Il fait un froid de connard

Je ne perdais pas les pédales non…  Tout allait bien. Il fallait juste que je me pose, que j’analyse ces fichues questions qui avaient inondé mon compte form et j’allais en tirer les conclusions qu’il fallait. Et là, soudain, éclair de génie. En surfant sur le compte de Lennox. Il était eliot, pote avec certains de mes amis, j’avais jamais eu vraiment un œil sur lui. Trop confiant. Maintenant, ça me sautait au yeux : y’avait ce message d’Aria, il était ami avec la cabot et c’était désormais de notoriété commune que les roses avaient retourné leur veste pour être les nouvelles copines de soirées de ces traites de rouges et de ces camés de mathers. Et puis, y’avait aussi cette question en anonyme, je n’en avais plus la notion, mais c’était vrai que Le’ avait été winthrop. Tout d’un coup, il devenait plus suspect. C’était vrai ça, pourquoi il avait changé ? Est-ce qu’il avait été envoyé chez nous par Jay et sa troupe pour nous infiltrer, pour nous espionner de l’intérieur ??? Mon cerveau bouillonnait à nouveau, je commençais à taper nerveusement du pied, mes prunelles continuant de détailler les questions qui avaient été posées au garçon. Mes yeux cernés, fatigués, par ces trop nombreuses nuits blanches à cogiter, s’usaient un peu plus en fixant les pixels de mon écran d’ordinateur. Et finalement, ces derniers s’écarquillèrent en découvrant le pseudo de Lucky. « C’est pas vrai ! » lâchai-je, bouche bée en lisant les mots de la brune, réalisant que petit un, Lucky et Lennox se connaissaient, que petit deux, vu l’échange, ils étaient potes, et que petit trois, ils étaient peut être même plus que ça vu que Lennox lui faisait limite du rentre dedans. Et de suspect, il passa aussitôt dans la case coupable. C’était forcément lui le texto. Il était de mèche avec Lucky, ils avaient manigancé ça ensemble. C’était clair et net. Je tapais quelques mots sur le form de celui que je considérais encore quelques minutes plus tôt comme un ami, puis je refermais sèchement mon pauvre pc, me levai d’un bond et saisis ma veste pour me rendre sur les lieux où je venais de lui filer rencard, furieux…  

Il n'avait pas eu l'intention de participer à cet engouement pour ce foutu réseau social formspring à la base, n'ayant jamais été un utilisateur fidèle de Facebook et compagnie, et voulant rester loin des problèmes qui tournaient autour de tout le monde chez les Eliots en ce moment-là. Mais d'une façon une d'une autre, et il ne savait plus pour laquelle, il s'était retrouvé tout de même malgré lui à répondre à des questions stupides et futiles sur le top des filles de Harvard, les raisons de son changement de confrérie et autres. Questions qu'il aurait royalement ignoré honnêtement de base, si elles n'avaient pas été posées par deux de ses fréquentations les plus agréables, dirons-nous : Lucky et Ariana. Habitué à être taquin et chaleureux en privé avec la première, c'était d'un naturel évident qu'il répondit de la même manière à la jeune femme sur le forms, sans se soucier de la visibilité de ces questions/réponses, oubliant complètement la visibilité de ces questions/réponses en fait. Comment un réseau social aussi futile pouvait lui rendre préjudice de toute façon ? Peu de personnes y faisait réellement attention ou ne prenait pas au premier degré ce jeu de questions/réponses, en plus. Du moins, lui, non. C'est pour ça qu'il avait continué à répondre aux questions, amusé de les rembarrer à sa façon, n'accordant à personne une réponse honnête et sincère, à quoi bon ? Ceux qui posaient les questions étaient tout aussi sérieux que lui, du moins il l'espérait vu le niveau de ces dites questions, Lennox se moquait de leur manque d'audace en se cachant derrière l'anonymat, mais mine de rien ça l'amusait. Du moins, jusqu'à ce qu'un post loin d'être anonyme et loin d'être une question ou une blague vu l'intonation pointait le bout de son nez. Cole. Le VP des Eliots, un ami. Qui lui donnait rendez-vous à Charles Street de la même façon qu'un cow-boy donnait rendez-vous à son ennemi juré pour un duel jusqu'à la mort. Well. Bon, ok, très bien. Qu'est-ce qui se passait ?
Lennox s'était tout de même pointé au rendez-vous, après une grosse demi heure de questionnement et d'incompréhension totale. Mais justement, valait sans doute mettre les choses au clair avec Cole. Cole qui fit d'ailleurs son arrivée quelques minutes après lui, et Lennox, s'approcha, tenta de garder un air amical, mais resta tout de même méfiant. « Hey Cole ! C'est quoi tout ce délire, mec ?  Tout va bien ? Tu vas bien ? » Lança-t-il d'un ton léger en désignant en même temps l'environnement qui les entourait, pour appuyer sa question. Non, sérieusement, qu'est-ce qui se passait ?

Me voilà donc en chemin vers le lieu du rendez vous. Le laps de temps pour m’y rendre aurait pu permettre à la tension de redescendre chez moi, à mes nerfs de se calmer, mais bien au contraire, mes neurones fumèrent, s’inventant scénario sur scénario, des films où l’eliot ne serait qu’un espion, qu’il aurait changé de maison en last minute avant la rentrée pour mieux nous infiltrer, mieux nous espionner, mieux nous détruire. Il était où le soir de l’incendie ? Ha, ça ne m’étonnerait pas qu’il ait acheté essence et allumettes peu de temps avant l’incident tiens… Et puis, Aria était surement dans le coup aussi. Après tout, les Cabots étaient complètement corrompues, on avait pu le voir à Halloween avec leur fameuse soirée mêlant les mathers, les winthrops avec leur confrérie.
Lorsque j’arrivais, Lennox s’avança, souriant, salutations amicales, mais je pouvais sentir sa crispation derrière ses faux semblants. Il avait surement les boules que je l’aies percé à jour. Il savait que je voyais clair dans son double jeu. Il n’aurait pas été tendu si il n’avait strictement rien à se reprocher. Alors qu’il pose la question, qu’il s’interroge, ça ne prenait pas, je n’étais pas dupe. « Ne joue pas les innocents Lennox ! » commençai-je d’emblée sur un ton dur en plantant un index accusateur sur son torse. Pas de –salut, ça va ?- pour moi, pas de poignée de main amicale, je savais ce que j’avais à lui dire, et je n’allais pas passer par quatre chemins avec lui. « Je sais ce que t’as fait Len’ et ça me dégoûte ! T’es de mèche avec qui ? Qui t’a aidé ? » Ma main en tremblerait presque de rage. Chaque trait de mon visage exprimait à merveille la colère qui m’habitait alors que ma tête bourdonnait, la migraine reprenant peu à peu le dessus alors que mes délires continuaient. « Aria ? Lucky ? Qui ??? »