Abéose || Pretty old friend

Comme le vendredi tu finissais tôt les cours, tu en avais profité pour faire un tour sur Boston et faire quelques magasins, histoire de te changer les idées. Tu partais le lendemain pour New-York, avec Sloan et il te fallait absolument quelque chose de nouveau à porter. Après deux heures à essayer diverses robes, tu avais fini par tomber en amour devant une pièce plutôt simple mais qui t'allais parfaitement, épousant à merveille les courbes de ton corps. N'en dévoilant pas trop, juste assez pour laisser place à un peu d'imagination. Tu t'étais figée quelques secondes devant ta nouvelle apparence, il fallait dire que tu t'étais pas mal amaigrie ces dernières semaines et ça commençait sérieusement à se voir. T'étais restée de longues minutes, seule face à ton reflet, perdue dans tes pensées. Revoyant le fil de tes derniers jours. La voix de la vendeuse t'avais alors ramenée à ta triste réalité. Te demandant si tout allait bien et si tu voulais essayer autre chose. Tu l'avais congédiée d'un simple signe de la tête avant de remettre les vêtements que tu portais plus tôt. Quelques minutes plus tard, t'étais à l'extérieur, un grand sac griffé transportant ta nouvelle robe. Ravie de ton achat, tu t'étais arrêtée pour prendre un café en terrasse. Le jour commençait doucement à se coucher et tu ne voulais pas trop traîner seule dans les rues de Boston, ne pouvant t'empêcher de repenser à ce qu'il s'était passé la dernière fois que tu t'étais retrouvée seule ici. Pourtant, tu n'avais pas envie de rentrer chez toi. Tu voulais voir un visage familier et c'est de cette façon que tu te retrouvais à te rendre chez Hadès. Enfin, à la forteresse dans laquelle il avait aménagé avec Cole quelques jours plus tôt. Tu ne t'y étais encore jamais rendue mais tu connaissais l'adresse. Quelques minutes plus tard, tu te retrouvais devant chez eux et sonnais. De longues secondes s'écoulèrent mais toujours aucune réponse. Tu sonna alors plusieurs fois, sans relâche. L'endroit semblait immense alors que peut être ils ne t’entendais pas... Et puis finalement, quelqu'un parla dans l'interphone. T'avais pas tellement écoutais ce que cette personne disait, te contentant juste de rentrer à l'intérieur avant de tomber nez-à-nez sur Abélard. Fuck. Il te prit quelques secondes pour quelqu'un d'autre et toi t'avais qu'une envie, c'était de partir en courant. Sauf qu'il avait déjà refermé derrière toi, tapant un code machinalement. C'était pire qu'une forteresse cet endroit. Oh moins tu pouvais être contente du petit effet que ton apparition provoquait. On dirait que t'as vu un fantôme de Belgique. Et pour cause, ça faisait un bail que tu ne t'étais pas retrouvée dans la même pièce que lui. Et même des années que tu avais arrêté de lui parler. Tu te souvenais exactement du moment où tu avais arrêté de lui parler et tu ne ressentais toujours pas le besoin de lui parler. Abélard semblait vraiment choqué de te voir, il se figea de longues secondes avant de te proposer à boire et même de partager la pizza qu'il avait commandé et qui n'allait pas tarder, selon ses dires. J'imagine qu'Hadès n'est pas là ? demandais-tu, même si tu te doutais bien de la réponse. T'étais coincée avec lui et ça te faisait clairement chier. T'avais pas besoin de gérer en plus de tout les problèmes que tu devais déjà gérer dans ta vie. Je vais peut-être y aller... Ou peut être pas, tu sais pas. Tu levais les yeux sur lui, le fixant longuement et t'avais l'impression de redevenir cette gosse de 16 ans. Encore. La gamine amoureuse d'Abé. Et ça te faisait pas forcément plaisir. Oui, je devrais y aller, je pense que c'est mieux. Ce que tu pouvais être rancunière quand tu t'y mettais.

