SLOAGE • " N'oublie jamais. "

t'arrive pas à dormir ce soir, trop d'chose te travaille, t'as mal à la tête à force de réfléchir. Cette histoire avec Caleb, l'altercation que t'as eu avec Az', t'as encore mal aux côtes parce qu'elle est petite la garce mais elle fait mal quand elle veut. tu t'es retrouvé au poste à cause d'elle, ta relation avec Alex va sûrement se dégrader aussi après ça et surtout vu le message qu'il t'as envoyé hier.. ça te reste en travers de la gorge, t'as du mal à l'avaler et si t'en viens à la recroiser tu sais pas si t'arrivera à te contenir. le mensonge de Darwin avait prit trop de proportions, trop de répercussions, t'as payé pour rien, pour des actes que t'as même pas commis et cette histoire à du mal à se tasser. sûrement de ta faute, sûrement que t'as raviver le feu avec la baston avec Az', p'tetre que tu l'as cherché au final.. t'en sais rien, tout c'que tu sais c'est que t'as envie de fumer mais que t'as plus rien, t'es à sec en c'moment alors la seule personne que t'as envie de voir c'est Sloan. tu sais pas pourquoi, tu sais pas c'qui te prend mais t'as besoin d'te retrouver avec lui. il te manque bordel, il te manque mais c'est dur de reconstruire sur un passé douloureux. c'est la première personne pour qui t'as eu des sentiments, c'est la première personne en qui t'as eu confiance.. c'est fou quand on y repense. tu marches dans l'obscurité d'une nuit peu étoilée, une clope au bec, ton portable entre les mains pour le prévenir que t'était là. tu lui a donné rendez-vous derrière l'église, ouais, tu prends tes précautions avec les tensions qu'il y a entre nos deux maisons, plus le fait qu'ils ont des soupçons sur lui et la drogue.. t'as pas envie qu'il se fasse griller par ta faute, alors vous vous faites discrets. tu tires une dernière latte sur ta cigarette avant de la jeter à tes pieds quand tu sens des mains se poser sur tes hanches, tu fais un bond en avant. - Putain ! T'es con bordel !! que tu dis le souffle coupé, la main sur ta poitrine comme pour calmer les battements de ton coeur qui tambourinent. tu expires doucement, t'approchant de lui doucement pour le prendre dans tes bras. - Tu m'as manqué.. putain c'que tes mots sonnaient trop vrais, trop sincère. comme une libération quand tu oses enfin les prononcer au creux de son oreille. tu te détache lentement, reculant de quelques pas en arrière. - Tu vas bien depuis ? que tu demandes en mettant tes mains dans tes poches. t'as que très peu de souvenir de votre dernière soirée, trop d'alcool dans le sang, t'as quelques fragments du moment où il a ruiné ta robe surtout.

