meet the devil
Il n'y a pas plus maladroite que Thylane. C'est toujours celle qui finit par faire tomber une bouteille pleine dans les soirées ou qui lâche malencontreusement son téléphone dans la cuvette des toilettes. Ses potes s'y sont fait à force, mais ce n'est pas la même histoire quand il s'agit d'inconnus. Et puis, comme si ça ne suffisait pas, il ne s'agit pas d'une simple inconnue mais de
cette inconnue là particulièrement. Celle que les yeux de Thylane ont remarqué tant de fois à Harvard. Oh bien d'autres doivent la regarder ! Par jalousie pour certaines. Mais la rivalité féminine n'a jamais été le truc de Thylane. Elle, elle la regarde par admiration... Peut-être... C'est ce qu'elle pense...
« Laisses tomber pour le plateau, payes moi une clope et on sera quittes. » La jeune femme range donc son portefeuille qu'elle s'était apprêtée à sortir en haussant les épaules. Ça l'arrange plutôt bien puisqu'elle avait envie de fumer elle aussi. Thylane reste plantée là un instant, regardant la grande blonde ramasser son plateau, réalisant un peu trop tard qu'elle aurait pu l'aider quand même ! Elle a l'air vraiment étourdie aujourd'hui, peut-être qu'elle ne s'est pas encore totalement remise de la soirée de la veille.
« Tu viens ? » Elle lui adresse un sourire et la suit jusque dehors, sans bousculer personne cette fois. Une fois à l'extérieur, elle redresse un peu son écharpe à son cou. Le froid commence sérieusement à se faire ressentir à cette période de l'année, heureusement qu'elle n'est pas trop frileuse. Elle sort une cigarette de son paquet et la tend à la jeune femme, avant d'allumer la sienne et de lui prêter son briquet.
« Ça remboursera pas ta blouse et ton repas mais bon... Au pire je te dépannerai de quelques clopes si on se croise à Harvard, à la fin de l'année on finira peut-être par être quittes ! » dit-elle d'un ton amusé... avant de se rendre compte qu'elle vient de faire une énorme gourde.
Meeeeeeerde ! Mais t'es coooonne ! T'es pas censée savoir qu'elle est à Harvard ! Elle va me prendre pour une putain de psychopathe qui la traque à la fac ! Elle est à deux doigts de se taper le front, agacée par elle-même et sa maladresse. Puis elle se rend compte que ce n'est finalement pas si grave. Après tout il n'y a rien de mal à avoir mémorisé le visage d'une élève qu'on croise souvent. Ça n'a rien de révélateur, si ? Et puis, depuis quand Thylane prête de l'importance à la façon dont ses paroles sont perçues par les autres ?!
Accueil
Midi, c'est la pause. Ton estomac se manifeste, il serait peut être temps de le nourrir un petit peu. Tu fais que l'oublier ces derniers jours et ça commence à se ressentir sur ta silhouette. T'es devenu bien trop maigre en l'espace d'un mois. Il faut vraiment que t'arrête tes conneries. Tu vas finir par t'envoler à force de jouer les poids plume. Ton image te dégoûte toujours autant et c'est pas en oubliant de t'alimenter que cette vision de toi-même va changer. Tu souffles alors que tu fais la queue pour payer ton déjeuner. La bouffe française te manque. Tu déteste les Etats-Unis et leur bouffe toujours trop grasse. Après ils s'étonnent de tous finir obèses. La blague. T'arrives enfin à la caisse, tu payes ta salade et ta bouteille d'eau. Tu commandes un café que tu boiras plus tard, froid. Tu patientes quelques secondes que la serveuse s'occupe de le préparer et finis par quitter le comptoir pour aller t'installer à une table. Mais t'as pas le temps de t'en trouver une que quelqu'un te fonce dedans. Tu lâches ton déjeuner, surprise. Ton café vient de se renverser sur ta jolie blouse blanche. Putain, tu vas péter les plombs. C'est sûr. Putain de merde ! que tu jures, dans ta langue maternelle. Putain de journée de merde. C'est pas possible. Tu râles dans ta barbe, toujours en français avant de lever les yeux sur la personne qui t'es rentrée dedans. Une fille, elle te regarde bizarrement. T'arrives pas à définir la lueur étrange au fond de ses yeux. Intéressant. Tu te pinces les lèvres et essayes de te montrer un tant soi peut polie : T'as rien de grave ? Si elle se met à râler, c'est sûr tu vas l'ouvrir et lui en mettre plein la tête. Pas sûr que sa blouse coûte un loyer. Contrairement à la tienne.