frozen - (hippo)

Ce trajet Boston-Cambridge c’était ton quotidien. Tu le faisais matin, et soir. Parfois même plus de deux fois par jour. C’était devenu une véritable formalité.  On était en plein automne et tu n’avais toujours pas quitté ton appartement à Cambridge. Cela faisait pourtant plus d’un an que tu avais quitté l’université. Tu t’étais promis d’emménager pleinement sur Boston en cette période, mais tu avais appris que tu étais père cet été, et c’est là que des choix de vie apparaissent, et s’imposent à nous. Aujourd’hui, tu ne voulais aucunement vivre à plus de dix minutes de ta fille, montre en main. Fille que tu ne verrais d’ailleurs pas aujourd’hui. Jamais au grand jamais tu n’aurais pensé que sitôt tu ressentirais ce manque. Pourtant à chaque fois que tu rentrais du boulot tu pensais à Zoé, ta fille. Elle n’était plus très loin d’avoir sept mois. Tu y pensais là, maintenant, à cet instant. Cet instant précis durant lequel tu as également remarqué une voiture garée sur le bas côté, vulgairement ignoré par la voiture te précédent. Il n’était pas très tard dans la nuit mais il faisait déjà bien sombre. Tu reconnais une silhouette féminine, loin de te douter de l’identité de la personne. Par civisme et rien d’autre tu as ralentis dans l’espoir d’en savoir plus. Panne, accident ?

Je roule depuis de bonnes minutes maintenant, un dîner des plus mortel avec ma chère mère, une énième dispute, tout tourne autour de ce mariage arrangé avec Archibald une fois de plus, mariage dont je ne veux pas, mariage que j'essaye d'étouffer dans son cocon, d'une part pour ma soeur Nina qui n'est pas des plus enthousiaste sur le sujet et de l'autre part pour moi même. Personne ne peut me dicter ma conduite, ni qui je dois épouser, le mariage c'est pas dans mes plans pour le moment et ma mère avait du mal à le comprendre.. Tant que son portefeuille reste garni, c'est le principal. Conduite nerveuse, les traits crispés, les sourcils froncés, je roule sous la lumière de la lune sur cette route déserte. Mon portable vibre, un texto de Cole me rend le sourire, vivement qu'il revienne, la vie était tellement plus ennuyante sans mon meilleur ami. Je balance mon portable sur le siège côté passager quand je remarque que ma voiture est à sec d'essence. - Non non non, tient encore un peu.. Que Je murmure à moi-même sans quitter le voyant des yeux. Fait chier ! Un bruit, ma voiture qui rame à avancer, je prends donc l'initiative de me garer sur le bas côté Avant de sortir de ma voiture. - Putain ! Grognais-je en claquant la portière derrière moi, téléphone en main essayant de capter un minimum de réseau pour appeler une dépanneuse ou n'importe qui. Une voiture passe sous mon nez et une deuxième juste derrière qui s'arrête à ma hauteur, Je plisse légèrement les yeux pour apercevoir le visage du conducteur qui s'avère familier.. Jamie. - Tient tient tient.. Wheeler. Lançais-je avec un sourire sarcastique. Comment qualifier notre relation ? Je ne saurais le dire, beaucoup trop complexe pour mettre un mot dessus ou au contraire, beaucoup trop insignifiante pour pouvoir mettre un mot dessus. - Je te manque à ce point dit moi ? Dis-je en entrant dans sa voiture sans lui demander son avis, m'installant à l'intérieur avec insuffisance. Peu importe ce que nous étions, ce soir, j'avais besoin de lui pour ENFIN rentrer chez moi. - Tu connais le chemin. Un clin d'œil, tapotant sa cuisse avec arrogance, je viens attacher ma ceinture.

En journée tu aurais certainement reconnu Hippolyte plutôt et au fond tu ne te serais pas arrêté si ça avait été le cas. Tu étais assez gentleman dans l'âmd c'était certain mais avec les femmes tu savais ce qui t'insupportait et elle t'avait affreusement soulé. Tu n'avais pas compris son comportement face à sa mére. Tu supportais encore moins qu'elle ait pas pris le temps de se justifier là-dessus. Il en avait pas fallu plus pour que tu ne l'estimes plus assez. Tu te souviens même de mon nom maintenant ? Tu regrettais d'avoir relevé le frein un main de ta bagnole en attendant de voir à qui tu avais à faire. C'est qui t'a empêché de repartir. Il faisait nuit, elle était seule mais t'en avais rien à foutre. Elle t'exaspérait un peu ouais ! Ironique tu as fini par dire. Oui bien sur ça doit être un truc dans le genre.  C'est quoi ton soucis, panne d'essence comme une débutante ?  Ou une blonde. Il fallait pas chercher plus loin pensais-tu, uniquement parce qu'elle t'exaspérait. Tu as accompagné la main de la demoiselle hors de ta cuisse alors qu'elle s'attachait. Les demoiselles comme elle tu en avais déjà croisé des comme elle. Elle était culottée tu aimais ça quand elles n'étaient pas aussi snob. T'es sure de ça ? Oui c'est vrai connaissais-tu le chemin ? Non parce qu'aux dernières nouvelles vous ne vous connaissiez pas. Tu ne redémarrais pas pour autant. Tu n'avais aucunement envie d'être agréable avec elle.

