut l'appel téléphonique par un « C'est assez urgent, merci. » avant de raccrocher. Sa condition de beau-fils de riche lui donnait accès à des privilèges dont il ne se lassait pas vraiment. Il laissa tout en plan et alla dans sa chambre histoire de mettre quand même un haut. Pas de prise de tête ce soir, il sortit un t-shirt Abercrombie & Fitch bleu marine, enfin c'était surtout le premier qui lui vint dans son immense dressing. Il baissa la tête pour voir le bas et remarqua qu'il portait un bas de survêtement gris en coton. Il haussa les épaules, il avait trop la flemme de se changer, Cé allait donc se contenter de ça. Et alors qu'il sortait de son dressing, on tapa à la porte. Sans chercher à comprendre plus loin, Sloan se dirigea vers l'entrée où il ouvrit. « Tu me sauves la vie ! » lança-t-il avant d'attraper sa commande à pleines mains. Il lui lança un regard compréhensif avant de poser tout ça sur le plan de travail. Il revint rapidement vers l'employé de l'hôtel et s'approcha de lui. « J'te souhaite un joyeux noël, Alfred. » L'employé en question afficha un large sourire, qu'il lui rendit aussitôt. « A vous aussi Monsieur. » Et une fois n'est pas coutume, les deux hommes échangèrent une poignée de main virile. L'étudiant vint le remercier encore avant de fermer la porte derrière lui et de se diriger vers la cuisine. Il mit les bouteilles de champagne dans le frigo ainsi que le reste de sa commande. Inconsciemment, il ne pouvait s'empêcher de penser à elle, à Cé. Cette fille était un véritable mystère pour lui puisqu'il ignorait jusqu'à son prénom. Qui était-elle vraiment ? A quoi ressemblait-elle ? Trop de questions sans réponses. Et alors qu'il terminait une clope qu'il avait déclaré un peu plus tôt, il entendit sonner et taper à la porte. Bordel, elle avait peur de ne pas y arriver ou quoi ? Amusé par son entrée fracassante, il s'avança silencieusement vers l'entrée, hésita une fraction de seconde avant de finalement, ouvrir la porte. Et là. Le vide. Le néant. Sloan la regarda, un peu abruti par ce qu'il avait devant les yeux. Par pur réflexe, il vint déglutir. Putain il avait trop envie de dire un truc du genre C'est toi Cé ? Genre, elle est où la grosse ? mais il se retint au maximum. Il haussa les sourcils tandis que son sourire vint s'élargir. « J'vais être honnête avec toi Cé, je ne m'attendais pas du tout à ça. Je t'avais imaginé autrement. » lança-t-il bêtement. Ouais l'Eliot avait pour habitude de dire ce qu'il pensait, sans le moindre filtre, sans se soucier des conséquences. « J'sais pas, je te voyais plus ... plus ... enfin moins .... Comment dire ! Ouais je voyais le résultat beaucoup moins harmonieux que ce que j'ai devant les yeux. Tu m'crois si j'te dit que j'avais fait un autre portrait de toi ? Les nanas geek que je connais sont soient des bonhommes sur elles ou soit ... elles ne passent pas la porte. » dit-il en éclatant de rire littéralement. Il posa son regard sur elle et rapidement, dériva sur son visage puis son corps. Cette fille était tout à fait son style de fille, jolie, qui dégage quelque chose de spécial. Bien loin d'apprécier le physique vulgaire des bimbos, il prônait la simplicité et le naturel. Les yeux remplis de malice, il ne semblait pas mécontent du tout de la voir débarquer. « T'as l'air gelée mais en vrai, j'te laisse pas rentré tant que tu ne m'auras pas dit ton prénom. » dit-il en posant sa main sur l'encadrement de la porte et de prendre appui. Qu'il pouvait être chiant quand il s'y mettait celui-là. Il rigola légèrement, c'était purement taquin.

Capucine ne savait pas vraiment si c'était une bonne idée d'être venue mais elle ne risquait rien après tout. Enfin, elle l'espérait. Il fallait vraiment qu'elle arrête de se torturer l'esprit comme ça, ça lui donnait mal à la tête. À quoi pouvait bien ressembler Sloan ? Elle se l'était souvent demandée et n'avait pas joué les curieuses en essayant de trouver un profit Instagram ou Facebook. Mais maintenant qu'elle était face à la porte où se trouvait Sloan, elle avait bien envie de le faire. Peut être qu'elle allait faire demi tour en voyant sa tête. Bon, tous les gameurs n'étaient pas laid mais ce n'était pas des canons de beauté en général. Enfin, elle n'en avait pas rencontré tellement au final. Est ce que le physique importait peu ? Oui... Malheureusement, il jouait beaucoup. Il allait sans dire que si Jorah n'avait pas été à son goût, Capucine n'en serait pas tombée amoureuse.

