ce que tu fuis te poursuit ce à quoi tu fais face s'efface

Je devrais pas être là devant la villa de Drew, à observer la devanture de sa demeure tel un flic en planque. Mais la vérité c’est que depuis quelques heures, je nourrissais un nouveau délire : l’un de mes vieil ami d’enfance m’aurait trahi. Drew serait à l’origine de l’incendie, à l’origine des disparitions, parce que je ne croyais pas au pseudo retour de Noah. Et dans ma tête il serait aussi l’auteur du mms sur Lucky et moi. Oui, après Lennox, après Tate, voilà que c’est le prince que je comptais accuser. J’avais l’impression d’avoir la tête d’écraser sous un rouleau compresseur. Aucun doliprane, aucune aspirine, aucun cachet ne semblait en mesure de faire passer mes crises de céphalées, de plus en plus fréquentes, de plus en plus violentes, et je m’étais résolu à –aller prendre l’air- et c’était naturellement jusqu’à la demeure de l’anglais que m’avaient mené mes pas. Scrutant l’endroit, comme si je m’attendais à en voir sortir une bande de mathers armé de briquet et de bidon d’essence, preuve qui confirmait alors tous mes soupçons, je ne voyais rien et ne cessais de ressasser les éléments que j’avais contre Drew : ex winthrop, les allusions de Jay avaient été claires par texto, si Andrew nous avait quitté, selon le président rouge, c’était parce que sa loyauté irait et serait toujours à l’égard de la WH. Est-ce que Drew nous avait rejoint quelques semaines pour nous espionner ? Pour découvrir les locaux, enquêter de l’intérieur sur notre confrérie et ainsi pouvoir mieux la détruire pour le compte de son ancienne frat ? Oui, c’était clair, c’était cela. Je tenais mon coupable. Et dans une bouffée de colère, me voilà m’avançant jusqu’à l’entrée de mon ami, frappant à sa porte énergiquement.  

Comme Kyla était indisponible, le Prince devait faire du babysitting. Cela ne le dérangeait pas vraiment puisqu’il pouvait toujours assister aux réunions via son bureau, en visioconférence sauf qu’il n’aimait pas trop cette méthode. En effet, il préférait être présent pour les réunions du conseil d’administration parce qu’il pouvait avoir un bien meilleur contrôle sur les membres, sachant que ceux-ci pouvaient très facilement prendre leurs aises… C’était certainement le désavantage de posséder une société aussi fortement cotée en bourse comme Windscorp Industries ! Qu’importe, la réunion programmée du jour ne se déroulerait qu’en début de soirée donc il pouvait profiter de ses enfants avant de reprendre son costume de PDG d’une puissante multinationale. Et alors qu’il était en train de s’amuser à faire tournoyer son fils dans ses bras, son majordome Klein fit irruption dans la grande salle de jeux avant de s’incliner puis il énonça le but de sa venue : « Votre Altesse, Sir Wildingham vient d’arriver afin de s’entretenir avec vous. Il semblerait que ce soit très urgent… ». Andrew afficha un regard perplexe avant de hocher la tête puis il remit son fils au sol avant de dire d’une voix douce à Aliénor : « Ma chérie, pourrais-tu t’occuper de ton petit frère, le temps que Papa termine de discuter affaires avec Oncle Cole ? ». Le visage grave mais souriant, Aliénor hocha la tête pour dire qu’elle avait compris avant de se jeter au cou de son père qu’elle embrassa tendrement sur le front. Drew eut un sourire tendre avant de faire un signe à ses enfants puis il quitta la pièce pour aller ouvrir Cole. Il se demandait ce qu’il se passait mais une chose était sûre, quelque chose se tramait parce qu’il était rare que son vieil ami d’enfance, celui qu’il considérait comme son frère, vienne de la sorte chez lui. « Bonjour Cole. Quelque chose me dit que ce n’est pas une visite de courtoisie, n’est-ce pas ? » demanda-t-il d’une voix posée alors qu’il venait d’ouvrir la grande porte d’entrée et il découvrit un Cole énervé, c’était pour cela qu’il n’était guère allé par quatre chemins. « Entres donc ! Nous pourrons mieux discuter dans le living-room »

 Le domestique de Drew apparut d’abord sur le porche et son –qui dois-je annoncer ?- m’agaça au plus haut point. J’avais horreur de devoir décliner mon identité, voilà pourquoi je répondis sur un ton sec au majordome : « Je suis Cole Smythe Wildingham, un vieil ami de la famille, et je dois m’entretenir avec monsieur Windsor de toute urgence. » Mon ton manquait clairement de courtoisie, marquant mon agacement et ne laissait guère de place à la discussion. L’homme de maison s’en alla donc, filant passer le message à son patron. Andrew apparut quelques minutes plus tard, et malheureusement pour lui, l’attente n’avait fait qu’alimenter mes délires fous. Et à peine eut-il ouvert la porte, que Drew devina à mon regard que je n’étais pas venu ici pour papoter autour d’un verre. La lueur démente dans mes yeux m’avait-elle trahi ? Pour moi, si il avait deviné si vite, c’était qu’il était coupable. « Tu sais très bien pourquoi je suis ici pas vrai ? » soufflai-je accusateur, oubliant mes bonnes manières malgré le calme apparent de mon interlocuteur. Ce dernier m’invita à entrer, et je ne me fis pas prier, m’engouffrant à l’intérieur, saisissant l’occasion pour le –surprendre sur le fait-, m’attendant à trouver là, dans son living room, une bande de mathers ou de winthrops, les prendre en flagrant délit de complot à mon encontre. Mais dans la pièce, rien. Personne. Ma colère redoubla. « Ils sont où ? Tu as dit à ton majordome de les faire sortir par derrière ? Tu as mis du temps à m’ouvrir, c’était pour les cacher ?!? » m’énervai-je, retournant furieusement les coussins de son sofa, ouvrant les portes des armoires situées là, comme pour trouver une preuve, un indice qui alimenterait un peu plus mon délire. « J’arrive pas à y croire. J’arrive pas à croire que tu nous aies trahi Drew. Et ne nie pas. Jay a été très clair à ton sujet !!! » explosai-je en continuant ma fouille folle.