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Le claquement de ses talons fut un instant la seule chose résonant dans la rue teintée d'obscurité. Déambulant depuis quelques minutes, Linette venait de quitter le People's Republik plus tôt que prévu et longeait le trottoir avec une régularité surprenante lorsqu'on savait ce qu'elle avait bu.  Peut-être que l'état d'ébriété n'était que psychologique après tout, car elle ne semblait pas en ressentir les effets aussi intensément que d'habitude. Et pourtant, c'était tout ce qu'elle demandait. Se perdre dans les méandre des liquides qu'elle ingérait, dans tout ce qui aurait pu la sortir de ses pensées, tout ce qui aurait pu les annihiler. Mais rien n'y faisait, tout ce qu'elle avait gagné ce soir, c'était un mal de tête grandissant et une allure pas toujours très linéaire. Mais le malström de soupirs tournoyant dans son crâne restait aussi limpide qu'au premier jour. Toutes ces incertitudes, tous ces manques de repères, de confiance, d'envie. Cela faisait trois mois que sa mère était décédée, et elle n'avait fait que rajouter un fardeau supplémentaire à l'existence cacophonique et fragile de sa fille. Sortant son portable de son sac avant de se souvenir qu'il n'avait plus de batterie, la Mather laissa s'échapper un juron à voix basse, préférant se plaindre du superflue pour négliger le reste. Résolue à rentrer à pied jusqu'à chez elle au coeur de Boston, elle tenta un instant de faire de vide dans son esprit, laissant son regard d'un bleu pâle glisser vers le ciel sans étoiles avant de percuter violemment quelqu'un au détour d'un virage. Merde.. grommela-t-elle pour elle-même plus que pour l'inconnu qu'elle n'avait pas encore identifié. Bravo, comme si elle n'avait pas assez mal au crâne. C'est alors qu'elle releva la tête pour croiser un regard qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps. Laissant sa main glisser sur son front douloureux et certainement fiévreux de la fine pluie qui commençait à tomber, elle se retint de rouler des yeux. Dites-moi qu'je rêve. Sérieusement, faudra vraiment qu'on me donne la probabilité que j'avais de te croiser ici à une heure pareille. Bonsoir à toi aussi Linette, ravie de voir. Mais la délicatesse n'était pas vraiment une qualité qu'elle possédait dans l'immédiat et elle savait qu'une confrontation avec Tommen n'allait pas encore allé en sa faveur. Si c'était pour lui rappeler qu'elle était actuellement tout ce qu'il abhorrait, elle passait son tour.
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J'ignorais encore en premier lieu pourquoi j'étais là, pourquoi je me retrouvais soudainement dans la nuit, à devoir retourner jusqu'à ma voiture, garée plus loin. L'envie de sortir me vider la tête, relâché ce poids et ces remords dont j'avais pris conscience ces deux derniers mois, m'avaient encouragé à accepter l'invitation ce soir. Je n'avais pas réellement envisager ce genre de sortie. Je connaissais ces bars de Boston, qui sont pour la plus part des vrais aimants à embrouilles. Je le savais, parce que j'en avais les frais bon nombres de fois, avec des gens qui ne savent pas se tenir en société. C'était désolant. Cependant, ce soir j'avais cédé, et naïvement je m'étais imaginé que les choses allaient être différentes. Pas de scandale, pas d'embrouilles, pas de bagarres pour des stupidités. En tant que personne calme, ces histoires me tapent sur le système. Je marchais dans les rues de Boston, pour rejoindre le parking, en ayant une violente envie de m'exploser la tête contre un mur en repensant à cette soirée catastrophique. En même temps, je lisais mes sms, me rappelant que mon téléphone avait vibré un paquet de fois ce soir. Des histoires bizarres chez les eliots. Moi qui pensait que les choses y étaient clean et calme, je m'étais bien trompé. Je n'avais pas le courage de m'en occuper plus que cela. Soudainement, quelque chose ou plutôt quelqu'un me percutait et je ne tardais pas à reconnaître cette personne. Cela faisait longtemps... J'ignorais si j'étais content ou non de me retrouver face à Linette. Elle, visiblement, avait fait son choix et elle me le faisait savoir. « J'aimerais bien pouvoir en dire autant pour toi » dis-je simplement. Pourquoi cela ne m'étonnait pas ? En revanche, même si ce n'était pas inattendu, ça ne me plaisait pas pour autant. Je ne voulais même pas savoir d'où elle venait, mais je lui laissais finalement le bénéfice du doute. « Pourquoi t'es toute seule ici ? » Je l'observais un peu et je comprenais bien d'où elle venait, ça aussi, c'était désolant à voir.