Les yeux grands ouverts, Sloan fixait le plafond de sa chambre d'hôtel. Même s'il vivait en colocation avec la petite soeur Granger depuis plus d'un mois, il avait encore besoin de sa solitude. Changer toutes ses habitudes d'un coup n'était pas bon pour un bipolaire comme lui. Beaucoup de choses avaient changés ces derniers temps et il avait besoin de retrouver un minimum de repères, aussi infimes soient-ils. Ce sentiments d'insécurité ne le quittait pas mais trop fier pour l'admettre, il gardait ça pour lui, bien enfoui avec sa double personnalité qui ne demandait qu'à exploser à chaque seconde. La décès de sa mère qu'il n'admettait toujours pas, le harcèlement de son beau-père, la rupture et le départ prématuré de Charline. Tout ceci étaient des événements qui l'atteignaient de plein fouet, il en perdait le sommeil. L'Eliot cligna difficilement des yeux, cherchant désespérément les bras de Morphée. Il n'y arrivait pas, ses pensées allaient dans tous les sens et il était incapable d'y mettre un peu d'ordre. Il était relativement tôt ce soir, il n'avait pas forcément envie de traîner, sa fatigue le rongeait à petit feu. Son visage était meurtri et ses traits assez tirés, il avait besoin de sommeil et il fallait clairement être aveugle pour ne pas s'en apercevoir. Le silence régnait en maître dans sa suite d'hôtel, rendant ses pensées encore plus intenses. Alors qu'il se perdait dans son esprit chaotique, une lumière blanche le sortit de son état somnolant. Sloan tourna la tête avant de se pencher sur le côté pour attraper son portable. Sage. La Mather lui envoya un message lui demandant de venir au plus vite. Cette fille avait besoin de ses services et, aussi étrange que cela puisse paraître, il n'hésita pas une seule seconde avant d'y aller. Il se leva difficilement du lit et se traîna jusqu'à la salle de bain où il enfila un jean ainsi qu'un sweat à capuche. Pas besoin de mettre de t-shirt, nan il était plus fort que la nature celui-là, plus fort que le froid lui-même. Après tout, une bonne dose de vent glacial le réveillera peut-être. Le jeune homme ouvrit sa commode et tapota sur les côtés pour ouvrir sa cachette secrète. Il prit de quoi fumer en quantité suffisante et fourra la moitié dans sa poche de sweat et l'autre moitié dans son caleçon, c'était un vieux réflexe. Sloan mit des baskets et descendit calmement de sa chambre d'hôtel. Il prit l'ascenseur jusqu'au sous-sol où il vint rejoindre sa voiture. Il grimpa dedans et sortit du parking direction la localisation indiquée par Sage. Il gara son bolide sur le parking de l'église et, comme à son habitude, ne vint même pas s'inquiéter de l'endroit où il se trouvait. Une église, normal Sloan. Cela ne semblait pas l'inquiéter plus que ça. La Mather aurait pu lui tendre un piège avec le reste de sa confrérie, il plongeait dedans tête baissé celui-là. Il contourna la grande bâtisse avant d’apercevoir la sulfureuse blonde un peu plus loin. Sans faire le moindre bruit, il s'approcha d'elle et posa sa manche sur sa hanche. Sage fit un bond de dix mètres, arrachant un léger rire à l'Eliot. Ce dernier afficha un fin sourire sur ses lèvres. « Toi t'as pas l'esprit tranquille, c'est moi qui te met dans cet état-là ? » lui demanda-t-il subtilement. C'était assez bizarre de la revoir, surtout après tout ce qui s'était passé depuis. Et, comme une marque d'affection plutôt inattendue, Sage s'approcha de lui et vint le prendre dans ses bras. Machinalement, Sloan l'enroula de ses bras et soupira silencieusement. Il ferma les yeux un quart de seconde, profitant de cette proximité presque interdite. « Tu m'as manqué aussi Lewis. » avoua-t-il. Avide d'une quelconque affection, le beau brun se recula à contre coeur d'elle. Il ne laissait rien paraître et se contentait d'afficher un visage plutôt neutre. Pourtant, à l'intérieur de lui, rien n'allait comme il le voulait. Sage lui demanda alors comment il allait. Par pure réflexe, il haussa un sourcil avant de détourner son regard d'elle et de soupirer. « On fait aller. J'avoue c'est un peu la merde en ce moment. J'ai qu'une seule envie c'est de quitter la ville mais bon. Et toi, comment tu vas ? » lui demanda-t-il sur un ton sincère. Sloan s’intéressait à la vie de cette fille, il l'avait tellement protégé dans le passé qu'il ne pouvait pas rester indifférent à ce qu'elle pouvait vivre, que ce soit dans le positif que dans le négatif. Il voulait vraiment savoir comment elle allait et espérait que la réponse allait être positive. « J'ai ce que tu m'as demandé. On s'en fume un petit ? Tranquille ? » En fait, il ne lui demandait pas, il lui imposait sa présence plus qu'autre chose. Sage n'allait pas refuser un petit joint offert par la maison quand même.