AUGUPPY (+) homecoming

Depuis l’incendie de la Winthrop House, Happy était généreusement hébergé par nulle autre que Carter, une jolie Cabot avec qui il s’était lié d’amitié au fil des semaines. Elle l’aidait énormément vis-à-vis de Marie, sa fille, mais aussi vis-à-vis de beaucoup d’autres choses et autant dire qu’il se sentait redevable. Il ne passait pas beaucoup de temps dans la salle commune des Cabots, en somme. S’il en connaissait quelques unes, il ne les croisait pas forcément. Aussi, ce jour là, entendre son prénom d’une voix masculine qu’il aurait pu reconnaître entre mille le fit sursauter avec forme. Avec son bout de chou dans les bras, il descendit jusqu’à la salle commune des roses, demandant à la fameuse demoiselle ayant conduit Augustus à bon port de les laisser pour esquisser un gigantesque sourire. « Bordel poto… » fit-il, le visage illuminé. Oui, il était ravi, ravi de revoir son meilleur pote, son frère, celui qu’il avait toujours cru innocent. « Pourquoi t’as pas appelé, je serais venu te chercher à Boston couillon ! Je te sers quelque chose à boire ou tu veux qu’on aille ailleurs peut-être ? »

Whaaat ? J'ai loupé un événement là. Pourquoi mon meilleur ami vient vers moi avec un monstre dans les bras ? Encore une Cabot qui s'est faite engrossée et lui, en parfait sauveur, il a volé à son secours pour le lui garder. Je reste encore sur le cul, choqué de son élan paternel. J'entends parfaitement Happy baragouinait mais mon regard est focalisé sur cette créature enveloppée dans une couette rose. " Tu serais venu me chercher avec ça dans les bras ? " lui demandais-je en pointant mon index vers le bambin. J'explose alors de rire, me moquant de la situation de mon cher ami. Dans quelle merde il s'est encore foutue ? En même temps, je préfère jouer à la nounou plutôt que de passer deux ans en prison. Sur ce coup, Happy aura toujours l'avantage. " Tu arrondies les mois en tant que baby-sitter ? J'aurais tout vu " commentais-je en jetant un oeil curieux à la bouille de l'enfant. Faut l'avouer, à ce stade de la vie, cela ne ressemble pas à grand chose mais celui là était pas mal. D'ailleurs n'était-ce pas une fille au vue de sa layette fleurie ?

Face à la réaction de son meilleur pote, Happy fut considérablement refroidi. Certes, Augustus n’était au courant de rien, il ne savait pas la merde dans laquelle se trouvait actuellement l’américain mais quand même. Le respect, c’était pour les chiens entre eux ? « En fait, « ça » a un prénom » lança-t-il légèrement plus froidement. « Elle s’appelle Marie et figure-toi que c’est ma fille » reprit-il en se raclant la gorge, ne le lâchant pas des yeux pour constater de la réaction qu’il aurait face à ses propos. Non ce n’était pas une caméra cachée, non il ne le prenait pas pour un con, oui il disait bien la vérité. Surtout que la petite princesse gazouillait joyeusement dans ses bras et était sage, si sage… elle aurait eu toutes les raisons du monde de lui péter les tympans si seulement elle avait compris les propos d’Augustus mais heureusement, à cet âge là, ce n’était pas encore le cas. « J’arrondis rien du tout en fait, sa mère camée s’est barrée en me la laissant il y a une semaine et depuis bah… je gère comme je peux. Donc ouais, je serais sûrement venu te chercher avec. Désolé si ma gosse t’indispose, je peux pas faire autrement. »