Donc, si Capucine s'en tenait à 90% des gameurs, Sloan serait bedonnant, avec des lunettes, une calvitie précoce et des doigts gras et boudinés qu'il essuie sur un vieux t-shirt de Pacman. Capucine grimaça légèrement, se demandant un peu dans quoi elle s'embarquait du coup. L'étudiante soupira doucement en se massant le front. Elle n'était plus sûre de rien. Mais bon, de toute manière, elle était là, elle n'allait pas repartir. Alors elle sonna. Puis elle frappa. Contre toute attente, la porte s'ouvrit rapidement. La jeune femme eut un haussement de sourcils en voyant le jeune homme qui lui faisait face. Elle checka l'adresse et le numéro de chambre. Bah non, elle ne s'était pas trompée pourtant. Il n'était pas seul alors ? Il avait invité un ami, ou s'était son coloc ? Capucine se tordit le cou pour regarder à l'intérieur en espérant voir Sloan arriver mais personne ne vint ni ne parla dans la chambre. Capucine manqua de s'excuser en pensant que s'était une blague de la part de Sloan. Une fausse adresse, pour la taquiner ? Elle ne trouvait absolument pas ça drôle. Parce que le garçon qu'elle avait devant elle, ça ne pouvait pas être l'adorable Sloan avec qui elle aimait tant parler et jouer la nuit. Il était beaucoup trop beau, trop sexy pour gâcher son temps sur une console.

Les deux jeunes se regardaient en chien de faïence comme s'ils allaient trouver des réponses à des questions existentielles juste en se fixant. Capucine pinça les lèvres et ouvrit la bouche pour s'excuser il prit les devants. Et lorsqu'il l'appela Cé, Capucine poussa un soupire de soulagement. Donc, c'était bien lui. Sauf que la réflexion du jeune homme lui fit hausser un sourcil. Il ne s'attendait pas à tout ça ? Il s'attendait à quoi ? Une bombasse en mini jupe perchée sur des Louboutin avec une longue crinière ondulante et des yeux de biche ? Alors oui, il était tombé sur la mauvaise personne. Pinçant les lèvres en lui lançant un regarde désolé, s'excusant presque de ne pas être à son goût, Capucine baissa les yeux. Mais il continua, comme s'il se justifiait. Et ce qu'il expliquait fit légèrement sourire Capucine alors qu'elle rougissait légèrement, lui donnant une adorable teinte rosée sur les joues. Intimidée, gênée, mal à l'aise mais vraiment flattée, Capucine tripotait le bas de sa veste, ne sachant quoi dire. Elle se contenta de marmonner dans son écharpe.

« Je pourrais en dire autant de toi.. »

Mais Sloan se la jouait taquin et Capucine se mit à glousser avant de redresser son visage pour plonger son regard dans le sien, amusée. Elle pinça les lèvres, hésitante, tout en s'avançant vers la porte sans lâcher Sloan du regard.

« T'es aussi doué aux défis qu'à Callof... Je m'appelle Capucine.. »

Puis elle se faufila dans l'appartement parce que bon, elle en avait assez de voir le palier. Elle resta cependant dans l'entrée, n'osant pas non plus aller faire le tour de la luxueuse chambre. Elle posa doucement son sac sur le sol avant de retirer sa veste. Puis, elle sorti la bouteille de Cognac et lui tendit, ne sachant pas réellement si c'était un cadeau adéquat.

« Hum... Tiens, j'ai ramené ça, j'espère que tu aimes... Il n'y a plus rien d'ouvert à cette heure... »

Capucine soupira doucement, restant un peu statufiée dans l'entrée. Il vivait vraiment dans un bel endroit et elle admirait toujours les chambres de luxe des hotels comme celui ci. Ses parents gagnaient désormais bien assez pour se permettre d'aller dans des hotels de luxe. Capucine en avait vraiment bien profité -et en profitait encore- étant fille unique. Frottant doucement ses mains glacées l'une contre l'autre pour les réchauffer, Capucine se risqua à avancer un peu, observant l'endroit. C'était beau et chaleureux et ça donnait envie de se rouler sur la moquette. Ce qu'elle ne fit évidemment pas.

« Tu habites ici ? Tout seul ? »

Voilà des questions à titre informatifs. Elle n'osait pas trop le regarder, sentant qu'elle flancherait facilement en admirant ses beaux yeux bleus. Donc, elle se contentait d'admirer la décoration sans avoir trop bougé de l'entrée. Elle en oubliait totalement les bonnes manières. Elle tourna légèrement son visage vers Sloan et sourit légèrement.

