La chaleur des étoiles (brieke)

briony & zeke

Caresse tendrement ma peau le vent nivéal qui se lève en ce couché de soleil. Un sac sur le dos pas plus épais que l'estomac d'un homme affamé face à une assiette surchargée de mets délicieux, je monte essoufflé les escaliers de la bâtisse. Elle est belle, timide, un peu vieille et ridée. Elle sent le temps, une odeur de passé, de papier peint abîmé longuement enfumé. Elle est femme battue d'un soir ou d'une décennie, personne ne sait ce qu'elle a connu, ce qu'elle a vu. Elle se tait, ne dit rien et observe. Moi je la découvre, avec patience. Mes doigts glissent le long de sa rambarde lisse comme la peau d'un nouveau-né. Sourire au coin des lèvres, je profite du bonheur que cette demoiselle solitaire me procure en cette heure d'obscurité. Mes yeux détaillent minutieusement les égratignures qui la recouvrent. Des particularités qui font de son corps quelque chose de différent, d'étrange, de particulier. Elle est ce mannequin dont l'image reste coincée de longues heures après un défilé. Bâtisse je suis content de te rencontrer. Tu sais, l'âge m'importe peu. Tu as cette expérience que je n'ai pas, oui bâtisse, apprends-moi. Apprends-moi à vivre dans le froid, à accepter les écorchures de ma peau, à rester seul sans ne jamais faillir. Apprends-moi à vivre comme tu vis, toi qui vis le temps sans te soucier des encombrements.

La dernière porte passée, je me laisse vivre du ciel vêtu d'une robe scintillante et dorée. Mon visage me brûle, mes paumes se mouvent sous les manches de ma parka. Du nez, je respire les constellations, la beauté éphémère de la nuit, la lune. D'un haussement d'épaule démesuré, je laisse le sac s'échapper de mon dos courbé par l'effort. L'envie de prendre une paille et de boire cet océan de lumière me consume. Il n'est qu'évidence que la fragrance de cette toile grandeur nature vaut son goût. Je m'installe en tailleur sur le rebord du toit et laisse mes poumons se vider sur le tempo de la valse endiablée des demoiselles du ciel. Briony, tu dois voir ça, c'est magnifique. Viens, regarde, vis.

briony & zeke

Il faisait froid, et j'avais même cru qu'il allait pleuvoir ce soir. La brume était présente, omniprésente, m'empêchant d'avancer. Est-ce que c'était une métaphore de ma vie qui était dans le flou le plus total ? Est-ce que c'était une façon de me faire comprendre que non, malgré tous mes efforts, je n'arriverai pu à voir la lune ou les constellations ? Je l'ignorais et je détestais l'idée que le monde connaissait mieux que moi mon destin et mon avenir. Néanmoins, je sortais de chez moi. Frissonnant. Parce qu'il me l'avait dit, parce que je n'avais pas le choix. J'enfilais cette veste et cette longue écharpe qui me tenait chaud. Pourquoi est-ce que je l'écoutais ? Pourquoi est-ce que je ne lui disais pas tout simplement que je n'avais pas envie de rester chez moi et que tout ce que je souhaitais était de regarder the walking dead ?

La bâtisse était impressionnante, grandiose, imprégnée d'une âme qui ne sortait de je ne sais où. Je n'étais pas le genre à personnifier des objets, mais je devais tout de même concevoir cela. Certains endroits imposaient le respect. On voulait prendre soin d'eux, on les admirait. Je me sentais folle, j'avais la sensation que ma rupture avec Wade était juste en train de faire péter quelque chose dans mon esprit et que j'étais prête à trouver de l'affection n'importe où, même dans des pierres assemblées entre elles. C'était d'un niveau de pathétisme que je n'avais pas encore connu. Je montais les escaliers, essoufflée en arrivant en haut, me faisant la promesse encore une fois de reprendre le sport après la naissance de Juliet. Je poussais la porte, me retrouvant face à l'immensité de la nuit et de Boston en contre-bas, le vent dans la figure, réveillant mes instincts de liberté qui somnolaient au fond de moi. Il était là. Un fin sourire, éphémère, savoir qu'il était venu. Je m'avançais, hésitant un instant, avant de me poser à côté de lui. Silencieuse, observant cette vue incroyable que dame bâtisse nous offrait.