I'll be always on your side. Always. [Adriannon]

Allongée sur le dos, tu bats frénétiquement tes jambes. Tu t’ennuies. Tu ne sais pas quoi faire. Ton cours de dessin prévu à quatorze heures avait finalement été annulé. Sixtine, petite fille âgée de huit ans, avait apparemment, selon ses parents, attrapé la grippe. Tu avais juste acquiescé au téléphone. Tu n’avais pas cherché à avoir plus de détails. Ce n’était pas dans tes habitudes. Toi qui d’ordinaire demeurais si curieuse. Si indiscrète. Mais pas cette fois-ci. Parce que tu étais constamment ailleurs. Distraite. Tu ne pensais qu’à une seule personne. Sloan. Le mystérieux inconnu de la soirée à la chevelure brune. Il ne cessait de te hanter. D’hanter tes pensées. Tous les soirs. Cet homme dont tu ne connaissais strictement rien. Une fascination. Un magnétisme. Tu ne comprenais pas pourquoi tu restais autant tourmenté par son existence. Lui qui t’avait rembarré. Lui qui par deux fois t’avait envoyé balader. Et pourtant, tu l’avais laissé revenir vers toi. Comme si rien de tout cela ne s’était produit. Clairement, Rhia, tu aimes souffrir. Masochiste tu es. Etant toujours attiré par les enfoirés. En matière de mec, t’avais toujours fait les mauvais choix. T’avais l’impression d’être maudite. Ou qu’une personne lambda t’avait jeté un sort pour t’empêcher de connaitre l’amour. Pour t’empêcher d’être heureuse. Cette fameuse soirée, tu ne cesses d’y repenser. Des rebondissements. Des engueulades. Tant de choses s’étaient passées. Tu n’arrives plus à mettre de l’ordre dans tes pensées. Pas depuis ta rencontre avec cet étranger.

Tu soupires. Tu te roules en boule, sur ton lit. Tu fermes les yeux. Pendant quelques secondes. Tu as sommeil. Cette semaine t’a littéralement fatigué. Physiquement. Mais surtout émotionnellement parlant. Tu dois penser à autre chose. Le fait d’avoir constamment Sloan dans la tête te fait perdre la raison. Tu dois t’aérer l’esprit. Tu caresses une mèche de ta chevelure. Cherchant quelque chose qui pourrait te distraire, t’amuser. Tu n’as pas envie de dessiner. Ni de peindre. Tu attrapes ton portable. Faut que tu voies quelqu’un. Faut que tu trouves quelque chose à faire. Mais qui pourrais-tu déranger ? Le visage étincelant de ta rousse préférée te vient à l’esprit. Puis tu te souviens qu’elle a cours. A cette heure-ci. Et merde. Tu parcoures ta liste de contact. Adriel. Un sourire étincelant barre tes lèvres. Tu constates que votre dernière conversation remonte à une semaine. T’es déçue. Il ne prend même pas la peine de te contacter. Ni prendre de tes nouvelles. Tu vas remédier à ça. Il ne veut pas venir à toi ? Aucun souci. C’est toi qui ira jusqu’à lui. Tu te sens envahie d’une énergie nouvelle, vigoureuse. Tu te sens d’humeur audacieuse et impétueuse. Tu vérifies rapidement que tu es suffisamment potable, remets tes cheveux en place et tu finis par bondir. Prise par surprise. On vient de sonner à ta porte. Tu n’attends personne. Etrange. Tu te précipites pour ouvrir, tombant comme par hasard sur « Adriel » tu murmures. Quand on parle du loup. Tu parles d’une coïncidence. Le destin avait entendu ton appel. Tu en étais certaine. « Tu es vivant » tu ironises gentiment, tes lèvres s’étirant pour laisser place à un sourire étincelant.

Tu te rappelles la toute première fois où ton regard s’est posé sur lui. Un été quelque peu mouvementé. Tumultueux. Trépidant. Tes souvenirs restent graver dans ta mémoire. Inlassablement. Inoubliables. Immortalisés. T’as l’impression qu’il te suffit simplement de fermer les yeux pour revenir à ce moment. Pour revenir à cet été en sa compagnie. Adriel. Ce beau jeune homme à la tignasse brune ébouriffée, au visage d’ange et au sourire ravageur. Un visage ineffaçable. Caressant délicatement le contour de ses traits. Tu t’en souviens de ce geste devenu familier. La nostalgie, l’amertume s’emparent de ton être au moment même où tu poses ton regard dans le sien. Une alchimie indescriptible s’était créée entre vous. Tu pouvais passer des heures à le regarder. Tu pouvais passer des heures en sa compagnie, sans jamais te lasser. C’était comme ça avec Adriel. « Evidemment que je suis vivant. » Tu demeures étonnée. Prise au dépourvu. Surprise. Parce que ce n’est pas dans ses habitudes de se pointer sur le seuil de ta porte. Sans raison. T’es persuadée qu’il a besoin de ton aide. T’as même une petite idée de quoi il est question. Tu restes déçue. Parce que t’es en train de t’imaginer qu’il n’est venu te voir que pour elles. Et non pour toi. Pas parce qu’il était inquiet pour toi. Mais parce qu’il était probablement inquiet pour Margot. Ou même pour Lara. Faire ton égoïste ne te ressemble pas. Mais est-ce mal de réclamer la présence de ton meilleur ami juste pour ta personne ? Tu restes immobile. Stoïque. Perdue dans tes pensées négatives. Jusqu’à ce qu’il te donne enfin les raisons de sa venue. Un sourire rassuré vient naître sur le bord de tes lèvres. Il croise les bras, prenant cet air nonchalant qu’il le caractère tellement bien. « Depuis quand tu me déranges ? Entre. Et tu ne me croiras sûrement pas mais j’étais également en train de penser à toi, avant de m’endormir » tu lui avoues sans retenue, le laissant entrer dans ton humble demeure. Tandis qu’il se déchausse, tu reviens t’installer sur ton lit, ramenant tes genoux contre toi. « Alors, Rhodes, je t’ai manqué ? » tu lui demandes, le regard taquin. Intriguée. Tes sentiments pour lui se sont éteints depuis un certain maintenant. Mais tu ne peux empêcher ton rythme cardiaque de s’emballer. Parce que Rhodes, il reste craquant. « Tu veux boire quelque chose avant de me raconter ta vie ? Parce que te connaissant, ce n’est pas pour moi que tu es venu, je me trompe ? » tu lâches, riant de bon cœur, lui ébouriffant les cheveux au passage. Allez dis-moi mon beau. Parle-moi du choix que tu vas faire. Parce que choisir entre Lara et Margot, c’est juste mission impossible. Alors t’es impatiente de connaître sa décision.  