« Merci de m'avoir invité... »

Vraiment, maintenant qu'elle l'avait vu et qu'elle savait à quoi il ressemblait, elle était encore plus ravie d'être ici. Elle n'était pas seule. Bon, elle était pas totalement conne, elle savait parfaite qu'il n'y aurait jamais rien avec Sloan. Il ne devait pas s'intéresser à des filles comme elle malgré les compliments qu'il lui avait fait. @Sloan Bushnell

CAPUCINE VICKERS & SLOAN BUSHNELL
Elle était là, juste devant ses yeux et le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle ne ressemblait pas vraiment au portrait qu'il avait dressé d'elle. Pour Sloan, Cé n'avait pas ce physique là et il en était presque prêt à parier gros dessus. L'image qu'elle aurait éventuellement pu renvoyer n'était pas gratifiante pour elle. Un peu de gras autour du ventre, un léger surplus en dessous du menton et au niveau des cuisses, pour dire les choses le plus délicatement possible, il la voyait avec un certain embonpoint. Une peau ingrate et un corps difforme. Une fille pas très jolie physiquement mais avec un grand - gros - coeur. C'était ça, il la voyait pas belle mais attachante et d'ailleurs, sans vraiment s'en rendre compte, il s'était attaché à elle. Au-delà de l'aspect visuel qu'il ne connaissait pas du tout, le jeune homme avait apprit à la connaître pour ce qu'elle était réellement. Cé avait su l'intéresser et l'intriguer, chose plutôt rare pour lui. En règle général, il ne se laissait pas facilement aborder par les filles. C'était plutôt lui en choisissait une et qui mettait tout en oeuvre pour l'obtenir, parfois très maladroitement mais cela le caractérisait bien. Il n'était pas doué en amour mais ne s'en formalisait pas plus que ça. Il partait du principe que tout venait à point, à qui savait attendre. Et pour ça, l'Eliot avait tout son temps. Sa dernière histoire d'amour avec Charline n'avait pas fonctionné, soit, ce n'était certainement pas la bonne et puis c'est tout. Il était grand temps pour lui de passer à autre chose et de tourner la page, pour le plus grand bonheur de son beau-père. Son dernier n'aimait pas la petite Granger, il n'y avait rien à faire. Georges voulait quelqu'un de bien pour son beau-fils et était prêt à n'importe quoi pour arriver à ses fins et le faire changer. Quoiqu'il en soit, Sloan ne cherchait plus à faire d'efforts, il se laissait porter par les événements et n'attendait plus rien de la vie. Après tout, elle lui avait prit la seule personne qui avait de l'importance à ses yeux, sa maman. Et avec l'approche des fêtes, c'était vraiment dur de penser à autre chose ou de se changer les idées. Heureusement pour lui, Cé avait accepté son invitation, il n'allait donc pas être seul pour le réveillon. Il allait le passer en compagnie d'une grosse geek mais cela ne semblait pas l’inquiéter plus que ça. Il avait absolument tout prévu sauf ça. Le jeune homme ne s'attendait tellement pas à tomber sur une fille aussi jolie, aussi surprenante. Cé avait tout de son idéal, physiquement parlant. Elle était brune déjà, il aimait les brunes, avec des joues d'une teinte rosée et un nez très fin. L'Eliot posa ses yeux sur elle pour inspecter les moindres détails comme s'il voyait un extra-terrestre. Son regard vint se perdre sur ses lèvres parfaitement dessinées. Il afficha un mince sourire lorsqu'elle prit la parole pour la première fois. C'était bien elle. Visiblement, Cé non plus ne s'attendait pas à tomber sur un mec comme lui, elle avait certainement fait le même portrait dans sa tête. C'était assez comique pour le coup. Puis vint le moment où elle lui avoua, enfin, son prénom. Il écarquilla les yeux et lui lança un « Capucine ! Bordel j'aurais pu chercher encore longtemps. C'est un très joli prénom que tu as là ma biche. » agréablement surpris. Sloan lui rendit son sourire avant de se décaler pour la laisser entrer dans sa suite privée. Ouais, Monsieur avait carrément une suite privée et attention, c'était le grand luxe. Il avait la suite la plus grande de tout l'immeuble et ce depuis plus de huit ans. C'était chez lui ici. Semblable à un véritable appartement, tout était fonctionnel. Du grand salon à la cuisine, en passant pas l'immense salle de bain et le dressing. Il y avait pas moins de cinq pièces, toutes plus luxueuses les unes que les autres. Bon certes, la décoration était impersonnelle et on se croirait presque dans un catalogue d'appartements pour riches. Quoiqu'il en soit, le jeune homme la laissa passer sans la lâcher des yeux. Il haussa les sourcils lorsqu'elle lui tendit une bouteille de Cognac. « Fallait pas Cé ! Merci c'est gentil. » répondit-il en prenant la bouteille dans les mains. Ouais c'était mort, il allait l'appeler Cé jusqu'à la fin de ses jours. Machinalement, il referma la porte et alla jusqu'au salon où il posa la bouteille sur la table basse. Capucine lui demanda alors s'il vivait là, genre tout seul, question fort intéressante qu'elle venait de poser là. « Pas exactement. Je vis ici depuis huit ans, pour mes études tu vois, mais depuis septembre j'ai emménagé avec un pote à moi ailleurs. Disons que j'arrive pas à quitter cet endroit, j'me sens bien ici, c'est un peu chez moi, c'est bizarre hein. » dit-il en rigolant légèrement. Eh ouais, Sloan n'avait pas vraiment de chez lui, cette chambre était le seul repère qu'il avait. « Sinon, si c'est ça que tu voulais entendre, oui j'suis tout seul ! » dit-il en lui faisant un petit clin d'oeil pour la provoquer un peu. Il entendait par là : oui je suis célibataire. Le jeune Bushnell adorait la provocation et la taquinerie, c'était quelque chose qui l'amusait énormément. Capucine le remercia ensuite pour son invitation, ne faisant qu'accentuer un sourire qui ne quittait pas ses lèvres depuis qu'il avait ouvert la porte. « Mais c'est normal Capucine. Dis moi, tu comptes rester dans le couloir toute la soirée ? Sinon dis le moi hein, je t'apporte une chaise. » dit-il en explosant de rire. Ouais parce qu'en plus, il se trouvait particulièrement drôle. « Allez viens, je ne vais pas te manger. » Tandis qu'il laissait à Capucine le soin d'approcher, Sloan se rendit dans la cuisine ouverte, il l'avait toujours en visuel et ça c'était plutôt appréciable. Il la regarda avancé avant de reporter son attention sur le frigo qu'il ouvrit pour en sortir l'une des nombreuses bouteilles de champagne. Ouais, il avait prévu de quoi faire une petite réception pour une dizaine de personnes. Quoiqu'il en soit il attrapa un sceau à champagne, y fourra des glaçons dedans et mit la bouteille. Rapidement il revint vers le salon où la belle brune ne semblait pas vraiment à son aise. Mince, il ne l'avait pas invité pour qu'elle soit mal à l'aise, bien au contraire. Il posa le sceau sur la table basse. « Eh ma jolie, ça va aller ?J'sais bien que ma présence ne pourra pas remplacer celle de ta famille mais on va passer une bonne soirée tu verras. J'vais être au petit soin avec toi. » dit-il avant de lui lancer un sourire sincère. Il retourna à la cuisine pour récupérer deux coupes. L'Eliot revint rapidement vers elle et attrapa la bouteille pour l'ouvrir d'un geste expert. Il remplit les deux coupes de ce délicieux breuvage avant de remettre la bouteille dans le sceau, histoire de la garder au frais. Il lui tendit l'une des deux et vint s'asseoir sur le fauteuil en face d'elle. « J'te propose de trinquer à ma supériorité sur Callof. » balança-t-il en imitant l'accent anglais. Il leva son verre dans sa direction et plongea son regard dans le sien. Allez ma jolie, détends-toi, laisse-toi faire.

