(kyla) you, here ?

Des nuits que tu n'arrivais plus vraiment à fermer l'oeil et que tu ne dormais presque plus. Tu étais épuisée, à bout de nerfs. Faisant le maximum d'efforts pour le cacher à ton entourage, pour que personne ne se doute de ce qu'il se passe dans ta tête. Sauver les apparences, encore et toujours. Parce que dans ce bas monde, tout n'est qu'une histoire de paraître et t'es fatiguée de jouer à ce petit jeu, de faire semblant d'aller bien. Mais Noah était de retour et si il y avait bien une personne que tu ne pouvais pas tromper, à qui tu ne pouvais pas mentir, c'était bien Noah. Tu n'avais pas besoin de parler avec lui, il savait. Parce que Noah savait toujours, mieux que tout le monde. Tu pouvais pas le revoir dans cet état là, il allait se douter direct que quelque chose n'allait pas. Ta vie était parti en vrille et tu n'avais rien fait pour arranger ça, tu l'avais juste camoufler sous des faux sourires et ton maquillage. A force de mentir au monde entier, t'avais commencé à y croire toi aussi. T'avais presque réussi à te persuader que t'allais bien. Le retour de Noah t'avais ouvert les yeux. Tu n'allais pas bien. Et ça ne servait à rien d'essayer de le cacher. De fuir devant la vérité, il était temps de l'affronter. C'est la raison pour laquelle tu te retrouvais dans cette salle d'attente, assisse sur une chaise, les yeux rivés sur le parquet. Tu t'étais finalement décidée à te reprendre en mains, à faire un premier pas. Ça t'avais coûté pas mal, de prendre le téléphone et de composer ce numéro pour demander un rendez-vous. C'était la première étape, celle où tu arrêtais de te complaire dans le déni. Celle où tu avouais enfin que tu avais un problème. L'avantage d'avoir déménagé sur Cambridge, c'est que tu pouvais profiter d'un peu de discrétion, d'une certaine forme d'anonymat. Mais c'était sans compter la nouvelle arrivée dans la pièce. La porte s'ouvre et te tire de tes pensées amères, levant les yeux sur la silhouette qui apparaît dans la salle d'attente. Tu baisses vite le regard, reconnaissant facilement la jolie brune qui vient de rentrer, refermant la porte derrière elle. Ta respiration s'arrête et tu peux même sentir ton estomac se tordre. Tu te souviens d'elle, parfaitement. Même si t'aurai aimé pouvoir l'oublier. Putain mais qu'est ce qu'elle fait ici ? Tu te crispes, alors qu'elle vient s'asseoir un siège à ta gauche. Ton regard ne lâche pas le parquet des yeux et tu pries pour que Kyla ne t'ai pas reconnu. Tu te maudis silencieusement d'avoir choisis ce jour là pour aller voir le psy. Putain.

" Faut que je parte plus tôt ce soir. J'ai un rendez-vous chez le médecin à seize heures " Lâchais-je simplement à l'équipe avec laquelle je bosse. Ils n'étaient pas chiants avec moi, loin de là même. J'étais presque persuadée que ça ne les gênerait pas que je parte plus tôt. De toute façon, j'arrive toujours plus tôt le matin, surtout depuis que Noah a posé ses valises à l'appartement il y a quelques jours. Moins je suis chez moi et mieux je me porte, je dois bien l'admettre. Je pense que nos relations vont mieux avec Noah mais jusque quand ? C'est toute la question quand on y pense. En tout cas, la journée de boulot passe plutôt tranquillement. On fait fermer quelques forums qui sont limites limites, on se retrouve à fouiller dans le dark net pour trouver des criminels. C'est fatiguant et c'est épuisant moralement. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai repris mes séances chez le psychologues. Enfin, je consulte depuis trois ans maintenant mais j'y allais de moins en moins... Une fois tous les quinze jours voire une fois par mois, c'était bien assez suffisant mais là, je sens que ce n'est plus assez. Et puis, j'ai du mal à surmonter tout ce qu'il se passe dans ma vie depuis quelques temps. Mon entrée au F.B.I., ma séparation avec Cole, ma mise en couple avec Darwin. Tout a été si vite et je suis complètement perdue. Ne va-t-il pas y avoir de dommages collatéraux - plus si collatéraux que ça au final - dans cette histoire ? Je pousse la porte de la salle d'attente et la referme derrière moi. Bordel, y a déjà quelqu'un. J'espère qu'on ne consulte pas le même psychologue dans le cabinet parce que j'ai pas envie de passer ma soirée à attendre. " Bonsoir " Soufflais-je. Je me pose à la gauche de la demoiselle, sors mon téléphone de ma poche et commence à me balader sur les réseaux sociaux et tout ce qui va avec. Une personne part et il n'y a plus que la blonde et moi. " Vous avez rendez-vous avec le Docteur Spencer ? " Demandais-je en tournant le visage vers la demoiselle avec un léger sourire. Je fronce les sourcils en la regardant. Elle me dit quelque chose mais quoi... Aucune idée pour le moment.

