WILLA MARY CAVENDISH ► Phoebe Tonkin

Je suis née un soir d'automne à San Diego, dans une famille aisée qui avait tout pour satisfaire une petite fille comme moi et un petit garçon comme mon frère. Mattis, deux ans mon aîné. Mon père, un mexicain au sang chaud, était un célèbre journaliste et il s'absentait souvent, du coup, je restais le plus souvent en compagnie de ma mère. Mon frère lui, suivait les traces de mon père, il voulait être comme papa, il voulait devenir le président des Etats-Unis. Maman et moi avions créé un lien très fort. Je la prenais comme mon modèle, à me maquiller très tôt, à essayer ses vêtements et à faire semblant de défiler devant un public. Ma mère, grecque de naissance, était un ancien mannequin mais quand elle est tombée enceinte de Mattis, elle a abandonné sa carrière pour s'occuper de ses enfants. J'appréciais toujours ce geste, car je savais ô combien elle aimait sa passion. J'avais tout pour être heureuse dans ce monde de luxe, je me prenais pour la petite princesse innocente, car au fond je pouvais devenir la vilaine sorcière.

Dès que j'ai commencé l'école, j'ai commencé aussi à faire ma loi, à diriger tout, je faisais ma petite capricieuse qui donnait des ordres. J'avais mon petit groupe d'amies, habillées comme moi, coiffées comme moi, la ruche avec ses abeilles, bref j'aimais bien être clonée et être mise en avant. Ma mère, plus féministe que Beyoncé, m'avait dit qu'il fallait que je me batte, que personne ne pouvait m'atteindre, surtout pas un homme. Que je devais faire attention, prendre soin de moi et attendre que l'homme parfait vienne vers moi. Une fois avoir eu l'âge pour entrer à l'université, suivant le chemin universitaire de mon père, je n'ai pas hésité à m'inscrire dans l'université de San Diego. Tout se passait bien, la vie au campus était une nouvelle bouffée d'oxygène. Je me refaisais rapidement des copines, mon frère était là aussi. Mais le jour le plus triste de ma vie, c'était le jour de la mort de ma mère... Je n'avais pas cours le jour où ça s'est passé, j'étais dans l'appartement d'une amie, en train de lui mettre du vernis pour la préparer pour la fête de ce soir. Quand soudain, tout est allé si vite. Des gens hurlaient dans la rue, tout le monde s'agitait. On était en panique totale. Je ne sais plus trop comment ça s'est passé, mais je pense que je me suis évanouie car j'avais trop les boules. En me réveillant, j'ai appris que ma mère avait été assassinée... Pire encore, on l'avait prise en otage pendant 24h pour que notre père leur confie une somme d'argent, une grosse somme. Elle a réussi à s'en sortir, elle a quitté la voiture des malfaisants et ils lui ont tiré dessus...

C'était ma mère, ma maman qui venait de perdre la vie pour une raison absurde. Elle n'avait rien fait, elle ne méritait pas cela. Pourquoi ce meurtre? Juste pour un porte-feuille rempli d'argent? Depuis cet accident, je me renferme comme une coquille dès qu'on essaye de s'approcher de moi. Et si quelqu'un se rapprochait de moi pour mon argent? Et s'il m'arrivait la même chose? Injustice ! Je venais de perdre ma mère. Il ne restait plus que mon père avec qui je m'éloignais au fur et à mesure du temps. Il était tout le temps à l'ouest pour son travail. Je me dis que ce n'est juste qu'une question de temps avant de le perdre aussi. Heureusement qu'il me reste mon frère avec qui les liens sont beaucoup plus forts. A 19 ans, j'en ai eu ras le bol. J'ai dû devenir une femme toute seule, une femme forte et autonome. J'ai abandonné mes études de compta que je n'aimais pas et j'ai été rejoindre des amis à Boston. Boston que j'aime tant, j'ai tout de suite été charmée. Tellement, au point de vouloir faire ma vie ici et d'essayer l'examen d'entrée à Harvard avec Mattis. Avancer ensemble. On est plus fort. Avec ce changement de vie complet, je sais maintenant que plus rien ne peut m'atteindre, que quoi que je fasse, ma mère est fière de moi. J'espère que mon père le sera aussi, quand il se rappellera qu'il a des enfants. C'est beau d'être fortuné, de rouler dans la rue avec la plus belle voiture dernier cri, d'acheter mile vêtements mais c'est aussi dangereux...

Je suis à Harvard depuis presque deux ans et je suis enchantée. Je m'y sens comme un poisson dans l'eau. Le niveau est dur, il faut bosser, persévérer et je ne lâche pas toute cette motivation qui me fait avancer. Je ne serai pas une mannequin finalement, je souhaite devenir un grand personnage dans l'histoire de l'économie et la société.