and then i realized (linettis)

and then i realized you're the only one i've got left. — J’avais pris le large, disparue. J’en avais eu besoin. Comme si être déçue une fois par un homme n’avait pas été suffisant, il avait fallu que la première personne à qui je m’ouvrais à nouveau me trahisse. Un peu. Et j’avais pris un billet d’avion, décollée pour l’Italie, ce pays que je n’avais pourtant que peu vu et qui était mes racines. Et j’avais profité des derniers rayons de soleil italiens, de la douce odeur de l’automne qui s’installe, et j’avais continué à travailler pour la FAC comme je pouvais, histoire de ne pas foutre une année en l’air. Et auprès de mes racines, j’avais eu cette envie de retourner vers ma famille, tout en me rendant néanmoins compte que c’était totalement impossible au vu de nos divergences. De ce qu’on était devenus : des étrangers.
Et j’avais été prise d’une envie soudaine de retourner voir mon frère, celui que je n’avais plus vu depuis trop longtemps, celui avec qui j’avais encore des contacts. A peine descendue de l’avion, j’avais pris le premier taxi et j’avais été chez lui. Chez Raffa. Parce que j’avais besoin de lui. Que j’avais pensé à lui. Et j’étais arrivée devant sa porte, ne sachant pas trop ce que je venais faire là, ni ce que j’allais lui dire. Juste que j’avais besoin de ma famille, et qu’il était la seule avec qui j’arrivais à communiquer.
Quand il ouvrit la porte, j’eus l’impression de ne pas l’avoir vu depuis des lustres.
« Je suis allée en Italie. J’ai pensé à toi. Et t’es la seule personne qu’il me reste, qui me parle, qui veut bien de moi. Et… Raffa je… J’ai l’impression que t’es la seule personne devant qui je peux être faible et je sais que tu vas me foutre dehors mais j’avais besoin de te voir. »
Les larmes sont presques en train de couler, alors que des mots en pagailles se battent pour sortir.