Emma H. Shakespeare ▪Elle Fanning

❝ A Midsumer Night's Dream... ❞
D'Emma en Shakespeare

Journal,
Dieu que cela est stupide d'écrire ses souvenirs dans un cahier. Pourtant coucher des mots sur le papier à un rythme plutôt apaisant,  et la mine du crayon glissant sur la page créée une douce musique à mes oreilles. Je ne peux m'empêcher de tout tourner en musique. Pour moi tout n'est que notes et partitions, arpèges et gammes, compositeurs et musiciens... Je ne sais pas d'où me vient cette passion, à vrai dire. Personne dans ma famille n'est très branché musique classique. Ma soeur Jenna à bien du essayer de jouer du violon pendant quelques années mais le pauvre instruments n'a pas tenu aux grincements digne d'un chat qu'on égorge qui sortait de sa caisse de bois. Moi, ma spécialité c'est le piano. Mettez moi devant un Steinway et je pourrai jouer, jouer et encore jouer pendant toute la jornée sans m'arrêter. Une passion dévorante et un amour de l'étude depuis mon plus jeune âge. Les touches noires et blanches me calme. On ne peut pas dire que je sois un modèle de sagesse et d'obéissance. Je suis plus du genre à dire ce que je pense et faire ce que je veux quand je veux. Aux antipodes de ma grande soeur de trois ans mon aînée, précisément, d'après mes parents  et ce sur tout les points. Elle est belle blonde aux yeux gris vert, disciplinée et intéressante, moi je suis la petite blonde aux cheveux rêches et aux yeux bleu teinte océan en colère, rieuse, joueuse et farceuse. Oui, je le reconnais, je ne suis pas une descendante de Shakespeare, scientifiquement parlant. Moralement rien n'est moins sûr. Je suis née à Stratford sur Aven, ville d'origine du génie du théâtre anglais. Rien que pour cela, je suis fière de mes origines britanniques. J'aime ses pièces, jouer du théâtre, lire, apprendre, m'imprégner de ses personnages d'un autre siècle... J'ai arrêté de compter le nombre de fois où mes camarades m'ont sorti " Emma pourquoi es - tu Emma ? ". Cette plaisanterie n'a jamais cessé de me faire rire, contrairement à Jenna, qui se vexait à chaque fois. Je ne vois pas comment on peut prendre la mouche a cause d'une flatteuse comparaison avec mon cher William, mais bon, à vrai dire, je n'ai jamais vraiment compris ma soeur...

Jenna Andrea Shakespeare. Je pourrai écrire des pages entières sur cette pimbèche, que j'aime quand même un peu il faut se l'avouer, mais c'est mon journal et par conséquent mon histoire. Je ne suis pas narcissique mais Je' est indigne d'intérêt ici. Retenez qu'elle étudie aussi à Harvard avec ses copines de la Cabot House et que c'est à cause d'elle que nous avons quitté l'Angleterre pour Boston. L'Amérique n'a rien du charme de mon île natale mais on s'y fait, et l'activité régnant en maître me console un peu de la perte de mon Hamlet. Je vis dans une petite maison avec jardin, c'est au moins ça. Il me manque quand même la circulation à gauche et les bobbys. Je suis arrivée aux usa à l'âge de quinze ans et la première chose que je fit sur le continent consista dans le fait de m'inscrire au conservatoire, très réputé de Boston et de travailler à nouveau mon piano. D'après mes professeurs, j'étais douée pleine d'avenir dans la musique. D'après mes parents j'étais douée et c'est tout. Fiers mais immuables dans leur décision, je ne serai pas pianiste, ce n'est pas un métier. Soit cette année, j'entre en journalisme. Mais ils rêvent encore de me voir avocate, scientifique ou professeur, je ne me vois qu'en robe, assise devant un public transporté par les mélodies de mes héros, Chopin et Debussy. Cette mascarade dure depuis trois ans. Je suis redevenue le petit démon que j'avais abandonné à l'école primaire. J'ai refusé de travailler au lycée, ramenant mauvaises notes et mots colérique de mes enseignants. Ils m'ont supprimé mon piano, du coup j'ai fugué. Ils m'ont rendu mon piano alors je suis revenue. Je suis une fille plutôt simple au fond. Je marche en mode binaire. Tu es gentil et compréhensif, je te passe mon numéro de gamine insaisissable et énervante au plus haut point, tu es réticent et fermé d'esprit, je sorts l'artillerie lourde et je te brise façon seconde guerre mondiale. Mes règles d'or ?  Ne touche pas à mon piano, à mes convictions et ne m'appelle pas Emmalyne.