« Ouais... Sauf que tu l'avais sous les yeux mon prénom, depuis le début... Capu with a shotgun... Capu... Capucine... » La jeune femme l'observa et sourit légèrement, moqueuse. Oui, il était vrai que pour elle, c'était évident mais pas pour lui. Au final, ça l'avait amusé qu'il cherche sans trouver. Elle le trouvait un peu nul sur ce point mais là, il compensait largement avec son physique. Déjà, Capucine avait eu un gros coup de cœur pour sa voix mais le physique qui allait avec l'enfonçait un peu plus dans le sentiment que Sloan n'était clairement pas un mec fait pour elle. Il était l'opposé de Jorah mais il avait une belle mentalité -du moins ce qu'il lui en avait montré-. Enfin, Capucine n'était pas là pour tenter de séduire et sa tenue le laissait bien présager. Enfin, aurait elle fait le moindre effort si ça avait été le cas ? Probablement. Elle aurait fait appel à Sofia pour la rendre plus jolie.

La jeune femme n'avait pas bougé de l'entrée, occupée à admirer le salon de son petit point de vue. C'était vraiment un bel endroit quoi qu'un peu spécial de vivre dans une chambre d'hotel, aussi grande et luxueuse soit elle. Capucine tendit alors la bouteille de whisky à Sloan et sourit doucement. « Je n'allais pas venir les mains vides quand même... » La jeune femme en avait profiter pour lui demander s'il vivait ici. Parce que, tout de même, elle trouvait ça particulièrement peu banal de vivre dans une grande suite d'un hôtel. Peut être que sa famille travaillait là dedans. Enfin, possédait des hotels. Capucine se rendit compte qu'elle ne connaissait pas vraiment bien Sloan et, maintenant qu'elle l'avait en face d'elle, elle avait hâte d'en savoir plus sur lui, devenant même impatiente de lui poser des questions. Enfin, Sloan avait deux chez lui visiblement. La jeune femme sourit légèrement avant de rougir légèrement. Elle sous entendait bien entendu un colocataire et pas une petite amie potentielle mais, tout de même, puis Sloan appuya sa réponse sur un sous entendu, Capucine se sentit un peu satisfaite. Bon, voilà qui laissait la porte ouverte à certaine chose.

