Invité
est en ligne
Invité
feat. Jamilia
Je vis avec une épée de Damoclès au dessus de la tête. Depuis plus d'un an déjà. J'ai cette sentance qui m'attend, patiemment et j'ai le sentiment que la faucheuse reste toujours non loin au cas où ce foutu cancer replongerai en moi. C'est une sensation désagréable avec laquelle je dois gérer.. Je dois bien le dire, les gens qui ne connaissent pas le cancer ou ne l'ont pas vécu ne peuvent pas vraiment comprendre ce que ça veut dire et les tenant et aboutissant de tout ça. Comment le pourrait-il ? Moi la première quand on me parlait cancer je pensais que ça n'arrivait qu'aux autres et que quand c'est finis, il est parti et il revient plus. Mais ça c'est un mensonge. Ca n'arrive pas qu'aux autres, j'ai eu un cancer. J'ai été de ceux aux crânes rasés qui pouvaient pas sortir de leurs lits et toutes ces conneries. Je suis de ceux qui ne sont plus vraiment malades mais plus vraiment guéris non plus. Je suis en rémission et on apprend bien vite que la rémission c'est être dans un genre de sursis. La première année de mon sursis, j'ai voyagé, j'ai fais cette foutue wish list qui n'est pas encore totalement barrée. Cette année c'est plus calme, je reprends les études et parfois, ça me sortirai presque de la tête. Certes, j'ai une alimentation adapté, j'évite les gens contagieux toutes ces conneries mais je reprends presque ma vie avant le cancer. Ou non, je commence cette nouvelle vie. Le cancer est comme une renaissance pour moi. J'ai recommencé à vivre en apprenant que la faucheuse était près de moi. C'est là tout le paradoxe de l'espèce humaine, elle se plaint de tout, ne se suffit jamais d'assez et pourtant, ça devrait. On devrait se satisfaire d'un couché de soleil et des petits bonheurs de la vie car elle part trop vite. Alors ce matin, je me suis levée de bonne humeur, bien que fatiguée. Prête à commencer cette nouvelle journée. Prête à rire, sortir, voir du monde. Je me prépare, je m'habille, et je décide d'aller manger à la bibliothèque pour travailler car je reste une bosseuse et il est absolument impossible de travailler à la Cabot House avec le bordel que c'est. Mais ma journée ne se passera pas comme je l'avais prévu. Un évènement va venir tout remettre en cause. Dans les toilettes pour une pause petit coin, je finis de me laver les mains et relève la tête pour regarder mon reflet dans le miroir. C'est avec horreur que je découvre que je saigne du nez. Sous le choc, je touche délicatement la partie ensanglantée en sentant la panique gagner en moi. C'est un cauchemar ... Je saigne ... Un petit truc anodin pour n'importe qui est grave pour moi. Et pas pour rien. Avant qu'on sache que j'ai un cancer, j'ai eu quelques symptôme, dont celui là. Et si les vacances étaient finis ? Et si le cancer était de retour ? Et si ma rémission était terminée ? Et si cette fois je mourrai ? J'attrape un mouchoir pour essuyer le sang en tentant de reprendre mon souffle car en plus, plus je panique, plus je respire brusquement, plus j'ai mal à ma cote cassée. J'ai envie de tout casser, j'ai envie de pleurer, de m'effondrer. J'ai eu des symptômes oui, juste des symptômes et ça allait mais les ça n'arrive qu'aux autres je sais que c'est de la foutaise alors et si cette fois, c'était pas une fausse alerte ? Bouleversée, je pousse la porte des toilettes et fonce vers ma table pour récupérer mes affaires frénétiquement, les yeux brillants. Je ne vois plus personnes, je ne pense qu'à ça. Il faut que je vois mon médecin. Il faut que je vois James. Il faut que je lui parle. Il faut qu'il me dise que je vais bien et que les testes le confirme. Je ne veux plus être malade. Mes affaires en mains, je sors de la bibliothèque sans me retourner et attrape un taxis qui me dépose devant chez James, je sors en payant généreusement Gardez la monnaie Non je n'ai pas envie de perdre du temps avec ça. J'ai du mal à me contenir, à contenir mes émotions, j'ai l'impression que le ciel va me tomber sur la tête et qu'on est entrain de me tendre un ticket retour en enfer. On a peur quand on ne connait pas le cancer certes, mais croyez moi, on a encore plus peur quand on le connait, quand il a été votre plus fidèle ami pendant des mois. Mon doigt se pose sur la sonnette et j'appuie comme une malade dessus plusieurs fois. Il faut que je vois James. Maintenant. Faites qu'il soit là. Faites que je puisse lui parler. Faites que ça ne soit rien. Lui seul trouveras les mots. Personne d'autre.© MADE BY SEAWOLF.
(Invité)