slow motion (edweiless)

Tu étais sportif. Tu l'as toujours été. D'abord parce que très tôt tu étais le genre d'enfant en mouvement permanent, puis parce qu'il va vite été question de te faire découvrir plusieurs sports en quête de ton épanouissement. Aujourd'hui adulte tu courrais le matin, et c'est vrai que tu squattais cette salle de sport en moyenne trois fois par semaine. Tu y passais une petite heure, parfois un peu plus après le boulot. Mais ce soir tu n'avais pas la même énergie. Ce soir tu avais cette frustration au fond de toi qui te rongeait. Ça se sentait dans ta pratique. Tu avais fait ton échauffement, ton renforcement musculaire et rien n'avait pu te retenir d'aller cogner ses sacs de boxe. Tu en avais besoin. À quoi pensais-tu ? A tellement de choses mais cette peur virale s'installait en toi de ta fille s'en aller loin de toi, simplement parce que sa mère ne supporte plus d'être dans le coin. C'était pourtant sympa Cambridge, mais apparemment ses sentiments pour toi, non réciproques, la rendaient malheureuse. Tu ne pouvais pas comprendre c'était certain. Elle avait beau te garantir qu'elle restait pour que Zoé profite de son père, tu en étais pas moins mal en point. En attendant tu étais tellement concentré que tu ne l'avais pas même pas vu passé, en même temps jamais tu n'aurais imaginé la croisé ici, Edweiless.

 La journée avait été longue, trop longue, beaucoup trop ... J'avais fini mes cours d'économie en fin de matinée, déjeunant dans la cafétéria avec les collègues qui se plaignaient de leur condition, regrettant le temps des vacances et du farniente sur les plages de sables blancs. Pour ma part, je gardais secret les dernières nouvelles au sujet de mon ancien mari, ce connard réussissait encore et toujours à me pourrir la vie et ce même à l'autre bout du monde, les papiers de divorce signés et à moitié dépouillée. C'était pour oublier tout cela le temps de quelques heures que je me trouvais en train de me changer dans les vestiaires de Btone Fitness, un legging de sport et débardeur, j'entrais dans la salle où la gente masculine se faisait plus nombreuse, mon passé de garçon manqué refaisant à cet instant surface. Ni une, ni deux je me dirigeais vers les tapis pour commencer quelques foulées tout d'abord dans un rythme lent, échauffement exigé mais j'allais rapidement passer la vitesse supérieure, se défouler ! Juste se défouler ! D'ailleurs en entendant les coups dans les sac à mes côtés, une autre personne avait se besoin viscéral de cogner, de frapper fort, encore et encore, me tournant alors un instant ... le visage de Jamie ... me stoppant net sur le tapis, voilà que je me mettais à tomber emporté par le tapis beaucoup trop rapide, me rendant plus que ridicule.
 

Tu cognais en te demandant ce que tu avais bien pu faire pour que Sally s'entiche autant de toi. Tu cognais parce qu'il allait falloir que tu fasses appel à un avocat, ou à un médiateur ce qui allait compliquer les choses. Tu ne voulais pas ça pour ta fille. Tout ce que tu voulais éviter c'était le conflit pourtant tu risquais de finir perdant. La mère de ta fille était en position de force et ça te rendait dingue. Alors tu cognais en espérant que tu penserais moins à tout ça. Tu semblais être seul face à tes craintes, rien ne pouvait te sortir de ta bulle, pas même la soif que tu ressentais.  Rien sauf ce boom. Probablement une chute. Tu as rattrapé le sac en plein élan, et tu as pris une grande inspiration. Ton regard s'est posé en direction du tapis. Une silhouette au sol, et une voix au loin semblant demandé si ça allait. Tu as récupéré ta bouteille d'eau avant de reconnaître Edweiless. Du moins tu pensais que c'était elle. Tu t'es approché uniquement pour cette raison d'ailleurs. « Ça va aller ? » Tendant ta main libre vers la demoiselle, tu as sourit. Ce sourire qui témoignait du fait que tu venais de la reconnaître. Une fois la demoiselle redressée tu as fini par dire après une gorgée d'eau. « Si on me l'avait dit, je ne l'aurais pas cru. » Qu'elle était dans les parages oui. C'était sympa de la voir même si en soit tu avais apprécié faire sa connaissance que votre séparation. Oui, tu avais pensé que vous auriez pu vous quitter sur une meilleure touche plutôt que sur ce refrain d'épouse infidèle que son mari ne méritait même pas.

