BLEUENN WILKERSON ► claire holt

Once upon a time... N'est-ce pas ainsi que toutes les histoires commencent ? Pour ensuite se finirent sur une touche d'amour et de bonheur que représente la phrase "happily ever after" ? Oh, non. La réalité est beaucoup plus brutale, beaucoup plus violente, beaucoup plus décevante. Rien n'est parfait et les "happyending" n'existent que dans l'imaginaire. L'imaginaire et les rêves, ni y a-t-il rien de plus cruel que cela ? Pourtant, Bleuenn rêve et cela depuis toujours.


C'était un lundi soir et la nuit était déjà tombée, depuis des heures. Il était tard. Très tard, trop tard... La petite fille était censée dormir à cette heure tardive, et cela depuis deux bonnes heures, et elle était consciente que si sa mère apprenait qu'elle veillait encore, elle la disputerait de ne pas encore avoir rejoint l'innocence du pays des rêves. Mais elle est terrifiée. Ses frêles mains plaquées contre ses oreilles, elle fermait fermement les yeux et n'espérait qu'une seule chose, ne plus entendre les hurlements de ses parents. Elle ne voulait pas les entendre une énième fois. Pas encore. Et qu'est-ce qu'elle aimerait pouvoir disparaître le temps d'une seconde et s'éloigner des cris stridents de sa mère et des rugissements ardents de son père. Un grincement de porte résonnait dans sa chambre, elle l'entendit. Étaient-il venu la disputer car elle ne dormait toujours pas ? Elle tenta de faire semblant de dormir, comme elle en avait pris l'habitude, elle ne voulait pas entendre les reproches dans la douce voix de sa mère. Non, elle voulait que maman soit toujours fière d'elle, fière de dire qu'elle était sa fille. Sa couette se souleva et un corps s'installa à ses côtés, affaissant un peu son lit. Ses mains sur ses oreilles la trahissaient, sans qu'elle ne s'en aperçoive. « Je sais que tu ne dors pas... » Le son de cette voix lui était familière et elle pouvait très certainement la reconnaître parmi des milliards. Ses yeux s'ouvraient doucement laissant entrevoir deux magnifiques prunelles bleus. Le visage de son frère lui apparu soudainement, un visage rempli d'inquiétude mais la blondinette ne remarqua rien. « J'ai peur... » Avoua-t-elle à demi-voix, mais elle sait qu'il était déjà au courant. Délicatement, elle sentit deux bras envelopper son faible corps. Cela la détendit immédiatement et ses mains quittèrent ses oreilles. Les cris avaient disparu. « Je suis là. » Plus aucun cri. Plus aucune peur. Juste son grand-frère à ses côtés. « Je serai toujours là. » C'était une promesse mais, elle ne le comprit pas. Bien trop innocente pour comprendre la situation. Bien trop innocente pour comprendre les raisons des disputes de papa et maman. Trop innocente pour comprendre que papa n'est pas un héros ou un homme modèle, pour comprendre que maman n'est pas parfaite et qu'elle est remplie d'imperfection. Bleuenn croit encore au conte de fées, et elle est bien trop innocente.


C'était un mardi, un mardi parmi tant d'autres. Et comme d'habitude, comme chaque mardi, le seul bruit résonnant dans la maison des Wilkerson était un bruit émanant de la télévision. Plus précisément une série à l'eau de rose mélangé à un peu d'action, avec une histoire complètement surréaliste. La blonde fixait l'écran, emmitouflé dans un duvet qui lui apportait un peu de chaleur en ce mois hivernal. Seule dans cette immense maison, ses parents étaient chacun à leurs travails réceptifs et son frère devait très certainement traîner avec des amis. Du moins, c'est ce qu'elle pensait puisqu'il était parti dans la prévenir. Mais elle en avait l'habitude et l'unique chose qui piquait sa curiosité était les images défilant sur l'écran plat. Quand d'un seul coup, une sonnerie de téléphone la surprit, elle pivota la tête vers le téléphone fixe et fronça légèrement les sourcils en découvrant la personne essayant de joindre la maison. Cela était un appel entrant de sa mère. Elle se leva du canapé où elle était confortablement installée pour répondre à l'appel. « Bleuenn ? » La douce voix de sa mère fit écho dans ses oreilles et elle se surprit à vouloir l'avoir à ses côtés, pour regarder cette série qu'elle trouvait complètement idiote mais qu'elle appréciait regarder. « Oui ? » Un silence pesant de quelques secondes se suivit de cette simple réponse. Et elle comprit immédiatement, certainement l'habitude de voir cette scène se dérouler. « Je vais rentrer tard ce soir et ton père aussi. » Bleuenn retenu un long soupire d'agacement qui voulait s'échapper d'entre ses lèvres, elle se contenta de lâcher un simple "d'accord" et de raccrocher au nez de sa mère, sans plus de cérémonie. Reposant le téléphone sur sa base, elle se dirigea vers la cuisine comme-ci cela n'avait aucune importance. Mais ça en avait. Elle alluma la radio, mettant de la musique à fond. Ce n'était pas comme-ci cela allait déranger quelqu'un puisqu'elle était seule. Comme d'habitude. La blondinette commença à se faire à manger, parce que malgré qu'elle n'est même pas encore atteinte ses treize ans, elle avait très vite appris à se débrouiller toute seule. Les soirées en solitaire devenant de plus en plus fréquente. Et étrangement, elle rêvait d'un bon repas entouré de ses parents et son frère, comme lorsqu'elle était petite.


