A. REAGAN GALLAGHER ► lili reinhart

Assise, seule, mal à l'aise. ça se voit, ça se remarque. à ses gestes incertains, à jambe qui tremble alors que l'attente se fait de plus en plus longue, à ses ongles qu'elle commence à ronger. "Gallagher !" sursaut, relève la tête, attrape son sac au sol et se relève à son tour. "C'est moi." hésitante mais pas tellement. Essaie d'être sûre d'elle, de montrer qu'elle a de la force de caractère, mais on arrive à pas grand chose quand on est encore qu'une enfant. Suit la femme en question, s'assoit dans le bureau géant, pose ses affaires. Regarde autour, et on y trouve les choses plutôt banales d'un bureau comme un cadre photo avec des enfants ou bien des petits bibelots inutiles. La femme demande la raison de sa venue, et elle lui explique qu'elle a juste besoin de parler, que ces parents lui ont conseillés de venir et que c'était une démarche qu'elle avait besoin de faire seule. Respire un instant, et commence à raconter son histoire. L'histoire du 10 Octobre, et l'enfer qu'elle vit depuis. L'enfer depuis plus d'un an, l'enfer qu'elle endure, que personne ne voudrait vivre. Elle raconte, mais pas tant que ça. Après à peine cinq minutes d'histoire, la psychologue lui demande de quitter les lieux. "Vous savez ce que votre histoire à fait à ma famille ?" oh vous n'êtes pas la seule famille à qui cela fait du tord, vous n'êtes pas les seuls à en souffrir, mais je comprends votre peine. Malgré ses mots, c'est la sortie qui s'est présentée à Anaé.

Cleveland, Ohio. Là où elle a grandit, là où elle a fait ses premiers pas, dis ses premiers mots, trouve ses premiers copains. Toutes ses premières fois dans cette unique ville, elle ne pensera jamais à la quitter, trop d'amis, trop d'amants, de souvenirs et pas que passé mais aussi futur. Cleveland c'est la ville où elle appartient. Elle rêve d'un voyage en Angleterre, y faire un peu de musique, rencontrer des passionnés comme elle et puis revenir. Elle rêve de grandes choses, ses parents aussi. Ils rêvent d'université, elle se dit que quitte à y aller, autant que ce soit à Harvard. Enfance heureuse, sans détails. Famille de deux enfants, parents non divorcés malgré quelques problèmes et quelques disputes, un grand frère protecteur et présent, passionné par le dessin, les jeux vidéos et la 3D. Ce midi, ils vont manger ensemble au petit restaurant Mexicain qu'ils adorent, elle a 14 ans il en a 17, et il adore l'emmener là bas, surtout quand la veille les parents se sont disputés. ça lui fait oublier, à Anaé, qu'elle a des parents qui ne se parlent plus, qui ne discutent plus, qui s'oublient et oublient l'amour qu'ils se portent. Ils ne restent ensemble que pour les enfants, et tout le monde le sait, ô combien même ils souhaitent mentir. Ils économisent pour les études d'Anaé, ambitieuse, prête à manger le monde pour cette université. Alors ce midi là, ce midi du 10 octobre elle est là et l'attends devant ce restaurant. Ce midi là, il ne viendra pas. Il ne reviendra jamais.

Paniquée, elle l'a appelé, laissé des messages sur le répondeur et puis a appelé les parents. Elle attendait sagement, sans se douter de la chose qui se produisait à l'heure où elle attendait que son frère vienne la rejoindre. Elle a attendu, une heure, et puis quelques minutes de plus mais elle savait que ça n'allait pas. Il n'était jamais en retard, c'était même le genre à être en avance. La folie était dans toute la ville, passait sur tous les écrans, pendant qu'elle n'imaginait pas un quart de ce qu'il en était. Jusqu'à ce que ses parents lui demande de rentrer, lui dise qu'il ne reviendra pas, qu'il est mort, là, dans cette fusillade.

Douze victimes au total dans ce lycée, à Cleveland, Ohio. Huit étudiants, deux policiers et deux professeurs. Huit étudiants dont Owen Gallagher, enfant passionné de dessin, de jeux vidéos et de 3D, laissant derrière lui une famille brisée, des parents qui divorcent et une sœur dans l'incompréhension et dans l'enfer. Elle était regardé de travers, dévisagée, on murmurait des choses sur son passage, on l'évitait, on se méfiait. Elle n'était pas une adolescente en deuil, elle n'était pas une enfant qui a perdu un proche, elle était la sœur d'un meurtrier. Ce midi là, son frère a fait onze victimes au total. Sept étudiants, deux policiers et deux professeurs, avant de se donner la mort.

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