Tu vois la jolie Kyla rentrer dans la pièce et ta respiration se coupe. Putain. T'avais choisi le bon jour toi aussi. Pourquoi il fallait qu'elle soit là elle aussi ? Merde. Tu baisses le regard alors qu'elle se dirige vers toi. T'espères de toute tes forces qu'elle ne t'as pas reconnu. Toi tu l'as pas oublié. T'as pas oublié cette nuit passé dans ses draps et cette nuit ne veut pas sortir de ta tête. Parce que c'était tellement pas toi. Première fois que tu couchais avec une nana et tu savais pas trop quoi en penser. C'était perturbant et tu n'en avais parlé à personne. Tu savais pas du tout comment réagirait tes amis si ils savaient. Pour sûr, Aria allait t'incendier. Putain, ça te fait chier qu'elle soit là. T'as assez de problèmes dans ta vie, c'est assez le bordel comme ça pour que tu puisses aussi gérer le problème Kyla et tout ce que ça voulait ou ne voulait pas dire. La jolie brune vient s'asseoir à tes côtés et tu te fais toute petite. Tu te tends alors qu'elle s'adresse à toi et tu te mets à croire à Dieu quand elle ne semble pas te reconnaître. Tant mieux. Tu lui réponds sur le même ton, arrêtant de fixer tes chaussures pour aller trouver un autre point. Bonsoir... que tu lui souffles à ton tour alors que tes yeux sont rivés sur le mur en face de toi. Une porte s'ouvre et tu suis la personne qui s'en va des yeux. Puis te tournes vers Kyla alors qu'elle s'adresse une nouvelle fois à toi. Mhh non... Je suis là pour l'autre Docteur... Docteur Jefferson. que tu lui réponds, petit sourire sur les lèvres. Ses sourcils se froncent, ton coeur se met à battre. Aurait-elle reconnu tes traits, ta chevelure blonde. Un petit détail ? Putain, t'espères pas. Tu lui laisses pas le temps de chercher dans sa mémoire si elle te connait ou pas que tu continues : Ils ont souvent du retard ? que tu lui demandes alors, essayant de poursuivre la conversation et de la faire dévier sur autre chose. Tu te sens stupide et tu finis par détourner le visage pour faire semblant de regarder l'heure sur ton téléphone.

Le psychologue, c'est un passage forcé et obligatoire depuis un bon bout de temps. J'étais réfractaire au début et quand mes cauchemars ont commencé à être de plus en plus nombreux, je n'ai pas eu le choix. La bombe m'a détruit et les agressions y a près de deux ans ont ravivé cette détresse, ce besoin de parler, ce besoin d'aide que je ressens quand je perds pieds. Et puis là, c'est le F.B.I. qui tient à ce que je consulte. J'y tiens aussi parce qu'on voit pas des choses franchement facile tous les jours et c'est terrible ça. Ouai, c'est terrible et je ne peux pas en parler aux gens qui m'entourent. Je me vois mal, en petite tenue avec Darwin au lit, lui balancer que j'ai vu les photos de plusieurs personnes pendus parce qu'ils ont été victime de cyber harcèlement. Ouai, j'ai besoin de vider mon sac avec quelqu'un de neutre, en quelque sorte. Alors je suis là, assise sur ce siège qui a limite la forme de mes fesses tellement je viens. La réaction de la blonde à côté de moi me fait sourire. Elle a l'air mal à l'aise. C'est comme si elle avait honte d'être ici, comme si elle avait honte d'être qui elle est et c'est tellement dommage, je dois bien l'avouer. Dans ces conditions, on peut pas être heureux. " Ça va ? " Demandais-je simplement en commençant à chercher d'où je connais cette jolie demoiselle. Elle doit venir de mes quelques mois de débauche parce que sinon, je saurais très bien à qui j'ai affaire. " Ouai ça leur arrive assez souvent... On ne sait jamais combien de temps une consultation va durer chez le psychologue " Lâchais-je avec un léger sourire alors qu'elle regarde son portable. Je m'installe un peu mieux dans le fauteuil et ferme les yeux quelques secondes, réfléchissant où je l'ai déjà vu. Ça va me perturber sinon et ça, non non, je refuse. " Lisa ! Lisa-Rose, c'est ça ? " Lançais-je à voix basse avant de me redresser et de la regarder. " La Lisa du bar ! C'est bien ça ? " Du bar et plus si affinités, bien entendu... On ne passe pas du temps avec Kyla Carmichael-Jobs sans finir dans son lit. Enfin, à l'époque...