the worst things in life come free to us, with charline

Ces derniers temps, Lukà s'obligeait un peu à se divertir et notamment le soir histoire de ne pas endurer une soirée passée seul dans son vaste appartement, avec pour toute compagnie ses angoisses. Il en avait vécu des périodes compliquées à gérer, tant depuis son arrivée à Harvard qu'avant celles-ci, mais ces derniers temps, c'était plus compliqué. Il ne s'agissait pas d'un évènement en particulier qui aurait été source de stress pour lui, mais de toute une série d'évènements qui n'avait de cesse de s'enchaîner, une situation particulièrement stressante et source de pas mal de tension. Il en était presque arrivé à un point où il flippait dès qu'il voyait le moindre appel d'un membre de sa famille sur son portable. C'était une spirale infernale dont il ne voyait pas la fin et cette torture lente et infernale jouait naturellement énormément sur son moral. Il ne pouvait pas se permettre de poursuivre longtemps ainsi avec cette peur au ventre continuelle qu'il avait à coeur de cacher à ses proches, se réfugiant derrière son masque d'invulnérabilité, un masque dont le port commençait à l'indisposer. A défaut d'avoir une solution magique pour arrêter l'acharnement dont sa famille faisait les frais, il pouvait simplement poursuivre sa vie en tâchant de faire autant abstraction que possible de toute cette peine et cette colère emmagasinée en lui. Il devait trouver le moyen de vivre dans cette atmosphère assommante dont il n'avait aucune idée de quand elle se dissiperait et du prix qu'il faudrait payer pour cela. Dans cet optique de rendre ses soirées moins favorables aux conflits intérieurs interminables, il tâchait de renouer avec une vie sociale plus pleine et ça passait notamment par des sorties avec des amis, un moyen comme un autre de laisser un peu ses problèmes chez lui, histoire de respirer à nouveau. La soirée à laquelle il s'était rendu ce soir-là avait été sympas (preuve en était, la nuit était vraiment bien avancée et il était toujours là), il avait bavardé avec des amis, s'engageant dans des conversations simples, dépourvues de drame ou de tension. Des discussions qui lui rappelaient que le monde continuait de tourner malgré tout, qu'il restait un garçon de vingt-sept ans en plein dans sa dernière année universitaire et que du coup, c'était son devoir de la savourer cette année, dans la mesure du possible. Il avait bu quelques verres histoire de se détendre et de profiter en beauté, mais n'était pas saoul pour autant. Il était du genre à toujours verser dans la modération, appréciant de toujours se sentir garder un certain contrôle sur la situation et ce soir-là n'avait pas fait exception.

Certains de ses amis s'étaient déjà esquivés, certains seuls, d'autres accompagnés, lorsqu'il fila aux toilettes du bar où se déroulait la soirée. Il n'allait sans doute pas trop tarder à partir non plus et il avait dans l'intention de ne plus rester très longtemps lorsqu'il sortit des wc quelques minutes après y être rentré et tomba nez-à-nez avec une fille, accroupie dans le couloir sombre, l'air vraiment en vrac. « Eh, tu te sens bien ? » Lança-t'il en se baissant un peu pour se mettre à sa hauteur, ses sourcils froncés.