CAPUCINE VICKERS ► Lily Collins

« Hey Capute, t'aurais pas vu mon escarpin ?? Je ne le trouve plus... » Les yeux rivés sur l'écran de télé qui trônait sur la belle commode en bois, Capucine fit la sourde oreille. Elle était concentrée sur la partie qu'elle venait de lancer, occupée à tuer du zombie comme si sa vraie vie en dépendait. La tornade blonde retournait la chambre de Capucine, comme si elle avait perdu son âme, désemparée. Capucine lâcha un léger soupire agacée, regardant en coin l'espère de folle furieuse qui retournait sa chambre. « Capucine, mon escarpin !!! » Lasse, la jeune femme brune lança un regard vers la pendule sur le mur. 22H30. L'autre pimbêche allait surement en boite de nuit pour racoler des mecs et exhiber sa poitrine pour se faire offrir des verres. Secouant son visage en poussant un léger soupire d'agacement, Capucine finit par se lever. « Je sais pas ce que tu as foutu de ton escarpin mais il est pas dans ma foutue chambre, alors dégage de là ! » La blonde se redressa, les cheveux en pagaille, telle une folle. « T'es cinglée ma pauvre fille !! » Capucine leva les yeux au ciel et haussa les épaules, se foutant de son jugement inutile. La blonde claqua la porte de la chambre de Capucine puis la porte d'entrée après avoir changé de chaussures.

Capucine resta dans sa chambre durant trente minutes, pour s'assurer que sa colocataire n'allait pas revenir. C'est alors qu'elle finit par sortir de sa chambre en soupirant doucement, allant dans la cuisine. En ouvrant la porte du frigo, elle attrapa son lait d'amande mais se rendit compte que la bouteille ne contenait qu'un tout petit fond. Pinçant les lèvres pour ne pas s'énerver, Capucine referma la porte du frigo avant d'aller enfiler une veste et des baskets. Devoir aller à l'épicerie à cette heure ci juste parce que l'autre conne n'est pas capable de terminer une bouteille de lait et de la jeter. Mais surtout de prévenir Capucine. Enfin, la brune se retrouva dehors. Elle était vêtue d'une simple veste de sport, ayant rabattu la capuche sur ses cheveux détachés. Elle n'était pas du tout sexy et s'en fichait pas mal. Son vieux jogging en coton était confortable pour trainer à la maison ou dehors. Et des petites baskets en tissu. Pour qui s'habillerait elle ? Pour qui se coifferait elle. La jeune femme soupira doucement alors qu'elle s'arrêta un court instant pour rouler une cigarette. Qui pouvait deviner sous ce visage fatigué qu'il sommeillait une future médecin légiste ? Capucine soupira doucement avant de reprendre sa marche, fixant le sol pour ne croiser aucun regard.

La jeune étudiante était bien loin d'être timide. Ce n'était pas de la timidité. Elle était sociable avec ceux qui avait réussi à l'approcher, l'apprivoiser. Avec son cercle d'amis. Capucine savait qu'elle devait faire de gros efforts pour aller mieux. Pourtant, le traumatisme de l'attentat et de la perte de Jorah était encore trop présent en elle. Elle soupira doucement pour évacuer la fumée de ses poumons, continuant de marcher. Capucine avait toujours été un brin ermite mais elle avait son cercle d'amis. Les proches de Londres avec qui elle passait son temps à skyper ou à jouer. Pourquoi elle était partie aussi loin ? Pour l'aventure, le prestige. Mais surtout pour marcher dans les pas de l'homme qu'elle admire le plus au monde. Son papa. Sa mère est médecin urgentiste. Son père lui, il est chirurgien réparateur. Il refait les gens qui ont eu de graves accidents. Capucine l'a toujours admiré pour ça. Mais elle, elle n'a pas envie d'avoir des rendez vous pour entendre les malheurs des autres. Elle a préféré se tourner vers la médecin mortuaire, histoire de ne pas trop côtoyer de gens vivants. Et puis, elle sait parfaitement que les gens de son monde sont bien plus là dedans.

Soupirant doucement, Capucine songeait à son enfance. Un monde plein de féérie selon elle. Elle a eu une enfance tout à fait classique bien que particulière. Pour commencer, elle est née à bord d'un vol long courrier New-York/Londres. Officiellement, elle est née à Londres. Sa grand-mère l'avait à charge à l'époque parce qu'ils travaillaient tard. Mais ça ne l'a jamais empêché de les aimer. Ce n'est que lorsqu'elle a eu quatorze ans qu'elle a scellé son destin à Harvard. Elle a travaillé d'arrache-pied pour atteindre son objectif. C'est aussi cette année là qu'elle a décidé qu'elle deviendrait vegan. Couper de la viande d'accord, mais elle n'en mangerait plus. Elle l'avait décidé et personne ne parvint à l'en dissuader.

Capucine est arrivée à Harvard quand elle avait dix-huit ans. En voyant l'immensité de l'université, elle s'est demandée comment elle ferait pour survivre à ça. Elle a passé une semaine à pleurer dans sa chambre parce qu'elle était loin de sa famille. Puis, elle a rencontré Jorah. Son tout premier vrai amour. Ne vous y trompez pas, Capucine n'était déjà plus vierge quand elle l'a rencontré. Mais était tellement bénéfique pour elle qu'elle ne s'imaginait pas qu'il pourrait la laisser. Certes, il n'en a pas fait la demande, mais il l'avait abandonné. Et tout ce qu'il restait de lui, c'était cette jolie bague en argent qu'elle n'arrivait plus à quitter. Jorah avait passé l'arme à gauche depuis presque quatre ans maintenant et Capucine ne s'en remettait pas. Elle était devenue hermétique à toute forme de drague et s'était fermée aux autres. Sauf ses amis proches. À son arrivée à Harvard, Capucine avait prit une colocation mais lorsque Jorah était entré dans sa vie, elle avait rapidement opté pour l'installation chez lui. Et depuis, elle enchaîne les colocations. D'ailleurs, elle avait hâte de quitter l'actuelle. Elle détestait sa colocataire. Son père était fatigué des déménagements incessants de sa fille et avait donc décidé de lui acheter un appartement dans Cambridge pour qu'elle y fasse sa propre colocation. C'était ça où la confrérie. Et hors de question pour Capucine de finir dans une confrérie qui collait des étiquettes ridicules. Il ne lui restait plus que trois jours à tenir avec l'autre folle blonde avant de pouvoir enfin emménager dans son appartement. Et des colocataires, elle en avait choisi deux avec qui elle saurait que ça se passerait bien. Trois petits jours Capucine. Trois....