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❝ Les seules vraies réponses sont des questions ❞
Kaylee & Caleb
Les gens se sentent seuls parce qu'au lieu de construire des murs, ils construisent des ponts △
On ne choisit pas sa famille. C’est bien ça la fameuse phrase que tu as entendue des dizaines de fois et que tu as aussi prononcée dans un soupir à plusieurs reprises? Eh bien non, pour sûr, on ne la choisit pas… Et pourtant tu l’aimes, ta famille. Et puis surtout tu lui ressembles. Tu as bien ce gène des Armour qui fait que tu es prête à jouer dans le Vaudeville orchestré par ton paternel pour ne pas perdre ton héritage. Donc, en toute franchise, en ce moment rien ne va. Tu ne réfléchis plus à ce que tu vas mettre le matin. Ton boulot t’ennuie autant qu’il t’épuise. Ta mère t’exaspère. Tes copines te ressemblent. Et tes soirées t’indiffèrent. Mais te poser des questions, faire le point, prendre du recul, tu n’as pas le temps. Et puis il y a tellement plus simple et plus efficace : aller chez le coiffeur. Le coiffeur c’est la vie en mieux. Toujours. Quels que soient ton âge et ton quotient de séduction du jour, chez le coiffeur c’est toi l’élue. De ton entrée au salon jusqu’à la sortie tu n’entends que des compliments et des remerciements. Et tu aimes ça. Qui n’aimerait pas ? Pendant qu’on boucle tes cheveux, tu feuillettes un magazine d’actualité. Le genre de revues que tu n’achèteras jamais mais que tu as besoin de toucher de temps en temps. Tu te fous absolument de savoir ce qui se passe au parlement ou à la bourse, mais tu ne veux pas non plus te sentir déconnectée. Tu as juste besoin de savoir que ça existe. Qu’un autre monde que le tien tourne. Tu es sûrement la seule à méditer sur un journal absurde dans cette enclave de la beauté. Une enclave dans laquelle tu t’es faite prisonnière. Tu vis séquestrée dans ta beauté, tu te dois d’être impeccable quels que soient les aléas de ton moral. A douze ans, tu as décidé d’être belle. Non, la beauté n’est pas une appréciation subjective. Ce serait un concept hippie de penser que la beauté vient de l’intérieur. Et les hippies ont les cheveux sales. La beauté est un choix. Et un processus qui prend du temps et de l’argent. Et ça tu l’as compris au moment de ton premier rendez-vous chez l’esthét’, à douze ans donc. Et puis ça a continué. Là tout de suite tu dois choisir la couleur de ton vernis à ongles. Un rouge. Impeccable et passe-partout. Quand rien ne va, retour aux valeurs essentielles. L’écran tactile des smartphones a radicalement changé le moment d’éventuelle solitude où tu attends que ton vernis sèche. Avant tu te faisais chier en pianotant l’air des doigts et en soufflant dessus. Maintenant tu scroll compulsivement ton écran pour faire défiler les statuts facebook et autres tweets. Tu n’es pas seule, visiblement, à aller moyennement bien. Mais toi tu n’en parles pas, tu te recoiffes et tu te fais limer les ongles. Ce serait impoli de se plaindre. Tu es délicate donc tu vas bien. Tu t'empares de tes affaires et salues ta voisine avant de sentir de ce temple de la superficialité. Pas de passage par la caisse. Tu as un abonnement. Alors que tu marches en direction ta voiture que tu as garé un peu loin étant donné que la rue était bondée, tes yeux croisent un visage connu. « Caleb ! » Tu interpelles le jeune brun au fur et à mesure que tu t'approches de lui. « Ça fait un bail ! » Clairement, cela faisait un bon moment que tu n'avais pas vu le bel italien. Ce qui est tout à fait normal parce que tu rentres de trois mois de vacances à Marrakech et que juste avant tu as passé quelques semaines à Omaha. « Tu vas bien? » Tu lui esquisses un regard, ourle légèrement les lèvres et lui montre tes dents blanches malgré la cigarette. Tu lui souris sincèrement. Tu adores ce gars. Il est franc et ne se prend pas la tête. Vous avez partager quelques unes de vos nuits, mais il n'y a jamais eu aucune ambiguïté puis tu ne peux pas t'empêcher de le trouver indécemment beau.
©BESIDETHECROCODILE
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