Cooler than me
Nous vivons dans un monde de fou. Même de notre tour d'ivoir à nous, les personnes les plus puissantes de ce monde, nous le savons. Il y a des fusillades, des tueries, il y a la guerre et les massacres. L'homme avec un H majuscule est un monstre qui essaye tant bien que mal de se civiliser. Alors les gens pour se sentir en sécurité ont tous des techniques : des gardes du corps pour les gens comme moi, des armes pour une fille comme elle, une femme de l'est, des pays froid. A vrai dire, avoir une arme ne m'est jamais venu à l'esprit, je n'en avais pas le sentiment d'en avoir besoin. Ce n'est pas dans ma culture mais si elle, ça peut la rassurer ... Après tout, moi je vis bien dans une forteresse quand Cole n'est pas décidé à me foutre dehors. Je vis dans une forteresse surprotégé, avec un tas de sécurité pour être sûr de ne jamais me faire prendre dans mon sommeil, si elle avoir une arme sous son oreiller l'aide, c'est une bonne chose non ? Sa réponse me provoque un haussement d'épaule, elle a pas tord, en général, il faut compter sur soit, pas sur les autres.
Tu as pas tord ... Mais c'est fatiguant parfois de ne pouvoir compter que sur soit même ... Ouais ... On se sent seul dans ce monde si on se renferme. Je le sais, je l'ai vécu à la disparition d'Arthur ... J'étais entouré mais terriblement seul et sans espoir.
Je sais qu'on ne se connait pas encore bien, mais si un jour t'es fatiguée d'être seule, je serai là. Ca fait du bien parfois, d'avoir quelqu'un. un sourire que je lui adresse pour ponctué ma phrase et essayer de rendre le sujet lourd de cette fusillade plus léger.. Elle a de quoi en être traumatisé, je revois encore les gens au sol ... Il y a eu un moment où ça m'empêchait de dormir et pour être honnête maintenant, je suis tellement habitué qu'on peut dire de moi que je suis un insomniaque à temps pleins. Je ne dors que peu, c'est ereintant mais je m'occupe, devant des documentaires ou du travail, dormir, c'est surfait de toutes façons. Et puis viens la première détonnation alors que j'ai l'arme en main et j'en suis tout retourné, c'est terrifiant et en même temps, tellement rassurant ... Je me tourne vers elle, avec de grand yeux, après avoir posé l'arme près de moi et écoute ses paroles. Sans avoir vécu ce qu'elle a vécu, je comprends. Et pour la première fois depuis longtemps d'ailleurs, je compati même à sa douleur. Mon regard est posé sur elle et j'écoute ce qu'elle me dit, genre vraiment, c'est pas mon genre, je vous assure, je me reconnais pas moi même..
Je comprends ... je peux imaginer sa souffrance, Arthur personne ne lui a tiré dessus et il était bien là, mais on me l'a arraché, un peu comme un a arraché ce petit être en elle, on l'a dépouillé d'une partie d'elle comme Arthur était une partie de moi. Aussi étonant que ça puisse parraitre, je comprends ... Je finis par déclarer, pour détendre un peu l'ambiance
On devrait prévenir tes potentiels énemies, parce que si ils approchent, tu vas leur botter le cul, j'aurai presque pitié pour eux. Ouais, elle leur foutrait une déculotté, c'est certain. Me tournant vers l'endroit où j'ai tiré, je constate que niveau précision, c'est pas encore ça pour moi.
Pour ma part, on leur dira qu'ils ne devraient pas avancer, parce qu'ils seraient pas sûrs de sortir vivant. Oui, en voulant tirer dans leur genou, je pourrai viser la tête quoi ... J'ai encore du travail.
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Je manque de pouffer de rire à la remarque d'Abélard. Un garde du corps ? Sait-il combien y en avait-il au mariage de mon père ? Ils étaient des dizaines, armés jusqu'aux dents, préparés. Ils savaient plus ou moins à quoi s'attendre, ils avaient été entraînés pour ça. Garder l'assemblée à l'abris, nous protéger, empêcher quiconque de non-autorisé d'entrer. Et pourtant, ils n'ont pas réussi à bloquer les hommes de la mafia russe. Ces derniers sont entrés dans la salle de réception, comme on entre dans une église. C'était du gâteau. Les gardes du corps, ils étaient plus nombreux, et pourtant ils ont été neutralisés comme de vulgaires poupées de chiffon. Des poupées qui ne m'ont pas protégée comme elles auraient du. Qui n'ont pas pu me faire éviter une balle, puis un séjour à l'hôpital, sans compter la perte de l'enfant que j'allais avoir. Et en ayant failli à cette tâche, ils ont provoqué d'autres choses. Le départ de Misha par exemple. Misha qui n'a pas supporté tout ce qui nous était arrivé. Ou du moins, c'est comme ça que je l’interprète car il n'a pas daigné me donner la moindre explication. Sauf dernièrement un "j'ai déconné". Ou quelque chose dans le style. Je connais Misha depuis que je suis gamine. Je sais qu'il est fragile. Qu'il peut partir au quart de tour pour trois fois rien. Mais j'aurais cru que pour moi, il aurait pris sur lui et serait resté pour m'épauler. Me protéger. « On ne peut compter que sur soi-même. » que je lui réponds, la voix teintée de détermination. C'est cela. Je suis la seule personne en qui j'ai suffisamment confiance pour me protéger et prendre soin de moi à présent. L'offre d'Abélard est touchante, mais il n'a pas encore conscience de ce que j'ai pu traverser. Il n'était pas là au mariage. Il ne se réveille pas chaque nuit en sursaut de peur d'avoir entendu un bruit suspect dans l'appartement. Le bruit d'un homme armé qui viendrait me prendre dans mon sommeil pour faire du mal à mon père. Parfois, quand je marche dans la rue, je me retournes, persuadée d'être suivie. J'ose plus rester seule dans un endroit excentré. Rien que d'être dans ce parc, seule avec Abélard, et de repenser à tout cela, accélère mon coeur. Et si ? Et si quelqu'un nous avais suivit, nous voulait du mal ? C'est là qu'entre en jeu l'intérêt d'avoir une arme. Comme je l'ai dit, on ne peut compter que sur soi-même. Alors je me dis que cela ne pourrait pas faire de mal à Abé d'apprendre à tirer. J'ai cru comprendre que chez lui, les armes ne sont pas en libre service, accessibles à tous. C'est un autre culture. Je n'ai pas envie de faire de lui un meurtrier, mon intention était bonne. Simplement lui donner l'occasion de se défouler. Sentir la puissance que l'on ressens en appuyant sur la gâchette. Alors je me recule, pour lui laisser vivre l'instant. Il finit par tirer et je souris en voyant l'expression d'étonnement qu'il a sur le visage. Cela fait toujours quelque chose. Mais sa phrase fait disparaître mon sourire. « Tu sais, c'est pas tant pour la sensation. Je ... On m'a tiré dessus au mariage de mon père. J'ai eu de la chance, je suis toujours en vie. » je commence à lui expliquer. J'ai encore jamais eu l'occasion de parler clairement de ce qu'il s'était passé ce soir là. Avec personne. Pas même avec Misha. On préférait rester silencieux, car on savait déjà tout. Peut-être aurions-nous mieux fait de communiquer. « Mon bébé lui a eu moins de chance. » je dis en passant ma main sur mon ventre d'un air mélancolique. Touchant ma cicatrice à travers mon t-shirt. « Je laisserais plus jamais quelqu'un me faire ça. » je conclus, le regard grave. Je suis une Petrova, je suis une battante. Je prends ma vie en main et je suis armée face au monde.
