what a wonderful world ▶ annalynne

what a wonderful world
ANNALYNNE X ELEANOR.

En ce samedi après-midi ensoleillé, la tentation de me balader dans les rues piétonnes de Boston avait été trop grande. J'avais d'ailleurs décliné une séance de yoga avec l'un de mes collègues pour flâner dans les rues. Sans parler que le yoga n'était vraiment pas mon sport fétiche et que mon collègue était un gros loser machiste, du genre à servir de punching-ball quand on en avait le plus besoin. Troquant donc mes fidèles escarpins pour une paire de mocassins vernis, j'avais (encore) effectué quelques achats compulsifs avant de m'accorder une pause douceur bien méritée : direction Pinkberry. L'établissement était d'ailleurs ouvert en plein air et quelques tables et chaises avaient été disposés le long du trottoir, ce qui me laissait penser que j'allais forcément y rester. Je passais très souvent dans ce coin mais je n'avais jamais pensé à m'y poser pour bouquiner ou travailler. Pensive, je finis par franchir le pas de la porte avant de me positionner derrière les personnes déjà présentes pour passer commande. La file d'attente n'était pas spécialement importante, ce qui me laissa le temps de la réflexion pour mon dessert. Quelques minutes défilèrent et je fis enfin face à l'un des serveurs « Bonjour ! Je vais en prendre un à la passion avec topping ananas, mangue et pépites de chocolat s'il vous plaît. Oh et rajoutez un nappage chocolat. Merci ! » J'esquissais mon plus beau sourire tandis que le serveur s'activait déjà pour préparer mon dessert, tout en m'invitant à payer. Non, je n'avais pas les yeux plus gros que le ventre. Je mangeais comme quatre et ce n'est pas un yaourt glacé avec de ridicules morceaux de fruits qui allaient me rassasier. Je finis par régler ma commande, pris mon ticket de caisse et attendis patiemment que mon dessert glacé ne me soit servi. Une fois chose faite, j'agrippais le pot pour venir me poser à une table, plein soleil certes, mais cachée en partie par l'ombre d'une façade d'un bâtiment. J'ouvris mon sac pour en ressortir mon ô combien précieux carnet rouge où toutes mes idées, rédaction d'articles ou commentaires divers y étaient inscrits. Tandis que d'autres allaient profiter de leur après-midi pour s'amuser entre amis, sortir dans des bars branchés de la ville ou assister à des concerts, j'allais passer la mienne à rédiger un article 'passionnant' sur une ancienne héritière déchue, article que j'avais laissé traîné pendant des lustres, faute de plus amples informations. J'avais déjà commencé à rédiger quelques pages, des notes hautement alléchantes sur le caractère bien trempé de la brunette en question, et à y regarder de plus près, ce n'était pas franchement reluisant. Je me penchais un peu plus au-dessus du calepin afin d'y voir de plus près ce que j'avais pu griffonner lors de notre dernière entrevue, farfouillant également dans les autres pages à la recherche d'informations supplémentaires... lorsque le drame se produit. Mon yaourt aussi délicieux soit-il et que je n'avais pas encore eu le plaisir de goûter, s'écrasa sur les pages noircies d'appréciations. « Putain de... merde ! » lâchais-je, tout en finesse et en élégance. Je n'étais pas en panique mais pas loin, alors que je remis d'aplomb le pot glacé tout en débutant la délicate tâche du nettoyage puisqu'il fallait bien rattraper ma connerie. Comme je n'étais pas habile de mes mains, les traces de crème glacée et de chocolat s'étalèrent encore plus et l'une de mes pages étaient définitivement foutues. Je pouvais dire adieu à l'article que je comptais faire sur Annalynne. Mais tout de même, quelle imbécile je pouvais faire.

@Annalynne Malcolm

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ANNALYNNE X ELEANOR.

Les couvertures de magazines mettant en scène Alan et ses nombreuses conquêtes n'ont pas arrêtés de valser devant mes yeux depuis juillet dernier, et c'est bien pour cette raison première que j'avais contacté Eleanor, la première fois. Je voulais donner ma version des faits, redorer mon blason, celui la même que mon père s'était évertué à effacer. Je voulais oui … en amont prouver que même si c'est en reine des glaces qu'on m'a toujours présentée c'était par amour que mes actes avaient été dicté. C'était sans penser à quel point mon âme était aliénée, sans envisager une seule seconde que Clay pourrait lui aussi me désillusionner. Alors j'ai envisagé d'annuler, de l'appeler pour lui dire que finalement cet article était une mauvaise idée, mais je ne saurai même pas dire ce qui m'a convaincu, peut-être la haine et la rancune. L'espoir encore plus présent qu'avant de voir Annalynne Malcolm retrouver ses rangs. Parce que quoi que mon père puisse en dire, Omnicom se doit de m'appartenir. Parce que je n'ai plus rien et que je ne dois m'en prendre qu'à moi, colère contre Clay transformée en une haine envers ma personne qui a cru un jour bon qu'aimer pouvait apporter quelque chose qui ne soit pas mauvais. Jamais je n'aurai cru, un jour, à ce point me fourvoyer. J'étais d'un ridicule que ça en est à gerber.

Et j'ai calé mon fils dans sa poussette, quand je suis sortie de voiture, je l'ai emmitouflé pour ne pas le voir être agressé par le froid que début décembre a amené, et ai caressé son visage de deux doigts, cette peau qui rappelle la mienne et sur laquelle se trouve les traits de celui qui a causé cette déchéance presque mortelle. Le rendez-vous a été donné dans ce qui s'apparente à un bar à yaourt, l'un des endroits que je n'aurai jamais foulé avant cela, mais après tout pourquoi pas. Quelques minutes encore et je passe l'entrée de la terrasse du lien de notre rendez-vous, et les discussions joyeuses ambiantes accompagnant mes gestes et n'en finissent pas de me refiler la nausée. Les mains crispées sur les poignets qui guident les roues selon mes désirs, j'aperçois rapidement Eleanor du regard, se débattre avec une giclée de ce qui ressemble pour le coup à une mixture dégueulasse que je ne me verrai sûrement pas ingurgiter. Arrivée à son hauteur le seul mot qui passe mes lèvres reste « Empotée. » Il y a peut-être mieux, je le sais, pour s'annoncer. Mais j'ai égaré mon peu de douceur au moment même où il a piétiné mon coeur.

@Eleanor S.-Brimsey :fear: excuse le temps de réponse.