► "We meet only those we have already met." ft. Calypso

Sauvée par le gong. Tandis que la sonnerie retentit je réunis mes quelques feuilles et stylos pour les enfoncer dans mon sac à main. La seule chose que j'ai actuellement envie de faire est de fuir cette salle de classe pour m'aérer les esprits à l'extérieur. Pour les cours, ce n'est pas bien grave, je les rangerai en rentrant ce soir, ou au pire des cas, je demanderai à un de ces intellos de me passer ses notes. Pas plus compliqué que ça. Je passe la porte pour me ruer aussi vite que possible dans le hall où je dois d'ailleurs récupérer le devoir qu'une amie a, volontairement bien sûr, fait pour moi. C'est une journée étrangement ensoleillée pour un mois de décembre, et même si l'air gelé menaçait, cela ne m'empêcherai pas d'aller fumer ma clope du midi. Je n'ai pas eu le temps ce matin, donc on peut dire que c'est une question de vie ou de mort. Si je ne fume pas dans les prochaines minutes, je vais finir par déferler ma colère sur le premier venu et ce ne sera vraiment pas beau à voir, croyez moi.

Je sors des escaliers, m'élançant vers la sortie de l'établissement. Je dois absolument sortir, prendre l'air. J'étouffe entre tous ces étudiants, ce regroupement de personnes qui se collent, rient, parlent, se rapprochent. C'est dérangeant, franchement. Je suis à mi-chemin. Je vais pouvoir emplir mes poumons d'air frais. Je suis freinée dans ma course. Je sens un mur, quelque chose de dur, le sol se dérobe et ma tête se fracasse violemment contre ce même sol. Je ne vois rien, qu'un écran noir. Puis, j'ouvre doucement les paupières lorsqu'une voix douce mais masculine me sort de ma pensée. Je suis en fait en plein milieu du hall, on nous regarde. Moi, étalée par terre, et le garçon, le beau garçon d'ailleurs, qui m'a servi d'obstacle non prévu. Les regards changent de direction, les conversations reprennent et mon cœur ralentit.

Je bougonne, ronchonne, tandis que l'inconnu tente de me hisser pour me relever. Je vois bien qu'il se sent coupable, sûrement par le fait qu'il ramasse mes affaires tel un gentleman. Au moins, c'est pas un salop à partir en courant en faisant comme si rien ne s'était passé. « T'inquiète pas, c'est pas bien grave. » Il me rend mes affaires et mon sac, me fourrant le tout un peu en vrac dans les bras. Bon, il aurait pu tout remettre dans mon sac. C'est pas comme si ce dernier était bien rangé de toute façon. Outre le fait qu'il s'agit d'un gentleman assez empoté, il a l'air gentil. Et il faut se l'avouer, assez beau gosse. « Non ça va merci, j'étais pressée et je t'ai pas vu. C'est pas totalement de ta faute, en tout cas ». Je tente un petit sourire histoire d'être polie, j'ai bien été élevée quand même. Je lance un regard vers la sortie, suppliant presque qu'elle vienne à moi. Sortez moi de là, seigneur. Même si t'existes pas enfoiré.

Je regarde de nouveau l'inconnu dans les yeux. « J'étais assez pressée en fait, il faut vraiment que j'aille dehors pour... fumer une clope. Tu peux venir si tu veux, histoire de voir si je.. ne tombe pas dans les pommes ? » Puis encore me moquant de moi même et ma phrase complètement conne je remets mes affaires en vrac dans mon sac. « Sinon, je m'appelle Calypso mais Caly suffira. ».