- Je fais des progrès.. Que je finis par dire sur le ton de l'ironie. Oui, je me souviens de son nom, son prénom et même de la nuit qu'on a pu passer ensemble, je me souviens aussi avoir fait comme si tout ça n'avait jamais existé devant ma mère à ce fameux gala et vu les piques qu'il me lance, il ne la pas oublié non plus. Amusant. Ça ne m'empêche pas de grimper dans sa voiture sans attendre son autorisation, fidèle à moi-même je ne me laisse pas démonter par quelques sarcasmes futiles. - Je peux te comprendre.. C'est dur d'oublier Hippolyte Dunford. Un haussement d'épaule, un sourire insuffisant sur les lèvres, je jette un coup d'œil à ma voiture que je venais d'abandonner par dessus mon épaule. - Ou juste une excuse pour passer du temps avec toi ? Dis-je avec ironie en venant capter son regard dans l'ombre de la nuit glaciale. Est-ce que c'était vraiment de l'ironie au fond ? Ou juste un moyen de m'en persuader comme je le pouvais ? Aucune idée, tout ce que je sais à présent c'est que je ne suis pas faite pour l'attachement, pour les relations stables et encore moins pour les sentiments.. Ça donne jamais rien de bon. - Hm à peu près.. Mais on peut toujours finir la nuit ici si c'est ce que tu veux.. Soufflais-je sur un ton limite pervers, mordant dans ma lèvre inférieure en baissant le regard vers le frein à main toujours enclenché. - Alors ? Demandais-je en arquant un sourcil en sa direction.

Si elle voulait t'exaspérer elle était bien partie pour. A choisir tu aurait préféré ne pas la croiser, et encore pour moins pour lui rendre service. Tes yeux s'élevèrent au ciel quand elle prétendait qu'on oubliait difficilement Hippolyte Dunford. Quoiqu'il en soit on avait pas de mal à être ne plus la supporter. Elle était plus douée pour se faire détester que l'inverse, tu n'en doutais pas. « A choisir je préférerais encore passer du temps avec ta mère Hippolyte. » As-tu fini par lui dire. Forcément au vue de votre passif ça pouvait sonner comme une motivation supérieure à te faire sa mère plutôt qu'à te relancer dans une nouvelle manche avec elle. C'était provocateur de ta part rien de plus. Encore une fois, elle avait baissé dans ton estime. Tu as détourné ton regard vers ton rétroviseur quand elle se mettait à feindre des avances et tu as démarré. « T'es sure de vouloir larguer ta bécane ici ? » Tu demandais mais en même temps tu avais déjà démarré. Peut-être qu'elle pouvait se le permettre. Au fond, ça t'importait peu. Tu aurais pu lui proposer qu'elle chercher de l'essence, de revenir à sa voiture et tout mais tu ne l'as pas fait, presque volontairement.  

C'était presque déstabilisant de me retrouver face à Jamie ce soir, moi qui avait tout mit en œuvre pour l'esquiver, pour ne pas reparler de ce qu'il s'est passé, pour mettre une croix définitive sur sa belle gueule d'ange. Parce que ça fait jamais de bien de s'attacher, c'est jamais bon, ça fait toujours mal au final, ça te déçoit toujours.. Comme mon père, des années à pleurer, à me détruire, à penser que je connaissais cet homme par Coeur pour au final apprendre que j'ai une soeur.. Mensonges sur mensonges encore et toujours, alors le meilleur qu'il reste à faire c'est de n'avoir aucune attache. Jamais. Et ses paroles tranchantes m'arrache un sourire, un sourire forcé, juste le fait de l'imaginer avec ma mère titiller en moi un sentiment de.. Possessivité ? Jalousie ? Je n'en sais trop rien. - Arrête tes conneries Wheeler, je pense qu'aucune femme ne pourra te faire gémir comme moi.. Pas même ma mère. Cette nuit avec lui c'était.. C'était juste impossible à oublier même si je m'efforce à prétendre le contraire, même si je fais en sorte qu'il pense le contraire, la réalité en Est tout autre, mais à quoi bon au fond ? Une perte de temps sans intérêt. Un jeu trop risqué que je n'ai pas envie de commencer, d'entamer ou peut-être est-ce déjà le cas en montant dans sa voiture. Et le moteur gronde, je suis limite vexé, il met presque un frein à mes avances et le fait qu'il me résiste me déplaît, m'irrite au fond. - Hm.. T'en fait pas pour elle ! Lâchais-je en lançant un dernier regard vers ma voiture que les mètres commencent à nous éloigner. - Ça te disait rien de finir ta nuit avec moi sur cette route perdue ? Demandais-je en lui lançant un regard en biais.