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Au fond, elle ne savait pas quoi penser du fait de se retrouver face à lui ce soir. Leur relation restait assez houleuse depuis maintenant plusieurs années et la mather ne parvenait que difficilement à laisser baisser sa garde devant lui. Prise de vitesse, elle se réfugia derrière son animosité plus par protection que réelle conviction. Parfois, elle réalisait qu'elle n'arrive plus à s'en départir devant Tommen, plus par réponse aux accusations qu'elle attendait de sa part. Accusations qu'elle pouvait déjà lire dans son regard faiblement éclairés par la lumière des rues. Si elle ne lui avouait jamais, elle détestait ça. Elle détestait sentir la déception qui montait en lui à chaque fois qu'il posait les yeux sur elle dans ce genre de situation. Et tel un animal blessé, la blonde répondait par l'attaque pour seule défense. Charmant. S'il savait pourquoi elle était ici, pourquoi se donnait-il la peine de poser la question ? Etait-ce pour être sur ou parce qu'il espérait encore avoir tord ? Dommage pour lui, se trouvant à deux pas du People's Republik et habillée comme elle l'était, il y avait peu de chance qu'elle sorte d'un gala de charité. Je vais te décevoir mais oui, j'étais en soirée pas loin, je rentre chez moi. Plus tôt que prévu mais ça, elle ne le précisa pas. Comme le fait qu'elle était à pied alors qu'elle habitait à Allston, c'était un détail auquel elle ne pensait pour le moment pas, souhaitant juste éteindre les lanternes rouges qui s'alarmaient en boucle au creux de son crâne. Par contre toi, je ne te savais pas amateur de ces quartiers de la ville. Ici, à Cambridge aux abords de la fac, les fêtards étaient de mise et elle en savait suffisamment sur lui pour savoir qu'on ne l'y trouvait que rarement. Linette ne parvenait pas à savoir comment il était parvenu à connaître Sloan d'ailleurs, c'était une question qu'elle n'avait jamais vraiment posée, et ce malgré leur différence aux premiers abords plutôt flagrante.
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J'étais peut être un peu froid et sur la retenue, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. C'est une habitude que j'ai prise, maintenant. Je ne pourrais probablement pas me souvenir de la dernière fois que j'ai eu une discussion avec Linette sans que je n'ai penser à ce qu'elle fait de sa vie, entre autre, tout ce qui me dérange. Au fond, je n'ai peut être pas mon mot à dire, c'est vrai. Mais je me fiche, cette fille ça reste quelqu'un à qui je tiens, malgré tout ce qui peut nous différencier et nous éloigner. Alors oui, moi ça m'emmerde quand je vois qu'elle fou sa vie en l'air avec ces conneries. Et finalement, j'avais vu juste. Je n'avais pas pris trop de risque en m'avançant sur le fait qu'elle était sortie ce soir, et qu'elle s'apprêtait en plus à rentrer tout seule jusqu'à chez elle, à pieds. Je m'apprêtais à lui faire une remarque, mais la mather ne m'en laissa pas le temps. Elle n'avait pas tord. C'était rare de me trouver ici, pour un tas de raisons. De plus, le règlement chez les eliots s'était resserré un peu plus, et c'était vraiment pas plus mal. Il y a trop de scandales qui ont terni l'image de cette maison. « Faut croire que je ne suis pas prévisible, contrairement à d'autres » déclarai-je un peu sèchement, je l'avoue. C'était plus fort que moi. Je regardais brièvement l'heure sur mon téléphone, me rendant compte qu'il se faisait tard. J'avais arpenté ces petites rues plus longtemps que je le pensais. « Je suis garé plus loin, je te ramène » C'est plus une affirmation qu'une question. J'étais peut être méchant par mes mots, mais pas au point de la laisser rentrer toute seule, même si je me doutais que ce n'était pas la première fois qu'elle le faisait. Je commençais à marcher, attendant que Linette me suive, si elle daignait le faire. Elle pourrait encore refuser que je la ramène, tout est envisageable avec elle. Contrairement à ce que je lui avais fais comprendre, elle était imprévisible comme fille, et sans l'être à la fois. Un sacré mélange.
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Linette roula des yeux face à la remarque de Tommen. Toujours aussi agréable. Si je le suis tant que ça, pourquoi est-ce que tu t'obstines encore à poser la question ? C'était simplement fatiguant à la longue, s'il savait à ce point-là tout d'elle en étant conscient que ça lui déplaisait, il pouvait simplement passer son chemin. La concernant, elle ne comptait pas s'attarder encore bien longtemps si c'était pour servir de receptacle à sa mauvaise humeur. Elle avait assez donné et remerciait la fatigue qui l'avait empêcher d'être bien plus agressive qu'elle ne l'avait été. La blonde se sentait lassée de cette même rengaine qui semblait être la seule chose qui les liait encore aujourd'hui. Souvent, elle aurait voulu être capable de voir plus loin que ça, simplement se souvenir d'un autre temps, loin de celui-ci. Renouer ce fil effiloché qui les avait uni et qui ne tenait plus que faiblement, atrophier par les mots trop souvent criés. Mais plus le temps passait, plus la distance entre eux semblait se creuser. Si près, mais si loin à la fois, il ne faudrait pourtant que d'un pas. Mais leur fierté et rancoeur accumulées les maintenaient encore loin de faire l'effort qui aurait pu faire la différence. Surtout ne te sens pas obligé. répondit-elle, avec un léger sarcasme pointant dans sa voix au volume descendant. Elle ne le comprenait pas lorsqu'il était comme ça, oscillant entre le détestable et l'attention qu'elle percevait tout de même derrière sa dernière remarque, le connaissant assez bien pour ça. Et ça la rendait folle. Bien sur, elle aurait pu suivre sa première envie, refuser de le suivre et fuir loin de lui et tout ce qu'il représentait. Mais ses pieds la faisait souffrir suffisamment pour qu'elle prenne sur elle et se dirige tout de même dans son sillage, ses talons résonnant dans le silence de la rue, ses bras resserrant les pants de sa veste, croisés sous sa poitrine.
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