Ma cigarette allumée entre mes doigts engourdis par le froid, mon regard tourné vers cet homme avec qui j’ai passé une nuit que j’aimerai oublié mais qui ne s’efface pas si facilement. Voilà la situation dans laquelle je me trouve. Voilà comment vous rend l’alcool et vos pensées embrumées. Voilà comment on se met dans des états qu’on aurait préféré éviter. Il ne cherchait pas à m’éviter ? Je n’en crois pas un mot. Je hoche la tête comme pour lui faire comprendre que quoiqu’il dise je ne le croirais pas vraiment. A quoi bon se mentir après tout ? Je le laisse parler parce que moi, là, je n’en ai pas vraiment la force. Je ne suis pas au bout de ma vie, j’exagère mais je n’ai juste pas la foi d’entendre des mensonges. Je l’ai donc laissé tout me déballer en remarquant ce ton humoristique qu’il a essayé d’adopter. Je tire sur ma cigarette comme si cet instant pourrait être plus agréable, plus facile à passer. « T’as finit de faire les questions et les réponses ? J’ai l’impression que tu voulais parler pour moi là. » Je lui lance un regard noir, trop noir peut être en tous les cas plus que je ne le voulais. J’avance encore un peu pour me placer carrément devant lui. Je tire un nouvelle latte et crache la fumée dans sa direction comme si j’avais le pouvoir de le faire disparaitre. « J’ai déjà fait l’erreur une fois de poser trop de questions alors que c’était déjà trop compliqué. je ne recommencerai pas. » Je me remémore les quelques instants passés avec Milo, son incapacité et sa volonté de ne pas poser de mots sur notre relation. J’avais abandonné cette histoire, baisser les bras comme si tout serait plus simple. J’avais voulu arrêter avant qu’il ne soit trop tard pour moi. Je m’approche encore, beaucoup trop et me perds dans ses yeux que je connais si bien. « Tu donnes l’impression que c’est toi qui pense tout ça. » Je marque une pause préférant laisser un peu de mystère planer. Ou est ce qu’on en est ? Notre amitié qui, soit dit en passant n’était vraiment considérée que par moi, était elle encore d’actualité ? Toutes ces questions me perturbaient, mais aujourd’hui, ce soir, face à lui je les plaçais dans un coin de ma tête pour avoir tous mes esprits. « Qu’est ce que tu attends de moi, Caleb? » J’avance davantage et nos visages ne sont plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. « Tu aimerais que je pose mes lèvres, juste ici ? » J’effleure ses lèvres du bout de mes doigts tout en me disant que je vais vers une pente glissante.