Capucine était toujours dans l'entrée et Sloan ne trouva rien de mieux à faire que de se moquer d'elle. Pinçant les lèvres, gênée d'être aussi ridicule, Capucine finit par le rejoindre en ronchonnant. « Ris pas... » Elle fit une moue boudeuse avant de sourire. « C'est vraiment beau chez toi ! » Doucement, Capucine avançait en scrutant les pièces et la décoration. Elle s'arrêta dans l'encadrement de la porte de la cuisine, posant son regard sur Sloan. Elle profita qu'il soit occupé pour le détailler. Ouh, ces petites fesses là. Elle y mettrait bien la main si elle avait du cran. Mais ce n'était pas le cas alors elle se contentait de subir ses bouffées de chaleurs que ses envies lui procuraient. Pour éviter de faire n'importe quoi qui pourrait gâcher la soirée, Capucine retourna dans le salon et soupira doucement en s'avançant vers la fenêtre. Dire qu'à cette heure là, elle devrait être dans la maison familiale avec ses parents, ses grands-parents. Et toute sa famille. Sa mère lui avait confirmé que la neige avait recouvert Londres et qu'elle était triste de ne pas avoir sa fille unique avec elle pour les fêtes. Mais Capucine savait que son avenir était plus important. Et puis, des noël il y en aurait d'autres. Repenser à sa famille la rendit triste et elle sentit les larmes monter à ses yeux, se mordant la lèvre pour ne pas pleurer.

Détachant son regard de la vue nocturne de Boston, Capucine releva ses yeux brillants de larmes vers Sloan, souriant légèrement en l'entendant. Il avait raison mais ça ne faisait que renforcer son mal être. Capucine profita qu'il retourne dans la cuisine pour s'asseoir sur le canapé. Le seau de glaçon semblait avoir un soudain intérêt. Du champagne ? Ah oui, quand il disait prendre soin d'elle, ce n'était pas des paroles en l'air. Et puis quoi après ? Massage et spa ? Capucine ne dirait pas non à tant de soin mais ce serait un peu étrange non ? Enfin, après tout, ils ne se connaissaient pas réellement même si, pour elle, elle le connaissait depuis toujours. C'était comme ça. La jeune femme prit la coupe de champagne et sourit doucement avant d'éclater de rire. « Alors là mon gars, va te falloir des heures et des heures d'entrainement avant de pouvoir me battre tu sais... » Capucine l'observa et sourit doucement avant de cogner sa flute contre la sienne. Elle bu un gorgée de champagne avant de reposer la coupe sur la table basse. « Si j'avais su qu'on boirait du champagne... Je me serais mieux habillée... On peut pas dire que ce soit classe de boire ça avec des Converse. » Même si techniquement, Sloan devait s'en foutre un peu.

Enfin, Capucine posa son regard sur lui puis sourit, un peu gênée. Autant, quand elle l'avait en audio, les conversations passaient un peu plus facilement, ais là, elle avait du mal. Elle avait peur d'être maladroite et de dire une ânerie. Ce qui serait complètement le genre de Capucine. La jeune femme remua un peu ses mains avant de repousser une mèche de cheveux derrière son oreille. « Alors... Hum... Comment ça se fait que toi aussi tu passes les fêtes tout seul ? » Elle n'avait pas envie d'approfondir la question ne sachant pas si la réponse serait bonne ou mauvaise. Peut être qu'il n'avait plus de famille et aucun ami n'avait pu l'intégrer à la fête. La jeune femme se tourna vers Sloan, croisant les jambes. « Si j'avais su, je t'aurais acheté un cadeau mais, malheureusement, je n'ai rien à t'offrir alors... » La demoiselle se dressa et vint contre lui, l'entourant de ses bras. Elle avait cruellement besoin d'un câlin et elle ne trouvé rien de plus ridicule comme excuse pour en faire un à Sloan. Le serrant doucement contre elle, Capucine se sentait un peu rassurée, un peu comme à la maison. Mais elle avait surtout très envie de pleurer. Elle resserra doucement ses bras autour de Sloan et sentit les larmes rouler sur ses joues, lâchant d'une voix cassante. « Excuse moi, je ne suis pas de très bonne compagnie ce soir... Mais j'ai tellement besoin d'un ami. Merci de m'avoir invité... » Doucement -et à regret- Capucine le lâcha et se réinstalla en essuyant doucement ses joues, reniflant. « Voilà, c'est la dernière fois que je pleure. C'est promis ! J'arrête ! On va passer un bon moment maintenant ! » Essayant de se convaincre elle même autant qu'elle voulait montrer sa bonne foi à Sloan, Capucine afficha un large sourire qui se voulait rassurant. Elle voulait arrêter de pleurer et ne pas gâcher le réveillon de Sloan. Alors, il fallait qu'elle se détende et qu'elle soit plus souriante et vivante.

