Il fallait l’avouer, j’avais une fierté mal placée. Très mal placée. Ca pouvait en être énervant pour mes proches dans des moments que celui-là, mais la personne que ça énervait le plus dans l’histoire, c’était moi. Parce que je n’arrivais pas à la ranger et à m’abaisser à ce que j’étais. Là, une taffiole dont les larmes ne demandaient qu’à couler. «
Arrête un peu de raconter n’importe quoi, tu veux ? Ne joue pas à l’experte en Yavuzerie. » J’avais levé le nez en l’air, empli de fierté. C’était moche à dire, mais elle avait raison, elle me connaissait mieux que personne. Elle savait tout de moi. Mes faiblesses y compris. Mes petits secrets, tout. Tout ce que je n’ai jamais aimé révéler à qui que ce soit. On me perçoit souvent comme un homme mystérieux, et pourtant, pour elle, je n’ai aucun mystère. Même des années après, je suis certain qu’en lui contant n’importe quelle nouveauté, elle en serait déjà informée. Je l’avais écouté, avec beaucoup d’attention car ses paroles n’étaient pas totalement fausses. Il était vrai que je me serais amusé de la situation, ça aurait sans doute détendu l’atmosphère assez lourde qui régnait entre nous. Ca l’aurait énervée et ça m’aurait fait sourire, jusqu’au moment où elle aurait joué de son avantage pour me réduire en bouillie. Mais plutôt que de rebondir sur ses prémonitions, j’avais opté pour la provocation. Je savais pourtant parfaitement qu’elle serait à la hauteur, qu’elle soulagerait la douleur et que malgré son attitude de femme forte, elle prendrait soin de moi comme il le fallait. Je savais tout ça. Mais j’avais ce besoin d’y ajouter du piment. Peut-être mon côté un peu macho qui la rabaissait en tant que femme ? Pas spécialement mais on aurait pu l’interpréter ainsi. Mon air dédaigneux semblait avoir fait son effet tant sa réaction était celle que j’avais prévue. Son regard, la haine qui l’avait envahie en l’espace d’une demie seconde, ce rapprochement soudain : ça me donnait l’irrésistible envie de sourire. Ou de l’embrasser. Je la retrouvais bien, là, ma Edwei. Une femme de caractère qui avait toujours su dompter l’homme imparfait que je pouvais être. Mais je tentais de rester impassible, de ne rien montrer si ce n’est cet air supérieur qui l’avait rendue furieuse si rapidement. J’avais d’ailleurs serré les lèvres et haussé mes sourcils, à la manière d’une Bitch. Je n’étais pas certain qu’attiser la flamme était une bonne chose mais ça rendait la chose intéressante. Ca m’amusait, ça m’excitait de me dire que je lui faisais toujours cet effet. Qu’elle était prête à me claquer s’il le fallait pour me remettre à ma place. Une relation un peu étrange certes, mais si forte à mon cœur. «
Si tu savais comme tu es belle quand tu t’énerves. Je t’énerverais tous les jours si c’était en mon pouvoir. » J’avais fini par sourire en coin, amusé par la situation et son état. «
Du calme mon beau dragon. Tu es vraiment certaine de ne pas vouloir aider ton pauvre petit Hüseyin dans sa souffrance ? Je me doute bien que tu t’en ficherais qu’il aille voir une autre femme pour l’apaiser mais ce serait dommage, d’un côté, tu ne crois pas ? » Je n’étais pas certain qu’elle s’en foutrait au fond d’elle. Mais j’étais certain qu’elle m’enverrait chier de plus belle. Est-ce qu’elle allait me claquer ? Possible, à moins qu’il ne faille encore attendre de l’énerver davantage. Et pourtant, je ne voulais pas qu’elle parte. J’avais besoin qu’elle reste auprès de moi. Car après tout, ma chute résultait de sa présence. C’était à cause d’elle que je souffrais. Un mal pour un bien ?