You finally come back my old friend ♣ Lawrence (FB)

Aux sentiments amoureux ? Tu restes un instant perplexe. Ce mot glissant entre les lèvres de ton ami, tu ne l'avait plus jamais employé depuis la mort d'Anna. Encore moins pour te qualifier toi-même. Pas un seul instant tu avais tenté de poser un mot, un adjectif sur les sentiments que tu éprouves pour Ellie. « Amoureux » était peut-être un peu fort, ou en tout cas, ça te faisait tiquer d'entendre cela. Dubitatif, ton regard se perd dans ton assiette pendant que ton écoute est toujours concentrée sur la suite des propos de Lawrence. Lorsqu'il te taquine sur l'occupation de ta confession, tu sors de tes rêves pour lui adresser un rire amical. « Malheureusement, je n'ai pas choisi son métier ... » ris-tu en sa direction, ton verre entre les doigts, « … parce que je t'avoue que je la trouve déjà très intrusive. Mais je dois aimer ça visiblement ». Tu es loin, très loin de te douter que Lawrie connaît cette tignasse blonde qui trotte dans ta tête depuis un long moment déjà. « Pour me confesser encore un peu plus ... » tu prends un air faussement cérémonieux, comme si tu allais avouer l'inavouable, « … je crois que j'ai une terrible obsession pour les jolies blondes » lances-tu finalement avant de rire une fois de plus. L'écossais est une des seules personnes avec qui tu te permets de rire ainsi, et ça fait du bien.
Ta main quittant à peine son épaule, Lawrence brise les espoirs que tu avais placés en lui. Bon, tant pis. Au moins il aura franchit le cap de la nuit avec une jeune créature, on ne peut pas tout faire d'un seul coup, tu le conçois. « Tu finiras par trouver quelqu'un, sinon je vais être obligé de panser tes blessures jusqu'à tes vieux jours » lui réponds-tu avec un amusement qu'à moitié dissimulé. Tes derniers mots ne constituaient absolument pas un reproche et Lawrie ne le savait que trop bien. Tu bois une gorgée de ce vin avant de te tourner vers l'écossais, « mis à part les aventures, tu n'as véritablement personne ? Je suis le seul à languir du visage d'une jolie femme ? ». 
 

Intéressant. Personnellement je n'appréciais pas ce trait de caractère : intrusif. Les gens qui ne se mêlaient pas de leurs affaires m'horripilaient, mais sans doute était-ce l'une des principales raisons qui faisait de moi un bon agent et qui rendait ma solitude d'autant plus suspicieuse aux yeux de certains au point que Lily-Rose elle-même me l'avait reprochée. La conversation se poursuit, sa « confession », terme qui me fait immédiatement sourire car je n'ai rien d'un prêtre même s'il m'arrive parfois de faire le travail du seigneur à sa place, m'oblige à le guetter d'un œil avant de pouffer dans ma barbe naissante. « Je ne t'en veux pas tu sais. Au moins ne serons-nous jamais en compétition sur ce point. » lâchais-je à mon tour en riant. « Pour ma part, mon obsession touche plutôt aux rousses. » Allez savoir si c'était un trait de famille d'ailleurs, je n'y avais jamais songé jusqu'à ce soir, mais ma mère était elle-même rousse. Peut-être y avait-il du lien psychologique subconscient et oedipien là-dessous. Quoiqu'il en soit, en apprenant la teinte capillaire de sa nouvelle conquête, mes soupçons deviennent de plus en plus nets quant à l'identité de cette journaliste. J'espérais seulement me tromper. « Et...est-ce qu'elle a un nom cette fille qui te fait perdre le sens des réalités terrestres ? » Juste son nom me dirait si j'avais vu juste ou pas, à ce stade.

« Oh, moi qui pensais que mes visites nocturnes te faisaient plaisir ! » le taquinais-je ensuite en plissant le front. Sa dernière question me fait hésiter. Non pas sur la confiance que je plaçais en lui, certes jamais, mais sur ma propre confusion concernant la jeune femme dont il était question. Je ne savais toujours pas comment m'y prendre : si je devais fuir mes sentiments ou leur donner libre court. « Il y a effectivement une jeune femme qui me plaît. » finis-je par admettre dans un long soupir comme si cela me coûtait de le reconnaître. « Sauf qu'entre nous c'est...compliqué. Je l'ai connue enfant, étant donné que son père et moi sommes des amis de longue date et je...enfin tu imagines...elle n'a que vingt-quatre ans et moi j'en ai seize de plus... » soufflais-je en passant une main sur mon visage, l'air tourmenté.