@Sloan Bushnell

CAPUCINE VICKERS & SLOAN BUSHNELL
Le fait que Capucine reste dans l'entrée le faisait sourire, elle était trop mignonne bien qu'un peu réservée à son goût. Après tout, lors de leurs nombreuses conversations audio, elle tenait un discours différents, un peu plus soutenu. Peut-être lui faisait-elle peur. Il l'ignorait mais dans tous cas, il n'allait pas la manger. Même si elle avait un physique plutôt alléchant, il n'allait certainement pas se jeter dessus comme un sauvage. Sloan savait se tenir avec les femmes, il n'avait rien du connard de base qui sautait tout ce qui avait le malheur de bouger. Il respectait énormément la gente féminine et ne se tapait pas la première venue. Il préférait miser sur un bon feeling et une attirance sans faille, ce n'était pas du genre à multiplier les conquêtes juste pour se pavaner devant ses potes. Oh que non, il préférait la qualité à la quantité. Quoiqu'il en soit, il était fraîchement célibataire et cela ne lui faisait absolument pas peur, bien au contraire. Il semblait retrouver une liberté si convoité, en profiter devenait plus que primordiale. Il ne devait rendre des comptes à personne et était simplement libre de ses faits et gestes et cela n'avait pas de prix. Dire que Charline ne lui manquait pas serait un mensonge. Disons simplement qu'il pensait à elle et à la manière dont cette histoire s'était terminée. Il aurait préféré que les choses se passent autrement, il aurait aimé s'épargner au passage. Mais bon, le destin en avait décidé ainsi et s'il avait dû en passer par là pour avancer, c'est qu'il y avait une raison. En temps normal, l'Eliot était plutôt partisan du rationnel, autant là, il s'accordait le droit au doute. Rien n'arrivait pas hasard et s'il avait dû souffrir, il y avait forcément la réponse quelque part. Quoiqu'il en soit, le beau brun lui avoua qu'elle avait le droit de s'approcher de lui, il n'allait pas se jeter dessus comme une sauvage, il lui promettait presque de rester tranquille. La jeune fille s'avança maladroitement, timidement en commentant l'intérieur de sa chambre d'hôtel de luxe. En effet, c'était magnifique mais ce n'était pas vraiment chez lui, il ne faisait qu'occuper cette suite depuis pas mal d'années, c'était tout. « C'est sur, y'a plus désagréable comme décor. » répondit-il en rigolant légèrement. La bouteille de champagne dans les mains, il ne mit pas longtemps avant de faire glisser le bouchon et l'ouvrir d'une main experte. Il connaissait ce geste. Une fois le bouchon enlevé, il servit deux coupes et prit soin de les remplir jusqu'en haut. La soirée s'annonçait captivante mais n'étant pas très bavarde contrairement à lui, Sloan allait avoir besoin d'un petit remontant. Capucine vint rire à sa remarque. Ah, il était content d'avoir mit un peu de gaieté dans son petit cœur meurtri. « Pardon ? Pourquoi tu t'obstine à nier l'évidence ? J'suis plus fort que toi, je te lamine à chaque fois. » lança-t-il à son tour avant de se joindre à son rire. Il la regarda, amusé par tout ça avant de lever son verre et de trinquer avec elle. Les deux coupes de champagnes vinrent s'entrechoquer dans un léger fracas. Le coutume voudrait qu'ils boivent directement après avoir trinqué mais Capucine se mit à lui parler, vraisemblablement à coeur ouvert. Elle s'excusait presque d'être fringuée de la sorte. L'Eliot la regarda de haut en bas avant d'hausser les épaules. « Tu crois que j'suis mieux ? J'ai mis quoi, un bas de survêt' et un t-shirt, c'est la grande classe non plus. Puis ça va, on est entre nous t'inquiète, oubli ça. » lui répondit-il avant de lui faire un petit clin d'oeil. Il apporta sa coupe à la bouche et bu une grosse gorgée directement. Ahh ça faisait du bien de boire un peu de frais là, Albert était vraiment un ange. Lorsque sa gorgée fut avalé, il reposa minutieusement sa coupe sur la table basse et tourna la tête vers la brunette. Cette fille était vraiment intrigante. Elle replaça une mèche de cheveux avant de lui demander pourquoi il passait les fêtes tout seul. Sloan n'avait pas forcément envie de s'étendre sur le sujet, il se contenta de lui répondre sans entrer dans les détails. « Mon beau-père est resté à New York pour affaire, j'me suis dit que ça ne valait pas le coup d'y aller pour quelques heures. Puis j'ai pas forcément envie de fêter noël cette année. » répondit-il sans émettre le moindre émotion dans sa voix. Il restait neutre et assez vague. Quoiqu'il en soit, Capucine dû sentir le malaise puisqu'elle changea rapidement de sujet, embrayant sur sa venue. « Dis pas n'importe quoi. » commença-t-il à répondre avant de froncer les sourcils en la voyant se rapprocher. Que faisait-elle ? Que lui réservait-elle ? Sloan ne comprenait vraiment pas où elle voulait en venir. Il se détendit légèrement lorsqu'il vit la brunette se coller à lui et enrouler ses bras autour de son cou. Machinalement, il vint l'enlacer de ses bras, resserrant tendrement son emprise sur elle. Il ne s'attendait pas vraiment à une telle marque d'affection, surtout de la part d'une inconnue. N'étant pas forcément habitué à un tel élan de douceur, il déglutit en la sentant contre lui et, contre toutes attentes, ferma les yeux. Quelques secondes. Juste le temps d'un court répit, une simple pause dans sa lutte contre lui-même, l'Eliot lâcha prise. Il l'entendit à peine parler et lorsqu'elle se mit à reculer lentement, il ouvrit les yeux et la laissa s'éloigner. Il afficha un sourire compréhensif avant d'effacer l'une de ses larmes à l'aide de son pouce. « Arrête de t'excuser ma biche, c'est normal d'être triste, moi aussi j'suis triste de passer noël tout seul mais dis-toi que tu n'es pas toute seule, j'suis là. » essaya-t-il de la rassurer un peu. Capucine lui affirma alors que c'était la dernière fois qu'elle pleurait, qu'elle allait faire un effort mais ce n'était pas vraiment ce que Sloan lui demandait. Il voulait juste la rassurer et si pour cela, il allait devoir supporter ses larmes toute la soirée, il n'était pas à ça prêt. « Bois un peu de champagne, ça va te détendre ! » lança-t-il en rigolant. Malgré tout, il attrapa sa propre coupe de champagne et en bu deux grosse gorgées. Le jeune homme mit sa coupe devant les yeux pour jauger son contenu avant d'hausser les épaules et la terminer d'une seule traite. Sloan se leva et alla farfouiller dans son meuble télé avant d'en sortir un casque et deux manettes. Sans chercher plus loin, il s'approcha d'elle, et se pencha vers l'avant. Leurs têtes se faisaient assez proches tandis qu'il leva les yeux pour lui enfiler le casque sur la tête et lui tendre l'une des manettes de jeu. « Tiens, t'as l'air plus à l'aise avec ça. » Il vint s'asseoir juste à côté, se collant légèrement contre elle. « J'te mets la dérouillée d'ta vie et après on mange, ça t'va ? » lui demanda-t-il, le sourire jusqu'aux oreilles. Au moins avec ça, Capucine allait peut-être se détendre un peu.