La tête la première et les bras en réflexe qui se posait sur le sol pour amortir la chute, le tout dans un grand boom ! Pour passer inaperçue et être discrète j'avais encore quelques progrès à faire. Mais est ce que dans ma vie j'avais un instant été discrète, m'étais fondue dans la masse, pas sûr ... Non longtemps fille de, j'avais fini par devenir la femme de et maintenant j'étais qui ? Moi ! Simplement moi et ça faisait un bien fou ... mais aussi profondément mal et peur. Tournant la tête vers la personne qui venait de s'accroupir à mes côtés, je le regardais fixement, comme si mon regard ne pouvait plus se dissocier de son visage, comme si je recherchais la moindre preuve que non ce n'était pas lui ... Oui c'est gentil, je m'en remettrais surement et le tout avec seulement quelques ecchymoses. Hésitant un instant à faire la fière, faire celle que j'étais à me débrouiller seule en toutes circonstances, j'avais finalement prise sa main pour m'aider à me relever. Mauvaises idées ! Surtout que seulement quelques secondes plus tard, sa bouche s'ouvrit de nouveau me faisant comprendre qu'il m'avait reconnu, j'étais grillée ! Cet homme avait eu une place importante, tout aussi que compromettante, ma vie avait changé avant et après sa rencontre, un brin de folie avait pris possession de moi, une rébellion intérieure mais j'étais devenue en parallèle encore plus sous l'emprise de mon mari, à devoir montrer mon meilleur visage pour les affaires, faire l'épouse modèle, j'étais sous sa coupe, sous lui. Alors n'y crois pas ! Ce n'était qu'un mirage, une illusion, pouf envolée ... dis je alors que m'éloignais un peu, pas certaine que ce soit la meilleure solution, mais c'était certainement la moins risquée. Jamie et moi c'était compliqué ! Passionnel ! Plus fort que nous !
 

Elle te faisait part de son état et tu semblais noter sa facilité à faire comme si. Oui comme si elle ne te connaissait, comme si elle ne te reconnaissait pas. Tu n'avais pas eu de doute, toi, en la voyant bien que tu lui confiais que jamais tu n'aurais soupçonner sa présence ici. Mais rien de tout ça ne t'étonnait. Tu as toujours été celui qui avait tout à gagner, et elle tout à perdre. L'un de tes sourcils s'arqua alors un rire amusé s'échappa du fond de ta gorge. Elle était culottée ! Tu aimais ça, mais tu savais que ce n'était pas la réaction qu'elle espérait susciter chez toi. Ton regard ne la quittait bien qu'elle s'éloignait. « Mais j'ai peut-être envie d'y croire ! » Le son de ta voix s'était légèrement élevé puisqu'elle s'éloignait, et oui tu ne voulais pas la perdre des yeux aussi facilement. Tu n'attendais rien d'elle, mais autant dire qu'elle t'avais marqué, la preuve tu étais agréablement surpris sans compter qu'elle réussissais à te replonger dans ce petit jeu non assumé en un rien de temps, en une réplique. Tu as fait deux trois pas en sa direction avant de lui dire. « Pas toi ? » Ne voulait-elle pas y croire ? A cette coïncidence, à ce souvenir prenant, à cette tension. « Sérieusement quelles étaient les chances qu'on puisse se recroiser hun ? » Oui tu essayais de la dissuader de fuir, de nier te connaître. C'était carrément ça, et tu ne savais même pas pourquoi tu le faisais. Cette nana, c'était un mystère pour toi, c'était presque animal entre vous, rien qu'à la manière de vous regarder, de vous parler. 

