Alek&Misha&Caïn ► Un dernier voyage.

• On est là, nous trois, sans parler, sans dire un mot. On ne se connait pas, on ne c'est jamais vu, jamais parlé, jamais croisé, mais on le sait, on sait que l'on doit faire ça ensemble. Comme une évidence, nous avons pris cette décision, la décision de monter dans cette voiture, la décision de ne plus regarder derrière. On a mal, cette situation nous fous mal mais c'est le meilleur à faire, tout abandonner pour aller mieux, pour retrouver la paix, retrouver un minimum de bonheur. J'ai aimé cette vie, j'ai aimé ce court passage parmi toutes ces personnes, j'ai aimé ces personnes, je me suis attaché, j'ai laissé une trace sur cette terre, comme une petite signature, une petite graine que j'aurais planté et qui, dans une centaine d'années, deviendra un arbre, un grand et beau chêne massif où des enfants construirons leur cabane. Des enfants qui auraient pu être les nôtres, une vie qui aurait pu être la notre. Tout ça n'était qu'illusion, tout ça n'était qu'un mirage, et une fois le voile tomber, la réalité te claque à la gueule comme une merde qui éclabousse dans un chiotte public. Et ça fait mal, ça te heurte comme un poids lourd lancé à toute vitesse. Continuer comme ça, c'est pas possible, continuer à rester alors que notre seul envie est de disparaitre, de prendre le volant et de tout quitter... C'est dur de dire au revoir, quand on sait que c'est pour la dernière fois, que c'est pour de bon...

... Alors, une cigarette entre les lèvres, une de plus, une parmi tant d'autres, je regarde ce qu'on laisse derrière nous, on a eu toute la nuit pour y penser, toute la matinée, mais la décision est prise. Perdu dans un monde qui n'est pas notre, perdu dans une ville qui n'est pas faites pour nous, on a besoin d'air, on a besoin de prendre la route et de tout quitter, de tout recommencer ailleurs. La fois de trop, l'épreuve de trop à surmonter. Comment s'en sortir quand on reste enchainer, quand on reste avec les mêmes attaches, les mêmes accroches ? C'est impossible. Jetant ma dernière cigarette, je monte à l'arrière, je regarde mes mains tremblante, je me demande si on a pris la bonne décision, mais c'est trop tard, on est décidé, on ne c'est pas concerté, on a pas parlé, on a juste échanger du feu... On a un millions de questions qui nous passe par la tête, mais les réponses ne nous seront jamais donné, triste vie qui est la notre...

... J'sais pas ce que je fous là, je ne connais pas ces gars, mais j'ai confiance en eux. J'ai jamais été d'une grande aide, j'ai jamais prétendu être le mec le plus intelligent, le plus beau, le plus fort, le plus aimant, mais j'ai toujours fait en sorte d'être quelqu'un de bien et de ne pas jouer avec les gens. Avant de partir, je me suis regardé dans le miroir pour regarder ce que j'étais devenu, et à part du dégout, je n'ai rien ressenti de plus, à part peut-être une envie de vomir, une envie de relâcher toutes mes tripes dans le lavabo de ma salle de bain. Je n'ai plus rien à faire ici, plus rien à quoi m'accrocher, alors ces mecs, aussi étrange qu'ils sont, je les ai suivis, sans aucun mot, comme si c'était écrit, comme si c'était comme ça que ça devait se passer. On ne s'excusera pas, non, on ne dira pas au revoir non plus, par peur d'avoir encore mal, par peur de ne pas porter nos couilles et de ne pas partir, par peur de rester, de trouver quelque chose de plus auquel se raccrocher, non, on ne le fera pas. La seule chose dont on est sur, c'est qu'au fond de nous, on s'excuse, qu'au fond de nous, on est désolé, mais on ne le dira pas, comptez pas sur nous pour le dire, comptez pas sur nous pour rester et faire semblant. Le monde est vaste et il ne demande qu'à être explorer. Alors, je passe côté conducteur. Je regarde à ma droite, et je vois le blond accroché une photo de famille sur la boite à gants, et en regardant dans le rétro, je peux voir que le brun regarde une photo sur son portable. Personnellement, je n'ai personne à regarder, aucune personne à laquelle me raccrocher, alors je démarre, je démarre la voiture, et toujours aucun mot, rien, juste une larme, une petite larme qui coule sur notre visage. Cette route, cette route sera notre dernière, notre dernier voyage. •

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