Capucine ne faisait pas partie de ces filles à papa qui avaient tout et trouvaient encore le moyen de se plaindre de leur vie si parfaite. L'argent ne rendait pas heureux non. Mais l'argent ne rendait pas malheureux non plus quand on savait comment s'en servir. Ses parents, bien que riches, lui avaient appris la valeur de l'argent. Ça n'empêchait pas Capucine d'avoir un comportement de petite fille capricieuse parfois. Rags, son chien, en était la preuve. Capucine l'avait vu dans une animalerie, trois mois avant de partir pour Boston. Son père avait été catégorique sur la question d'avoir un animal alors qu'elle devait s'engager dans la médecine. C'était un non ferme et définitif. Définitif ? Pas sûr. Capucine avait pleuré pendant une semaine et avait réussi à faire culpabiliser son père qui avait finit par craquer et lui acheter le chiot. La jeune femme avait été folle de joie et son père, dépité de voir que sa fille avait un tel pouvoir sur lui à son âge. Mais il avait imposé des conditions. Elle devait se concentrer sur ses études sinon, il donnerait le chien à adopter. Et ça, c'était hors de question pour Capucine de laisser son chien à quelqu'un d'autre. L'arrivée de Jorah dans sa vie avait été plus que bénéfique. Le jeune homme était tout aussi amoureux des chiens qu'elle et il l'avait bien aidé entre ses études et s'occuper de son chien. Penser à Jorah maintenant lui creva le cœur et, sans l'oublier, elle le chassa de ses pensées rapidement. Même si elle savait qu'il ne voudrait pas qu'elle s’apitoie sur son sort comme ça et soit malheureuse de son départ, Capucine n'arrivait pas à oublier totalement ces deux années de bonheur qui lui semblaient avoir été un rêve. Sloan était un garçon très sexy. Trop sexy pour Capucine. La jeune femme ne se voyait pas du tout s'afficher au bras d'un garçon comme lui. Il aurait honte d'elle oui. Souriant doucement à son hôte, Capucine secoua son visage, dépitée de sa remarque. « Ah, les mecs et leur égo mal placé hein... »