Ma vie avait réellement changée depuis l'Australie, depuis que nos chemins se soient rencontrés, que nos lèvres caressées et nos baisers entremêlés. Tout était radicalement différent depuis cette lueur d'espoir le temps de quelques instants et pourtant ... Non Jamie ! Non Jamie il ne fallait pas y croire ...  Tu as toujours voulu croire à l'impossible ... l'irraisonnable ...   dis je en esquissant un sourire malgré tout en me retournant, comme si mon corps et ma raison, mon coeur et mes idéaux étaient en train de se lancer dans un duel plus que féroce. J'avais fini par me stopper, lui s'était avancé, c'était étrange après toutes ces années. Parce que tu considères tout cela comme une chance ... Je crois que sans aucuns regrets, sans aucunes envies de revenir sur ce qui s'est passé Jam' ;  ce qui s'est passé entre nous ne m'a pas réellement porté chance ...   Non tout m'avait conduis beaucoup plus vite dans une relation encore plus conflictuelle, plus soumise envers mon mari, tout avait tourné au drame, comme culpabilisante j'étais devenue asservie à mon époux, comme un trophée de chasse, une "soit belle et tais toi ! ". Rien que d'y repenser, les mois suivants l'Australie avaient été des plus compliqués, entre le désir de retrouver un amant parfait et la dure réalité de la vie. Et tu es ici depuis longtemps Mister Wheeler ?   formulais je d'une petite voix, moi même étonnée de continuer la conversation alors que je savais les conséquences que cela pouvait avoir, mais à croire qu'en sa présence malgré les mois écoulés, je ne savais toujours pas contrôler mon corps et mon esprit. Ce mec m'avait rendu folle il y a quelques temps ... mais aujourd'hui ?
 

Autant dire que tu n'avais rien à te reprocher.  Le hasard faisait les choses, et tu n'étais certainement pas venu la chercher. Alors oui, tu voulais y croire. Tu ne pouvais pas considérer cette rencontre hasardeuse ici, à Boston dans cette salle de sport, comme un simple détail de ta journée sans importance. Tu étais bien trop curieux de savoir ce qu'elle était devenue, ce qu'était sa vie aujourd'hui. Entre vous, il y avait ce truc, et la revoir ainsi ça te le rappelait. « Peut-être, mais tu avais tout intérêt à en prendre de la graine. » Oui, tu le pensais vraiment. Peut-être que si elle avait été un peu moins cartésienne sur ses choix de vie et qu'elle avait suivi ses véritables envies elle ne se serait pas retrouvée prisonnière d'une relation chaotique et si peu épanouissante. Tu as plissé les sourcils en la regardant. Vivre cette aventure cachée ne t'avait pas dérangé. Pourtant tu étais plein de principes mais dès lors que tu avais compris que son mariage était complètement bafoué tu n'avais eu aucun remords. A l'inverse tu finissais confus par ses paroles. « Tu en dis trop ou pas assez, là. Tu lui as tout raconté ? » Tu trouverais complètement suicidaire. Mais tout cela remontait à deux ans en arrière, à quoi bon en parler ? A quoi bon chercher à comprendre ? Peut-être que la manière dont vous vous étiez quittés avait été trop sèche, vous laissant sans nouvelles l'un l'autre. La preuve u la pensais toujours mariée même si tu ne le lui souhaitais pas. « Oui on peut dire ça. Je suis à la maison ici, bien plus encore qu'en Australie. » Là où vous vous étiez connus, ton pays de naissance que tu aimais visité parfois. Mais tu as vécu longtemps à Boston, ta petite soeur y était née, et aujourd'hui tu y bossais bien que tu vivais à Cambridge.