Pourquoi j'écris encore moi ? Personne ne lira jamais ça de toute façon. J'ai pas envie de raconter qu'on m'a toujours trouvée étrange et que je n'ai jamais vraiment été acceptée parmis les autres. Parce que la différence fait peur. Je ne sais plus qui a dit ça, un des illustres grands de ce monde, mort depuis longtemps sûrement. Reconnaissez que les personnalités d'aujourd'hui ne sont plus ce qu'elles étaient. Newton, Shakespeare, Bach ou Gandhi, eux c'étaient des hommes. Christie, Currie, les soeurs Brontë ça c'étaient des femmes... Tout ce perd mes amis.  A me relire, j'ai l'impression de souffrir de schizophrénie. Jenna aurait raison ? Non, évidement que non, il est juste quatre heures du matin et je suis fatiguée. Qui n'a jamais parlé à son lui même au fond... Philosophie quand tu nous tient. Je devrai arrêter d'écrire, plus aucun de mes mots n'a de sens. J'ai pas envie, en fait. J'étais partie sur cette vieille histoire de rejet. Les psychologues affirment qu'écrire permet de relativiser, parfois même de " fermer le souvenir ". Je ne comprends pas tout mais soit, allons - y...  

•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••

« Elle est bizarre. Elle est méchante. Elle est pas comme nous. Elle aime personne à part son piano. Elle est menteuse.»  Puis plus tard. «T'as vu comment elle s'habille. T'as vu comment elle se coiffe. Elle aime personne à part son piano. C'est un fugueuse. Elle est ridicule un peu quand même... » J'ai entendu ça bon nombre de fois durant ma scolarité. Oui je suis pas comme tout le monde, j'ai pas des goûts similaires à toute une armada de petits robots conditionnés. Je porte des gros pulls, j'écoute de la vieille musique, je rigole toute seule, j'ai mon petit monde et ça tout le monde comprend pas. Avoir un refuge dans sa tête c'est être bizarre aux yeux de tous alors ? Les professeurs ont convoqué mes parents un nombre conséquent de fois pour répéter toujours et encore que je devais voir un psychologue, parce-que " c'est pas normal cette absence d'intégration ". On ne vous a jamais dit que l'innocence de l'enfant était sa pire arme ? Les bambins de dix ans savent très bien manier la cruauté, sache le, lecteur indésirable de ma vie secrètement personnelle.

Du coup ce qui devait arriver, arriva. Je suis aller chez un homme qui tenait tout du psychopathe et non du psychologue. Je devais parler et lui me fixait de ses yeux glacés. Je devais dessiner mes rêves, chanter, restituer des dialogues entrès moi et mes camarades. Butée comme j'étais, aucune de ces séances n'auront marché. Enfin, avec un père chirurgien obstétrique ce n'est pas un problème. Puis on a quitté Stratford pour Boston et j'ai stoppé ces séances inutiles avec joie. Je n'ai pas été la plus populaire des élèves pendant mes dernières années de lycée je l'avoue mais je compte faire un trait sur cette époque désormais et repartir sur de bonnes bases.

••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••

Journal,
Il est quatre heures du matin et je viens de noircir sept pages des mes phrases sans queue ni tête. Demain c'est la rentrée, j'aurai de vilaines cernes violettes. Ça va jurer avec mes cheveux paille. Tant pis. Je sais que je n'arriverai pas à dormir de toute façon. Mes pensées ne cessent de varier entre l'anxiété montante de ce matin, l'internat, mon intégration et le piano.  Je me demande si je dois t'emmener et te cacher sous mon  oreiller comme une adolescente pré pubère... Je me fais aussi la promesse de paraître au moins un minimum normale, et puis si ça ne plaît pas, enjoy quoi qu'il arrive. J'entre à Harvard quand même !  

Emma.

(Invité)