Autant dire que tu ne t'imaginais pas t'envoyer en l'air avec la mère Dunford. Oui, tu avais dit pour piquer la prétentieuse à tes côtés, laissant sous entendre que cette possibilité de, sans même préciser ta pensée. Ça n'avait pas loupé, elle avait vite pensé à du sport de chambre. Passer du temps pouvait aussi vouloir faire une partie de golf. Quoiqu'il en soit, elle avait mordu à l'hameçon de ta petite provocation.« Dommage que tu n'aies pas eu le cran de t'en vanter devant ta mère. »  Décidément tu n'avais pas digéré la chose. Tu te foutais pas mal que sa mère sache que vous vous connaissiez, ni même que vous aviez passé une nuit assez torride, à l'inverse tu avais été dérangé du comportement d'Hippolyte. T'ignorer, et surtout pire te contredire devant sa mère après cette nuit ensemble t'avait un peu agacé. Aucune prise en aparté, rien. Et aujourd'hui elle était là à penser avoir tous les droits, comme si tout ça était parfaitement normal. Le côté princesse de la charmante blondinette allait vite finir par te monter à la tête. « Tu crois qu'on roulerait si j'étais tenté ? » Il était hors de question que tu fricotes avec elle sur le bas côté de la route. Tu étais déjà bien embêté qu'elle soit dans ta voiture, pourtant dire non à Hippo' ça n'aurait pas été dans tes habitudes avant cette fameuse soirée.

Je me pince les lèvres, me retenant d'exploser de rire à sa réflexion en me remémorant la scène de ce fameux gala. Il s'attendait à Quoi au juste ? Que je lui saute dans les bras ? Criant haut et fort que l'on s'est envoyé en l'air ?! À quoi ça sert franchement ? Personne n'a besoin de savoir ce qu'il se passe au niveau de ma sexualité, même pas ma mère.. Alors j'avais du mal à comprendre les raisons de sa rancoeur envers moi. - Oh ça va Wheeler, tu vas pas pleurer dix ans ! Qu'est ce que tu voulais que je fasse ? Que je t'affiche comme l'un de mes plans culs devant tout le monde ? C'est ça ?! Que je demande fatigué de ses réflexions. À vrai dire, je ne savais pas Si le terme "plan cul" était vraiment approprié pour qualifier notre relation. Il y avait ce truc particulier entre nous, cette alchimie, cette attirance.. C'était.. Bizarre. Mais le reconnaître c'était surtout hors de question. Je préférais me mentir à moi-même et à lui au passage plutôt que de retomber dans les griffes d'un homme comme j'ai pu le faire avec Royce. Je tourne la tête vers lui, vexée de sa réponse, mon ego en prend un coup et j'ai doublement envie de lui montrer qu'il a tort. - Tu aurais pu assez tracer ta route en voyant que c'était moi.. Pourtant je suis là. Dis-je naturellement, ne lâchant pas son visage concentré des yeux. S'il t'as prit dans sa voiture c'est qu'il n'était pas encore totalement indifférent à mon charme, qu'une toute petite partie de lui voulait me revoir au final.

Tu étais bien amusé de voir qu'elle te pensait vexé de ne pas avoir été présenté comme un mec avec qui elle avait passé une super nuit torride. Bien sur que ce n'était pas le cas. A l'inverse, elle t'avais bien énervé. Tu n'as pas apprécié c'était certain. « T'enflamme pas, ça n'a rien à voir, mais tu me snobes pas comme ça c'est tout. » Oui elle aurait pu aisément feindre t'avoir croisé la veille dans une boulangerie de Boston ou n'importe quelle autre connerie. En attendant, pour le coup elle avait bien raison de se vanter de sa présence dans ta voiture. Tu ne l'avais pas véritablement choisi. Elle s'était juste incrustée trop vite. Du moins c'est que tu te disais. Tu aurais pu vraiment être ravi de la revoir, de la dépanner mais ce n'était pas le cas tant elle t'avait irrité par son comportement snobinard. « Si j'avais compris plutôt que c'était toi, je suis pas certain que je me serais arrêté, ne te sens pas trop flattée. » Pour le coup, tu ne surjouais pas. Le côté snob d'Hippo' t’agaçait un peu, peu importe  quel point tu avais pu passer un bon moment ou non avec elle là cette nuit-là.