T'es très étonnée quand tu tombes nez-à-nez avec Abélard. Parce que sur le coup, tu pensais pas à la possibilité que tu pouvais le croiser ici. Oh, tu savais bien qu'il était dans les parages. Et du coup, c'était idiot à toi de ne pas avoir pensé au fait que peut-être son frère l'avait invité à vivre avec lui. Tu fronçais des sourcils donc, alors que lui, affichait un air tellement surpris que tu ne pus t'empêcher d'ouvrir ta jolie bouche pour lui envoyer une pique. Et il avait raison, c'était le cas et c'était entièrement de ta faute. Ou de la sienne. Tu savais plus trop si il y avait matière à lui faire gueule, à ne plus lui parler mais tu étais tellement habituée... Chassez le naturel et il revient au galop, comme on dit. Tu le toises, de ton regard bleu hautain et tes lèvres forment un petit sourire en coin. Mesquine. Oh mais j'ai rien d'un fantôme, je suis bel et bien devant toi. En chair et en os. J'ai juste aucune envie de te croiser de Belgique. Et bim, c'est plus fort que toi. Les piques sortent toutes seules et meurent sur tes lèvres qui dessinent toujours cet air insolent, mesquin. Tu te veux hautaine, trop fière. Trop fière pour baisser les armes et passer à autre chose. Abélard n'a jamais compris pourquoi tu avais arrêté de lui parler du jour au lendemain et ça t'avais encore plus blessé dans ta fierté. Et c'était aujourd'hui de la ravaler, de faire comme si tu étais contente de le voir. Et puis y'a ce sentiment bizarre, de tes tripes qui se tordent à chaque qu'il est dans les parages. Tu détestes l'effet qu'il a sur toi, tu le détestes d'avoir autant de pouvoir sur toi -sans le savoir- et de te faire sentir comme cette adolescente refoulée. Il commente le fait qu'Hadès ne l'ai pas prévenu de ton retour à Harvard et t'haussais des épaules. Est-ce que c'est vraiment important ? Ta voix s'était faite plus douce, comme si tu avais murmuré cette question plus pour toi que pour lui. Il n'avait pas fais attention à toi à l'époque, alors qu'est ce que ça pouvait bien changer aujourd'hui ? T'as clairement pas envie d'être là, devant lui et tu lui fais remarquer, disant que ça serait peut être mieux de partir. Sauf qu'il n'a pas l'air d'être trop d'accord avec toi et te le fais remarquer. Tu soufflais, agacée. Qu'est ce qu'il croyait ? Qu'il pouvait décider de tes allers et retours, de ce que tu faisais de ta vie ? Ah oui et tu comptes me retenir contre mon grès peut-être ? lui demandais-tu, plantant ton regard bleu dans le sien. Tu le mettais au défi de t'empêcher de sortir de cette forteresse. Oh tu connaissais les de Belgique et tu savais très bien qu'il en était capable. Mais tu pouvais pas t'empêcher de lancer une autre pique. Foutus mécanismes de défense. Et il continue en plus. Te disant que c'était peut être temps d'arrêter de lui faire la gueule, qu'il était peut être temps de passer à autre chose et de t'expliquer. Oui bah c'était plus facile à dire qu'à faire hein. Il se rendait compte de rien, c'est fou quand même. Tu croisais tes bras, en signe de protestation et tu restais campée sur tes positions. Rien ne m'oblige à te parler Abélard. Peut être que je te supporte juste pas. Peut être que c'est juste que physique, t'y as jamais pensé ? Ah oui, ça pour être physique, ça l'était. Mais pas dans ce sens là. Tu pouvais pas nier que ça te faisait toujours quelque chose de le voir là, devant toi, tellement beau et à la fois si détestable. Il comprenait vraiment rien putain. Et toi t'allais pas lâcher le morceau aussi facilement. Bien trop têtue, bien trop rancunière.

Tu le vois bien qu'Abélard est vraiment surpris de te voir, et c'est tant mieux. Tu te délectes de son air surpris qui se fige sur son visage princier. Tu l'observes et ça te fait vraiment chier d'être devant lui quand même, t'avais pas envie de croiser sa gueule de belge et il semblait pas vouloir lâcher le morceau aujourd'hui. Franchement, t'arrivais même pas à te souvenir de la dernière fois que tu l'avais croisé et ça t'allait très bien comme ça. Tu ris. De ce rire jaune qui pue l'ironie à plein nez. Non mais pourquoi il se prends lui ? T'es rancunière déjà et si en plus il te lance des piques du genre, qu'il vienne pas s'étonner après. J'm'en fous que tu vis ici. Je te dis que je suis venu pour voir Hadès. Arrête de te donner une importance que tu n'as pas. C'est plus fort que toi, faut que tu fasses ta mauvaise. Et la vérité c'est qu'il a eu de l'importance mais ça te semble comme être à des années lumières là tout de suite. Là, t'es juste blasée. Tu veux juste t'en aller. Mais Abélard ne semble pas prêt à te laisser fuir une nouvelle fois. Et il continue à t'attaquer, avec son sous entendu là. Il essaye de te faire douter mais ça te passe clairement au-dessus, qu'on se le dise. Tu soupires avant de répliquer. J'ai tellement aucune importance dans la vie de ton frère que je connais votre nouvelle adresse, c'est fou. On dirait juste deux gamins en vrai. Et c'est à lui qui aura le dernier mot, dernier mot que t'es clairement pas prête à lâcher. On peut continuer comme ça pendant longtemps si tu veux. Tu sais combien j'adore jouer moi. Tu croises les bras sur ta poitrine, tu t'impatientes. Clairement il te dit que tu vas pas sortir de cet endroit avant de lui avoir dis le pourquoi du comment. Avant de lui avoir expliqué pourquoi tu lui fais la gueule depuis autant d'années. Tu t'en fous de ce qu'il veut, qu'il le sache. Toi tu veux pas être là et c'est pas lui qui va te contraindre à rester ici. T'es consciente de jouer les enfants capricieuses, de jouer les gamines entêtées. Mais t'y peux rien. T'es comme ça et c'est pas là tout de suite que ça va changer. Tu restes sur place, stoïque alors qu'il te propose de visiter maintenant. Je sais déjà à quoi ressemble la forteresse. C'est pas parce que c'est la première fois que tu me croises que c'est la première fois que je viens. Tes bras sont toujours posés sur ta poitrine, en signe de résistance. Toute ta posture, tout ton être crie "Fuck, je bougerai pas d'ici. On verra bien qui craquera en premier." Et toi tu te fais un malin plaisir à pas craquer. Tu poursuis même. J'ai de très bonnes raisons de pas vouloir te parler et c'est pas pour ça que je dois les partager avec toi. T'as jamais compris que j'étais pas le genre de personne à qui on dictait quoi faire ou quoi. Non, toi t'es libre de tes décisions et c'est pas monsieur le prince qui va te faire plier. Non, non. Tu me fais juste perdre mon temps là. J'ai passé six ans sans te parler et ça me va très bien ainsi. Pourquoi est-ce que tu tiens à changer les choses ? Tu comprenais pas ce désir de savoir, désir qu'il avait abandonné des années plus tôt. Pourquoi recommencer aujourd'hui ? Qu'est ce qui changerait aujourd'hui ? Rien du tout et ça, t'en étais persuadée.

