JAMES THOMAS LORNGREY ► cillian murphy

Avez-vous étudié à Harvard ?
Mon premier choix fut Yale. Durant la totalité de mon adolescence, je me voyais gambader dans les couloirs de cette université. Cependant, je n’avais pas eu le choix car mes parents passaient la moitié du temps à aider financièrement Harvard à s’améliorer, étant anciens étudiants là-bas et selon eux, il était normal que je fasse les mêmes études qu’eux au même endroit.

Je n’aimais pas Harvard, ses environs, son ambiance prestigieuse (bien que Yale l’était mais il y avait quelque chose de plus… authentique), ses professeurs snobs. Ma première année fut un enfer, j’étudiais le droit, que je haïssais (je me voyais chirurgien, après tout) et la suivante, eh bien, j’avais plutôt aimé. Peut-être était-ce les cours qui me plaisaient de plus en plus ? Ou alors, m’étais-je habitué ? Sûrement.

J’étais dans la maison Dunster (quoi de plus normal, j’étais plus le type qui préférait étudier dans son coin). Certains voulaient que je rejoigne la maison Eliot mais ma petite haine pour les snobs refusa cette proposition. Après 8 ans d’études, j’obtins le statut d’avocat.

Mes parents furent très fiers, ils me voyaient déjà dans une agence de « luxe », à défendre des criminels (souvent des gens corrompus…) et évidemment, cela ne me plaisait pas. Bien entendu, j’étais un adulte et je faisais ce que je voulais, je n’étais vraiment plus le gosse qui suivait les ordres de ses parents à la lettre. C’est ainsi que je devins professeur de droit à Harvard…

QU'EST-CE QUI A VOUS A POUSSÉ À ENSEIGNER À HARVARD ?
Je m’étais tellement habitué à étudier à Harvard que changer d’environnement ne m’était pas du tout possible. C’était devenu ma deuxième maison, une sorte de refuge face aux quatre murs de mon appartement à Boston. Devenir professeur était un brin difficile car je n’avais pas un caractère très pédagogique ni super enthousiaste, ce qui dérangeait quand même certains élèves qui s’attendaient probablement à voir que des professeurs cool.

Mais c’était soit devenir avocat et défendre des personnes qui méritaient d’aller en prison, soit être professeur. Les autres choix me semblaient bien trop ennuyants, car effectivement, Harvard ne me laissait pas indifférent : chaque année, quelque chose se passait et secouait l’université, et chaque année, j’étais spectateur.

story of my life

Je n’ai jamais vraiment aimé le fait d’être un enfant de parents riches. Ce n’était pas si bien. D’accord, à Noël quand on est gosse, c’est un peu le rêve, on a des cadeaux un peu partout. Mais une fois en grandissant, on se rend compte que la richesse c’est bien, c’est cool, mais après un certain temps, ça ne remplace pas l’amour que peut donner des parents. Ces derniers, tout le temps absents, me laissaient avec la nounou… ou plutôt, gouvernante. Je ne l’aimais pas, elle et sa tête de caniche écrasé. Toujours à me donner des ordres, à me dire d’être droit comme un piquet, à me hurler dessus (d’ailleurs, je comprenais que la moitié, c’était une allemande).

Cependant, j’avais toujours vécu une vie banale. Pas de traumatismes, juste une vieille folle qui essayait de me corriger. Je n’étais pas si rebelle, c’était juste que je n’étais pas parfait aux yeux de mes géniteurs. Je n’avais pas cette vision des choses qu’eux avaient « les pauvres sont des délinquants qui ne foutent rien et les riches sont les maîtres », c’est ce que disait ma mère. Je n’entretenais pas des relations exceptionnelles avec elle, mais c’était moins tendu que mon père.

Adolescent, je n’avais jamais eu de crise. Mais, j’étais bien trop sarcastique selon ma gouvernante (d’ailleurs, j’étais certain que c’était une sorcière qui ne vieillissait jamais, celle-là), bien trop froid, bien trop renfermé et la liste continuait. J’étais cet ado qui restait au fond de la classe, à ne pas sociabiliser et à faire la mine flegmatique. Certains essayaient de me soudoyer pour que je fasse leurs devoirs à leur place, vu que j’avais l’étiquette de « l’intello », sauf que je n’étais pas une victime. Apparemment, je faisais même peur. Je n’étais pas si intimidant, quand même… ?

Des années plus tard, me voilà professeur de droit, un métier où je ne me voyais pas du tout… mais ça me plaît.

(Invité)