Pourquoi tant d'hostilité dans sa réponse ? Il sait bien que ma façon de parler est ironique. Je ne suis pas un homme dépeuplé de compassion. C'était de l'humour Happy. Mais maintenant qu'il m'avoue que la petite est de lui, je comprends mieux sa réaction. Toujours étant que je suis sous le choc. Mon Happy est père ! Même si j'étais en taule, je savais en règle général ce qu'il se passait dans sa vie car il me rendait visite. Pourquoi ne m'a-t-il pas dit qu'il attendait un bébé ? Je n'ai pas le temps d'être déçu, le jeune homme m'explique par la suite qu'il n'était pas courant lui même de cette affaire. Je ne peux même pas imaginer ce qu'il traverse, cela doit être terrible. " Mais qu'est-ce que tu dis ! Elle m'indispose pas du tout. Putain Happy c'est chaud comment tu vas faire. Je veux dire je suis là hein, vu que je n'ai pas encore de boulot... " lui soufflais-je en osant caresser la joue de la petite avec mon index. Elle est minuscule, bon sang, je serais en flippe total si ça m'arrivait et que je n'avais pas une femme à mes côtés pour m'épauler. " Donc tu n'as plus aucune nouvelle de sa mère... ? Et qui la remplace actuellement ? Elle va avoir besoin d'une présence féminine, j'imagine que tu es à la Cabot pour ça. " supposais-je en faisant des grimaces stupides à l'enfant qui ne devait même pas voir ces pitreries. Ouais, le système visuel se met en place beaucoup plus tardivement que la naissance, je l'ai appris dans mes cours il y a un bail si je ne me trompe pas. D'ailleurs, combien de mois a-t-elle ? Est-il lui même au courant ? A-t-elle une date de naissance fixe ? Une chose est sûre, je suis sur le cul. Happy a eu un gosse avant moi. Wouah.

Pas étonnant qu’Happy soit hostile ! Il s’attendait à une certaine surprise de la part d’Augustus mais certainement pas à ce qu’il soit moqueur. Cela devait être pris au second degré normalement mais l’américain n’avait certes pas envie de rire, pas alors que tout ceci lui tombait sur le coin du nez d’un coup d’un seul, sans crier gare. A la seconde réaction de son meilleur pote, le futur véto parvint à se détendre légèrement, et son tempérament, et ses muscles. « Je ne sais pas, à t’entendre j’aurais pu le croire ! Et c’est chaud ça, c’est clair et net… personne ne remplace sa mère actuellement, pour le moment je m’en occupe seul, enfin avec l’aide d’une amie vu que la Winthrop House a brûlé je suis logé ici, je n’ai nulle part où aller. Tu sais, la loi de l’emmerdement maximum ? Bah je suis en plein dedans ! » soupira-t-elle en passant une main sur son front, s’asseyant juste en face d’Augustus après lui avoir empoigné l’épaule pour se faire pardonner son petit coup de sang. « J’adore déjà cette gosse. Je ne peux pas imaginer ce qu’elle a dû déjà vivre avec sa mère camée pendant les six premiers mois de sa vie alors je veux faire au mieux, tu vois ? Je ne suis pas riche mais je veux bien faire, alors je cherche des solutions pour le moment. »

Je ne peux qu'être là pour lui, ce n'est pas imaginable autrement. Je pourrais le plaindre de cette situation mais j'ai confiance, confiance en lui. À son âge, je n'aurais pas eu son cran et peut être que j'aurais placé cet enfant dans un foyer qui en aurait correctement pris soin. Je lui tire mon chapeau. Cependant, son ennui actuel me fait mal au coeur. Sa confrérie est partie en fumée, il se récolte un nourrisson, quelle galère. " Happy ça me chagrine vraiment tout ça, je suis pas super calé chez les touts petits mais si tu as besoin de conseils ou que tu t'inquiètes pour elle, je pourrais l'évaluer, c'était mon métier avant... " lui confiais-je gêné. Oui, à l'époque, alors que j'étais en couple, que tout roulait, j'étais un psychologue pour adolescents et adultes mais désormais, je me sens capable de me former de nouveau pour toucher un plus grand public. " Et toi ça va ? " lui demandais-je en pointant rapidement mes index vers mes oreilles pour lui préciser de quoi je parlais vraiment. Je me demandais d'ailleurs si la petite allait hériter de sa maladie. Je ne me souvenais plus vraiment si sa pathologie était transmissible génétiquement. Dans tous les cas, je comptais bien regagner une place dans sa vie maintenant que j'étais libre. " Sérieux, il suffit que je m'absente et tu fais un enfant ! " gloussais-je pour détendre l'atmosphère. De toute façon, Marie était là, on allait pas refaire l'histoire, il était maintenant question de prendre soin d'elle au maximum.