T'as envie de faire demi-tour dès que tu vois que c'est Abélard qui vient t'ouvrir, de prendre tes jambes à ton cou et de fuir. Tu veux pas le voir. C'est comme ça. Mais monsieur semble décidé à ce que tu restes. Il t'enferme dans cette putain de forteresse et toi t'es québlo ici. Tu peux pas sortir. Et ça te fout les nerfs. Parce que t'as pas envie de lui parler. T'as pas envie de le voir. T'essayes de lui faire comprendre que t'en as rien à foutre de sa gueule de belge mais il veut rien entendre, aussi buté que toi. Et là, t'as envie d'exploser sa petite tête et son petit sourire alors qu'il te lance une nouvelle pique. Si tu sors pas d'ici tout de suite, tu vas le tuer. Tu jures que tu vas le tuer. Tu te contiens, difficilement. Très difficilement. Parce que si tu tue son frère, Hadès te butera derrière aussi. Et on parle même pas d'Aria. Tu te tais et tu réponds pas à sa pique. C'est même pas la peine de poursuivre là dedans parce que ça te rends juste folle ce qu'il vient de dire. Et que tu vas le tuer, ouais. Non, t'avais de l'importance. Nuance. Là tu me gaves juste. Tu me gaves à te prendre pour j'sais pas qui, à m'enfermer ici. Alors ouvres cette putain de porte. Tu veux sortir merde, c'est pas difficile à comprendre non ? T'éclates de rire à sa nouvelle pique. Non mais il était sérieux là ? Une groupie de la famille de Belgique-Schueller, qu'est ce qu'il fallait pas entendre. Oui je l'avoue, j'en peux plus de vous. J'étais venue piquer des trucs en douce, histoire de remplir ma collection. T'es content ? Gamine que t'es. C'est n'importe quoi cette discussion, vous tournez juste en rond là. Et tu commences à perdre patience. T'es en train de bouillir là, il te fait grave chier à pas vouloir te laisser sortir et à te balancer de la merde pareille. Et maintenant il va s'asseoir, prendre ses aises. Tu le fusilles du regard, toujours les bras croisés sur ta poitrine. Sérieux, vous êtes juste des gamins et toi t'en rajoute toujours plus. Et ça va jamais se finir cette discussion. Dialogue de sourd. Stérile. Il refuse toujours de t'ouvrir la porte et t'es sûre qu'il prends un malin plaisir à te foutre les nerfs là. Tout ça pour savoir pourquoi tu lui parles plus. Putain si il croit que c'est en te foutant la haine que tu vas lui donner une réponse, il peut toujours rêver. Il continue et tu fais mine de l'écouter, tu regardes tes ongles et tu soupires. Il t'emmerde Abélard là, t'en as marre et tu vas vite lui faire ravaler son petit sourire qui te faisait craquer autrefois. Il te dit genre tu t'es levée un matin et t'as arrêté de lui parler. Bon... C'est pas totalement faux. T'as juste décidé de plus lui parler du jour au lendemain mais y'avait une raison derrière ça. Et même si cette raison n'est plus, t'as pas envie de lui dire. C'est sans importance. Si tu vois toujours pas, c'est pas mon problème. T'es con, t'es con. Je peux rien faire pour toi. Sinon être désolée mais pour ça, faudrait que j'en ai quelque chose à faire que tu lui réponds, sur une voix plutôt froide alors que tu lèves les yeux à nouveau vers lui. Il continue à parler et en plus, il se lance des fleurs un peu. Non mais, ohlala. Franchement, t'en as trop marre de lui là. Tu soupires encore et continue avec ta froideur. Je suis là depuis des semaines. Depuis que Noah a été hospitalisé. Alors viens pas me dire que c'est parce qu'on va se croiser ou j'sais pas quoi. J'avais réussi à pas te voir jusque là et ça va continuer ainsi. Ouaip, t'es toujours pas prête à lâcher l'affaire. Non mais clairement, ça aurait pu s'arranger cette histoire mais là, il essaye de t'y contraindre et personne ne te contraint à quoi que ce soit. Qu'on se le dise.