Je toussai pour manifester mon étonnement devant son sermon. « Allons allons Hippo, ne joue pas les donneuses de leçon… Pas toi. Pas avec moi. Pas avec ce que je sais… » Je me retenais de lui ressortir ses propres faux pas. Parce que coucher avec un type qui avait trempé son biscuit dans tout Harvard, ou avec le clodo de mather qu’elle avait hébergé, excusez moi mais c’était nettement pire que de coucher avec miss Burberry, qui aurait très bien pu postuler chez nous, avoir sa place à la Eliot, si elle l’avait souhaité. Elle avait le nom de famille, l’héritage et la prestance pour. Ca aurait surement simplifié bien des choses si elle avait pris ce chemin là d’ailleurs, au lieu de quoi, Lucky avait rejoint ces raclures de verts, ce qui rendait nos ébats bien plus scandaleux. Enfin désormais, les bruits de couloir allaient cesser, puisque j’étais en –couple-. Mon interlocutrice s’étouffa à moitié en l’apprenant avant de réclamer l’identité de la fille en question, vexée de ne pas avoir été consultée avant, comme notre accord l’imposait. Elle critiqua mes goûts et un sourire amusé étira mes lèvres en constatant son petit air contrarié. « Tu sais que je t’ai toujours voulu, ça aussi c’est une preuve de mauvais goût ? » répliquai-je alors, provocateur. Hippolyte, perspicace, comprit rapidement que mes élans charitables n’avaient été guidés en réalité que par ma libido débordante. Je lui reprochai sa non venue au club d’ailleurs, chose qui l’agaça encore un peu plus, avant qu’elle n’en rigole, lorsque j’évoquais la présidente, Carter. « Il est toujours temps de venir avec nous tu sais… On a signé pour l’année, plus on sera nombreux pour imposer nos idées et moins dure la torture sera. » Peut être même que Carter allait démissionner, si on arrivait en grand nombre. J’imaginais un instant, Ayma ou encore Aria, à nos côtés lors des réunions, et pouffais en imaginant la tête que tirerait alors la Cabot. Déjà qu’elle avait eu du mal à nous supporter, Hadès et moi, alors si elle avait toute la clique dans son club, elle pèterait un plomb à coup sûr. Je repris mon sérieux, pour évoquer un sujet grave : Nina. Elle déraillait aussi la demoiselle, et Hippo parut particulièrement concernée par mes dires. Je fis mine de vomir lorsque ma meilleure amie me révéla les prétendus sentiments de Nina pour Baptiste, ce traitre sur pattes. « Voilà une bonne raison pour toi de ne pas l’épouser au moins… » conclu-je en essayant de voir le positif de la chose. Mais pour en revenir à Nina : « Faut qu’on lui trouve un autre mec… » On n’avait pas le choix. Hippo et Cole en guise de cupidon, pauvre Nina, elle n’était pas prête d’être mariée. C’est sur mon cas à moi qu’on revint néanmoins ensuite. Je m’énervai à propos de mon couple : je n’avais pas eu beaucoup d’option. « Je t’ai rien dit parce que j’ai du réagir vite et t’étais pas là. Feryel, si. » Reproche dans la voix. Reproche dans les yeux. Je parlais de ses fichues fiançailles avec rage, avec jalousie un peu aussi. « T’es plus la même depuis que t’es fiancée avec lui… » Elle assura qu’elle n’en avait rien à faire de lui, qu’ils n’étaient pas proches, défendant son entourage, plus propre, plus clean que le mien selon ses dires. « Romps tes fiançailles Hippo. Pour ta propre sécurité. Largue le. » lui demandai-je alors. C’était clair qu’il était mouillé jusqu’au cou dans le complot contre moi, le petit Archibald. Et à un moment donné ou l’autre, il allait retourner sa fiancée contre moi, ou il allait essayer alors autant mettre un terme tout de suite à cette mascarade. « Prouve moi que je peux te faire confiance Hippolyte. J’ai besoin d’être sûr que je peux encore croire en toi. » Ancien ami de Baptiste, j’avais perdu ma confiance en le winthrop, j’avais perdu Emi, puisque les cabots fricottaient avec les verts, j’avais perdu Nina désormais… Mais je ne pouvais me résoudre à perdre Hippo…