Même son rire était sexy. Chaque fois qu'il souriait ou riait, Capucine entendait « regarde comme je suis sexy et beau ! » C'en était presque énervant que tout son corps réclamait un câlin et plus. Plus, il y avait longtemps qu'elle n'avait pas voulu plus d'un garçon. Elle aurait du faire un effort vestimentaire. Un peu de maquillage aussi. Et se coiffer. Bref, être une fille quoi. C'est donc tout naturellement que Capucine s'excusa de sa tenue mais Sloan semblait s'en fiche totalement. Le jeune homme parla même de sa propre tenue. Capucine se retint de lui dire que lui, comme ça, il restait particulièrement attirant. Elle se contenta de lâcher un léger sourire amusé, le remerciant presque du regard. Enfin, ils changèrent de conversation. Capucine voulait savoir pourquoi il passait Noël tout seul. Sloan semblait un peu hésiter sur la réponse et Capucine manqua de lui dire de ne pas répondre finalement. C'était peut être douloureux à dire. D'ailleurs, elle n'insista pas sur la réponse évasive de Sloan malgré le fait qu'elle avait très envie de savoir pourquoi il n'avait pas le cœur à fêter Noël. Peut être que c'était grave. Et son comportement était assez triste comme ça. Pas nécessaire d'en rajouter. Alors, Capucine fit quelque chose qu'elle même n'aurait pas soupçonné. Elle se colla contre Sloan pour lui donner un tendre câlin qui finit par la faire pleurer. Mon dieu, pourquoi fallait il qu'elle soit aussi hypersensible ? Rompant rapidement le câlin, Capucine s'excusa encore. C'était malheureux qu'elle en soit là. Elle se sentait faible et ridicule à pleurer de cette manière. La jeune femme laissa Sloan essuyer a joue, essuyant l'autre de sa main. Puis, elle promit de ne plus pleurer. Qu'il s'agissait de la dernière fois. Maintenant, elle allait se prendre en main et profiter à fond de sa soirée avec Sloan. Ce garçon qu'elle rencontrait enfin.

Capucine vida sa coupe de champagne d'une traite. Sloan se leva pour fouiller dans le meuble télé et en sortir deux manettes et un casque. Bien qu'elle comprenait l'utilité des deux manettes, elle ne comprenait pas pourquoi le casque venait s'ajouter à l'équation. Puis, il s'approcha d'elle et se pencha. Oh mon dieu, il était tellement prêt d'elle que Capucine baissa aussitôt les yeux. Impossible de supporter une telle proximité malgré le câlin d'avant. La brunette s'empressa d'arranger le casque d'une main tremblante et maladroite. Elle sentait que ses joues étaient en feu et que, donc, elle rougissait. La réflexion de Sloan la fit pousser de rire. « N'importe quoi... » Capucine baissa doucement le casque autour de son cou. « Et comment je vais t'entendre rager si j'ai le casque hein ? J'adore quand tu rage, tu me fais rire. Et je crois que tu vas exaucer mon vœux de voir ta tête quand tu te fais battre par une fille ! » Capucine se tendit légèrement en le sentant se coller contre elle. Il n'était pas non plus sur elle mais le sentir contre elle suffisait à la rendre un peu mal à l'aise. Mais, elle appréciait vraiment ça. « Je ne comprend pas un traitre mot de ce que tu viens de marmonner... Sauf pour manger ! » Capucine lui tira la langue puis agita la main en direction de l'écran. « C'est pas encore lancé ?? » Elle le taquinait, mais elle savait qu'ils allaient passer un bon moment là. Elle agita ses mains et fit craquer ses doigts, comme si elle s'échauffait. Elle fit mine de faire craquer sa nuque mais ce ne fut pas un franc succès. Elle finit par attraper la manette. « Je vais tellement te battre qu'après ça, tu pourras aller te mettre en PLS dans ton lit et pleurer pour les trois prochains jours !! » Capucine se détendait peu à peu. Elle se mit en tailleur sur le canapé, les yeux rivés sur l'écran, prête à mettre une raclée à Sloan. La jeune femme resta concentrée durant toute la partie, un petit bout de langue coincée entre les lèvres alors qu'elle remuait très vivement ses doigts sur la manette comme si elle était une extension d'elle même.

@Sloan Bushnell