C'était un jeudi banal, rien d'extraordinaire. La jeune femme était allongée sur le ventre, le long de son lit. Un carnet de dessin se trouvait sous elle et un crayon de papier se trouvait entre ses doigts, le crayon ne cessait de s'agiter sous la feuille de papier à la base blanche. Ses dents se plantèrent dans sa lèvre inférieure, réfléchissant au détail de son dessin. Dessin qui prenait de plus en plus forme, un corps de jeune femme habillé d'une tenue crée par les soins de la blonde. Un petit sourire se dessinait sur ses lèvres. Quand la porte de sa chambre s'ouvrit sur son père, la sortant de sa concentration. Elle stoppa son dessin et pivote la tête en direction de l'entrée. « Un problème ? » Sa voix était douce, avec une pointe de curiosité. En temps normal, son père restait enfermé dans son bureau avec ses papiers administratifs. « Une lettre pour toi. » Le sourire de son père piqua deux fois plus sa curiosité, elle abandonna son dessin et se dirigea vers son père qui lui tendait une lettre plutôt spéciale. Elle ouvrit en grand les yeux en voyant que cela venait de l'université d'Harvard. Elle attrapa en quatrième vitesse la lettre et l'ouvrit rapidement sous le regard de son père. Le papier sortit de l'enveloppe, elle commença à lire les premières phrases avant de sauter dans les bras de son père sous la joie qui l'envahissait. « Je suis prise ! Je suis prise ! » Criait-elle, heureuse comme jamais sous le regard de fierté de son père. « Je suis fier de toi ! » Elle lui déposa un doux baiser sur la joie avant de courir dans le salon, pour y trouver sa mère et lui annoncer la bonne nouvelle. Son rêve d'un jour devenir styliste semblait presque devenir réalité.


C'était un vendredi soir et la fête des étudiants semblait être sans fin. La musique emplissait chaque pièce de la maison, l'alcool coulait à flot et la piste de danse était remplie. Sans oublier les nombreux étudiants qui s'embrassaient ou plus si affinité. Bleuenn accompagnée d'une amie dansait à s'en user les chaussures, suivant le rythme de la musique. Un jeune homme ne l'avait pas lâché du regard depuis une bonne dizaine de minute mais, elle ne l'avait pas remarqué. C'est seulement lorsque des mains se posèrent sur ses hanches et qu'un torse se colla contre son dos, qu'elle remarque sa présence. Elle stoppa sa danse et fit volte-face pour voir le mystérieux inconnu qui venait de l'aborder. Un petit sourire se forma sur ses lèvres en remarquant qu'il était plutôt séduisant. Et peut-être était-ce le faite que la jeune Wilkerson aimait séduire ou peut-être était-ce le faîte que l'alcool commençait à lui brouiller les idées mais, elle commença à danser avec lui. La danse était sensuelle sans être provocatrice comparé à certains autres couples de danseurs. Fermant doucement les yeux, se laissant bercer par les pas du brun, elle sentit des lèvres se poser sur son cou et remonter jusqu'à ses lèvres, les embrassant. Le baiser était loin d'être tendre mais plutôt brut. L'étudiante y répondit en passant ses bras autour de la nuque du jeune homme qui avait toujours ses mains sur ses hanches. Elle se détacha après quelques secondes et remarqua son regard rempli de luxure, cela eut l'effet de créer un regard rempli de malice à la blondinette. Elle se mit sur la pointe des pieds, approchant lentement sa bouche de l'oreille de l'inconnu, afin de lui murmurer quelque mot avec douceur. « Ne crois pas m'avoir si facilement. » Et avant qu'il ne puisse répondre, elle était déjà partie à l'extérieur du bâtiment pour prendre un peu l'air, non sans avoir pris un verre d'alcool pour lui tenir compagnie. Un petit rire s'échappa de ses lèvres en voyant la tête déçue de l'étudiant de loin. Il était vrai que Bleuenn aimait séduire, jouer avec le feu jusqu'à se brûler mais au fond, elle espérait un jour trouver un garçon qui arriverait à la faire se sentir différente, exceptionnelle.