Tu n’arrives pas vraiment à décrire ta relation avec Adriel. Particulière. Singulière. Ce n’était pas si simple de placer un mot dessus. Pas si simple de la dépeindre. La seule chose pour laquelle tu étais sûre était que sa présence t’apportait toujours une certaine sérénité recherchée. Une quiétude. Un parfait apaisement. Tes yeux recherchent les siens par habitude. Ils sont comblés. Ils l’ont toujours été. Il n’y avait eu aucun sous-entendu lorsque tu lui avais mentionné qu’il était la dernière personne à laquelle tu avais pensé, juste avant de t’endormir. Aucune ambiguïté dans tes propos. Et pourtant sa réponse t’étire un sourire naturel. Spontané. Parce qu’en somme il n’a pas complètement tort. « Tu veux dire c’est le meilleur moyen pour transformer un beau rêve en cauchemar ? tu lâches, le laissant attraper une chaise pour y venir s’asseoir. Nous deux, passant du temps ensemble, ça remonte. Il faudrait vraiment qu’on passe plus de temps ensemble Rhodes. C’est que t’es devenu essentiel à ma vie maintenant » tu le taquines, t’extirpant de tes draps pour répondre à sa requête. Ça te fait penser qu’il a conservé certaines habitudes qu’il avait prises avec toi. Ça te rend nostalgique. Te rendant compte que tu as trop tendance à vivre dans le passé. Ça t’empoisonne. Te rongeant petit à petit. Progressivement. Plongée dans tes pensées, tu lui tends la boisson convoitée, tu t’en ouvres une également et tu viens rejoindre ton lit à nouveau, laissant ton dos rejoindre le mur. Complètement avachie. Prête à l’écouter. Prête à l’entendre et à le conseiller s’il en ressent le besoin. « Et je ne suis pas venu que pour te raconter ma vie. Je veux aussi savoir s'il s'est passé des choses pour toi, si t'as quelque chose à me raconter. » Tu détournes le regard en l’espace de quelques secondes. Ça te traverse l’esprit. Ça te démange. Peut-être qu’il serait temps ? Tu te rends compte que tu ne lui as jamais dit. Pourquoi tu l’as repoussé, à ce moment précis. Moment intense. Moment où vous étiez ne faire qu’un. Et tu as tout ruiné. L’acceptera-t-il ? Comment réagira-t-il ? T’es curieuse maintenant. Tu veux le savoir. « Commençons par moi alors. Euuuh… tu commences par dire, te mordant la lèvre inférieure. Bois Rhia, ça t’aidera. Tu ne sais pas comment t’y prendre. Délicate situation. Je ne sais pas trop comment te l’annoncer. Tu… Tu te rappelles de nous ? Je veux quand on a passé l’été ensemble ? » Tu marques une pause, attendant qu’il comprenne où tu voulais en venir. Tu bois quelques gorgées supplémentaires, pensant subitement que l’alcool t’aidera à te confier plus aisément. « Je te l’ai jamais dit… La raison pour laquelle toi et moi, bah ça s’est jamais fait. Bon… Okay… Nan tu vas rire. Tu promets de ne pas rire hein ? Ou de te mettre en colère ? Ou de mal réagir ? Juste réagis bien okay ? Bon… » Tu inspires. Tu expires. « En fait, si j’ai refusé de coucher avec toi cette fois-là, c’est tout simplement parce que je suis… Amish… » tu murmures dans un souffle, plantant un regard inquiet dans le sien. « Ah peut-être que tu sais pas ce que c’est. Tu imagines euh une sorte de communauté religieuse tu vois ? C’est pas une secte hein ! Va pas croire que j’ai été robotisée ! » tu enchaines, ne le laissant pas le temps de répondre, trop inquiète à l’idée qu’il puisse très mal réagir. « Bon et sinon, on s’en fiche de moi hein ? Alors, Lara ? Margot ? T’as fait ton choix ? »