Revoir Jamie ici, devant moi, le même regard captivant, le même sourire charmant et sa voix rassurante te me faisaient revenir deux ans en arrière. Comme un flashback, la tension entre nous et ce petit truc en plus avaient l'air toujours présent, comme si sa simple présence pouvait faire de moi une autre femme. Celle que j'avais été le temps d'un été, celle que j'avais voulu être dans ses bras, avant de comprendre que tout cela n'était que péché, et sans issu. J'avais tout abandonné du jour au lendemain, prise en flagrant délit par Ron qui avait commencé à montrer son autorité encore un peu plus, certainement dégoûté d'avoir été pris pour un con, lui qui se pensait si fort et qui pensait m'avoir à sa botte, sauf que non j'étais bien plus indépendante que je ne voulais bien lui montrer. Oui ! Oui j'avais toujours tout fait pour être une femme parfaite, belle sans rien dire, sauf qu'il ne tirait pas les rennes autant qu'il le pensait, se servir de lui et de son influence m'avait permise malgré tout à me faire aussi un réseau, était pris celui qui croyait prendre. Clignant des yeux à entendre ses mots, revenant à la réalité, non nous étions aujourd'hui, plus de bague au doigt, de mari connard et collant, juste Jamie et moi, l'un devant l'autre, certainement plus perturbés que nous aurions voulu le montrer.  Peut être ... mais on ne refera jamais le passé ! Et je ne regrette aucuns de mes choix.    Ce qui m'avait emmené ici, le sport, ma passion était finalement passée à présent au second plan, comme si le fait de discuter avec Jamie était réellement plus intéressant, certes et pourtant je ne voulais pas lui montrer que j'étais contente de le retrouver. Non, nous nous étions quittés sans se donner de nouvelles et tout aurait du continuer de la sorte, à dire vrai tout aurait été beaucoup plus facile pour lui comme pour moi.  Il a tout appris ...    dis je dans un murmure peu enjouée. Ma vie avait réellement changé après tout ceci, comme une cage dorée, un rêve en apparence mais vivant dans une geôlière en réalité.  
 

Croyais-tu vraiment à l'impossible ? Difficile à dire. Mais il fallait avouer que tu étais follement capable de défendre toute idée dont tu es convaincu. Tu ne défends jamais rien à moitié. Ta liaison avec Edwei' était complètement illégitime d'un point de vue éthique, mais il fallait avouer que dans ton esprit vous aviez eu toutes les bonnes raisons de vous laisser aller. Le pire était que ton premier argument n'était pas votre alchimie prenante mais bien son mariage foireux. Tu étais très loyal, fidèle mais pour le coup tu n'avais pensé à vous cet été là. Par chance, tu avais la décence d'être parfaitement discret, digne d'une tombe. Alors oui, elle ne regretterait rien : ni votre liaison, ni le fait de l'avoir interrompue comme elle l'avait fait en ayant la sensation de salir son mari. De ton côté, tu ne regrettais rien, également et tu ne t'en cachais pas. « Tu n'es pas la seule. Je ne regrette rien, vraiment rien. » Ton regard s'était presque de manière inattendue dépose sur sa main. Tu n'y voyais rien. Rien qui ne ressemble à une alliance. Peut-être qu'elle l'avait retiré pour sa séance de sport. Tu n'en savais rien. Du moins l'espace de quelques temps. Elle a fini par lâcher une petite bombe, comme ça, sans prévenir. Elle te l'avait dit ça ne lui avait apporté rien de bon. Tu aimes en douter un peu sur le coup, même si tu savais bien que sa situation avait été bien plus compliquée que la tienne. Tes sourcils se plissèrent légèrement, comme pour témoigner d'une incompréhension et très vite tu as été prit d'inquiétude. « Comment il a su ? »  Cet enfoiré. Tu aurais pu ajouté ces deux petits mots, sans trop de difficultés. Tu ne l'as pas fait. Mais très vite tu t'es senti obligé de détailler les traits de son visage, voir ce qu'elle y cachait et repensant à la confidence qu'elle t'avait faite tu as fini par dire. « Il t'a pas fait de mal, j'espère ? » Les hommes de pouvoir et le chantage c'était monnaie courante. En attendant ça ne lui avait rien apporter de bon, mais tu craignais que l'inverse soit possible.[/color]